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 EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv)

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Arizona Eisenhower

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Arizona Eisenhower

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MessageSujet: EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv)   EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv) EmptyVen 25 Juin - 1:27




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MATT HIGGINS & ARIZONA EISENHOWER



Arizona avait longtemps hésité avant d'accepter. Elle avait fixé ce petit morceau de carton pendant des heures d'un air absent, pesant le pour et le contre de la décision qui s'offrait à elle. Elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam le jeune homme qui l'avait abordée, ce jour-là. Bien sûr, son sourire charmeur et son attitude avaient beaucoup joué dans le fait qu'elle accepte de discuter avec lui. Elle l'avait écouté parler, effaçant au prix de nombreux efforts le sourcil béat et stupide qui menaçait d'étirer ses lèvres. Elle avait failli se perdre dans son regard sombre à plus d'une reprise, et avait observé la blancheur de ses dents parfaitement alignées – et son verdict était que sa dentition était aussi impeccable et attirante que le reste de sa personne. Elle avait failli sautiller sur place lorsqu'il lui avait tendu une carte de visite, mais s'était contenue. Mais lorsqu'elle s'était retrouvée seule, loin de son sourire charmeur et de son regard pénétrant, elle avait commencé à hésiter.

Il est vrai qu'elle n'était pas étrangère au milieu du mannequinat – lors de sa jeunesse, poussée par sa mère, elle avait même participé à un de ces concours stupides et s'était retrouvée parmi les finalistes. Sans doute aurait-elle gagné, mais elle ne le saura jamais : en effet, elle avait fait faux-bond le dernier jour du concours, préférant se rendre à l'aéroport pour dire au revoir à son amour de vacances. Son amour de vacances... Aslander était plus que cela. Beaucoup plus. Cela faisait deux étés qu'ils se voyaient, et même si l'année qui avait séparé ces deux périodes avait semblé infiniment longue, Arizona ne voulait rien changer à leur relation : elle aimait Aslander, et s'en était rendue compte en l'embrassant pour lui dire au revoir. Ils ne se reverraient pas avant dix mois, mais Arizona n'y pensait pas. Au lieu de cela, elle préférait penser aux deux mois passés en sa compagnie, et aux deux mois qu'ils vivraient ensemble l'été prochain. La naïveté d'Azzie l'avait emporté sur sa raison, et elle était persuadée que rien ne les séparerait jamais – pas même les milliers de kilomètres entre leurs villes respectives. Un an plus tard, leur romance avait pris fin – après seulement un mois, il avait brusquement rompu avec elle, sans explications ni motifs. L'histoire qui avait suffi à la rendre heureuse rien qu'en y pensant laissait aujourd'hui un arrière-goût amer.

Le souvenir de sa dernière expérience dans le milieu du mannequinat et de son histoire avec Aslander ne l'encourageaient donc pas vraiment à accepter l'offre du jeune homme. Au contraire, penser à tout cela avait suscité la colère d'Azzie – et, connue pour être impulsive, la jeune femme devenait rapidement incontrôlable et impossible à raisonner lorsqu'elle s'énervait. Cependant, elle ne comptait pas laisser son passé gâcher une opportunité qui la réconcilierait peut-être avec ses démons du passé. C'est ainsi qu'après une longue réflexion, des réponses cherchées à grand renfort de pile ou face et des scénarios plus ou moins catastrophe, qu'Arizona avait fini par décrocher son téléphone pour composer le numéro du photographe. Lorsqu'il décrocha, elle mit quelques secondes avant de prononcer un mot. Finalement, après avoir hésité encore quelques secondes supplémentaires, elle finit par annoncer qu'elle était d'accord et qu'elle acceptait de poser pour lui. Difficile de juger la réaction du jeune homme, car sa voix resta parfaitement neutre – elle semblait avoir perdu quelque chose de sa chaleur et de son charme lors de leur rencontre. Arizona et le dénommé Matt avait rapidement convenu d'une date et d'un lieu de rendez-vous, puis la jeune femme avait raccroché, appréhensive.

Le lieu choisi par Higgins était la réserve naturelle de Ruby Creek Falls, Zaltana. D'abord surprise par ce choix pour le moins original, Arizona avait accepté sans trop poser de questions. Elle ne savait pas ce qu'il avait en tête, comment elle devait s'habiller ou quoi que ce soit. Elle n'avait pas pu obtenir d'informations utiles de la part du jeune homme pour la bonne et simple raison qu'il s'était montré on ne peut plus vague. Il avait fini par préciser quelques détails qui ne lui proposaient qu'un début de piste. D'abord fortement agacée, Arizona avait fini par se surprendre à s'amuser en cherchant la tenue idéale – les boutiques de Ruby Creek Falls ne rengorgeaient pas de choix et de vêtements à la dernière mode, mais c'était le cas de son dressing, dans lequel elle ne s'aventurait que peu : la plupart du temps, Arizona se contentait d'une tenue simple qu'elle piochait dans les étagères les plus facilement atteignables. A Ruby Creek Falls, la haute couture ne rimait pas forcément avec nature, et c'est pourquoi les tenues les plus glamour d'Arizona étaient reléguées au second rang – ou plutôt, au placard. Cela ne dérangeait pas particulièrement la jolie brune qui, loin d'avoir hérité du snobisme de sa mère, ne tenait pas à se promener en tailleur Chanel tous les jours alors qu'un glissement de terrain venait de ravager la ville.

Au bout de nombreuses recherches qui avaient fini par se révéler fructueuses, Arizona avait opté pour une robe d'été blanche qui lui arrivait à la mi-cuisse assortie à une paire de Jimmy Choo, des cheveux relâchés et un maquillage léger. Sans doute Matt visait-il quelque chose de naturel, sinon, pourquoi avoir choisi la réserve de Ruby Creek Falls ? Certes, c'était un des rares endroits à avoir survécu entièrement au glissement, mais on ne pouvait ignorer la végétation et le côté sauvage de l'endroit. De plus en plus intriguée, Azzie avait quitté sa maisonnette bien en avance, hâtive et curieuse de savoir ce que Matt lui réservait. La réserve était assez loin à pied, surtout lorsqu'on portait des talons aiguilles, mais Arizona ne voulait pas prendre sa voiture alors que le soleil brillait à l'horizon. Le trajet s'avéra plus court que prévu, et Azzie arriva avec une petite avance au point de rendez-vous fixé par Matt.

Bien évidemment, il n'était pas là – le contraire aurait surpris la jeune femme. Elle avait tout de suite vu, malgré ses airs souriants et chaleureux, que Matt n'était pas le genre d'homme à se plier aux volontés des autres – il préférait sans doute que les autres se plient aux siennes. Bien qu'Arizona ne partageât pas cette mentalité, elle n'allait pas non plus s'en offenser, consciente que quelques minutes de retard ne suffisaient pas à analyser le caractère et le tempérament entiers de Higgins. Peut-être avait-il oublié quelque chose en cours de route et avait-il dû rebrousser chemin alors qu'il était déjà presque arrivé. Peut-être son chat s'était-il enfui de chez lui juste avant son départ et avait-il dû passer un quart d'heure à le chercher avant de pouvoir quitter sa maison tranquillement. Peut-être devait-il visiter sa vieille mère à la maison de vieillesse de Ruby Creek Fallset n'avait-il pas vu le temps passer. Ou alors... peut-être avait-il oublié. Oublié leur rendez-vous fixé avec grande minutie. Mais la grande discussion qui avait accompagné la décision de leur moment et lieu de rendez-vous avait été trop mémorable pour qu'il pût l'oublier : en effet, Arizona avait passé plusieurs minutes à exposer le fait qu'il valait mieux organiser la séance en semaine, car durant le week-end, la réserve serait assaillie par les familles nombreuses venues voir la faune et la flore du coin. Cet exposé avait semblé beaucoup plaire à Matt, dont le rire avait été difficile à interpréter : était-il ironique et moqueur, ou sincère ? Arizona n'avait pas prêté à ce détail, mais une chose était sûre : il ne pouvait pas l'avoir oubliée.

Cependant, les minutes passaient lentement sans musique ni téléphone – Azzie avait laissé son iPod chez elle et ne captait aucun réseau sur son portable. Elle s'allongea donc dans l'herbe, veillant à ne pas tâcher sa robe. Cependant, sa phobie des insectes la rattrapa presque aussitôt et elle se releva assez rapidement, craignant voir une colonie de fourmis sortir de nulle part et l'attaquer. Lissant les plis de sa robe, Azzie ne demanda pas son reste et préféra s'installer sur un banc qu'elle n'avait pas repéré jusque là. Toujours aucun signe de Matt, ni de réseau. Azzie, connue pour être impatiente, commençait à se demander ce qu'il faisait. Les théories folles qu'elle avait avancées jusque là ne l'amusaient plus et firent place aux vraies questions. À une ou deux reprises, elle faillit se lever et s'en aller. Mais il n'avait que dix minutes de retard – autant rester là encore un peu. Après tout, elle n'avait rien de prévu, et surtout, elle avait passé des heures à se préparer pour cette foutue séance. Alors, elle se laissa aller contre le dossier du banc et ferma les yeux, un léger sourire aux lèvres en sentant les rayons du soleil lui caresser le visage. Le vent lui murmurait quelque chose... à moins que ce ne fût pas lui ?
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Matt Higgins

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MessageSujet: Re: EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv)   EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv) EmptySam 3 Juil - 12:32

    On ne pouvait pas prétendre que la Californie ressemblait à l’Idaho sur toutes les coutures. Il m’était difficile de profiter de ma venue à Ruby Creek Falls, vu la situation déplorable de l’état de santé de ma mère. Beaucoup de choses manquaient à mes habitudes quotidiennes, comme la vue de la mer ou les fêtes connues pour le champagne coulant à flot et ses filles aguicheuses. Mes occupations diverses. Ici, j’arpentai les rues comme une âme à la découverte d’une perle rare, d’une chose à faire ou à photographier, d’un but à trouver. Comme un vrai touriste, je passai mes journées à découvrir la ville et les environs… A prendre le temps qu’il me fallait pour photographier les maisons typiquement nord-américaines, les commerces regroupés en un espace unifié. J’avais l’impression d’être à des années lumières d’une vie californienne. Ici tout semblait plus simple et surtout plus sain. Les « m’as-tu-vu » ne s’exposaient pas à chaque coin de rue, comme dans un défilé de mode, et personne ne courait ou se prélassait au soleil dans le but d’être plus bronzé que le voisin. Le « normal » me semblait à sa place, en ces circonstances. Mais après tout, que savais-je de la normalité ? Californien d’origine, des choses essentielles manquaient tout de même à l’appel et me rendaient hostile vis-à-vis de Ruby Creek Falls. Par exemple, je rêvais de plonger dans l’océan bien clair, de sentir la fraicheur de l’eau caresser ma peau. Ici, il faisait une chaleur insoutenable ! Le temps était lourd et l’air était presque irrespirable. Je n’avais pas l’habitude de ce climat en période d’été, ayant l’habitude d’avoir l’océan à côté. Mon cerveau se faisait une image assez primitive de la ville, comme si cette dernière se trouvait dans un fossé, d’où l’intensité de la chaleur, mais entourée de montagnes et de milles merveilles encore à parcourir…. A photographier. Ce fut après mes diverses réflexions que je décidai de commencer à les côtoyer, à me familiariser avec. Je n’allais pas m’en priver puisque je n’avais plus rien à faire. Ayant rejoint un groupe de randonneurs pour la journée, dans le but de mettre à nu ce massif pour ma connaissance personnelle, je ne pus m’empêcher d’exclamer ma surprise lorsqu’en fin de journée, je découvris le don offert par la nature. Je n’avais jamais vu un tel paysage … De telles opportunités à reproduire en image ! A représenter la paix et la pureté. Je n’ai connu dans mon enfance, qu’une seule nature qui était l’Eau. Et je n’avais jamais compris les photographes ayant un amour particulier pour la nature sauvage. Il faut dire que ma spécialisation se définissait dans les portraits, le plus souvent. Car j’aimais ce qu’un regard pouvait faire passer en un seul cliché… Mais en cet instant précis, sur une terre inconnue, je fus heureux de connaître cette impression nouvelle. Qui aurait cru ça ? Matt Higgins, nouvel amoureux de la nature ! L’idée me sembla tout simplement absurde et pourtant… Je ne pouvais détacher mes yeux de la vue que nous offrait ce sommet. La vue de la liberté.

    Lors de cette petite escapade, je n’en avais pas profité pour prendre mon appareil, étant parti sur un coup de tête. Je le regrettais amèrement mais me promis d’y retourner au plus vite afin de mémoriser ces moments. Retournant sans réel but dans le centre ville, après avoir enduré la présence lourde et soulante de l’équipe de randonnée, je me dirigeai vers le premier bar qui se manifesta à ma vue. Il était hors de question de répondre positivement à l’offre d’un verre avec ceux du 4ème âge. Il me fallait mon espace. Trois heures avec eux, et j’aurais pu avoir une de ces migraines dont les femmes se plaignent tant lorsqu’elles ne veulent plus de vous ! Assis à la table disposée sous un parasol, je commandai auprès du jeune serveur de quelques années mon cadet, une pression. Je posai par la suite mes babioles traînants dans mes poches, dont mon portable, mon paquet de cigarette, mon portefeuille… Si jamais ma mère avait besoin de moi, elle saurait comment me joindre. Bien que le mode silencieux lui permettait sûrement de mieux joindre ma boite vocale plutôt que ma propre personne. Qu’importe… A ce milieu de la journée, peu osait me déranger ! J’ouvris, en attendant ma pression, ma boite de cigarette. Et merde. Il ne me restait plus qu’une cigarette, j’avais épuisé le total en trois jours. Un regard derrière mon épaule pour savoir si le bar faisait bureau de tabac ? Loupé ! Dans ce lieu pourri, les bars n’étaient pas loin de supprimer l’alcool d’un seul claquement de doigt. C’était trop tard, pour moi, d’éviter de devenir dépendant… Je ne me refusais plus rien, ni l’alcool, ni la cigarette et ses amis les pétards, ni même la drogue ! Ne parlons même pas du sexe… Et ce, malgré les moyens d’empêchements les plus drastiques. Prenant avec énergie ce foutu briquet pour allumer ma dernière cigarette avant je n’sais combien de temps, j’aspirai avec ardeur la première bouffée du Diable. Que cela faisait du bien ! D’un seul coup, je me sentis plus apaisé. Certes, j’avais conscience de l’effet de la drogue sur moi et ce qu’elle m’avait fait endurer par le passé ; et peut-être mon souci ou ma peur de redevenir comme avant m’évitait de retomber dans la décadence ? Pourtant, depuis que je reprenais de la drogue mais que je m’obligeais à contenir mes prises, la cigarette m’était d’un grand recours, telle une roue de secours. Et mon regard sur la boite vide traduisit mes plus grandes peurs. Si je ne trouvais pas au plus vite un bureau de tabac, je ne sais ce qu’il adviendrait de moi. Le serveur vint avec ma pression, pas si grande à mon goût. Sans le moindre sourire, je lui demandai effrontément « Hé toi ! Tu n’saurais pas où on peut trouver notre bonheur dans le coin ? Comme l’eldorado du tabac ? » Le jeune me regarda, sans comprendre, l’air de se dire que lui voulais-je… « Bah quoi ? Tu n’sais pas ce que c’est l’eldorado ? MON eldorado ? » Je secouai ma boite de cigarette vide sous son nez. Ce dernier reprit de la vigueur, en comprenant sans doute ce que je lui demandais « Ah vous parlez d’un bureau de tabac ! » Bien sûr que je parle d’un bureau de tabac, idiot. « En bas de la rue avant le croisement de la rue Black River, vous trouverez ce qu’il vous faut» Black River hein ? Non de lieu adapté ! De mon portefeuille, je sortis les sous pour sa boisson et son malheureux pourboire ; et en les lui donnant, je rajoutai « Bah voilà un fin connaisseur, je désespérais à penser que tous les jeunes étaient des saints ici. » Il me regarda, interloqué et repartit faire ses affaires. Bon, avec le peu de monde qu’il y avait, il devait sûrement se la couler douce. Non mais ces jeunes, je n’étais pas aussi mou à son âge et si … innocent. En effet, à cette époque j’étais en désintox.

    Je pris mon temps afin de désaltérer mon gosier et y prendre plaisir. Je n’avais quasiment rien à faire sous ce parasol, pas même lire un bouquin. Alors mon attention se concentra sur les passants, les piétons et les piétonnes (surtout les piétonnes). Une boutique de prêt-à-porter pour femme se trouvait justement en face de mon bar, ce qui facilitait la vue. Je jugeais intérieurement toutes les demoiselles –et même plus mûres- qui se présentaient devant moi sans le savoir, mon regard se faisant plus insistant lorsqu’une chose me plaisait chez elles. Leurs jambes, leurs visages, leurs poitrines ou leurs culs. Mais les femmes d’ici manquaient d’exotisme comparé aux californiennes et étrangères qui ressortaient en mini-jupe et haut de maillot de l’Eden Boutique. J’appréciai toutefois, ce moment de plaisir que je m’octroyais. Même si la vie que j’inventais pour toutes ces filles, ressemblait à celle d’une personne de mon entourage. Même quand je me faisais plaisir à imaginer leurs corps sous mes doigts, je voyais son visage extasié. Même à des kilomètres d’elle, même après deux mois, je la voyais toujours. Elle me hantait la Bella. Je m’étais demandé justement qui de elle ou moi, allait redonner signe de vie après l’épisode du Bal. Mais la vie en avait décidé autrement. Je ne la voyais plus à des soirées mondaines, elle qui ne refusait jamais une bonne fête pour s’éclater et s’envoyer en l’air ! Et la vie en avait décidé autrement. J’aurais sans doute fait le nécessaire pour mettre ma vengeance en marche, si ma mère ne m’avait pas confié de malheureuses nouvelles. Qu’importe… Notre relation nous était nuisible. On ne pouvait pas aller bien loin à agir comme nous le faisions. Mais bon dieu, que j’aimais ça ! J’aimais cette impulsivité qui bouillonnait dans mes veines quand elle me cherchait un peu trop loin. Je m’extasiais lorsque je la voyais s’agiter sous mon nez sans qu’elle me paraisse accessible pour autant. Je respectais sa façon de pensée, aussi faussement rebelle et secrètement fragile quand elle me permettait d’entrevoir sa profondeur d’âme. J’adorais souffrir encore un peu plus pour et à cause d’elle. Tout comme j’aimais devenir pour elle, le seul homme sur qui elle prenait tant de précautions à ne pas satisfaire. Je me donnais cette importance, comme je m’imaginais être le seul pour qui elle accordait plus qu’un sentiment vague de désir sexuel. Je savais que je faisais parti de sa vie, tel un parasite… J’en étais persuadé malgré qu’elle ait donné ce baiser fougueux à ce boutonneux de premier de la classe. Knox Kelevraquelquechose. Etait-ce pour me rendre furieux ou parce qu’elle en avait envie ? Il n’était pas boutonneux mais il n’était pas comme les autres hommes qu’elle aimait charmer. D’où la différence de marge. J’étais censé ne pas m’inquiéter, sachant quel homme avait besoin Bella pour la satisfaire ou du moins, pour garder son intérêt… Du moins le type d’homme. Mais étrangement, je n’avais pas été rassuré. Cet affront était la pire chose qu’elle m’avait faite. Lui donner un baiser dont je ne pouvais me pâmer.

    Après quelques minutes, alors que mes pensées s’en allèrent de ci et de là, mon regard fut soudain attentif à la silhouette d’une jeune femme ! Cheveux châtains de toute évidence, de taille moyenne et d’une démarche naturelle… Le contraire évident d’Isabella Van Freschen qui était plus grande, blonde et dont la prestance vous clouait au sol. Son attention se porta sur la boutique de prêt-à-porter et y resta immobile un instant. Je ne sais ce qui m’attira chez elle en premier mais je sentis comme un appel au fond de moi qui me demanda de rester diligent. Je pris mon i-phone juste au moment où elle se retourna et s’apprêta à traverser le trottoir où je me trouvais. Je ne pus m’empêcher de prendre à toute vitesse une photo avec mon portable. Cette dernière avait un visage, qu’on ne pouvait pas qualifier de magnifique mais qui exprimait de vives émotions. Je pouvais y lire la chaleur qu’elle éprouvait et son empressement. Le temps lui était compté. Son visage attirait la lumière et lui donnait cet air candeur. Pourquoi mon intérêt se vit plus vif à son approche ? Une idée soudaine vint me heurter comme un coup de fouet que l’on reçoit sans s’y attendre. Je la voyais merveilleusement bien au centre de cette nature que j’avais visité un peu plus tôt avec les randonneurs. Cette partie là était nommée la Réserve Naturelle. Zaltana plus précisément. Je me voyais prendre des clichés magnifiques, mélangeant portrait et nature, douceur et volupté. Sans plus attendre, j’écrasai d’un pas frénétique ma cigarette bien entamée et me dirigeai vers cette inconnue. Ma présentation se fit des plus agréables. Je savais comment rassurer et charmer. Ne l’avais-je pas fait dans mon passé ? « Je me présente, Matt Higgins. Photographe. » Une mains serrée, des compliments à la pelle avec un sourire qui se veut encourageant. Et enfin l’exposition de mon souhait, mon envie de la prendre en photo sans lui demander de frais. Explications – le début du milieu professionnel avec pour but de trouver un local, d’y travailler et d’exposer mes œuvres. Elle n’avait pas l’air de me considérer comme un abruti, elle m’écouta avec attention et attendit jusqu’au bout avec politesse. A la fin, je lui passai ma carte professionnelle (du moins de celles que j’ai eu le temps de faire avant de partir dans l’Idaho, me représentant comme photographe indépendant et où l’on pouvait avoir mon numéro personnel et mon adresse californienne qui n’était évidemment plus.) Ainsi je lui demandai d’y réfléchir en la rassurant une dernière fois sur le temps de sa réflexion. Et le tour était joué. Je pouvais être d’une présentation impeccable lorsque je voulais obtenir ce que je désirais le plus sur le moment. Et maintenant, mon paquet de cigarette !


    ****************************************************************************************

    Un regard à la montre. Il était temps de rejoindre Arizona. Voilà comment s’appelait ma futur modèle. Je l’avais appris hier soir, lorsque j’avais eu son appel et qu’elle se présenta après de longues minutes de silence « Allo ? ….. Allo ? » « Matt Higgins ?... Bonsoir. Je suis Arizona Eisenhower.Qui ça ? - … La personne que vous avez accosté dans la rue, en fin d’après-midi » Sa voix sembla timide, et moi, pressé de retourner à mes activités nocturnes sans pour autant le lui faire remarquer. D’une voix neutre, je fus content d’apprendre sa réponse positive à ma proposition. J’ai pu lui confier le lieu désiré et on convint en commun accord, de la date et de l’heure. Aujourd’hui même. J’embrassai ma mère sur son front qui se trouvait sur le canapé du salon. Je pris mon matériel et montai dans la voiture sans plus attendre. Sur la route, je me grillai une cigarette de plus… Et arrivai sur le lieu du rendez-vous à l’heure dite. Je détestais les retardataires, et je ne faisais pas parti de cette catégorie. J’étais aussi pointilleux pour l’arrivée que pour retarder la fin d’une séance… J’en étais même spécialiste. Je laissai donc ma voiture dans un coin d’ombre pour éviter que le soleil ne cuise mon malheureux volant et marchai d’un pas doux, sans mon matériel, non loin de là où se trouvait déjà Arizona. Une chose que j’appréciai. Elle aussi semblait à l’heure. Une habitude revenue, un test de plaisir à passer… Voilà que ce qui me caractérisait revenait au galop. J’étais un chieur, un homme qui teste pour tout et n’importe qui. Installé contre un chêne à l’abri des regards, je regardai la jeune femme se coucher sur l’herbe verte. Celle-ci se releva aussitôt, sûrement par peur de trouver des énormes insectes sur elle. Un sourire se dessina sur mes lèvres, c’était si enfantin, innocent … L’heure tournait toujours et malgré l’impatience que je pouvais lire sur le visage d’Arizona, elle restait là à m’attendre. N’était-ce pas un signe ? Mon regard se porta sur sa silhouette. Sa robe épousait parfaitement ses formes, laissant un air d’insouciance et de légèreté émerger dans cette atmosphère. Je la détaillais, réfléchissant à notre séance. Elle allait me permettre de lancer mon affaire rapidement, j’en étais quasi-sûr et peut-être de me faire oublier un temps le visage de quelqu’un d’autre. Je la vis s’installer sur un banc, regarder autour d’elle, notamment vers moi, même si je lui étais caché au loin. Et enfin elle se laissa aller contre le dossier de son banc, ferma les yeux et profita du soleil. Il était temps. Je m’avançais vers elle, les mains dans mes poches. Il faisait frais ici en comparaison à la ville. Le vent inondait la réserve de sa présence. Il faisait bon. Un temps magnifique pour une future collaboration entre un artiste et une de ses muses. Je m’installai à ses côtés.

    « Je pensais que vous partirez. »

    Les mots que je murmurasse eurent l’effet comme d’un réveil en douceur d’une princesse endormie. Elle ouvrit les yeux et je lus de la surprise dans ses yeux lorsqu’elle me vit à ses côtés. Mon sourire se dessina de plus belle. « Bonjour Arizona. J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre… » Je lui fis la bise au lieu de présenter ma main. Après tout, nous serons intimes après la séance. « Bon et si nous allions chercher mon matériel ? Ma voiture n’est pas loin. Au moins on pourra commencer, partante ? »

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MessageSujet: Re: EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv)   EVERY ARTIST HAS A MUSE (pv) EmptySam 6 Nov - 22:34






« Je pensais que vous partirez. » Non, ce n’était pas le vent qui lui murmura ces mots aux oreilles. Arizona sursauta et ouvrit aussitôt les yeux, ne s’attendant pas à entendre la voix de Matt, et surtout pas aussi près d’elle. Elle se demanda combien de temps elle avait passé assise sur ce banc avant qu’il ne daigne apparaître. L’espace d’un instant, elle eut une envie brûlante de s’énerver contre lui, parce qu’il n’avait aucune notion de la ponctualité, et qu’il l’avait, en plus de cela, flanqué une frousse bleue. Cependant, c’était sans compter sur le fait qu’en ouvrant ses paupières, son regard noisette croisa aussitôt celui, bien plus sombre, de son interlocuteur. Arizona sentit son cœur manquer un battement. Elle avait l’impression de connaître ce regard… Ce regard pénétrant, qui vous mettait mal à l’aise mais dont il était impossible d’arracher les yeux. Arizona ouvrit la bouche, réfléchissant à une réplique, une phrase cohérente. Mais rien ne lui vint à l’esprit – après tout, que devait-elle répondre ? Qu’elle avait passé de longues minutes à l’imaginer dans des situations toutes plus invraisemblables les unes que les autres, et qu’elle avait fini par s’impatienter et le maudire ? Elle avait déjà la désagréable impression que Matt la prenait pour une folle, au vu de ses réactions pas vraiment normales – elle s’était pâmée malgré elle devant lui, lors de leur première rencontre, et avait frôlé l’infarctus lorsqu’il l’avait abordée aujourd’hui. Elle ne désirait donc en aucun cas aggraver son cas – elle se tut donc, dans l’espoir que Matt engage à nouveau la conversation, ce qu’il ne manqua, heureusement, pas de faire. « Bonjour Arizona. J’espère ne pas vous avoir fait trop attendre… » Bien malgré elle, Azzie sourit. Elle ne savait pas trop pourquoi, d’ailleurs – encore une minute plus tôt, elle était furieuse de voir que Matt se faisait autant désirer alors qu’elle avait foncé pour arriver à l’heure au point de rendez-vous. Pourtant, sa fureur s’était évaporée dès lors que Matt l’eut évoquée. Etait-ce le charme de Matt qui était la cause de ce brusque changement d’humeur ? Cela aurait été trop simple – Arizona n’était pas assez superficielle pour se laisser faire par quelqu’un sous le simple prétexte qu’il était plus qu’agréable à regarder. Non, elle ne savait pas trop ce qui, chez Matt, la poussait à devenir complètement molle et semblable à une marionnette. Elle avait l’impression d’avoir laissé son tempérament de côté depuis que Matt était arrivé là. Qu’était-il arrivé à l’Arizona passionnée, irascible et violente ? Elle était de ces filles qu’il suffisait de provoquer pour les voir sortir de leurs gonds. Elle ne se laissait jamais faire, et ce trait de caractère avait eu des conséquences dramatiques dans le passé – raison pour laquelle elle tentait de se contrôler aujourd’hui. Mais en aucun cas, elle n’était cette fille dénuée de personnalité qui perdait tous ses moyens lorsque quelqu’un lui plaisait. Le mystère était donc entier – pourquoi Matt la fascinait-il autant, elle qui n’accordait, en général, pas plus d’importance que ça au physique des gens lorsqu’il s’agissait de bâtir une relation avec eux ? Pourquoi, alors qu’elle était plus qu’agacée par son retard, affichait-elle ce sourire doux et réservé aux personnes qu’elle portait en affection ? « Il n’y a pas de problème, je ne suis là que depuis quelques minutes. » Bien sûr, ces quelques minutes auraient, si Arizona avait conservé son humeur massacrante, pris une tout autre dimension. Mais la jeune femme était désormais loin des reproches qu’elle comptait adresser au jeune homme. Elle préférait plutôt contempler son regard pénétrant et insistant – ce regard qui aurait pu mettre mal à l’aise quiconque, excepté Arizona qui trouvait là plutôt une raison supplémentaire d’être fascinée par Higgins. Après tout, que pouvait-elle faire au fait qu’il l’hypnotisait ? Elle ne pouvait pas l’en empêcher – son charme était bien trop important pour cela, d’autant plus qu’Azzie ne voyait pas la moindre menace dans le fait qu’elle l’observait. Ce n’était pas comme si elle courait un danger mortel, alors, à quoi bon se retenir de faire ce dont elle avait envie ? Arizona fut interrompue dans sa contemplation lorsque Matt se rapprocha d’elle pour lui faire la bise. Aussitôt, un nouveau sourire se peignit sur son visage. Il sentait bon, et sa peau était étonnamment douce malgré sa barbe qui repoussait légèrement. Il lui rappelait toujours quelque chose, quelqu’un. Mais impossible de mettre le doigt dessus. Lorsqu’il s’écarta à nouveau d’elle, Azzie plongea aussitôt son regard dans celui de Matt, et fut surprise de n’y déceler aucune émotion. Bien qu’il ne fût aucunement froid, le regard de Matt semblait vide, comme si le jeune homme gardait précieusement ce qu’il pouvait exprimer pour lui. Arizona n’en fut que plus intriguée. Ce personnage la fascinait de A à Z, et elle ne pouvait s’empêcher de se demander quels événements avaient fait de lui l’homme qu’il était devenu. Elle se demanda également si, un jour, elle le saurait – elle en doutait fortement, étant donné la réserve évidente dont faisait preuve Matt.

« Bon et si nous allions chercher mon matériel ? Ma voiture n’est pas loin. Au moins on pourra commencer, partante ? » Encore cette voix enchanteresse. Comment y résister ? Arizona s’efforça de ne pas se pâmer, de ne pas passer pour une de ces filles écervelées qui perdaient totalement l’usage de la parole devant un homme comme Matt. Elle devait reprendre le contrôle de la situation, et vite. Faire comme elle en avait l’habitude, être égale à elle-même. Bien qu’elle ne fût pas la plus assurée des femmes, Arizona avait suffisamment de confiance en elle pour ne pas se ridiculiser en présence d’autres personnes. Sa popularité au lycée l’avait aidé à acquérir une assurance dont elle n’avait encore jamais saisi l’importance – elle n’accordait, pour ainsi dire, aucune importance à la popularité et au conséquences que celle-ci avait, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait vécu que les bons côtés de celle-ci, veillant toujours à ne pas se prendre pour plus grande qu’elle ne l’était. Bien qu’au lycée, tout le monde la connût, Arizona n’avait jamais pris la grosse tête, ayant une tendance naturelle à se sous-estimer. Et ici, une fois de plus, face à Matt, elle eut l’impression de ne pas faire le poids. Elle se sentait parfaitement stupide, à le fixer ainsi sans savoir quoi répondre aux phrases pourtant simplistes qu’il lui adressait. Elle n’osait même pas imaginer quelle image elle offrait à Matt, qui devait sûrement se poser des questions – bien sûr, les silences d’Arizona ne durèrent pas plus de quelques secondes, mais l’expression proche de l’émerveillement qu’elle affichait n’était pas aussi imperceptible que son temps de réaction. La jeune femme finit par prendre la judicieuse décision de s’arracher à sa contemplation de Matt, et put ainsi reprendre ses esprits – ses joues se teintèrent d’un rose soutenu, mais sa voix fut ferme, encore plus que ce qu’elle avait espéré. « Partante, oui, je vous suis. » Elle lui sourit, ravie d’avoir retrouvé sa contenance et de ne plus s’extasier, bien malgré elle, devant le visage sculpté à la perfection du photographe. Arizona se leva gracieusement, épousseta l’arrière de sa robe, craignant que celle-ci ne fût marquée de la moindre tache. Puis elle se retourna vers Matt, à qui elle adressa, avant d’avoir pu s’en empêcher, un nouveau sourire. Elle ignorait pourquoi il lui donnait cette envie de sourire, pourquoi cet être, pourtant sombre et mystérieux, la rendait presque béate. Quoiqu’il en fût, elle ne s’en plaignit pas – cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus ri de bon cœur, accablée par le poids des erreurs qu’elle avait commises au cours des derniers mois.

Ils se dirigèrent vers la voiture de Matt, qui était garée à l’ombre. Arizona resta quelque peu en retrait, désirant laisser à son partenaire tout l’espace nécessaire pour manipuler le matériel qu’il sortirait du coffre. Elle put ainsi, discrètement, le contempler tout à son loisir – c’est alors qu’elle comprit, et la force de cette révélation la frappa de plein fouet, accentuée par la stupeur de ne pas avoir compris plus tôt. Le regard sombre et perçant, mais étrangement réconfortant – précisément par sa familiarité –, la voix enjôleuse, le sourire énigmatique… Tout cela lui rappela Dave. Dave, son ancien fiancé – qui l’aurait toujours été si elle n’avait pas mis fin à sa vie lors d’une dispute un peu trop agitée. Elle était quotidiennement hantée par cet acte, cette poussée d’adrénaline aux conséquences dramatique. Si elle était venue à Ruby Creek Falls pour oublier son passé et prendre un nouveau départ, celui-ci revenait au galop quotidiennement pour lui rappeler qu’elle avait du sang sur les mains. Tous les jours, elle revoyait le visage de son fiancé, elle croyait le voir, lui, arpentant les rues de la petite ville, bien qu’elle sût pertinemment que c’était impossible. Elle avait l’impression de le sentir près d’elle, il hantait jusqu’à ses rêves. Mais là, alors qu’elle regardait Matt, c’était tout autre chose. Elle savait pertinemment que ce n’était pas une hallucination, un effet de son imagination. Il lui ressemblait de manière troublante, et Arizona en eut le souffle coupé. Fort heureusement, trop occupé à sortir son attirail de sa voiture, le jeune homme ne remarqua rien. En revanche, Arizona, elle, avait du mal à rester calme. Elle se sentit horriblement faible, épuisée. Elle était lessivée à force de fuir son passé, de tenter de l’enterrer sans jamais y parvenir. A chaque fois qu’elle tentait de tourner la page, de passer à autre chose, un élément venait lui rappeler qu’elle n’y parviendrait jamais. Et pourtant, elle ne décida pas de faire volte-face et de quitter la réserve naturelle en prenant ses jambes à son cou. Elle resta plantée là. Elle savait que malgré leur ressemblance troublante, la similitude s’arrêtait là. Matt n’était pas Dave, et elle ferait mieux de garder cette idée en tête. Elle ferait comme si de rien n’était, comme si le photographe ne ressemblait pas étrangement à celui dont elle avait la mort sur la conscience. Arizona s’en sentait capable – et, curieusement, le fait que Matt ressemblât à son fiancé lui donna envie de rester auprès de lui. Elle aurait, ainsi l’impression de retrouver celui qu’elle avait aimé, l’espace de quelques secondes. Lorsqu’elle croiserait le regard de Matt, elle aurait l’impression de fixer celui de Dave, avant d’être déstabilisée par les différences, encore bien plus nombreuses que les similitudes, des deux hommes.

Elle en eut la confirmation lorsque Matt revint auprès d’elle. Elle le regarda, et réalisa, avec dépit, mais avec un certain soulagement, qu’il n’avait pas d’autres traits en commun avec Dave. Elle s’était laissée obnubiler par le regard du jeune homme, ne voyant plus rien d’autre. En dehors de leurs prunelles sombres et de leur expression mystérieuse, les deux hommes ne se ressemblaient pas. Arizona fut dépitée d’avoir, une fois de plus, été influencée par son imagination débordante. Ainsi, elle était passée pour plus folle qu’elle ne l’était, sans raison valable. Malgré tout, une fois installée, l’impression ne partit plus. Pour le plus grand bonheur, et le plus grand malaise, d’Arizona. Elle franchit en quelques pas les derniers centimètres qui la séparaient de Matt et tendit une main vers ses bras surchargés. « Est-ce que vous voulez que je porte quelque chose ? » Sa main frôla accidentellement celle de main, et elle détourna précipitamment le regard, comme une enfant prise en faute. Loin d’être aussi timide d’habitude avec les hommes, Arizona était, à nouveau, tétanisée. Elle inspira un grand coup, décida, une nouvelle fois, qu’il était temps de passer à la suite, d’adopter un comportement adulte. Ressemblance ou non, charme ou non, elle se devait d’être professionnelle, et, surtout, de paraître saine d’esprit. Cette fois-ci, lorsqu’elle croisa le regard de Matt, elle ne s’y perdit pas. Le fantôme de Dave avait quitté les yeux de Matt, l’impression étrange d’Arizona avait quitté son esprit torturé. Esquissant un énième sourire, elle semblait avoir radicalement changé. Malgré l’innocence qui suintait à travers chacun de ses pores, elle laissa enfin apparaître la femme qu’elle était en réalité. Celle qui avait accepté l’offre de Matt, celle qu’il avait abordée. Elle n’était plus l’adolescente qui se pâmait devant sa beauté, ni la jeune femme torturée par ses actes impardonnables. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient. Malgré le cliché que cela pouvait constituer, Arizona sentait que l’après-midi serait, au contraire, riche en émotions. Elle avait ce pressentiment, comme quoi elle n’était pas tombée sur n’importe quel photographe –et que Matt n’était pas tombé sur n’importe quel mannequin.
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