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 « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan

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Eugene M. Cadogan

My Own Private Idaho

Eugene M. Cadogan

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« Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan _
MessageSujet: « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan   « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan EmptyJeu 5 Aoû - 13:11

Il n’en avait pas dormi de la nuit. Il avait bien essayé, pourtant. Il s’était couché tard, afin d’être éreinté, de n’avoir qu’à poser la tête sur l’oreiller pour sombrer dans un sommeil lourd. Mais rien n’y avait fait. À trois heures et demie du matin, Eugene Matthew Cadogan était toujours éveillé. Il avait quitté le lit pour descendre au rez-de-chaussée pour regarder la télévision. Mais à cette heure-là, il n’y avait rien d’intéressant. Rien qui puisse détourner l’attention d’Eugene de ce qui l’attendait le lendemain. Car ce n’était pas rien. Demain, dans la matinée, il savait qu’il ne serait plus le seul Cadogan en ville. Son frère jumeau revenait enfin après de nombreuses années loin de ses racines. Il n’en avait évidemment jamais voulu à Christopher d’avoir trouvé mieux ailleurs mais il devait bien avouer que, privé de son jumeau, Eugene s’était senti extrêmement seul. Son travail n’avait jamais été très passionnant et heureusement qu’il y avait Pepper pour pimenter sa vie sinon elle serait bien morne. L’évasion de Christopher, son mariage, tant d’éléments qui avaient transformé la vie d’Eugene. Mais pas seulement la sienne. Celle de Leigh également, leur meilleure amie d’enfance. Ils formaient un trio inséparable et du jour au lendemain, ils avaient dû grandir. Du moins, c’est l’impression qu’avait eu Eugene suite à ce bouleversement dans sa vie. Finalement, il n’avait jamais imaginé Ruby Creek Falls sans Christopher et devoir envisager une vie sans son frère avait été un véritablement challenge. En un sens, heureusement que Leigh avait été là car si ce deuxième élément stable avait dû lui échapper, Eugene n’aurait pas été certain de pouvoir retomber sur ses pieds. Il aurait été forcé, évidemment, mais les choses auraient été bien plus compliquées à gérer.
Mais la question ne se posait plus. Quelques jours plus tôt, un miracle était survenu. Christopher l’avait appelé et s’il était vrai qu’Eugene était inquiet pour son frère – il avait bien senti qu’il allait vraiment mal – il devait avouer qu’il était ravi – même si c’était purement égoïste – qu’il revienne à la maison. Depuis l’annonce du retour du frère prodigue, Eugene ne se tenait plus. Les heures au bureau lui paraissaient interminables. Une fois rentré, il bricolait pour passer le temps mais les minutes, malicieuses, semblaient s’étirer toujours davantage. La nuit précédant leurs retrouvailles avait été la pire. Incapable de fermer l’œil, Eugene avait utilisé tous les stratagèmes possibles pour parvenir à dormir. Il avait toutefois refusé d’avaler un somnifère, de peur de ne pas parvenir à se réveiller, cette fois ! Quitte à s’épuiser, il s’épuiserait en attendant Christopher et lorsque le réveil se mit à sonner les sept heures, à l’étage, le jeune banquier sauta de son fauteuil – il avait passé trois heures devant un écran allumé sans être capable de se rappeler ce qu’il avait regardé, étant trop préoccupé par les souvenirs qui l’assaillaient – et s’habilla en vitesse. Il abandonna son costume habituel puisqu’il avait pris expressément congé ce jour-là et enfila un jean et un t-shirt avant de sortir précipitamment. Il se sentait un peu coupable d’abandonner Leigh derrière lui mais il ne voulait pas qu’elle soit là lorsqu’il retrouverait Christopher. Il le voulait pour lui seul, le temps de quelques heures, elle aurait tout le temps de profiter de son amour de jeunesse par la suite. Sautant dans le véhicule alors que la jeune femme émergeait à peine de sa nuit – agitée, elle aussi – il mit le moteur en route et fit marche arrière dans l’allée de leur maison. Il avait probablement une mine à faire peur, raison pour laquelle il avait besoin d’un bon café avant de prendre la route. Il savait exactement par où Christopher arriverait et il était bien décidé à le retrouver avant qu’il n’atteigne le centre de Ruby Creek Falls. Christopher était le frère jumeau mais aussi le meilleur ami, le confident, celui sur qui Eugene pouvait toujours compter. Leur complicité était semblable à leur ressemblance : sans limite.
Il était encore tôt et Eugene traversa une ville calme et paisible, tout le contraire de son cœur. La chance était avec lui parce que la file n’était pas monstrueuse au Morning Cup – il savait combien l’endroit avait du succès et qu’il était parfois difficile de trouver une place assise dans le petit café. De toute façon, il s’y arrêtait rarement et ne le faisait qu’avec Leigh, lorsqu’ils passaient un dimanche paisible au centre ville. Pour le reste, il prenait un café à emporter et l’ingurgitait sur les trois minutes trente qui le séparaient de son bureau dans les rues du centre. Il commanda la même chose que d’habitude car, comme il le disait à chaque fois à l’employé qui le servait : on ne change pas une équipe qui gagne. C’était une réplique sans grand intérêt mais qui avait l’art de faire naitre un sourire sur les visages des gens qui attendaient dans la file. Eugene était un homme extraverti, toujours souriant, saluant les gens qu’il croisait sur son passage, des gens qui les avaient vus grandir, lui et son frère. Et Leigh.
En sortant du Morning Cup, Eugene jeta un coup d’œil à son téléphone portable, au cas où la jeune femme lui aurait laissé ou envoyé un message mais l’écran était vierge. Elle devait certainement savoir qu’il avait besoin de se retrouver seul avec son frère. Elle avait toujours su le cerner, elle avait toujours su lire en lui comme dans un livre ouvert. Ils étaient comme frères et sœurs depuis leur plus tendre enfance et pourtant, aujourd’hui ils vivaient en couple, plus parce que c’est ce qu’on attendait d’eux que parce qu’ils le désiraient réellement. Il regrettait ce temps où il allait la chercher chez elle et qu’elle s’accrochait à lui lorsqu’il conduisait imprudemment sa Vespa à travers les rues de Ruby Creek Falls. Elle le savait imprudent et joueur et pourtant, elle n’avait jamais douté de lui, elle avait toujours montré une confiance aveugle en ses capacités. C’est ce qui lui donnait ce sentiment de culpabilité. Leigh connaissait Christopher pratiquement aussi bien que lui et pourtant il l’évinçait à ce moment précis. Mais il ne pouvait pas se permettre de revenir en arrière. Un coup d’œil à sa montre lui avait indiqué qu’il devrait se hâter s’il voulait arriver à l’endroit prévu avant que son frère ne le dépasse. Retrouvant le volant, il posa maladroitement le café près de lui et démarra, quittant les rues désertes de Ruby Creek Falls, traversant Topaz Grove et ses décombres pour prendre la route principale et rouler sur quelques kilomètres. Après sept minutes environ, il ralentit et repéra le panneau qui souhaitait la bienvenue aux conducteurs de passage ou ceux qui venaient spécialement pour Ruby Creek Falls. Eugene n’avait croisé aucun véhicule sur la route qui le séparait de Ruby Creek Falls et il se gara sur le bas-côté et éteignit le moteur pour laisser l’ambiance calme des environs envahir sa voiture. Il tapota nerveusement du bout des doigts sur son volant en cuir et finit par ouvrir sa portière pour sortir de son véhicule, attendant que le bruit d’un moteur vienne mettre son cœur en pagaille.
Ce qui ne tarda pas à arriver…
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Christopher Cadogan

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Christopher Cadogan

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MessageSujet: Re: « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan   « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan EmptyLun 16 Aoû - 23:14

    Christopher jeta un dernier coup d'oeil à son salon vide. Une main sur la porte et un grand sac de sport pendu à son épaule, le jeune homme était clairement sur le départ. Jamais il n'aurait cru quitter ce petit paradis si tôt; c'était son appartement, celui qu'il avait acquis avec sa femme après avoir tous deux mit suffisamment de côté depuis 4 ans pour pouvoir se l'offrir. Ca avait été le coup de foudre; il était idéalement placé; pas loin en métro du centre de Chicago. L'immeuble était beau et propre et les pièces de l'appartement spacieuses et lumineuses. Pourquoi aurait-il voulu quitter cet endroit? Un sourire pincé se dessina sur son visage alors qu'il repensait à la vie qu'il avait eue ici. S'il quittait cet endroit aujourd'hui, c'était parce que depuis un mois, sa femme avait disparut sans réllement laisser d'explications, et vivre dans leur appartement tout seul ne l'intéressait pas. Ils l'avaient acquit à deux, il lui était inconcevable d'y rester seul tant il regorgeait de souvenirs auxquel il avait du mal à se défaire. Il tira sur la poignée de la porte d'entrée et celle-ci se ferma en un petit déclic. Il hésita un instant avant de verouiller définitivement la porte puis, replaçant son sac sur son épaule, il s'éloigna finalement de son chez lui. Christopher avait toujours eu un visage très expressif; lorsqu'il était heureux, ses yeux brillaient et son visage s'éclairait d'un simple sourire; et lorsqu'il était triste ou contrarié, n'importe qui pouvait le remarquer; il se força donc à adresser un petit sourire à la vieille voisine du dessus, mais le regard inquiet qu'elle lui jeta prouva bien qu'elle n'était pas duppe. Elle salua chaleureusement le jeune trader et celui-ci hocha simplement la tête "Aurevoir Madame Harrison" dit-il en retenant la porte de l'ascenceur d'une main pour ne pas paraître trop impoli. "Je garderai un oeil sur votre appartement! Et si vous voulez le récupérer, je pourrais toujours vous y aider" dit-elle de sa voix tremblottante. "Passez le bonjour à votre frère!". Il esquissa un petit sourire lorsqu'elle lui parla d'Eugene et il lui assura de le faire alors que les portes de l'ascenceur se refermaient sur lui. Mme Harrison avait été émerveillée d'apprendre que Christopher avait un frère jumeau et lorsque celui-ci était venu lui rendre visite dans son appartement, la vieille voisine avait semblé tomber doublement sous le charme de ce dernier. Ils étaient en tout point identique et c'est cette particularité qui avait du tant ravir la vieille femme qui n'avait jamais vu de vrais jumeaux auparavant. Eugene et Christopher étaient ainsi devenus ses petits préférés et leur politesse et gentilesse envers elle n'y étaient certainement pas étrangères. C'était une vieille femme gentille et fort serviable qui avait à de nombreuses reprises été présente lorsque le couple Cadogan avait eu besoin de petits services. Christopher était d'ailleurs également triste de quitter cette vieille femme, mais il sortit néanmoins de l'immeuble avec un nouveau sourire aux lèvres. D'ici 48h il allait retrouver Eugene et cette perspective avait le don de lui redonner des forces.
    Il jeta son sac de sport sur la banquette arrière de sa décapotable grise et ouvrit sa portière avant de se laisser glisser dans son petit bijou. Il ne se rendit compte qu'à se moment-là qu'il s'était habillé en tenue de travail; costard gris sombre, chemise et cravate. L'habitude certainement... Depuis qu'il avait grimpé les échelons du métier et qu'il était devenu un bon trader en ville; il ne se passait pratiquement pas un jour sans qu'il ne doive s'habiller convenablement. C'était donc normal pour lui de sortir en costume et chaussures cirées. Il n'y avait que les week-ends qu'il se permettait de trainailler; mais là encore; il préférait enfiler une chemise souple plutôt qu'un simple t-shirt. Il déboutonna l'unique bouton qui retenait sa veste fermée et mit le moteur en route. Le doux vrombissement de l'engin envahit ses oreilles et il démarra sans jeter un regard derrière lui. Ca faisait un mois jour pour jour et il n'avait eu aucune nouvelle; et même si l'amour qu'il portait à sa femme le consumait petit à petit, il avait ressentit le besoin de partir. Il avait fait le transfert d'appel, au cas où, par miracle elle ne se décide à l'appeller. Elle avait toujours son numéro de portable et lui ne quittait jamais son appareil; un seul coup de fil et il se jetterait dessus, il ne lui en fallait pas plus. Amber était la femme de sa vie; il le savait et s'il lui avait demandé de l'épouser, ca n'était pas pour satisfaire tout le monde; mais bien parce qu'à l'époque déjà, il imaginait parfaitement sa vie à ses côtés. Sans elle, il ne savait plus vraiment sur quel pied danser et il en était venu à détruire en un temps record sa petite vie de citadin.... Ses idées se bousculèrent dans sa tête et le visage toujours fermé et dépourvu d'expression; le jeune homme emprunta la sortie Ouest de la ville; direction l'Idaho. Il était encore tôt, il n'avait pas voulu partir tard parce qu'il savait que la route était extrêmement longue jusque son état natal et c'est donc tranquilement et sans embouteillages qu'il quitta la ville qui l'avait vu murir. Lorsqu'il y était arrivé, 7 ans plus tôt, il n'était encore qu'un gamin âgé de 20 ans, bourré d'attentes et impatient au possible; maintenant, il était devenu cet homme posé et réfléchi dont les responsabilités étaient nombreuses et importantes. Il ne put s'empêcher de regarder dans son rétroviseur alors que Chicago diminuait et disparaissait petit à petit; bientôt, il ne distinguerait plus rien et devrait se concentrer sur le fait de retrouver son frère jumeau. Ca, il n'avait d'ailleurs aucun problème à le faire. Eugene et lui avaient toujours été extrêmement proches; ils n'étaient pas jumeaux pour rien et dès leur plus jeune âge ils avaient joué le jeu jusqu'au bout. En grandissant, leur relation était devenue casi-fusionnelle et lorsque Christopher avait du quitter l'Idaho, il avait cru jusqu'à la dernière minute que son frère viendrait avec lui. Il lui en avait fallut du temps pour comprendre que c'était là qu'ils se différenciaient. Eugene semblait extrêmement attaché à Ruby Creek Falls, alors que Christopher avait eu besoin d'aller voir ailleurs; de trouver sa place dans une grande ville pour y découvrir de nouvelles choses et percer dans le milieu du travail. Et pourtant, Eugene était aussi doué et intelligent que lui; il n'avait pas comprit pourquoi il avait tant voulu rester en Idaho; mais aujourd'hui, alors qu'il roulait vers lui; Christopher comprenait peut-être pourquoi il avait voulut y rester. N'était-il pas en train d'y revenir, lui aussi?
    Les paysages défilèrent à toute allure durant de longues heures et Christopher ne s'arrêta qu'une seule fois pour acheter à boire, manger et refaire le plein; il ne voulait plus perdre de temps et chaque miles qui le rapprochait de Ruby Creek Falls le rapprochait de Eugene et l'impatientait. Cela faisait trop longtemps qu'il n'était plus redescendu le voir et les coups de fil qu'ils se passaient devenaient bien trop espacés pour le ravir. Il traversa des villes à ne plus en retenir leur nom et s'arrêta à mi-chemin, lorsque la nuit fut bien avancée, dans le motel qu'il avait l'habitude de fréquenter lorsqu'il faisait la route entre les deux villes. La route était extrêmement longue, et si elle avait eu raison de son enthousiasme au bout de deux années; aujourd'hui, elle était loin de décourager le jeune homme. Il dormit difficilement sur le matelas mou de sa petite chambre et reprit la route le lendemain matin, tout aussi tôt que la veille. Il ne lui restait plus grand chose à faire, comparé à ce qu'il avait engloutit, et il avait doublement hâte de rentrer et poser ses affaires, prendre une douche et se poser... Les derniers miles furent les plus longs mais lorsqu'il reconnu parfaitement la route qui bordait sa ville natale, Christopher appuya sur l'accélérateur et fit vrombir un peu plus son moteur. Le panneau de bienvenue se dessina à l'horizon mais il ne distingua tout d'abord pas la silhouette qui l'attendait sur le bas-côté. Il donna un coup de frein violent lorsqu'il apercut et reconnu la dégaine de Eugene. Il le dépassa de quelques mètres alors que la terre poussiéreuse volait et parasitait sa vue. Il toussota légèrement et coupa le moteur avant de sortir de son véhicule et de brasser l'air de la main pour en dissiper les particules. Lorsque son regard croisa celui de son jumeau, Christopher ne put s'empêcher de sourire, soulagé de le voir mais pour autant pas surprit de le retrouver là, à cette heure-ci. Ils avaient déjà fait bien plus étonnant et il se doutait que Eugene avait du sentir que sa venue était pour bientôt. Il combla l'espace qui les séparait et ouvrit grand ses bras avant de les refermer autour de son frère en une étreinte fraternelle. Le genre d'étreinte qu'il ne lui avait plus donnée depuis bien trop longtemps. Les yeux humides mais ne pleurant tout de même pas, Christopher tapota le dos de son frère d'un geste complice. "Tu m'as manqué" lui dit-il avant de s'écarter de lui, un sourire toujours en place. "Ca fait longtemps que tu attends?" demanda t-il après avoir passé un bras en travers de ses épaules.
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Eugene M. Cadogan

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MessageSujet: Re: « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan   « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan EmptyJeu 26 Aoû - 10:39

Comment décrire la foule de sentiments qui inonda le cœur déjà bien rempli d’Eugene ? Il était difficile de qualifier tout ce qui lui passait par la tête alors que la voiture tant attendue se profilait à l’horizon. Des souvenirs d’une lointaine enfance, des images plus récentes, comme le mariage de Christopher et la dernière visite que Leigh et lui avaient rendue au couple, au Noël passé, mais également des choses qui ne s’étaient pas encore produites et qu’Eugene n’avait aucun mal à visualiser : des soirées qui se terminaient tard dans la nuit, installés tranquillement sur la terrasse, un verre d’alcool à la main, à ressasser des anecdotes honteuses ou non, à raviver des émotions qu’ils avaient partagés lorsqu’ils étaient gosses, quand les professeurs les mélangeaient à chaque fois qu’ils les interpellaient, regardant l’un quand ils nommaient le second. Tant de choses qui gonflaient le cœur d’Eugene à l’en faire exploser et les larmes ne tardèrent pas à pointer le bout de leur nez. Il n’était pas dans les habitudes d’Eugene de pleurer, même s’il n’avait aucun complexe à laisser sa joie ou son chagrin transparaitre. Il avait bien pleuré comme une madeleine lors du départ de son frère et il s’était contrefiché de l’image qu’il pouvait donner à renifler et à avoir les joues luisantes de larmes. Les gens avaient été plutôt attendri de voir ces deux êtres identiques être déchirés par la séparation qui s’annonçait. Mais même si cela n’avait pas été le cas, Eugene n’en aurait rien eu à faire qu’on le trouve ridicule. Lui, il laissait le naturel galoper, à quoi bon résister au mal être qui vous étreint lorsque la personne à laquelle vous tenez le plus prend son envol et vous laisse dans son sillage ? Quel mal y avait-il à se sentir un peu perdu durant les premiers mois d’absence, à prendre son téléphone, prêt à appuyer sur la touche d’appel avant de se rendre compte que ce n’est pas celui que vous voulez qui serait à l’autre bout du fil, à savoir que proposer une escapade improvisée dans les bois était inutile bien que spontanée ? Eugene ne l’avait jamais caché, il avait toujours eu du mal à s’y faire, il avait toujours espéré que Topher reviendrait après quelques mois, se rendant compte que la ville lui manquait cruellement. Puis il avait rencontré Amber et Eugene ne s’était pas fait d’illusions, surtout après avoir rencontré la jeune femme, il n’avait pas pu se mentir : les deux jeunes gens s’aimaient follement et s’il était clair que cela pouvait être éphémère et se terminer après quelques mois, quelque chose l’avait contredit, quelque chose lui avait assuré que voir son frère aussi heureux signifiait que ce n’était pas une passion qui s’éteindrait aussi vite qu’elle avait commencé. Après sept années sans Christopher, évidemment, et avec Leigh toujours présente, Eugene s’était fait à l’idée qu’il ne serait plus que le seul Cadogan en ville, au grand désespoir de certains, notamment sa petite amie, il en était parfaitement conscient.
Mais aujourd’hui, toute cette attente, toute cette déchirure se résorbait d’elle-même et s’il appréhendait l’état dans lequel il allait trouver son jumeau, il savait aussi qu’il ferait tout pour le remettre sur pied. Il ne chercherait pas à lui faire oublier Amber – il ne savait pas exactement ce qu’il s’était passé entre ces deux-là mais il avait suffisamment vu les tourtereaux roucouler ensemble pour savoir que cette crise, si elle était grave, n’était pas insurmontable. Du moins il l’espérait. Relâchant un soupir qui lui obstruait la cage thoracique, il laissa un sourire soulagé se dessiner sur ses lèvres, malgré les larmes qui étaient parvenues à rouler sur ses joues rugueuses. Il savait au son du moteur de la décapotable que Christopher était pressé de retrouver Ruby Creek Falls et le jeune homme qui n’avait jamais quitté la petite bourgade ne s’agita pas en réalisant que son frère risquait de lui passer sous le nez. Topher ignorait qu’il se pointerait à cette heure-ci, encore moins à un endroit pareil et lorsque celui-ci freina brusquement après avoir enregistré la présence de l’hurluberlu qui se tenait en bord de route, Eugene suivit l’arrêt brutal du regard et amorça une lente avancée en direction de son frère qui sortait du véhicule en brassant l’air poussiéreux. Plus la distance entre eux s’amenuisait, plus Eugene sentait qu’il n’allait pas pouvoir se retenir de pleurer avec la même intensité qu’au départ de Christopher. Lorsque celui-ci se dirigea vers lui et ouvrit grand les bras, c’en était fini de la résistance du jeune banquier. Dès qu’il se retrouva contre son frère, Eugene éclata en sanglots et serra Christopher avec force. Il aurait voulu ne plus jamais le laisser s’échapper, le menotter à lui et l’empêcher de faire un pas sans lui. C’en était à un tel point que si Christopher ne lui avait pas gentiment tapoté le dos, il ne l’aurait probablement pas lâché de lui-même. Eugene finit cependant par relâcher son étreinte et laissa Christopher s’écarter de lui. Eugene s’essuya distraitement les joues en reniflant et secoua la tête lorsque Topher lui demanda s’il attendait depuis longtemps.

« Pas longtemps » lui assura-t-il avec un sourire heureux. « Mais j’aurais attendu la journée entière s’il avait fallu, quitte à me faire engueuler par Leigh. D’ailleurs, je ne serais pas étonné qu’elle me boude pour ne pas l’avoir emmenée avec moi mais j’avais envie de t’avoir pour moi tout seul. » Il esquissa un sourire en coin, essuya son nez de manière inélégante et ajouta : « Mais tu veux peut-être rentrer te reposer. Cette journée est à ton honneur, on fera ce que tu veux ! Tu vas pas te débarrasser de moi avant tard ce soir, crois-moi ! »

Rien que l’idée de devoir reprendre sa voiture et Christopher la sienne désespéra Eugene. Il aurait bien abandonné son véhicule en bord de route pour rentrer avec son frère mais il avait vingt-huit ans, il ne pouvait plus agir sur un coup de tête comme il le faisait quand il était adolescent. À cette époque-là, on lui pardonnait son côté étourdi mais plus maintenant, cela passerait pour de la bêtise ou de l’immaturité, non pas que ça ennuie Eugene de passer pour l’adulte attardé du coin. Les gens le prenaient suffisamment au sérieux uniquement parce qu’il occupait un poste à la banque de Ruby Creek Falls et qu’il portait un costume chaque fois qu’il se rendait au travail. Il était certain que s’ils l’avaient vu embarquer son vélo pour aller faire un tour dans les montagnes, à dévaler des pentes dangereuses – il avait parfois frôlé la rupture de la colonne avec ses bêtises – et à s’user les muscles, ils se seraient dit qu’Eugene Cadogan était resté un éternel imprudent. Mais, vraiment ? Eugene se contrefichait de l’image qu’il donnait, à tort ou à raison. Tout ce qui lui importait, c’était qu’il retrouve du temps libre à tuer avec son frère jumeau.
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MessageSujet: Re: « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan   « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan EmptyMar 31 Aoû - 14:40

    C'est un sourire réellement soulagé qui étira les traits de Christopher lorsque son frère jumeau lui rendit son étreinte. Cela avait beau faire 27 ans qu'ils étaient nés; ils n'avaient jamais cessé d'avoir besoin l'un de l'autre et la distance qui les avaient séparés ces 7 dernières années avait beau avoir été dure à vivre, dure à supporter et à entretenir; Eugene et Christopher n'en étaient pas moins restés aussi soudés que jamais. Si Christopher avait pu évoluer sans son frère, se faire un trou, se créer une famille et une place au sein d'une entreprise de taille, malgré les 3000 kilomètres qui le séparait de lui, dans une ville à des années lumières de sa petite bourgade natale; c'était toujours avec le même engouement, la même joie et la même hâte qu'il le retrouvait. Et ce quelque soit l'âge qu'ils avaient. Aujourd'hui à 27 ans, Christopher avait l'impression d'en avoir soudainement 10 de moins, de se retrouver à l'époque de leur adolescence, pendant laquelle ils faisaient les petits malins dans la ville, à faire du vélo, à tourner les voisins en bourriques par leurs jeux et leurs farces; et tout ca par une simple étreinte fraternelle. Eugene représentait tellement pour lui que sa simple présence le réconfortait; le faisait oublier ses soucis et lui remémorait les moments qu'ils avaient passé ensemble, qu'ils soient bons ou mauvais d'ailleurs; parce que prétendre qu'il n'y avait jamais eu aucune ombre dans la vie des jumeaux aurait bien entendu été un mensonge; non, ils avaient eu leurs disputes, leurs bagarres, comme tous les garçons de leur âge, comme tous les frères; mais la différence était qu'ils n'en avaient pas souffert, ils n'avaient pas laissé leurs querelles les éloigner l'un de l'autre; les différencier de trop. Non, à part eux, personne ne saurait les différencier! Alors oui, ils s'étaient tapés dessus, s'étaient envoyés mutuellement à l'hôpital pour des conneries; mais les fois où Eugene avait été plâtré en partie par sa faute; Christopher avait été là, dès sa sortie du bloc et ce tout le long de sa convalescence, souffrant avec lui et s'en voulant de lui avoir causé des ennuis... Il entendit Eugene renifler et reserra son étreinte avant de le relâcher et de lui demander combien de temps il avait attendu. Son coeur était en miettes de voir l'état de son jumeau mais il savait au fond de lui que s'étaient des larmes de bonheur qui avaient innondé ses yeux. Il le savait parce qu'il ressentait exactement la même émotion à se retrouver avec lui; ils étaient connectés, ressentaient les mêmes choses, pensaient de la même manière et bougeaient de la même manière; ce n'était donc pas étonnant si les yeux de Christopher se mirent eux aussi à briller d'émotion. Ils avaient bien entendu entretenu leur gémélitude avec attention durant toutes ces années; se calquant presque l'un à l'autre; comme un miroir ou une ombre ; comme s'ils ne faisaient plus qu'un... C'était une particularité propre aux jumeaux que bien des gens ne comprenaient pas. Christopher avait toujours eu besoin de ressentir ce besoin d'être en parfaite harmonie avec une personne, d'être cette personne tout en étant lui-même, c'était tellement enrichissant; et si il avait, au fil des années, adoré jouer être son frère, au point d'en devenir lui au delà du physique; jamais il n'aurait imaginé naître fils unique pour autant; jamais il n'aurait imaginé ne pas avoir Eugene dans sa vie. Il regarda d'ailleurs un instant le jeune homme à travers sa vue brouillée, alors qu'il lui répondait avoir peu attendu, et fronça légèrement les sourcils devant les différences physiques qu'il y avait entre eux et qui lui sautaient au visage. Il essuya ses yeux de sa main pour y voir plus clair. Ca lui faisait bizarre de voir Eugene avec cette coupe de cheveux, alors que la sienne était plus courte, plus travaillée peut-être; avec cette tenue, avec ces chaussures. C'était comme s'il se regardait dans un miroir et que l'image que celui-ci renvoyait était la sienne, mais vu d'un autre angle; c'était l'image qu'il aurait eu s'il était resté en Idaho, s'il avait fait sa vie ici... Peut-être que ca aurait été une bonne idée que de rester en fin de compte; de eux deux, c'était bien Eugene qui semblait le plus en phase avec sa vie... Le jeune trader pencha légèrement la tête sur le côté alors que Eugene continuait à parler, lui expliquant que Leigh -leur meilleure amie d'enfance- lui en voudrait sûrement de ne pas l'avoir emmené avec lui; ce à quoi Christopher répondit en esquissant une petite moue; effectivement, la jeune femme n'apprécierait pas forcément d'avoir été ainsi mise à l'écart... Depuis leur plus tendre enfance, ils formaient tous les trois un trio inséparable; Leigh avait su se créer sa place au sein du duo turbulent des jeunes Cadogan; elle avait un fort caractère, qui lui avait souvent permis de suivre les garçons dans leurs plans foireux, sans qu'ils n'aient dans l'idée de l'en empêcher. Elle avait su faire entendre sa voix; s'affirmer et devenir le troisième côté de leur triangle, indispensable. C'est pourquoi l'avoir ainsi délaissé chez eux avait sûrement été une mauvaise manip de Eugene. « Mais tu veux peut-être rentrer te reposer. Cette journée est à ton honneur, on fera ce que tu veux ! Tu vas pas te débarrasser de moi avant tard ce soir, crois-moi ! ». Un léger rire s'échappa de la gorge de Christopher qui attrapa son frère par les épaules dans un geste complice "Ca tombe bien, si j'suis venu c'est pas pour revoir cette belle ville, à la base. J'avais besoin de mon frère" lui dit-il en lui offrant un petit sourire. "J'propose qu'on aille faire un p'tit tour par le cottage quand même, histoire de faire savoir à papa que j'suis là; j'lui ai pas dit que j'comptais revenir ni même les raisons de mon retour..." dit-il en laissant un peu sa phrase en suspens; soudainement plongé dans ses pensées; toutes tournées vers une seule et même femme. Il sortit de sa rêverie et reprit d'un ton plus enjoué "Et après on rentre pas trop tard! Comme ça Leigh ne te dévissera pas la tête, qu'est-ce t'en dis? A moins que t'ais un nouveau coin à me montrer" lui dit-il. S'il y avait quelque chose que Christopher avait appris à faire au cours de ces 5 dernières années, c'était d'être assez fort pour ne pas se laisser embourber. Son travail lui demandait beaucoup de resources et une aptitude à savoir se tirer de telle ou telle mauvaise passe rapidement, très rapidement puisque les chiffres n'attendaient pas, la Bourse ne se reposait jamais... Bien sûr, il ne s'agissait que d'argent et c'était devenu la spécialité du jeune trader; mais il avait encore du mal à ainsi passer du coq à l'âne, lorsqu'il s'agissait de sa vie privée, lorsqu'il s'agissait de sa femme qui plus est et il ne doutait pas que son frère jumeau le sache pertinnement. "T'as entamé la rénovation du cottage? Il a été beaucoup touché par ce glissement de terrain?" lui demanda t-il en commençant à se diriger doucement vers sa voiture pour rouler jusqu'à la maison de leur père
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Eugene M. Cadogan

My Own Private Idaho

Eugene M. Cadogan

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« Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan _
MessageSujet: Re: « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan   « Home is not where you live, but where they understand you » feat. Christopher Cadogan EmptyDim 19 Sep - 9:36

On donnait rarement matière à pleurer à Eugene. Il ne se montrait donc pour ainsi dire jamais à ce point émotif. Il était tout simplement trop plein d’entrain pour se morfondre ou regretter ses faits et gestes. Il était en effet peu commun de voir le jeune homme contrarié ou affichant une mine désastreuse, surtout depuis quelques mois, et pour cause… Sa relation, si elle n’était pas juste pour Leigh et restait secrète depuis le début, était une petite bougie dans la monotonie quotidienne qu’était devenue sa vie. Ce n’était pas qu’il s’ennuyait auprès de Leigh, qu’il n’éprouvait pas de tendresse à son égard, mais il était clair qu’il manquait quelque chose à sa façon de vivre, un peu de piment qu’une jolie blonde était venue apporter, comme une oasis dans le désert. Il s’en voulait, bien sûr, mais le bien-être qu’il ressentait à chaque fois qu’il retrouvait les bras de Pepper était bien trop tentant pour qu’il cesse. Il aurait pu avouer sa relation, éviter à Leigh le chagrin qu’elle ressentirait probablement le jour où elle découvrirait la vérité mais ce n’était même pas une option. C’était injuste envers elle, il n’avait jamais été du genre à tricher non plus. Au fond, Eugene Cadogan était quelqu’un de bien, tout comme son frère, mais un creux qu’il était incapable d’identifier s’était invariablement accru au cours de ces dernières années et mentir, se cacher, s’inventer un autre quotidien était peut-être le seul moyen qu’il avait trouvé pour se créer une nouvelle réalité, un monde où il serait le maitre, non pas l’employé, un monde où la passion était essentielle là où il avait le sentiment que quelque chose manquait à sa relation avec Leigh. Elle n’avait rien fait de mal, était même la petite amie idéale, peu envahissante, avec un caractère bien trempé, indépendante, intelligente. Il pouvait partager tellement de choses avec Leigh et pourtant, il gardait tout une part de ses problèmes pour lui-même. Il ne voulait pas lui avouer combien son travail lui semblait pesant, peu intéressant, combien il avait envie de faire un break, de disparaitre pour un temps indéterminé afin de se ressourcer mais comment mettre des mots sur des émotions qu’il ne parvenait même pas à comprendre, même en se penchant dessus ? Il aurait bien sûr pu suivre une thérapie, parler à quelqu’un de neutre qui lui permettrait d’y voir plus clair mais ce n’était pas dans les cordes d’Eugene. Il était le garçon d’apparence sans problèmes, toujours de bonne humeur, altruiste, drôle, sociable. C’était bien plus simple que d’avouer ses faiblesses, l’impression de vide qu’il ressentait. Était-ce à cause du départ de Christopher ? Si cette possibilité avait bel et bien effleuré l’esprit d’Eugene, il n’en avait pas pour autant été jusqu’à se l’avouer. Il ne voulait pas mettre la faute sur les épaules de son jumeau. Celui-ci n’avait fait que suivre sa destinée, sa vie avec la femme qu’il avait épousée, tout comme Eugene aurait dû le faire, avec Leigh, idéalement. Mais quelque chose semblait le bloquer, l’embourber dans une vie qu’il n’avait pas demandée et qui l’agaçait, comme si c’était une suite logique de choses. Fais quelque chose pour y remédier lui aurait dit sa mère. Mais quoi ? Il ne savait même pas par où commencer, où la remise en question pouvait être lancée. Mais le retour de son frère signifiait peut-être quelque chose. Peut-être que via le malheur de son jumeau – à qui il souhaitait tout le bonheur du monde pourtant, même si cela signifiait vivre loin de lui – il allait retrouver un semblant d’équilibre, celui qu’il avait perdu le jour où son frère avait embarqué dans le train pour s’éloigner de Ruby Creek Falls.
Eugene se sentait coupable d’avoir relégué Leigh en second plan, une fois de plus. Elle ne méritait pas ça, surtout vu les sentiments qui l’avaient animée lorsqu’ils étaient plus jeunes. Eugene n’était pas dupe, comme beaucoup d’autres, il avait vu l’amour briller dans les prunelles de la jeune femme qui partageait maintenant sa vie. Était-ce l’ironie du sort qui les avait liés ? Il n’en savait rien, tout ce qu’il savait, c’est que même si elle n’avait aucun lien de parenté avec eux, elle était en droit d’être ici aussi, et il l’en avait empêchée en piquant la voiture pour attraper son frère avant qu’il n’atteigne sa destination. Mais il ne regrettait pas ce geste égoïste, Leigh et Christopher auraient tout le temps de se retrouver plus tard, pour l’instant, Eugene voulait profiter pleinement de ce moment particulier qu’étaient leurs retrouvailles. Il se rattraperait auprès de Leigh par après, ce n’était pas comme s’ils ne se connaissaient pas eux aussi sur le bout de doigts.
C’était un peu étrange de se retrouver face à un Christopher différent. Néanmoins, ces années de séparation avaient appris à Eugene à faire avec, à s’adapter à ces changements perturbants. Il était normal qu’ils se différencient davantage maintenant qu’ils étaient adultes, encore plus depuis vivaient à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Il était facile d’usurper les gens quand on se conformait à l’image de l’autre, c’en était une autre d’avoir deux physiques si ressemblants et aux looks pourtant bien moins similaires qu’auparavant. L’éventuelle farce qu’aurait pu suggérer Eugene et selon laquelle ils ne mentionneraient pas le retour tant attendu et joueraient tous les deux son rôle passa donc à la trappe. De toute façon, il n’avait pas vraiment la tête à ça, il se sentait soudainement trop vieux, trop mature pour lancer de telles sottises – même s’il ne doutait pas que Topher se serait aussi lancé dans la manigance, après tout ils étaient comme les deux doigts de la main et Eugene doutait que les choses aient changé, même après sept années comme celles-là.
Mentionner Leigh lui donne une sensation étrange mais il poursuivit tout de même. S’il commençait déjà à anticiper les réactions de Topher à l’annonce du prénom de sa petite amie, qu’est-ce qu’il ferait plus tard ? Eugene nota la moue de Topher mais heureusement, celui-ci ne fit aucune réflexion à ce sujet, embrayant plutôt sur ce qu’il voulait faire maintenant qu’il était rentré. Eugene ne se sentit jamais aussi léger que lorsqu’il comprit que son frère n’était pas revenu pour se vautrer dans un lit à se morfondre – après tout, il en aurait bien eu le droit. Et quand Topher annonça qu’il était revenu parce qu’il avait besoin de son frère, Eugene se passa le poignet sur le visage, effaçant tout signe de fatigue et surtout, de larmes. Les Cadogans étaient repartis pour un tour ! Un vrai ! Hochant la tête en écoutant le programme proposé par son frangin, un sourire attendri et désolé vint se dessiner lorsqu’un silence de quelques secondes s’installa et qu’Eugene comprit qu’Amber était revenue miner le moral de son frère. Heureusement, cela ne dura qu’un instant et Christopher reprit le dessus, ce qui rendit Eugene fier de lui. Il n’était pas certain que dans le cas inverse, s’il avait été celui qui était marié depuis quelques années et qui venait de se faire abandonner sans explications, il serait parvenu à avoir cette force là.

« Deal. » répliqua Eugene lorsque Christopher proposa de ne pas rentrer trop tard pour Leigh.

C’était un bon compromis, même s’il appréhendait un peu les retrouvailles du trio et ce, non sans raison. Mais leur passé commun n’était pas à l’ordre du jour, les tracas qui s’annonçaient n’avaient pas leur place aujourd’hui. Même ce soir, lorsqu’ils se retrouveraient tous trois sous le même toit, Eugene était persuadé que cette journée serait parfaite.
Ils se dirigèrent lentement vers leurs véhicules respectifs et Eugene dut se retenir de ne pas passer son bras autour des épaules de son frère. Il ne voulait pas se montrer envahissant, il voulait profiter de la présence salvatrice de Christopher sans pour autant l’étouffer, même s’il se disait que toute l’attention qu’il pouvait tirer sur lui était l’attention qui ne serait déjà pas dirigée vers Amber et quelque chose lui disait que cela ferait un grand bien à Christopher.

« Non, je n’y ai pas touché » avoua Eugene en rejoignant sa voiture, ouvrant la portière tout en poursuivant sa conversation par-dessus le toit du véhicule. « Quant aux dégâts, tu les verras par toi-même… »

(…)


Le cottage de Cadogan senior se trouvait en dehors de Ruby Creek Falls, délicieusement situé entre les arbres de la montagne, à proximité d’une clairière où, enfants, les jumeaux trouvaient n’importe quel prétexte pour se lancer dans une partie de base-ball, même s’ils n’étaient qu’à deux. Le sport fétiche de la petite ville se jouait par tout temps, peu importe qu’on soit peu ou énormément. C’était un moyen convivial de se dépenser et de partager de merveilleux souvenirs. En effet, il n’y avait rien de tel que les matchs annuels des équipes locales et ils se déplaçaient parfois dans les villes voisines pour aller encourager leur propre équipe. C’était il y a très longtemps mais en ralentissant sur le sentier qui menait au cottage, Eugene ne put s’empêcher de revenir à cette époque qui lui semblait dorée. Celle où ils étaient trois, arborant des casquettes colorées et des peintures de guerre, se contrefichant d’avoir l’air trop zélés et chaque victoire était un prétexte pour attraper Leigh et la soulever en signe de triomphe. Légère comme une plume, elle avait toujours été hissée sur les épaules des jumeaux. Elle était pareille, elle aurait pu être la triplée des Cadogans.
Eugene s’arrêta le long d’une rangée d’arbres et sortit lentement de la voiture, attendant que Christopher le rejoigne et découvre par lui-même les dégâts que le pauvre cottage avait subi face à la catastrophe survenue fin juin.
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