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 « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin

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Travis Smith

— You’re the light that makes my darkness disappear


Travis Smith

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« The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin _
MessageSujet: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyDim 8 Aoû - 22:07

« The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin Px8hz « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin 9rjbkl
(c) psychozee & d_ambiguity

La voiture ralentit sur le chemin, les roues crissant sur le sol où des éclats de graviers gisaient ça et là, et Travis coupa le moteur. Les phares s’éteignirent et les environs furent soudainement plongés dans la pénombre, laissant aux deux occupants du véhicule tout le loisir de s’habituer à l’obscurité. Le silence s’empara de l’habitacle de la voiture et le jeune homme sentit son cœur battre lentement mais avec une force peu commune, comme si chaque battement était le résultat d’un coup de tambour. Il soupira et garda le regard rivé sur les arbres qui leurs faisaient face, les mains toujours agrippées au volant. Si cette soirée lui avait permis de parler davantage avec Chloé – et surtout dans une ambiance plus propice à la discussion – elle ne l’en avait pas rendu moins nerveux à son contact. Surtout après cette danse inattendue. Le jeune homme avait accepté l’invitation de la jeune Française parce qu’il se voyait mal lui refuser quoi que ce soit ce soir. Il ignorait ce qui faisait qu’il avait l’impression qu’il ne pourrait résister. Il le sentait simplement. À chaque fois qu’elle lui adressait la parole, l’interrogeant ou lui donnant son point de vue, il l’écoutait. Il s’était même confié au sujet de sa vie de famille misérable et ce n’était pas rien, n’importe quel habitant de Ruby Creek Falls devait le savoir. Il n’y avait aucune raison particulière à cette révélation. Chloé ne lui inspirait pas forcément plus confiance que les autres, mais quelque chose s’était tissé entre eux. Quelque chose d’invisible qui avait tôt fait de faire abandonner Travis. À quoi bon résister ? Toute cette énergie gaspillée par le passé lui revenait en mémoire et c’était peut-être pour alléger son esprit qu’il avait ouvert la bouche – et son cœur – pour délivrer le message d’une réalité parfois dure à supporter. La jeune femme l’avait entendu, écouté mais si elle n’avait pas été là, peut-être qu’une autre personne aurait joué ce rôle-là et il se serait allégé également. Mais serait-il là, à guetter des animaux sauvages en compagnie de cette autre personne ? Rien n’était moins sûr. Les gens le connaissaient – ou du moins, pensaient le connaitre parce qu’ils ne manquaient pas une seule seconde de sa vie privée comme s’il s’agissait d’un jeu de télé-réalité – et auraient eu tôt fait de le plaindre ou d’avoir pitié de lui. Or ce n’était pas ce que Travis voulait. Ce dont il avait besoin, c’était quelqu’un. Quelqu’un qui soit là pour l’aider à supporter ce quotidien désarmant, quelqu’un pour l’écouter lorsqu’il aurait besoin de s’épancher mais également quelqu’un qui se confie à lui, qu’il ait autre chose à partager que ses propres malheurs, qu’il puisse y avoir un échange avec une tierce personne. Était-ce trop demandé ? Chloé était-elle cette personne ? Lorsqu’il l’avait regardée ce soir-là, après avoir regagné son poste pour servir des boissons aux danseurs et autres fêtards, il s’était réellement posé la question. Il était même resté un trop long moment à la fixer car son collègue avait dû le ramener à la réalité d’un bon coup de coude dans les côtes. Lorsque celui-ci lui avait demandé après qui il en avait, Travis avait balbutié qu’il n’en avait après personne et avait déguerpi le plus loin possible. Il ne voulait pas qu’en plus on vienne le taquiner au sujet d’une fille, c’aurait été le pompon.
Et voilà qu’il se retrouvait non pas sur le chemin du retour pour aller s’effondrer dans son lit mais en pleine nuit noire dans une réserve protégée, loin de tout, loin de tous. Cela pouvait s’avérer dangereux mais étrangement, la présence de Chloé le réconfortait. Non pas qu’elle soit là pour le protéger en cas de pépin, mais elle semblait tellement assurée, tellement… il n’aurait même pas su expliquer ce qu’elle dégageait qui le faisait se sentir si bien en sa compagnie. C’était comme ça, un point c’est tout.
Ils avaient pris le véhicule de Chloé, Travis n’en possédant pas. Il avait dû revendre la camionnette de livraison que son père utilisait autrefois, lorsqu’il avait encore un boulot. Cela lui avait permis de mettre un peu d’argent de côté, une somme qui n’était certes pas conséquente au vu de la taille de l’engin mais c’était assez pour que lui et son père puissent vivoter encore quelques années. Il n’y touchait qu’en cas d’extrême nécessité et dans les autres situations, il se serrait la ceinture ou redoublait d’efforts pour ne pas avoir à aller piocher dans cette précieuse réserve. Un instant, le jeune homme se dit qu’il avait intérêt à ne pas contrarier Chloé auquel cas elle pourrait très bien l’abandonner à la merci des bêtes sauvages locales. L’idée était absurde mais le jeune homme était ainsi, toujours à imaginer le pire, au moins, lorsque ce pire arrivait, il était préparé. Finalement, il tourna la tête vers Chloé et l’observa un instant, de la tête aux pieds, puisqu’elle semblait trop absorbée par ce qui pouvait bien se passer à l’extérieur pour remarquer son regard insistant. Lorsqu’elle tourna enfin les yeux vers lui, il esquissa un sourire et entrouvrit la portière :
- Attrape les lampes de poche, je me charge du reste.
S’extrayant du véhicule, il claqua la portière et se dirigea vers le coffre pour attraper les affaires qu’il avait chapardées à la fête. Il les remettrait à leur place initiale dès demain, lorsqu’il faudrait nettoyer – sans surprise, le jeune Smith était de corvée – et personne n’aurait remarqué que quelques bricoles avaient été empruntées par deux jeunes qui se connaissaient à peine pour aller observer des bêtes sauvages, loin de tout le tapage nocturne de Ruby Creek Falls. Revenant à l’avant du véhicule, Travis jeta une couverture sur le capot et s’installa agilement sur celle-ci, se penchant ensuite de l’autre côté de la voiture, tendant une main secourable à la jolie blonde qui tenait les lampes de poche.
- La voiture ne risque rien, précisa-t-il au cas où elle sentait mal le coup des deux jeunes couchés sur le capot.
Travis l’avait fait bien des fois, certes, il était à chaque fois tout seul mais les véhicules ne semblaient jamais souffrir de son poids alors celui de Chloé ne devrait pas poser de problèmes non plus. Lorsqu’elle posa la main dans la sienne, un frisson parcourut le corps entier de Travis et il relâcha bien vite les doigts de Chloé parce qu’il sentait les siens devenir moites à une vitesse hallucinante. Se raclant légèrement la gorge d’un air ennuyé, il empoigna la seconde couverture et l’ouvrit pour pouvoir couvrir les épaules de Chloé. Ils avaient beau être un soir de quatre juillet, les soirées n’en étaient pas moins fraiches, surtout en Idaho.
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Chloé Martin

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Chloé Martin

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« The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin _
MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyMar 10 Aoû - 22:27

D'après les parents de Chloé, elle avait à peine deux ans lorsqu'elle avait vu un animal sauvage pour la première fois. Ce n'était qu'à la télé, comme vous pouvez vous en douter, mais la petite avait crapahuté évitant des obstacles diverses et variés – composés principalement d'un ours en peluche, d'un « sept nains », et des pieds des grands frères qui trainaient dans le salon – pour parvenir à la télé, et y déposait un tendre baiser, n'épargnant pas la vitre de l'écran. Les mains de la fillette n'avaient pas quitté l'écran jusqu'à ce que l'image disparaisse de l'écran. La petite fille gâtée qu'elle était se mit évidemment à pleurer, alors que les images de Arte affichaient le programme du soir. Automatiquement, Mael du haut de ses six ans se dirigea vers sa chambre, et chercha dans un vieux coffre un jouet un livre qu'il n'avait jamais ouvert; « Le livre des animaux sauvages ». Un livre qui permettrait à Bébé Chloé d'oublier que les images avaient disparu de l'écran.
Encore aujourd'hui, ce livre se trouvait dans la bibliothèque de la jeune femme même si elle ne l'avait pas regardé depuis des années. Elle le connaissait encore par coeur. Etait-il utile de préciser que sa connaissance des animaux sauvages étaient largement plus vastes que vingt ans auparavant ? Elle était quasiment incollable, et c'était probablement la raison pour laquelle on lui avait de nombreuses fois demandé pourquoi elle n'était pas devenu zoologiste, vétérinaire, ou n'était pas partie dans une réserve, pour avoir un quelconque lien avec ces animaux. Chloé n'avait pas réellement de réponse. Elle aimait ce qu'elle pouvait apprendre sur eux, adorait les regarder évoluer dans leur milieu naturel – depuis qu'elle était arrivée aux USA il était rare que sa télé ne soit pas allumée sur national geographic -, mais travailler avec eux, et les fréquenter quotidiennement... c'était une autre histoire. Si Chloé n'était pas ce que l'on pouvait considérer comme une trouillarde, elle ne se considérait pas comme assez courage pour savoir les affronter. C'était leur côté sauvage qui lui plaisait, mais ce côté sauvage impliquait également un certain danger qu'elle n'était pas certaine d'être capable de braver. Cependant, ce soir, la compagnie de Travis semblait rendre Chloé plus courage. Evidemment, le fait qu'il s'agisse d'une réserve protégée, et ouverte au public jouait en partie, mais jamais elle ne s'y était aventurée de nuit, que ce soit seule ou accompagnée jusqu'alors. C'était un sentiment difficile à expliquer, mais la jeune femme était plus... posée, plus... douce, plus à l'aise en sa compagnie. It felt like home, to be true. C'était déroutant, mais cela n'avait pas réelle importance. Peut être était-ce le fait qu'elle ne connaissait pas le moins du monde Travis, ou le fait qu'il semble tout aussi perdu qu'elle, mais sa présence lui faisait du bien, et Chloé n'avait aucune envie de chercher le pourquoi du comment. Elle se sentait bien, heureuse, et commençait à frétiller d'excitation à l'idée de croiser ses animaux en pleine nuit qui l'avait tant de fois accompagnée dans ses rêves, et qui lui avait si souvent tenu compagnie lorsqu'elle était enfant. Ne comptant plus le nombre de fois où elle avait été dans la réserve, elle les avait sans aucun doute tous vu désormais, mais les animaux ne s'approchaient jamais réellement des passants, se contentant de les tolérer dans leur habitat naturel. Ce soir, la jolie Chloé avait envie de redevenir la jeune femme qui n'avait jamais eu peur de rien, et qui ne savait refuser un défi. Elle souhaitait redevenir, juste sur ce sujet, l'adolescente qui n'était jamais tombé malade et qui n'hésiterait pas une seule seconde à les approcher si ils se montraient à elle. C'était fou. Complètement. C'était dangereux. Totalement. Mais c'était également ce dont elle avait besoin en ce moment, et ça, elle le savait. Parfaitement.

Les doigts de Chloé pianotaient au rythme de Zombie des Cranberries qui raisonnait dans l'habitacle. Tout le long du voyage, rares furent les mots échangés entre les deux jeunes gens. Leur regard se croisaient parfois, pour faire apparaître un léger sourire sur leur visage, mais l'on ne pouvait pas réellement dire qu'ils avaient partagé une conversation. Le regard de la frenchie était de toute façon bien trop concentré sur le noir de la route, un sourire enfantin illuminait son visage. Travis n'avait aucun moyen de le savoir, et ne voyait probablement pas l'intensité des étoiles qui pétillaient dans les yeux de la jolie blonde, mais c'était ce même sourire, et ce même éclat que n'importe qui pouvait trouver sur les vidéos de la jeune femme lorsqu'elle n'était qu'une enfant, et qu'on l'emmenait au zoo. C'est probablement la raison pour laquelle elle ne remarqua même pas que la voiture s'était arrêté avant que le jeune homme qui lui tenait compagnie – et apparemment, lui servait de chauffeur – ait coupé les phares. Elle lui jeta un rapide coup d'oeil, mais les battements de son coeur s'accélèrent. Etait-ce simplement l'excitation du défi, défi qu'elle s'était lancée à elle-même ? Rapidement, son regard se reposa sur la fenêtre, Chloé scrutant le moindre mouvement qu'elle arriverait éventuellement à déceler. Au bout de quelques secondes, elle sentit le regard de Travis sur elle, mais décida de l'ignorer quelques secondes – n'était-ce pas un renard roux qui venait de se faufiler à travers les buissons ? Ce ne fut que lorsque la demoiselle fut certaine de n'apercevoir aucun mouvement qu'elle se retourna vers le jeune Smith qui lui offrit un sourire à en faire fondre plus d'une. Elle attrapa les lampes de poche dans la boîte à gant – même si l'idée d'être plongée dans la totale obscurité et d'observer les étoiles était plutôt tentante, la jeune femme ne perdait pas d'espoir d'apercevoir un lynx, ou un coyote ce soir. Faisant des appels lumineux vers les bois, la jeune femme, qui était accroupie, sursauta légèrement lorsque Travis grimpa sur la voiture. Si elle n'avait pas oublié sa présence, elle s'était rapidement accoutumé au silence, et même si elle ne l'admettrait probablement pas à n'importe qui, l'idée qu'elle risquait de se faire attaquer par un animal lui avait traversé l'esprit. Se redressant, elle rejoint le charmant jeune homme sur le capot de voiture, aidée de la main galante qu'il lui avait tendue. Rapidement, il retira – arracha presque – sa main de celle de Chloé, qui lui jeta un regard légèrement surpris mai qui se transforma en sourire attendri alors que Travis déposait une couverture sur ses épaules. Elle n'avait pas pensé au fait qu'elle ait pu avoir froid, et même si elle aurait probablement pu survivre sans aucune difficulté sans ce plaid, l'attention du jeune homme la touchait particulièrement, sans qu'elle ne sache l'expliquer. Sans réaliser que ce dernier n'était pas aussi à l'aise avec les contacts physiques qu'elle avait l'air de l'être, Chloé se rapprocha de ce dernier. « La couverture est assez grande pour nous deux. Ce serait dommage que tu attrapes froid. » lâcha-t-elle de sa voix chantonnante, tandis que son accent trahissait ses origines. Mais le contact physique qui unissait les deux jeunes gens ne perdura pas plus de quelques minutes. Rapidement, l'impatience de Chloé prit le dessus, et elle se rapprocha du bord du capot, continuant ses stupides signaux lumineux afin d'attirer les animaux. Signaux lumineux qui étaient stupides, puisque la jeune femme n'avait rien trouvé que de débiter les paroles de « Catch a falling star » en morse pour attirer les animaux. Elle s'apprêtait à descendre du capot de la voiture lorsqu'une bestiole passa en dessous de ses pieds à une vitesse affolante. En moins de temps qu'il n'en faut pour le visualiser, la jeune femme se retrouvait debout sur le toit de la voiture après avoir poussé un cri d'effroi. Ce ne fut que lorsqu'elle croisa le regard de Travis qu'elle réalisa sa « bêtise ». Sans qu'une seconde de plus ne passe, la jeune femme éclata littéralement de rire. « Mon dieu. Mais c'était quoi ce truc ? » Finalement, ça ne serait peut être pas ce soir qu'elle irait caresser les animaux sauvages.
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Travis Smith

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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyLun 23 Aoû - 19:28

Être ici, perdu dans la réserve, avec une jeune femme qu’il ne connaissait pour ainsi dire pas, ramena Travis dans un lointain passé. C’était il y a moins de vingt ans et pourtant, cela semblait provenir d’un autre monde, et les détails semblaient si incertains qu’il en arrivait à douter de la véracité de ceux-ci. Pourtant, à cet instant précis, il lui aurait suffi de fermer les yeux, s’installer confortablement, se vider la tête de tous les maux qui composaient son existence et replonger, corps et âme, pour revenir en arrière, retrouver les marches qui menaient à sa véranda et le ciel étoilé qui le surplombait. Il était tard, il aurait dû se trouver au lit, les yeux clos ou écoutant la voix douce maternelle lui conter une histoire qu’il connaitrait probablement par cœur mais dont il ne se lasserait jamais, pas tant que Lila Smith serait la conteuse. Son timbre chaud et ses mots doux comme des caresses pénétraient les pores de Travis. Lorsqu’il l’écoutait détailler une forêt luxuriante, il voyait la nature s’élever autour de lui. Chaque soir était une réelle aventure et il sombrait dans des rêves agréables avant même d’avoir réalisé qu’il avait fermé les yeux et que la voix maternelle n’était plus qu’un ronronnement lointain. Ce fameux soir étoilé, il était tout juste âgé de cinq ans, il était vêtu de son pyjama sur lequel des petites soucoupes volantes étaient dessinées. Il avait les bras croisés sur ses genoux repliés et ses cheveux châtains voletaient à chaque souffle de vent nocturne, tant ils étaient fins. Il y eut un grincement dans son dos et il sentit la présence d’un adulte. Il ne pouvait s’agir que de sa mère, silencieuse comme une ombre. S’il avait s’agit de Theodore, il ne se serait pas contenté de rejoindre son fils à l’extérieur, il l’aurait interpellé pour qu’il rentre à l’abri. Il ne l’aurait pas fait méchamment, pas comme il le faisait à présent, mais il aurait été autoritaire et Travis aurait certainement obéi sans un mot. Lila n’était pas comme ça. Elle était discrète, elle se déplaçait avec grâce, comme si ses mouvements ne déplaçaient pas l’air, comme si elle faisait partie intégrante du monde qui l’entourait. Elle rejoignit le garçonnet rêveur sans un mot et se glissa à ses côtés, imitant la position de Travis avant de poser son menton sur ses poignets croisés.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- J’attends qu’une étoile filante passe, souffla Travis.
Un sourire amusé se dessina sur les lèvres fines de Lila et elle dissimula celui-ci entre ses bras. La veille au soir, elle avait inventé tout un récit plein de magie autour d’une étoile filante qui traversait l’univers entier en quête de son amour perdu. Évidemment, son petit garçon, curieux comme pas deux, l’avait interrogée sur les étoiles et elle s’était lancée dans une explication simplifiée. Elle n’était pas scientifique, elle ne pouvait donc que transmettre ce qu’elle avait lu par le passé. Et ses explications avaient dû faire leur chemin dans la tête de Travis parce que voilà que le soir suivant, il attendait patiemment que l’une de ces mystérieuses boules filantes fasse son apparition pour s’en émerveiller. Lila passa un bras autour des épaules de Travis et l’attira à elle pour presser ses lèvres contre la chevelure douce du petit garçon.
- Je pense qu’il faudra attendre encore quelques semaines pour les voir, Tray, j’encerclerai la date sur ton calendrier comme ça tu ne les rateras pas. Tu demanderas à papa de te montrer, si tu veux ?
Travis hocha la tête sans un mot, le regard toujours perdu dans la nuit noire. S’il avait été plus âgé, il aurait peut-être été alerté par les paroles de sa mère, ce fameux soir-là, mais il n’avait même pas encore commencé à apprendre à écrire alors que dire des paroles mystérieuses d’une jeune femme de vingt-huit ans ?
- Tu n’oublieras jamais que je t’aime, hein ? Que tu es mon petit garçon, le plus tendre et le plus beau des petits garçons et que tu vas accomplir des choses extraordinaires dans ta vie, comme l’étoile filante dont je t’ai parlé hier. Tu garderas bien ça en mémoire, hein ?
Travis avait hoché la tête et avait fermé les yeux, épuisé par une longue journée à jouer dans le jardin du 55, Golden Terrace. Il était endormi lorsque sa mère l’enveloppa et le souleva en douceur pour l’emporter à son lit.
Moins d’une semaine plus tard, Lila était retrouvée gisant sur son lit, les yeux clos. La vie s’étant envolée de son corps quelques heures plus tôt, par une chaude après-midi de juillet.
C’était il y a presque dix-sept. D’ici une dizaine de jours, Travis fêterait ce jour macabre qui signifiait l’abandon de sa mère pour la vie. Pensait-elle que Theodore prendrait soin de Travis, que son petit garçon lui permettrait de retomber sur ses pieds plus vite que prévu ? Alors la mort devait être plus facile à accepter, si elle avait su quel avenir elle réservait à Travis, peut-être qu’elle se serait battue un peu plus longtemps. Peut-être.
Lorsque que Chloé se rapprocha de lui, il ne se déroba pas. S’il en avait encore l’instinct, leur danse du bal l’avait suffisamment rassuré au sujet de la jolie blonde que pour la laisser agir comme elle l’entendait. S’il sentait le malaise revenir, il serait toujours temps de trouver un prétexte pour s’éloigner, trouver autre chose à faire. Il accepta donc un pan de la couverture avec un sourire. C’était davantage l’accent adorable de la jeune femme qui le faisait sourire que le geste en lui-même, même s’il appréciait ce dernier. S’il ne se comportait pas en victime, il devait pourtant avouer apprécier qu’on soit aussi gentil avec lui, qu’on ne cherche pas volontairement à le mettre mal à l’aise ou qu’on le regarde de manière étrange. Il n’aimait pas lire quelque chose dans le regard des autres car ce quelque chose lui était inconnu et il ne savait pas ce qu’il reflétait. Chez Chloé, il ne voyait qu’un naturel désarmant et probablement le fait qu’elle ne soit pas native de Ruby Creek Falls y était pour quelque chose. Rapidement – et heureusement pour Travis qui commençait à sentir ses membres s’embraser – Chloé remua et se dépêtra de la couverture pour s’éloigner vers l’autre extrémité du capot pour effectuer des signaux lumineux dans la nuit noire. Travis l’observa faire, se disant qu’ils verraient encore moins d’animaux de cette manière – déjà qu’ils n’avaient pas beaucoup de chance d’en voir – mais cela lui importait peu. Il n’était pas venu pour observer une fourrure se faufiler dans les buissons. Il ne savait même pas pourquoi il avait accepté ce rencard peu commun, il avait juste besoin d’être loin de foule, de la fête et Chloé lui avait donné cette opportunité. Lorsqu’elle poussa un cri effrayé, il sursauta. S’il n’était pas vraiment peureux, il appréhendait énormément le moindre signe d’agressivité ou, dans ce cas-ci, de nervosité. Chloé se retrouva en moins de deux sur le toit et il leva les yeux, toujours assis contre le pare-brise. Il faisait nuit noire, aucun lampadaire n’éclairait les environs puisqu’ils se trouvaient dans un espace censé être vierge de civilisation mais il voyait très distinctement la chevelure blonde comme les blés de la jeune Française. Lorsqu’elle demanda ce que c’était, il haussa les épaules. Il n’avait rien vu mais l’animal ne semblait pas très grand, il avait probablement dû être plus effrayé par Chloé que l’inverse.
- Ça devait être un castor ou un raton laveur, vu la taille… Les bêtes dangereuses ne vivent pas si près de Ruby Creek Falls, de toute façon.
Il garda le silence puis il posa une question qui ne lui avait pas traversé l’esprit jusque-là, qui sortait un peu de nulle part mais qu’il n’eut même pas le temps de réprimer, elle était déjà dehors, voletant dans l’air :
- Au fait, qu’est-ce qu’une Française peut bien trouver d’intéressant à l’Idaho ?
Il avait toujours considéré son monde comme retranché, inintéressant pour quiconque viendrait d’ailleurs alors qu’une personne vienne d’un autre continent, c’était encore plus invraisemblable pour lui.
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Chloé Martin

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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyLun 30 Aoû - 11:09

    Les yeux clos, la jeune femme appréciait la chaleur de sa peau réchauffant sa peau, allant parfois jusque la brûler. Son visage était serein, plus serein qu’il ne l’avait été depuis bien longtemps. Chloé enfonça ses pieds dans le sable, écoutant le doux souffle des vagues s’échouant sur la plage à intervalles régulières. Si la Bretagne n’avait jamais été réputée pour ses journées ensoleillée, la jeune femme y vivait depuis assez longtemps pour savoir que cette réputation n’était pas méritée. Certes, lorsque le temps était mauvais, les bretons étaient les premiers touchés – le Finistère ne faisait évidemment pas exception – mais disons que la pluie n’était pas aussi présente en Bretagne que les dictons voulaient bien le dire. Le corps halée de la jeune femme le prouvait d’ailleurs. Dans son bikini blanc à pois noirs, le bronzage de la jeune femme ressortait, s’accordant parfaitement avec sa chevelure blonde. Nombre de regards se posaient sur elle, mais cet été, la jeune femme n’avait d’yeux que pour son frère. N’y voyez aucune question d’inceste, de frère qui serait adopté, ou un demi-frère. Non, Mael Martin était le frère de Chloé, et n’importe quel test génétique vous le prouverait – non pas que les jeunes gens n’aient jamais douté de ce point. Mais depuis la plus tendre enfance de cette dernière, il l’avait toujours protégé, et Chloé lui avait donc fait la promesse de lui consacrer la plus grand partie de son été. C’était le dernier qu’elle passait en France pour – au moins – deux ans, et elle avait parfaitement conscience que cela marquerait une étape importante dans leur relation. Alors, la jeune femme avait consacré son été à son frère, et à ses amis. Ils s’étaient rapprochés plus que jamais, peut-être même plus que lorsque la jeune femme avait été malade. L’idée d’être séparé pendant aussi longtemps alors qu’ils avaient failli être séparé pour toujours était assez dur à supporter. La maladie de Chloé était trop récente pour être oublier, et la menace d’un retour des cellules cancéreuses était comme une épée de Damoclès pesant sur la tête de Chloé, et risquant de tomber à tout instant. Pourtant, la jolie blonde savait qu’elle prenait la bonne décision. Elle avait besoin de repartir à zéro, et souhaitait mettre à l’épreuve un anglais qu’elle n’avait appris qu’à travers les chansons, et les séries télévisées. Sa famille, ses amis allaient lui manquer. Cela ne faisait absolument aucun doute. Pourtant, pas une seule seconde, elle ne pensa à reconsidérer son choix. Cet été fut l’été de toutes les émotions, puisque ce fut également celui où Mael lui demanda d’être la marraine de son fils. Si Chloé éclata de rire en lui disant qu’il avait encore le temps de penser à cela, le visage de la jeune femme s’illumina lorsqu’elle comprit que ce n’était pas une blague, bien au contraire. Elle eut un pincement au cœur, bien évidemment à l’idée qu’elle ne serait pas là pour la naissance du bambin, mais elle aurait bien le temps de se rattraper lorsqu’elle retournerait en France, et de le gâter plus que de mesure – cela va de soit. « Vous allez l’appeler comment ? » demanda-t-elle, délaissant la mer du regard pour porter toute son attention vers Mael. « Dans la mesure où elle n'est enceinte d’à peine deux mois, on a pas vraiment eu le temps de choisir… » Elle haussa les épaules, et reposa son regard sur la mer. « Cela va me manquer… J’aime assez l’Atlantique, même si je me plains sans cesse des vagues. » C’était le coté peureux qui faisait ressortir cette haine des vagues chez Chloé. Petite, elle avait vu un film dans laquelle un enfant se noyait, et c’était restée en elle, sans qu’elle ne sache l’expliquer. Evidemment, elle jouait avec les vagues, mais elle n’allait pas les braver là où elle n’avait plus pied – et parfois même si elle avait pied. « Ils n’ont pas la mer en Idaho ? D’ailleurs, excuse-moi mais qu’est-ce que tu vas faire en Idaho ? Il y a des villes bien plus intéressantes aux Etats-Unis . » Un sourire se dessina sur les lèvres de Chloé, et la jeune femme lui expliqua longuement pourquoi elle avait choisi l’Idaho, et plus particulièrement la ville de Ruby Creek Falls.


Et aujourd’hui, on lui posait de nouveau la question, mais cette fois-ci la question émanait d’un habitant de la ville, et les choses étaient surement différentes. Du moins, devaient être expliquées différemment. La jeune femme redescendit sur le capot, et s’y assis en tailleur, tournée vers Travis. Elle observa le jeune homme un instant, étudiant ses traits. Si l’on décelait une certaine tristesse sur son visage, Chloé y voyait surtout une certaine simplicité. Le jeune homme semblait prendre la vie comme elle venait – et en l’occurrence, la vie s’était tout de même acharnée sur ce dernier -, et se contentait de ce qu’elle lui offrait. Elle ne voyait chez lui aucune envie d’être au centre de la terre, ou de devenir célèbre. Elle ne voyait non plus aucune méchanceté, mais elle n’aurait pas donné sa main à couper sur ce point. L’expérience lui avait appris que ce n’était pas les habits qui faisaient le moine, surtout à ce sujet. Mais si elle avait du parier sur la gentillesse d’une personne, cela aurait sans aucun doute été lui. Et sachant que Chloé avait parfaitement conscience qu’elle pouvait se comporter comme une vraie garce – et avouons le, le faisait parfois volontairement-, cela ne voulait pas rien dire. « C’est pour toi que je suis venue dans cette ville. » Les mots étaient sortis de manière précipitée de sa bouche, et la jeune femme ne se rendit compte de ce qu’elle venait de dire que lorsque les mots parvinrent à ses oreilles. « Enfin… pour des gens comme toi. » C’était quelque chose d’assez difficile à éviter. « Je viens d’une petite ville, en France. « Quiberon ». Ce n’est une ville aussi petite que celle-ci, bien loin de là mais… il y a tout de même une certaine intimité. Par quartiers, en tout cas. Je ne peux pas me balader dans la ville sans rencontrer quelqu’un que je connais, ou dont la tête me soit familière. Plus jeune, lorsque j’allais à Paris, la capitale, j’étais sans cesse étonnée de l’immensité de la ville. J’avais l’impression d’être insignifiant là-bas, d’autant plus que je ne connaissais pas grand monde. Quand j’ai jeté un coup d’œil sur la carte des Etats-Unis, je ne vais pas te mentir, comme tout le monde, j’ai pensé à New York, à Los Angeles, à Chicago, à Boston, à Miami… mais certainement pas à Ruby Creek Falls, ni même à l’Idaho. Mais rapidement, je me suis rendue compte que cela ne me conviendrait pas. J’étais déjà venue aux Etats-Unis, et bien que j’y avais seulement passé deux jours, je m’étais sentie… dépassée dans une ville comme San Franscico… j’ai donc choisi l’Etat que l’on trouvait le moins facilement dans les livres de vacances, et j’ai choisi une ville au pif. » Un fin sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Elle était entrain de s’emballer, et comme toujours, de prouver à quel point elle était bavarde, pourtant elle n’arrivait pas à s’arrêter. « Pour tout te dire, j’ai pris une pièce que j’ai lancé sur une carte agrandie de l’idaho, et c’est comme ça que je suis tombée sur cette ville.. ; Evidemment, je me suis documentée. Une petite ville, où tout le monde se connait, et où les gens sont simples, et font du mieux pour être heureux… Ca fait un peu « Petite maison dans la Prairie », mais… » elle prononça le nom de la série en français, sans même y prêter attention. Haussant les épaules, elle ajouta, légèrement gênée, « Disons que j’aimais beaucoup Laura Ingalls, petite. » Travis ne pouvait probablement le voir dans le noir de la nuit – bien que la lampe torche soit restée allumée suite à la peur de la jeune femme - mais un sourire gêné se dessina sur les lèvres de la Frenchie. Elle replaça une mèche de ses cheveux, et s’excusa. « Je suis désolée. Je parle beaucoup… il faut m’arrêter quand c’est comme ça. »
Quelques minutes plus tard, l’heure tardive commença à se faire sentir sur les paupières de Chloé. La jeune femme devait lutter pour les garder ouvertes, mais elle se sentait bien en plein milieu de la forêt – enfin à l’entrée de la réserve, mais cela ne changeait pas grand-chose pour notre trouillarde favorite – en plein milieu de la nuit, et avec Travis à proximité. C’était un sentiment étrange, qu’elle ne s’expliquait pas vraiment, mais elle était trop fatiguée pour y réfléchir, et cela lui importait peu pour être parfaitement honnête. Puisqu’ils allaient vivre ensemble le temps que des habitations soient de nouveau disponibles, ce n’était pas franchement une mauvaise chose. Bien au contraire. Tournant doucement la tête vers son rendez-vous improvisé, la jeune femme laissa sa curiosité prendre le dessus, lui posant une question qui la tracassait depuis qu’elle avait vu l’attitude de ses amies à l’égard du jeune homme. « Dis, Travis… », murmura-t-elle, comme si il s’agissait d’un secret. « Pourquoi les filles ont agis comme ça avec toi ? C’était comme si… elle t’en voulait pour quelque chose. » Il n’y avait aucun piège derrière cette question, bien au contraire. La question de la jeune femme était sincère, et elle ne s’imaginait rien. D’autres se seraient peut être convaincus que le jeune homme était un bourreau des cœurs, ou quelqu’un qui prenait plaisir à jouer le petit malheureux pour attirer les filles dans son piège, mais ces hypothèses n’avaient même pas traversé l’esprit de Chloé. La jeune femme ne voyait de toute façon rien de négatif émané du jeune homme… ou, en tout cas, rien de nocif. Elle se retourna vers le jeune homme de manière à être entièrement face à lui – bien que restant allongée. Dans un lent mouvement, sa jambe vint se heurter à celle de Travis. En temps normal, elle aurait probablement repositionner sa jambe plus « correctement » - si l’on pouvait considérer le fait qu’elle effleure la jambe d’un jeune homme comme quelque chose d’incorrect -, mais le contact physique avec ce dernier était loin d’être désagréable, et la jeune femme était de toute façon trop fatiguée pour se soucier de ce que cela pourrait vouloir dire. Elle appréciait la compagnie de Travis, et c’était tout ce qui important. Pour ce soir, du moins…
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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyDim 12 Sep - 10:59

Travis n’avait jamais été amoureux à proprement parler. Il n’avait jamais eu de petite amie mais aller jusqu’à dire que la gente féminine n’éveillait rien en lui aurait été mentir. Il avait déjà ressenti de l’attirance pour une camarade de classe lorsqu’il avait quatorze ou quinze ans, mais cette situation avait tellement tourné à son désavantage qu’il s’était refusé à s’intéresser à qui que ce soit par la suite. À l’époque, il était aussi calme qu’à présent. Certains se moquaient de lui parce qu’il affichait un look un peu démodé et qu’il ne se séparait jamais de son skateboard. Il y avait eu quelques remarques moqueuses quant au fait qu’un jour ou l’autre, ce skateboard deviendrait une extension de lui-même. Travis n’avait jamais compris pourquoi on s’amusait à le mettre mal à l’aise, qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire qu’il voue un culte à la planche à roulettes ? Il n’ennuyait personne à ce qu’il sache, il ne bousculait pas les gens, n’élevait jamais la voix, restait poli en toutes circonstances et se taisait lorsqu’il aurait voulu disparaitre de la surface de la terre. Il ne s’intégrait pas, ne faisait partie d’aucun groupe, même pas extrascolaire. Surtout pas extrascolaire, en fait. Et puis il y avait eu cette fille. Une jeune femme à la beauté incomparable qui transportait la lumière, où qu’elle aille. Il se souvenait encore parfaitement la sensation qui l’envahissait à chaque fois qu’elle pénétrait dans le local où ils avaient cours, la façon dont elle se glissait entre les rangées parfaitement alignées pour venir s’installer à la droite de Travis. Jamais elle ne donna l’impression de le remarquer, jamais elle ne lui jeta un regard, c’était comme s’il n’était qu’un fantôme, invisible. Elle parlait à tout le monde, même les gens aussi timides ou renfermés que l’était le jeune homme mais à lui ? Jamais. Elle était d’ailleurs bien la seule à faire comme s’il n’était jamais là, elle ne croisait jamais son regard surpris, ne semblait pas remarquer lorsqu’il l’observait distraitement et ne gloussait pas lorsqu’un professeur apostrophait Travis pour le ramener à la réalité. Combien de fois n’avait-il pas entendu un « Monsieur Smith, c’est par ici que le cours se passe, non pas chez Mademoiselle Quirk ». Il rougissait et elle, elle restait imperturbable alors que la plupart des autres élèves ricanaient, gloussaient, sifflaient en douce, empirant l’état de gêne dans lequel Travis se trouvait. C’était comme s’il n’existait vraiment pas. Ou bien elle était particulièrement douée à l’ignorer lui, pour une raison quelconque. Des mois durant, il resta ainsi, jusqu’à ce fameux jour où une petite bande s’amusa à taquiner la jeune femme, au grand damne de Travis. Il était assis non loin de leur table lorsqu’il surprit quelqu’un en train de prononcer son prénom. Il ne hasarda pas un regard dans leur direction mais se fit bien malgré lui plus attentif à leur conversation. Ils cherchaient, eux aussi, à savoir pourquoi Leah s’évertuait à ignorer la présence de Travis, si elle n’avait jamais remarqué qu’il n’arrêtait pas de la « zyeuter » – Travis haïssait cette expression – et elle haussait les épaules en éludant leurs questions. Jusqu’à un certain point. Celui où, incapable de rester plus longtemps à les écouter harceler Leah, Travis se leva, referma le livre de chimie qu’il avait devant lui avant de prendre la fuite. Pas assez rapidement, cependant, pour ne pas capter les seuls mots qu’elle prononça à son sujet – les seuls qu’il n’ait jamais entendu, les seuls qu’elle laissa échapper, très probablement.
- Bien sûr que j’ai remarqué. Mais je me contrefiche de ce qu’il fait, il ne vaut pas la peine que je me retourne ou m’intéresse à lui.
C’en était trop pour le cœur déjà bien malmené de Travis. La fuite était la seule solution, surtout qu’il était poursuivit par les rires triomphants de la petite bande. C’était stupide, méchant et inutile mais visiblement, cela avait leur journée et celle de Travis, au contraire, avait été détruite. Plus jamais, par la suite, il n’avait regardé Leah Quirk. Il aurait préféré mourir plutôt que de se faire prendre une fois de plus à la contempler rêveusement. Elle avait été l’unique fille à le tirer de son monde reclus, elle avait également été la seule à le briser complètement, le rendant nerveux et handicapé au contact des filles de son âge.


C’est en repensant à Leah que Travis comprit la similitude entre ce qu’il ressentait à l’époque et maintenant, à la différence que Chloé ne s’était montrée agressive avec lui que parce qu’il avait été imprudent et l’avait bousculée. Par après, elle s’était montrée métamorphosée et son instinct lui aurait probablement dicté de se méfier, vu son passé avec les filles mais il n’arrivait même pas à se dire qu’il s’agissait peut-être d’une farce de mauvais goût que l’on avait assignée à la jolie blonde et qu’elle aurait accomplie avec plaisir. Il n’avait jamais compris pourquoi il était le seul – ou en tout cas, c’est l’impression que cela donnait – à être pris pour cible. Il n’avait pourtant pas l’impression d’être un loser, il était réservé, un peu timide, pas très bavard ni très sociable. Et après ?
Mais il sentait une sorte de bien être émaner de leur conversation. S’il se sentait toujours un peu sur la défensive et, surtout, assez mal à l’aise – après tout, pour la première fois, il avait dansé avec une fille, et cette même fille avait pressé ses lèvres près des siennes sans que cela soit un véritable baiser – il devait avouer passer un bon moment avec elle et ressentir une certaine curiosité à son égard. Tandis qu’elle redescendait de son perchoir, Travis la regarda, muet. Il avait posé la question parce qu’il trouvait intéressant de savoir les circonstances ou les choix qu’elle avait faits de venir s’isoler dans cette petite bourgade, si tant est que ça le regardait, évidemment. Il n’était pas du genre à s’immiscer dans la vie d’autrui. Cela n’avait jamais été le cas, ce n’était certainement pas maintenant qu’il allait commencer. Elle l’observa un moment et il la laissa faire, bien que ses joues se soient empourprées, machinalement. Il déglutit et finit par détourner les yeux, intimidé par leur proximité. « C’est pour toi que je suis venue dans cette ville. » Le visage entier de Travis devint écarlate et il remercia le ciel qu’il fasse nuit noire et que seule la lune et leurs lampes torches soient les sources de lumière, il y avait donc peu de chance qu’elle voie à quel point sa réflexion venait de marquer Travis. Elle se rattrapa cependant rapidement, nuançant sa réponse et il hocha la tête sans vraiment la regarder, se contentant d’écouter sa voix douce répondre à sa question. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle se lance dans une telle explication mais trouvant agréable de ne pas avoir à parler, simplement à écouter, il se focalisa sur ce qu’elle disait. Il comprenait parfaitement ce qu’elle voulait dire, le fait de croiser des gens qu’on connait dès qu’on pointe le bout du nez hors de chez soi, la sensation de tranquillité dans le quartier, tant de choses qui étaient semblables à Ruby Creek Falls. Après, pour le reste, il ne pouvait que la croire puisqu’il n’avait jamais quitté sa ville natale et ne savait donc pas ce que cela faisait d’être à New York, Boston ou San Francisco. Il n’avait jamais été attiré par la grandeur de ces villes, l’agitation qui y régnait, il trouvait déjà suffisant de se faire sifflé par certains anciens camarades de classe. Il imaginait que la méchanceté, la cruauté gratuite et inutile devaient être exacerbées dans ces métropoles. Il trouva sa façon d’être venue ici un peu étrange mais pourquoi pas. Cette pièce avait joué un sacré rôle dans leurs destins respectifs, visiblement, puisqu’elle les avait réunis. Il réprima cette idée, ne voulant pas se retrouver une nouvelle fois dans la position qu’il avait occupée quelques années plus tôt, le rêveur qui ne récoltait qu’une chose : les moqueries de ses pairs. Il était d’ailleurs si concentré sur l’idée de ne pas penser à Chloé en terme de destin qu’il ne remarqua pas qu’elle avait dit quelque chose en français, quelque chose qu’il n’aurait de toute façon pas compris. Il ne revint à elle que lorsqu’elle mentionna Laura Ingalls et il hocha la tête, un faible sourire aux lèvres. Il n’avait jamais vraiment prêté attention à cette série télévisée. Ni aucun autre show, d’ailleurs, puisqu’à la mort de sa mère, son père avait monopolisé le poste de télévision et Travis n’avait plus jamais regardé les programmes qui y passaient, de sorte qu’il se trouvait parfois complètement largué lorsque les jeunes de son âge discutaient d’une série en particulier. Il n’avait jamais avoué ignorer d’où venaient leurs références, il acquiesçait toujours comme s’il suivait le fil conducteur de la conversation, ce qui était rarement le cas. Heureusement, on éprouvait tellement peu d’intérêt pour lui qu’on ne lui demandait jamais son avis, ce qu’il en pensait, s’il se souvenait ce qu’il se passait dans tel ou tel épisode. Il aurait été bien incapable de répondre. Finalement, elle s’excusa de trop parler et il secoua la tête, incapable de prononcer un mot. Elle ne le vit peut-être pas, mais il était bien comme cela, il n’aurait émis aucune objection à l’idée de passer la nuit à l’écouter parler de sa vie, elle avait une façon d’attirer la lumière et comme un papillon de nuit, il était attiré par sa chaleur, par sa luminosité. Jamais il ne s’en serait lassé.
Un moment de silence s’installa puis elle le rompit, l’interrogeant à son tour, un peu hésitante. Pourquoi agissait-on comme ça, en effet ? Elle se tourna vers lui et, sciemment ou non, sa jambe se retrouva en contact avec celle du jeune homme. Les yeux bleus de Travis se posèrent instinctivement sur cet effleurement et secoua simplement la tête avant de répondre :

« Ce n’est pas à moi qu’elles en veulent… je crois. C’est à mon père. Il a fait pas mal de grabuge. Il les a parfois ennuyées et je peux comprendre que ça n’ait pas été très… plaisant. Après, je ne sais pas… Je n’ai jamais été quelqu’un de très bavard, je n’ai pas vraiment d’amis, je vis de mon côté… Mais ça, tu l’aurais remarqué tôt ou tard. »

Il soupira. Il n’avait vraiment pas l’habitude de se confier à d’autres, alors pourquoi était-ce si spontané avec cette parfaite étrangère ? Il n’en savait rien. Elle le rendait nerveux comme Leah avait pu le faire dans le passé, mais elle ne l’ignorait pas, elle se tournait vers lui, se montrait tendre à son égard, s’intéressait à lui. Elle ne l’ignorait pas volontairement. Il ne savait pas pourquoi elle s’était arrêtée sur lui, si c’était le fait qu’il était censé pouvoir la loger qui la forçait à lui parler ou autre chose mais une chose était certaine : il réalisa combien le contact humain lui avait cruellement manqué. Ainsi, le simple fait que leurs jambes se touchent lui procura une chaleur bienfaisante, comme si, enfin, il avait face à lui quelqu’un qui changerait sa vie. En bien.

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Chloé Martin

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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyMar 21 Sep - 16:03

Chloé était quelqu'un qui accordait facilement sa confiance. Elle n'était pas difficile, et donnait sa chance à tout le monde. Il était plutôt rare qu'elle déteste quelqu'un au premier abord, et lorsque c'était le cas, elle s'efforçait toujours de donner une seconde chance aux gens. Evidemment, il lui arrivait de ne pas supporter quelqu'un, de ne pas l'apprécier, mais elle avait la plupart du temps une bonne raison. Et lorsqu'elle n'en avait pas, elle prenait sur elle-même pour ne pas le montrer. La française avait été élevée ainsi, à tort ou à raison. Elle s'efforçait comme elle le pouvait de voir le bien en tous, et si ce n'était pas toujours évident, c'était quelque chose qui était peu à peu devenu une seconde nature chez Chloé. Mais comment faire autrement en ayant vécu dans une ville où tout le monde se connait, et prend soin des autres ? Evidemment, « tout le monde » est un terme un peu fort, mais la jeune femme vivait dans une ville à l'image de Ruby Creek Falls, peut être un peu plus grande, mais où les relations entre les habitants étaient majoritairement les mêmes. Ainsi, même si la première rencontre avec Travis avait été négative, la jeune femme n'avait eu aucun problème à lui donner une seconde chance. Et allongée là sur la voiture à ses côtés, elle ne le regrettait absolument pas. Si elle avait pu le définir en un mot, elle aurait choisi « pur ». Il semblait foncièrement bon, et incompris. Certes, il était particulièrement timide mais il restait sociable, et Chloé n'avait pas eu l'impression de faire un effort particulier pour réussir à l'emmener dans la réserve, bien au contraire. Certes, elle avait été celle qui avait le plus parlé pour le moment, mais il lui avait confié des choses qui avaient sincèrement touchées la jeune femme. Etait-il seul au point de ressentir le besoin de se confier à la première personne qui se montrait agréable avec lui, ou se sentait-il particulièrement à l'aise en compagnie de Chloé ? La jeune femme ne s'était pas posé la question. Elle prenait les choses comme elle venait, et avait appris à ses dépends à les savourer avant de les analyser. C'était donc ce qu'elle faisait. Elle savoura d'ailleurs tout particulièrement le moment de silence qui les embrassa pendant quelques secondes. D'ordinaire, ce genre de silence était gênant, d'autant plus lorsqu'on venait de rencontrer la personne, et que l'on se découvrait encore. Pourtant, ce silence était paisible, et reposant. Elle resta sur le flanc à observer le jeune homme, se demandant intérieurement comment il avait la force d'endurer ce qu'il vivait tous les jours tout en menant une vie aussi solitaire. C'était loin d'être évident, et la jeune femme ne pensait pas en être capable. Elle admirait profondément Travis pour cela. Mais il y avait quelque chose de plus qui poussait Chloé à s'intéresser au personnage. Il était d'une beauté rare, c'était indéniable. Si celui-ci avait cherché à la séduire, il n'aurait eu aucun mal à le faire. Mais c'était encore autre chose, quelque chose de plus... imperceptible. Il éveillait quelque chose en la jeune femme sans qu'elle ne se l'explique. En sa compagnie, Chloé avait un peu moins le mal du pays, et il avait rendu sa soirée mille fois meilleures qu'elle ne l'aurait été en compagnie des soit-disant amies qu'elle avait pu se faire depuis son arrivée. Ce sentiment était aussi perturbant qu'agréable, mais encore une fois la philosophie de vie de la jeune femme lui permis de savourer ce moment, repoussant les questions qui traversaient son esprit au lendemain. L'une d'elle se fit cependant plus précédente, mais puisqu'elle concernait directement Travis, elle préféra la lui poser plutôt que de s'adresser à une autre personne. Si elle était curieuse, elle n'avait aucune intention de s'immiscer dans la vie de Travis. Ainsi, si il ne souhaitait pas lui répondre, elle l'accepterait.

Pourtant, Travis lui répondit avec une honnêteté qui toucha la jeune femme. Il aurait simplement pu dire qu'il n'en avait aucune idée. C'était plus ou moins ce à quoi Chloé s'attendait, mais il avait pris la peine de lui expliquer. C'était étrange. Discuter l'un avec l'autre était si facile... La belle blonde ne se souvenait pas avoir jamais été autant à son aise avec quelqu'un qu'elle connaissait si peu. « C'est ridicule. » lâcha-t-elle, sans préavis. Elle se redressa légèrement, rompant le contact avec le jeune homme. « On ne peut pas te reprocher les erreurs de ton père. » Elle secoua la tête, agacée. Il lui en fallait parfois peu, mais ce genre d'attitude avait tendance à l'agacer au plus au point. La jeune femme était peut être une utopiste mais elle estimait cela peu normal qu'une personne soit jugée pour des choses sur lesquelles elle était impuissante. C'était la plupart du temps comme ça, mais Chloé n'arrivait pas à s'y faire. Elle se redressa, désormais assise en tailleur sur le capot, complètement tournée vers M. Smith. « Moi, je serai ton amie. Enfin, si tu veux bien de moi. » ajouta-t-elle, avant de lui adresser un clin d'oeil. Puis, d'un coup d'un seul, la jeune femme se figea. Son regard ne fixait plus Travis, mais quelque chose qui semblait se trouver derrière ce dernier. « Ne bouge pas. Tu vas l'effrayer. » lança-t-elle dans un murmure. Doucement, elle s'approcha du jeune homme, jusqu'à le surplomber, sa tête dépassant légèrement du capot. Un renard roux était tout près de la voiture, et Chloé souhaitait l'observer de plus près. Cependant, lorsqu'elle voulut prendre appui de la main sur le capot pour ne pas écraser Travis, sa main dérapa, et la jeune femme fit un plongeant non-désiré mais certain vers le sol. Son instinct de survie lui commanda de se rattraper à ce qu'elle pouvait, et se fut la jambe de Travis qu'elle trouva. Chloé n'avait décidément aucun équilibre, et c'était d'ailleurs étonnant qu'elle ne soit pas tombée lorsqu'elle avait grimpé sur le toit quelques minutes plus tôt. Cette fois-ci, elle ne se manqua mais entraina le jeune homme – dont elle avait refusé de lâcher le pantalon en tombant – dans sa chute. Son dos claqua douloureusement contre le sol, et la jeune femme grimaça, se mordant la lèvre inférieur pour résorber la douleur – ou plutôt se concentrer sur une douleur plus aiguë qu'elle provoquait elle-même. Lorsque Chloé rouvrit les yeux, ce fut pour apercevoir le visage de Travis étrangement près du sien. Les joues de la jeune femme s'empourprèrent. « Je suis désolée... Tu ne t'ai pas fait mal ? » demanda-t-elle, soucieuse, et gênée. Rapidement, elle croisa le regard de Travis, et s'y perdit. Leur regard plongeait l'un dans l'autre, la jeune femme se sentait comme dénudée, et pourtant, lorsque les battements de son coeur s'accélèrent, ce fut un sourire paisible, et absolument pas gêné qui se dessina sur ses lèvres. Elle se sentait bien, tout simplement.
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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyMar 5 Oct - 10:37

Le père de Travis ne s’inquiétait jamais de l’endroit où pouvait se trouver son fils, encore moins de l’heure à laquelle il rentrait. Les seules fois où il émettait un reproche à ce niveau-là, c’est quand il était tellement saoul qu’il n’avait pu atteindre le frigo pour s’abreuver au goulot d’une énième bière. Autant dire que cela arrivait très souvent, mais Travis avait appris à passer au-dessus de cela, à ignorer les attaques injustes de son père. Cela faisait quinze ans qu’il supportait son caractère difficile et son addiction à l’alcool et cela faisait aussi longtemps que le jeune Smith prenait soin de lui, en travaillant doublement et en tâchant de maintenir un train de vie acceptable. Il avait beau se trouver faible, il avait cette force-là, même s’il ne se l’avouait pas. Dieu sait si tant d’autres auraient fini dans un autre état, ou placés dans une famille d’accueil pour le restant de leur jeunesse. Mais Travis, pour une raison qu’il ignorait lui-même, n’avait jamais pu abandonner son père. Il subissait ses abus, ses insultes, sans jamais s’en plaindre. Au fond, il savait que s’il abandonnait son géniteur, il n’aurait plus personne vers qui se tourner. Tous les Smith étaient morts les uns après les autres et il était l’unique descendant d’une lignée qui avait fini dans la déchéance, à l’image de Theodore. Quant à la famille du côté de sa mère, les Costigan, Travis n’avait jamais eu de véritables liens avec ceux-ci. Ils avaient désapprouvé l’union de leur jolie et tendre Lilah avec ce rustre de Theodore. Travis et sa mère en avaient payé les conséquences. Sa mère s’était suicidée et lui, il n’avait pour ainsi dire pas de vie. Il passait ses journées à trouver du boulot pour ramener suffisamment d’argent que pour garder la maison. D’ici un an ou deux, elle serait payée et il aurait cette charge en moins mais en attendant, son père restait le pire fardeau qu’il puisse imaginer.
Ce soir, Travis ne s’inquiétait donc pas du temps qu’ils passaient dehors, et de l’heure tardive à laquelle ils allaient rentrer. Avec un peu de chance, son père serait dans un état proche du coma éthylique lorsqu’ils reviendraient au 55, Golden Terrace. Travis tâcherait de faire le moins de bruit possible et après… après il faudrait gérer un quotidien inconnu, quelque chose à quoi Travis n’était pas habitué. Il vivait depuis si longtemps seul avec son père qu’il était incapable d’imaginer le comportement de celui-ci avec une tierce personne dans la même maison. Le jeune homme craignait le pire, redoutait un harcèlement sexuel qui, il le savait, ne serait dû qu’à l’alcool ingurgité par son père. Celui-ci ne s’était jamais remis de la mort de sa femme, peut-être se sentait-il même coupable de la tournure tragique des choses, Travis n’aurait pas pu le jurer, et il se pouvait donc qu’une nouvelle tête force son père à retrouver un semblant de dignité. Mais rien n’était moins sûr. C’était un risque à prendre pour aider la jeune femme, même si au fond de lui, Travis était tétanisé à la perspective qu’elle découvre la carcasse décharnée qu’était devenu son père. Sa façon de parler rude et son odeur désagréable. Comme beaucoup d’alcoolique, Theodore Smith était bouffi et trainait dans son sillage une mauvaise odeur perpétuelle. C’était en partie pour cela que Travis mettait tout en œuvre pour ne jamais finir comme ça, à commencer par ne pas boire d’alcool. Qu’on le trouve risible ou ridicule lui importait peu. Il avait ses valeurs, s’était habitué à cette solitude qu’il vivait depuis tant d’années et ne s’en plaignait pas. S’il avait dû s’inquiéter de ce qu’on pouvait penser de lui, il y aurait longtemps qu’il aurait rejoint sa mère…
Se confier n’avait jamais été son fort non plus. À qui aurait-il pu raconter ses déboires familiaux, après tout ? Qui aurait voulu écouter les malheurs qui sévissaient sur sa maison depuis si longtemps ? Ce n’était même pas que les gens s’en contrefichaient, c’était faux, mais la vie des petites villes comme Ruby Creek Falls est aussi dure et impitoyable que la jungle des métropoles. Ici, il faut se battre contre les intempéries, les drames naturels comme l’éboulement et tenir une ferme ou un commerce n’est pas toujours aisé, malgré la taille de la ville et, par conséquent, la fiabilité de la clientèle. Il le voyait bien. Tout le monde peinait à s’en sortir et, malgré tout, l’essence même de la ville restait la même. La convivialité était de mise lors des fêtes traditionnelles, tout comme les commérages, typiques du centre ville. Et en même temps, on ne se mêlait pas vraiment de la vie des autres. On avait assez à gérer au quotidien que pour ajouter les ennuis des autres à ses tracas. Travis lui-même ne se mêlait pas aux problèmes des autres, il en avait suffisamment chez lui. Pourquoi parler du mal que son père lui faisait, alors, non plus vraiment par son attitude envers lui mais plutôt par l’ajout de rumeurs, dues à son comportement. Combien de fois n’avait-il pas entendu que son père avait hurlé après quelqu’un, ou envoyé paitre l’un de ses anciens meilleurs amis ? Trop de fois. Et c’était un aspect de sa vie qu’il préférait garder pour lui. Et pourtant il était là à se confier à une quasi parfaite inconnue. En un sens, il ne savait pas pourquoi les mots sortaient aussi aisément alors qu’il était incapable de partager sa douleur avec des gens qu’il connaissait depuis des années, mais peut-être le fait qu’elle allait vivre avec cet homme horrible qu’il décrivait était la raison pour laquelle il se montrait plus enclin à expliquer, à partager.
« C’est ridicule ». Travis lui jeta un coup d’œil, surpris par la fermeté de son exclamation. Elle se redressa. La jambe qui touchait la sienne s’écarta et ce fut comme s’il manquait soudainement quelque chose à Travis. Il se mordilla la lèvre inférieure en l’écoutant et s’en voulut un peu d’avoir parlé. Il ne voulait pas qu’elle monte sur ses grands chevaux pour lui. Il la voyait très bien aller le défendre auprès de ses amies et c’était bien la dernière chose qu’il désirait. « Moi, je serai ton amie ». Cette remarque fit sourire Travis, c’était étrange d’entendre quelqu’un dire une chose pareille. L’amitié n’était-elle pas quelque chose qui venait naturellement, sans qu’on ait besoin de l’exprimer ? Et pourtant, elle lui prouvait le contraire et il la dévisagea, éberlué par la beauté qu’elle dégageait avec cette détermination. Elle était déjà belle en temps normal, mais la force intérieure qui semblait émaner d’elle accentuait encore son éclat. Travis s’apprêtait à lui répondre lorsqu’elle sembla se concentrer sur autre chose et elle lui intima de ne pas bouger, pour ne pas l’effrayer. Effrayer quoi, Travis n’en savait rien, mais il obéit, sans même chercher à se tourner, comme l’aurait fait quelqu’un de normal. Après tout, c’était la nature humaine que de faire le contraire de ce que l’on attendait de soi.
Immobile, Travis la regarda se mouvoir avec lenteur, s’approcher, de sorte que le cœur du jeune homme s’emballa. La dernière fois qu’elle s’était approchée de lui, ses lèvres avaient pour ainsi dire effleuré sa bouche, une sensation qu’il avait l’impression de faire renaitre, rien qu’en y repensant. Il retint son souffle, la laissa faire, alors qu’elle se penchait vers la nuit noire, absorbée par Dieu sait quel animal. Ce à quoi il ne s’attendait pas, par contre, c’est qu’elle serait déséquilibrée et que malgré son réflexe de vouloir la retenir maladroitement, il bascula avec elle en bas de la voiture, heurtant lourdement le sol, ce qui eut pour effet de lui couper momentanément le souffle. S’il avait pu, il aurait probablement émit un petit rire amusé mais ses poumons douloureux ne lui permirent qu’un appel d’air et il soupira en grimaçant. Lorsque Chloé s’excusa et lui demanda s’il ne s’était pas fait mal, il esquissa un sourire et secoua la tête. Il aurait voulu lui assurer que ça allait de vive voix, mais sa gorge ne lui en laissa pas l’opportunité et lorsqu’il regarda le visage de la jeune femme, il sentit ses joues s’empourprer. Elle finit cependant par sourire et Travis remercia le ciel qu’ils soient plongés dans la nuit noire. Se redressant avec lenteur, il s’assit et épousseta ses paumes en les frottant machinalement sur ses cuisses.

« Je crois que la chasse aux animaux est terminée, hein ? » dit-il en se relevant, tendant machinalement la main pour aider Chloé à se relever. « On ferait mieux d’y aller, avant que tu ne te casses quelque chose… ou attire un lynx. » plaisanta-t-il.
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Chloé Martin

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« The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin _
MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyJeu 7 Oct - 22:19

Les dernières fois que Chloé avait eu l'occasion de rester sur le capot d'une voiture en compagnie d'un garçon, cela n'avait en aucun cas été pour discuter, et dans l'espoir fou de voir des animaux sauvages s'approcher. Cela ne lui était pas arrivée depuis une éternité, mais lors de son adolescence... disons qu'il s'agissait d'une toute autre exploration. En y réfléchissant, elle ne voyait pas vraiment pourquoi elle avait apprécié de genre de choses lorsqu'elle était plus jeune – pas s'embrasser, mais le faire sur un capot de voiture -, c'était tout particulièrement inconfortable, et honnêtement cela se terminait souvent sur la banquette arrière, ou avec un garçon frustré qui n'hésitait pas à raconter aux autres ce que vous n'aviez pas fait la veille, ou que vous n'étiez qu'une allumeuse. Par chance, Chloé n'avait jamais été du genre à se préoccuper de ce genre de rumeurs, et si elle avait parfois été plus loin que la décence ne l'acceptait, cela n'avait jamais été contre son gré. Paradoxalement d'ailleurs, la réputation de la jeune femme s'était empirée lorsque son attitude avait changé et qu'elle s'était montré plus sérieuse, et réservée. Evidemment, avant de lui tailler un costume, les gens avaient attendu d'être certain qu'elle s'était remise de sa leucémie pour la critiquer ouvertement, on allait tout de même ps dire du mal d'une mourante. Cette phrase qui avait été proféré dans les mêmes termes l'avait profondément blessée, et c'était quelque chose qu'elle n'oublierait jamais. Elle ne leur avait pas répondu pourtant, et leur avait offert un grand sourire à chaque fois qu'elle passait près d'eux. Ce n'avait pas été une période particulièrement facile pour la jeune femme, mais grâce au soutien de ses meilleurs amis, la jeune femme s'en était sortie à merveille, et avait gardé les principes qu'elle avait décidé d'appliquer. Et pour être honnête, c'était pour cette raison qu'elle n'avait pas particulièrement cherché à séduire Travis ce soir. C'était un très bel homme, et elle avait rarement été autant séduite aussi rapidement. Mais quelque chose chez lui était différent. Et la nouvelle Chloé, celle que tout le connaissait depuis près de cinq ans maintenant, avait de toute façon envie de savourer les moments qu'elle passait avec ce dernier sans que cela n'implique forcément une relation amoureuse. Il était séduisant, il était beau, il était adorable, mais ce n'était pas pour ça que Chloé serait incapable de créer une amitié avec ce dernier. Ce temps était révolu, mais pourtant, elle avait parfois peur de redevenir cette personne. Elle s'était rendue compte que c'était l'opposé de ce que elle recherchait dans la vie. Evidemment, avoir une aventure n'était jamais désagréable, mais ce que rechercher la jeune femme était quelque chose de plus... fort, de plus vrai. C'était peut être une idéaliste, mais elle voulait l'Amour avec un grand A, le genre d'amour qui lui ferait traversé le monde pour le retrouver, et en oublier son prénom lorsque leurs lèvres se toucheraient. En attendant, la jeune femme s'était promise de rester patiente, et honnêtement, cela lui faisait le plus grand bien. Elle se sentait en phase avec elle-même, et surtout avait l'impression de mener une vie qui lui appartenait. Probablement, au fond, avait-elle toujours été ce genre de fille. Mais elle avait eu besoin d'un coup de pouce pour s'en rendre compte. Cela ne signifiait pas qu'elle ne sortait pas avec des garçons. Mais elle cherchait à ce que cela signifie réellement quelque chose même si il ne s'agissait pas nécessairement de son âme soeur.

L'attitude de Travis était touchante. Il semblait être à l'affut de toute opportunité qu'il lui permettrait de disparaître, ou d'échapper au regard des gens. Un rien suffisait à le faire rougir. Et, si il pouvait éviter d'avoir à faire la conversation, cela semblait l'arranger. Pourtant, Chloé l'avait trouvé relativement bavard en sa compagnie, et les quelques silences qui s'étaient installés entre eux n'avaient été nullement gêné – ce qui, avouons le, était quelque peu rare entre des quasi-inconnus. Mais une certaine... alchimie semblait exister entre les deux jeunes gens, quelque chose qui les poussait l'un vers l'autre sans que rien ne l'explique réellement. Dans tous les cas, leur bonne entente était plutôt une bonne chose puisqu'ils avaient vivre ensemble pendant quelques temps. L'idée de s'imposer ne mettait pas nécessairement Chloé à l'aise. Sa première rencontre avec ce dernier avait été plutôt négative, et la jeune femme n'aurait probablement pas pris la peine d'aller s'excuser – à moins de le rencontrer par hasard à un endroit ou un autre -, et ils en seraient restés là. Mais au lieu d'un jeune homme imbu de lui-même, et se moquant totalement des autres qui l'entouraient, elle avait découvert quelqu'un de discret qui s'efforçait de mener son petit bout de vie, et de se faire oublier des autres. Quelqu'un avec qui elle était certaine de pouvoir s'entendre. Qui ne s'entendrait pas avec une personne aussi pur et fragile ?
Lorsque elle vit Travis lui tendre la main après s'être relevée, Chloé manqua un battement. Elle ne se l'expliquait pas vraiment. La jeune femme avait dansé avec le jeune homme plus tôt dans la soirée, avait effleuré ses lèvres, et jusque là, s'était sentie calme, posée, et pourtant, en cet instant, l'idée de sentir la peau de Travis contre la sienne lui faisait naître des papillons dans l'estomac. Les confidences, et la facilité qu'ils avaient eu à échanger avait apparemment créé un lien entre eux, et si la jeune femme en était ravie, elle n'était pas certaine que ce qu'elle semblait ressentir soit la meilleure chose pour leur colocation. Mais ce n'était peut être que l'excitation d'une nouvelle rencontre. Elle attrapa la main du jeune homme, et se releva veillant à ne pas glisser de nouveau. Mais lorsque le jeune homme mentionna le lynx, bien qu'il eut un ton plaisantin, la jeune femme ne put s'empêcher de se rapprocher encore un peu des bois. « C'est vrai ? Ils s'approcheraient, tu crois ? » Son ton était joyeux, comme celui d'une gamine à la veille de Noël. C'était l'un des caractéristiques de la personnalité de la jeune femme – qualité ou défaut, à vous d'en juger; poussée par ses envies, elle avait une réaction qui allait à l'opposer de la plupart des gens. Elle suivait son excitation – comme une enfant – avant de réfléchir, quitte à paraître ridicule. Il lui fallut un dixième de seconde pour que son cerveau se réveille, probablement le temps qu'elle sente la main de Travis, qu'elle n'avait pas encore lâché, qui ne la suivait pas. Elle s'arrêta net, gênée de s'être montrée aussi « naïve ». Ses joues rosirent, et elle baissa la tête, s'éclaircissant la gorge. « Hum. Oui, rentrons. C'est une bonne idée. » Naturellement, elle se dirigea vers la voiture, relâchant – bien malgré elle – la main du jeune Smith, et monta côté passager. Elle s'installa, une jambe sous son fessier, et oubliant d'attacher sa ceinture. Si d'une manière générale elle n'avait pas honte de celle qu'elle était, elle ne s'aimait pas particulièrement dans ces moments de naïveté. Elle se laissait tellement portée par ses envies, qu'elle se montrait particulièrement crédule. C'était adorable à 5 ans, mignon à 10, acceptable à 15, mais à 22 ans, cela devenait complètement ridicule. Sur la route, sa tête se cala contre la fenêtre. Appréciant le silence de l'habitacle, la jeune femme se laissa percer par la lumière émanant des lampadaires, elle finit par s'assoupir revivant cette soirée. La gêne qu'elle avait ressenti en apercevant Travis, le fait qu'elle est tentée de l'éviter, que ce soit lui qui soit venu vers elle. Ce slow improvisée sur l'arrière-cour, accompagné de confidences particulièrement touchantes de Travis, et d'un court baiser... Baiser qui la fit frissonner, et bougeait un chouilla dans son sommeil. Le reste de la soirée se déroula également, un léger sourire se dessinant sur son visage chaque fois qu'une de ses gaffes se redessinait dans son esprit. La voiture finit par s'immobiliser, mais se fut la douce, et visiblement timide, voix de Travis qui la réveilla. « On est arrivés. » Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme, sans qu'elle n'ouvre les yeux pour autant. « J'ai hâte de voir l'intérieur de chez toi. » Elle ouvrit les yeux pour voir ceux de Travis posé sur elle. « Je sais, tu n'es pas du même avis... »
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Chloé Martin

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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin EmptyJeu 7 Oct - 22:32

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MessageSujet: Re: « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin   « The night walked down the sky with the moon in her hand » feat. Chloé Martin Empty

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