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 "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)

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Tallulah Ayasha Whitehead

walking on a wire • it's getting harder & harder to breathe.

Tallulah Ayasha Whitehead

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"Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) _
MessageSujet: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyDim 8 Aoû - 22:12

"Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything"
"Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) T-14-bw "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) 110www6
La brise soufflait sur le visage de Tallulah, permettant à la jeune femme de rester éveillée. Depuis combien de temps n'avait-elle pas dormi ? Elle n'en avait aucune idée. Depuis son premier rendez-vous avec Editon, elle avait à peine dormi plus de quelques heures par nuit, quand elle arrivait à dormir. Elle tentait de se dépenser au maximum, de s'épuiser jusqu'à ne plus réussir à bouger un seul de ses membres, mais malgré les heures passées à courir, et les crises d'insomnie à répétition, la jeune femme n'avait pas passé une seule nuit complète depuis au moins une semaine. Elle était épuisée. L'indienne en était même à se demander comment elle arrivait à mettre un pied devant l'autre. Pourtant, lorsqu'elle se décidait à rejoindre son lit, et que ses yeux étaient fermés, le cerveau de Tallulah-Ayasha décidait que sa journée n'était pas fini, et rappelait à la jeune femme les erreurs du passé, et son mariage prochain. Lorsque la jeune femme regardait celle qu'elle était il y a sept ans à peine, et celle qu'elle était devenue, il lui arrivait de se demander comment elle avait pu en arriver là. Elle savait ce qu'il s'était passé, ce qui l'avait poussé à faire ses choix, mais... jamais, oh grand jamais, cela n'avait été ce qu'elle souhaitait obtenir. Lorsque, suite à son agression, elle avait pris la décision de quitter la ville, et l'amour de sa vie, cela ne devait être que temporaire. Quelques mois... un an, deux tout au plus. Mais elle n'avait pas trouvé la force de revenir au bout de quelques mois, et plus elle retardait l'échéance, plus elle s'était sentie nerveuse à cette idée. Comment retourner sur une terre qui était sensée être la sienne, mais qui était amplis de violence, et de préjugés ? C'était ridicule, mais depuis sa plus tendre enfance, la ville de Ruby Creek Falls avait été... son point d'ancrage, un endroit où elle se sentait protégée. Lorsqu'elle ne supportait plus l'ambiance de la tribu, lorsqu'elle se sentait oppressée par les exigences de son père, c'était toujours en ville qu'elle était partie se réfugier. En général, c'était chez Léonard Willoughby, mais lorsque l'amour qu'elle ressentait pour ce dernier était trop oppressant, trop effrayant, c'était dans les rues de la ville qu'elle allait se réfugier. De jour ou comme de nuit, elle avait parcouru les trottoirs de Ruby Creek Falls jusqu'à les user. Elle connaissait chaque enseigne, et trouvait quelque chose d'irrésistible à chacun. Que ce soit la vieille chaise maintenant la porte de l'antiquaire ouverte, mais qui n'était jamais vendue, ou encore de l'autographe de Mick Jager affiché comme un trophée au Dukes. Que ce soit la statue du créateur de la ville sur Main Street, ou le tintement particulier des cloches de St Baptist Church. Et lorsque ces... personnes peu fréquentables s'étaient attaquées à elle, simplement sous prétexte qu'elle était indienne, alors qu'elle n'avait rien demandé, ce sentiment de... sécurité s'était envolé, et si elle savait qu'en portant plainte, ou en parlant aux garçons de la tribu, le problème aurait été réglé, quelque chose lui disait que cela ne suffirait pas. Le traumatisme était trop fort, trop violent. Alors, elle avait fui, puisque c'était la chose la plus évidente, et la plus facile à faire. Elle avait fui les bons souvenirs comme les mauvais et avait enfoui tout cela au plus profond de son coeur, priant pour que jamais, oh grand jamais, tout cela ne revienne à la surface. Et puis un jour, six ans plus tard, tout lui était revenu. Tous les mauvais souvenirs, surtout. Les circonstances étaient différentes – en partie tout du moins -, mais le sentiment de trahison, de perte du refuge était le même. Elle avait mis du temps à s'en rendre compte pourtant... Et un jour, au réveil, c'était comme si la réalité avait frappé Tallulah en plein visage. Le soir même, ses valises étaient prêtes, et le lendemain, elle était de retour à Ozalee. Et désormais, c'était le camp indien qui était son refuge. Tout ce qui rapportait à ses origines, à son appartenance aux Nez-Percés la rendait fière comme un coq, et il s'y sentait protégée. Elle s'y cachait, littéralement. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle s'était perdue dans les recoins de la réserve, ou dans la forêt, plus proche de la nature que jamais. Elle cachait aussi ses vrais sentiments, les choix qu'elle avait envie de faire. Tallulah avait appris à ses dépends que ses choix n'étaient de toute façon jamais les bons. Alors, dans la mesure du possible, elle avait pris le parti de laisser les autres décider pour elle. Si ces choix se révélaient être les mauvais, alors elle ne pourrait pas s'en vouloir, puisqu'ils ne seraient pas les siens. Etait-ce pour autant la meilleure chose à faire ? Elle en doutait, sincèrement. Mais elle n'avait pas la force de faire autrement, de blesser encore plus les gens qu'elle aimait, et un en particulier. La jeune indienne l'avait trop fait par le passé, et elle n'avait aucune intention de recommencer, dans la mesure du possible. Mais ne l'avait-elle pas fait en rejoignant Léonard pour une seule et unique nuit d'amour ?

Essuyant rapidement une larme qui s'était mise à couler de son oeil – à cause du vent, evidemment. -, Tallulah en profita pour s'arrêter, et étirer ses muscles engourdis. Elle venait de passer l'après-midi à marcher, et n'avait aucune intention de s'arrêter là. Sur les coups de seize heures, une envie de chasser l'avait prise. Elle était donc passé rapidement à la réserve prendre son arc, et ses flèches avant de rejoindre la réserve en passant par la montagne. C'était une passion qu'elle avait depuis un long moment maintenant, et un art qu'elle avait appris en compagnie de son père. Si elle avait adoré parcourir la réserve à la recherche d'oiseaux, ou d'autres animaux desquels elle pourrait se nourrir, la jeune femme avait rejeté cette activité pendant une bonne partie de l'adolescence. Beaucoup d'indiens de son âge n'avait pas compris son choix, Tobias Clearwater par exemple, lui avait de nombreuses fois demander pourquoi elle avait arrêté de chasser. Si elle avait officiellement clamé qu'elle ne se voyait pas ôter la vie à des animaux elle-même, la vérité était tout autre. La chasse était une activité qui plaisait particulièrement à son père, Qaletaqua, et puisque ce dernier n'avait de cesse de lui reprocher le temps qu'elle pouvait passer en dehors de la réserve, et par conséquent, en compagnie de Léonard, la jeune indienne s'était promis de ne plus chasser jusqu'à ce que son père approuve l'amitié qui unissait les jeunes gens. L'arc de la jeune femme avait été brisé à deux, et jeté à la poubelle devant ses yeux ce jour-là. Retenant les larmes qui lui montaient aux yeux, Tallulah avait dit à son père du ton le plus dur qu'elle n'ait jamais employé avec ce dernier qu'il venait de lui donner une bonne raison de ne plus jamais revenir. Elle ne souhaitait pas vivre des valeurs qui lui inculquaient, puisque cela voulait également dire être aveuglées par celles-ci, quitte à ce que ces enfants soient malheureux. Comme trop souvent ces derniers temps, la jeune femme s'était réfugié chez Léonard, mais à la différence de toutes les fois précédentes, son père était venue la chercher le lendemain. Aucun n'avait prononcé un mot dans la voiture, mais Tallulah savait que c'était la façon qu'avait son père de demander pardon. Pourtant, ce n'était que huit ans plus tard qu'elle avait accepté de reprendre la chasse, à son retour à Ozalee. Ravie de n'avoir rien perdue de ses qualités de chasseuse hors-pair, elle pratiquait désormais cette activité régulièrement, seule ou accompagnée. En ce dimanche huit août, la jeune femme avait pourtant pris le parti d'y aller seule. A chaque fois qu'elle se trouvait en société, elle devait prétendre être heureuse, sourire en annonçant son mariage, et prend un air rêveur lorsqu'on lui parlait du fameux jour. Ce mariage avait beau être arrangé, personne ne devait le savoir. Lorsque ses yeux brillaient de larmes qu'elle tentait de ne pas faire couler, tous y voyaient des yeux qui pétillaient de bonheur. Apercevant une biche, la jeune femme banda son arc, pensant que les gens voyaient ce qu'il voulait bien voir. Elle ajusta une dernière fois son tir, et au moment où elle allait relâcher l'arc, un couteau vint se planter dans l'arbre à côté duquel elle se trouvait. Le choc de la lame contre l'écorce de l'arbre avait suffi à faire fuir la bête. Je poussais un long soupir, et ayant reconnu le couteau, je lançais à son propriétaire, sans même me retourner : « Tobias. Tu as conscience que ce n'était pas vraiment la mère de Bambi, rassure-moi ? ». Je relâchais mon arc, rangeais ma flèche, et me tournais vers le jeune indien, un sourire taquin au bout des lèvres.
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Tobias Clearwater

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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyMar 17 Aoû - 16:42

Comme s’il n’avait pas suffisamment d’ennuis avec la mentalité étriquée de certains habitants de Ruby Creek Falls. Voilà que des étrangers se mêlaient de ce qui ne les regardait pas. Dès le départ, Tobias avait éprouvé une méfiance non dissimulée pour ces hommes qui, parachutés de Dieu sait où, venaient prêcher la bonne parole, discourir et donner un fol espoir aux sinistrés. Depuis l’éboulement, la reconstruction s’était faite lentement mais sûrement. Ils avaient coexistés, ils s’étaient prêté main forte pour parvenir à faire renaitre quelque chose de ces cendres. Ce n’était certes pas facile, les moyens n’étaient pas très étendus et le financement était pénible mais les habitants et certains Indiens – dont Tobias – s’étaient serrés les coudes pour redonner vie à Amethyst Mews. Il faudrait encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois, pour que le quartier retrouve sa force, sa vie d’antan mais personne ne doutait qu’un jour, les enfants pourraient à nouveau courir en toute sécurité dans les rues, aller à l’école sans craindre de rentrer et de se retrouver sans toit. L’hôpital était salement amoché et il faudrait encore davantage de temps pour parvenir à le remettre sur pieds mais les médecins et infirmières avaient rapidement rebondis après la catastrophe et avaient déjà trouvé u nouvel endroit duquel ils pourraient soigner les malades et les blessés. Les gens alités étaient pour la plupart des victimes de l’éboulement encore en convalescence, mais il y avait également des accidents ponctuels, de ceux qui arrivent tous les jours. Un accident de travail, une chute douloureuse, des incidents de la vie quotidienne, des incidents fréquents dans une petite ville comme celle de Ruby Creek Falls qui était composée principalement d’artisans et de fermiers. Il était donc courant de voir un homme se pointer aux urgences avec le bras en sang, suite à une manipulation d’un tracteur ou d’une scie. Il était aussi tout à fait habituel de voir des jeunes venir faire soigner une fracture ou une foulure. Les promenades dans les bois pouvaient s’avérer dangereuses si on ne prêtait pas un minimum attention à l’endroit où on mettait les pieds. Tout ça s’était construit lentement, au rythme normal de la petite ville paisible. Et voilà que des magnats de l’entreprise entraient en jeu, mentant effrontément en mettant en avant un plan qui ferait sans aucun doute briller les regards des sinistrés ou même des gens n’ayant pas été un seul instant touchés par la catastrophe d’ailleurs.
Tobias rageait. S’en prendre à des voyous, c’était une chose. S’attaquer à des mecs pleins aux as, c’en était une autre, surtout qu’il était seul, éternellement seul dans sa quête de justice. On ne l’arrêtait pas – ce qui était une forme d’encouragement – mais on ne l’aidait pas non plus. Et un merci, il ne fallait même pas compter là-dessus. Pourtant, il n’exprimait jamais ce sentiment d’injustice qui lui broyait le cœur. Il préférait opter pour le renfrognement, et s’éloigner de ces gens qui ne le soutenaient pas. Leur attitude l’enfonçait même d’ailleurs à certains moments. Comment faire pour que les gens respectent les siens si les siens faisaient tout pour s’attirer les foudres ou la pitié ? La pitié… Il n’y avait rien de pire pour Tobias et ces fêtes traditionnelles pendant lesquelles le peuple s’ouvrait au monde extérieur, partageait ses histoires et ses contes ne plaisaient guère au jeune homme. C’était leur patrimoine, les habitants de Ruby Creek Falls ne contribuaient que dans les aspects nébuleux de leur passé. Jamais ils n’étaient présents dans les bons moments et en un sens, Tobias préférait que cela reste ainsi. Alors, oui, quand certains franchissaient la frontière imaginaire du camp indien, Tobias se sentait comme violé. Leur infraction était pardonnable puisqu’ils venaient principalement pour écouter les plus anciens raconter des histoires qu’il connaissait par cœur pour les avoir entendues un millier de fois depuis sa plus tendre enfance mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle plaisait au jeune Indien un peu réfractaire. Pourquoi ne pouvaient-ils pas rester de leur côté de la frontière ? Qu’est-ce que cela leur apportait de venir écouter les vieux conteurs, à part leur donner l’impression que ces légendes appartenaient à un peuple moins civilisé que le leur ? En bien des points, Tobias considérait sa communauté comme bien plus civilisée puisqu’elle était respectueuse et paisible, mais ce n’était pas l’avis de la majorité et il n’avait jamais cherché à marquer son opinion. La preuve : il usait de la même violence, leur rendant la monnaie de leur pièce dès qu’il en avait l’occasion.
Ce jour-là, il s’était isolé dans les bois, son jeu de couteaux dans un sac à dos qui pendait à son épaule. Il était vêtu d’un t-shirt dont il avait coupé sommairement les manches, ainsi que d’un jean élimé et troué en bien des endroits. Les armes blanches, il les avait héritées de son grand-père, mort quelques années plus tôt. Si Tobias n’était pas un fervent admirateur des lames – il préférait jouer des poings plutôt que de risquer des blessures plus graves – il devait avouer que le lancer de couteau avait toujours été un plaisir personnel et il ne le faisait que lorsqu’il était seul, loin du camp. Il avait embarqué le précieux héritage ainsi que quelques snacks typiquement américains. Il avait rempli une gourde juste avant de quitter le camp et s’était enfoncé dans les bois, connaissant ceux-ci par cœur. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard qu’il avait atteint son coin préféré lorsqu’il voulait s’entrainer à cet art auquel son grand-père l’avait initié lorsqu’il avait dix ou douze ans. C’était davantage l’entrainement certain qu’il fallait avoir que l’activité en elle-même qui plaisait tant à Tobias. S’il était friand de chasse lorsqu’il était plus jeune, c’était surtout parce qu’il était emporté par l’excitation collective de ses cousins et amis de l’époque. Depuis, cela lui était bien passé et il ne gardait que les troncs des arbres les plus épais comme cibles. D’ailleurs, certains présentaient les marques d’années de retrait du jeune homme dans cette partie de la forêt. Là où certains s’amusaient à graver leurs initiales dans le tronc, lui il ne laissait comme seules traces de son passages que les éclats dans le bois, là où les lames s’étaient enfoncées. S’approchant du dernier tronc désigné comme victime, Tobias attrapa le manche du couteau et exerça des à-coups jusqu’à ce qu’il récupère son bien. Un sourire satisfait vint se dessiner sur les lèvres du jeune homme et au moment où il fit mine de ranger le coutelas, il remarqua la silhouette fine de Tallulah. S’il n’avait pas reconnu immédiatement la jeune femme, sa façon de se tenir et l’élancement de son corps n’avait pas tardé à le renseigner sur ses origines. Avant même de réaliser qu’il s’agissait de la jeune Blackfoot, il avait compris qu’il s’agissait d’une Indienne. D’un lent mouvement, il recula pour être complètement dissimulé à la vue de la jeune femme et lorsqu’il la vit bander son arc, il ajusta sa position et lança le projectile. La tentative pouvait s’avérer dangereuse, un mouvement de Tallulah et la lame pourrait s’enfoncer dans sa chair tendre plutôt que dans le tronc voisin. Mais elle s’était mise en position de chasse, alors le jeune Indien était pratiquement certain qu’elle ne bougerait plus d’un millimètre avant d’avoir abattu sa proie. De plus, il était plutôt confiant de ses capacités. Un bruissement sur la gauche de Tobias et il vit la biche s’évaporer entre les arbres, son pelage brun comme parfait camouflage. Regrettait-il un seul instant d’avoir fait fuir l’animal ? Pas du tout. Au contraire. Il reporta son attention sur Tallulah lorsqu’elle s’adressa à lui, sarcastique. Sans un mot, Clearwater fit un pas en avant et se retrouva dans le champ de vision de la jeune Indienne qui venait de lui faire face.
- On ne chasse pas sur mon territoire sans mon autorisation, se contenta-t-il de répliquer en haussant les épaules.
Il combla la distance qui le séparait de son couteau et, par conséquent, de Tallulah et récupéra son bien avant de le ranger définitivement dans son étui.
- Qu’est-ce que tu viens faire par ici, Ayasha ?
Il tendit la main vers l’une des flèches de la jeune femme et l’examina avec curiosité avant de la rendre à son propriétaire.
- Et surtout, après tout ce temps. J’pensais que t’avais trouvé mieux que ton Willoughby, vu ta disparition soudaine et… longue.
Tobias ignorait la raison du départ de Tallulah, il ne désirait même pas la connaitre, mais il ne cacherait pas sa surprise, ni ne la ménagerait d’ailleurs, peu importe la raison. Cela avait toujours été ainsi.
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Tallulah Ayasha Whitehead

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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyVen 20 Aoû - 21:56

D'aussi loin que la jeune femme s'en souvienne, Tobias avait été fier de ses origines. Plus que de les revendiquer, il était considéré comme l'enfant terrible de la tribu, celui qui n'améliorait pas l'image de la tribu. Pourtant, celui avait toujours eu les meilleures intentions envers celui-ci. Si Tallulah n'avait jamais été en accord avec les idéaux de ce dernier, elle avait toujours, au fond d'elle, apprécier la ferveur avec laquelle le jeune homme poursuivait ses idéaux. Il méprisait les habitants de la ville, et ne l'avait jamais caché. Si quelqu'un s'en prenait à la tribu, Tobias était là pour venger la personne qu'elle le lui demande ou non. Combien de fois Tallulah avait-elle failli se tourner vers lui ? Combien de fois avait-elle marcher jusque chez lui prête à tout lui dire, et à lui demander de la venger ? En tout cas, à chaque fois, la jeune femme avait renoncé. Ce n'était pas tant l'attitude que pourrait avoir Tobias suite à ce qu'elle comptait lui apprendre qui l'effrayait mais plutôt le fait de devoir avouer à quelqu'un d'autre que son père ce qu'il s'était passé. Lorsque les gens avaient vu le visage tuméfié de la jeune fille, qu'ils soient indiens ou non, tous avaient pris un air choqué et lui avait demandé ce qui « avait donc bien pu lui arriver ». Si Tallulah s'était d'abord montré hésitante, elle avait fini par trouver l'excuse parfaite. Alors qu'elle escaladait une paroi rocheuse, elle avait mal évalué une prise et s'était retrouvée sur le sol. Si cela s'était réellement passé, le visage de Tallulah n'aurait probablement pas eu de marques contrairement au reste du corps, mais puisque la jeune indienne avait une réputation de casse-cou, tous l'avait cru sauf peut être quelques personnes de la tribu. Mais personne n'avait jamais été la confronter avec sa version de l'histoire. Petit à petit, les bleus avaient disparus, et le visage de Tallulah était redevenu aussi immaculé qu'auparavant, mais la jeune femme n'avait plus jamais été la même, et ça, les habitants ne s'en étaient pas rendus compte. Elle forçait un sourire en se levant le matin, et continuait de mentir sur comment elle se sentait jusqu'à se convaincre elle-même qu'elle allait bien, tout en se sentant... extérieure à la tribu – plus qu'avant en tout cas. Ce sentiment était un jour devenu trop puissant, et la jeune femme s'était enfin décidé à partir. Aussi loin qu'elle le pouvait géographiquement tout en restant aux Etats-Unis avec la Floride pour commencer, en passant par la Caroline du Nord, et Washington D.C, pour ne citer qu'eux. Mais elle avait fini par revenir. Elle était partie pour trouver refuge ailleurs, mais ailleurs avait fini par lui apporter d'aussi moches choses, parfois plus difficiles à vivre que ce qu'elle avait vécu à la tribu. Et finalement c'était cet « ailleurs » qu'elle quittait pour retrouver les siens. Sans qu'elle ne rende compte, ils étaient devenus son Eldorado, son refuge, tout ce qui lui restait. Tallulah avait donc fini par accepter qu'elle appartenait à la tribu, et mieux que ça, elle en était devenue fière. Il lui avait fallu du temps, mais elle avait enfin compris qu'être indienne était peut être quelque chose qui lui porterait parfois préjudice dans la vie, mais c'était avant tout une force, un soutien qui jamais ne lâcherait prise. Il lui arrivait évidemment de repenser à ceux qui lui avaient fait quitter la ville, et à espérer se venger. Ainsi, lorsque Tobias, après s'être rapprochée de cette dernière, lui demanda ce qu'elle venait vers là en l'appelant par son deuxième prénom, la réponse fusa des lèvres de Tallulah sans qu'elle n'ait le temps d'y réfléchir. « Je te cherchais. »

Elle réfléchit quelques secondes à la réponse qu'elle venait de lui apporter. Etait-elle venue pour ça ? Peut-être, au fond. En partie, sûrement. Tallulah était venue sans raison particulière dans la forêt; la jeune femme souhaitait simplement pour m'évader, et pourtant, elle était heureuse d'y avoir rencontré Tobias. Ces derniers ne s'étaient jamais entendus. Depuis leur plus tendre adolescence, ils se lançaient des piques, ne loupant pas une occasion de rabaisser l'autre, et ses idéaux. Ils auraient d'ailleurs pu en venir aux mains si ce n'était pas pour le respect de la tribu – et si Tallulah avait été un homme, cela va de soit. Si un sourire fin était dessiné sur le visage de Tallulah depuis l'arrivée de Tobias, son visage se ferma à une vitesse épatante lorsque ce dernier mentionna Léonard, et son absence. Je m'amusais souvent du fait que les gens trouvent mon absence soudaine... Elle était pourtant parfaitement réfléchie. Peu de gens avaient simplement porté attention aux signes avant-coureurs. Avaient-ils seulement remarqué que je passais plus de temps à la réserve ? Les indiens de ma tribu ne s'en étaient probablement pas souciés – ou s'en étaient réjouis, selon le point de vue – mais le fait qu'elle est rompue avec Léonard faisait partie des signes annonçant son départ. Au début, cela avait simplement été pour qu'il ne s'inquiète pas de son changement d'attitude, pour qu'elle n'ait pas à laisser exploser toute la haine qu'elle avait eu en elle. Et puis, c'était devenu plus naturel, Tallulah n'avait plus eu envie d'être proche de quiconque, et surtout pas de Léonard. Enfin, elle était partie. La seule chose qui l'avait retenue de courir vers Léonard était la culpabilité. Elle l'avait abandonné sans aucune explication. Il était l'homme qu'elle aimait, il était son meilleur ami, son pillier, et son tout. Mais elle était partie sans regarder derrière elle, et ce, même si il ne s'était pas passé une seule journée sans qu'elle ne se le reproche. Entendre Tobias mentionner Léonard était donc difficile pour Tallulah. Elle aurait voulu ne pas le montrer, mais son visage s'était assombri. Le fait de voir mentionner son départ était quelque chose d'assez... désagréable pour Tallulah, mais elle aurait probablement pu le supporter. Mais là c'était trop. D'un ton acerbe, la jeune femme répondit. « Tu ne sais rien de mon départ, Tobias. Ne fais pas celui que ça ait pu intéresser alors ce n'est pas le cas. » Tallulah souffla longuement, souhaitant se calmer. Elle semblait son sang bouillir à l'intérieur de ses veines, et elle s'était promise de ne jamais perdre son sang froid. Jusqu'alors, elle avait tenu. Il n'y avait donc aucune raison que cela change. Et surtout pas pour Tobias. Elle secoua légèrement la tête, et se décala de quelques pas. « Au lieu de t'inquiéter du pourquoi je suis partie, je pense que tu devrais t'intéresser au pourquoi je suis revenue. » Un sourire empli de sous-entendu se dessina sur mes lèvres. « je suis certaine que cela te passionnera. » Certes, ce que sous-entendait la belle indienne n'était absolument pas la raison de son retour, mais un petit mensonge n'avait jamais fait de mal à personne. N'est-ce pas ?
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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptySam 28 Aoû - 11:55

Les Indiens avaient été regroupés depuis des décennies dans le campement qui se trouvait dans la réserve. Tobias n’y avait jamais vu un moyen de les évincer de la société mais plutôt de leur éviter les désagréments que celle-ci pouvait bien leur apporter. Il avait beau vivre dans un monde moderne, avoir été scolarisé avec des citoyens américains tout ce qu’il y a de plus banals, il gardait un amour inconsidéré pour la nature. Il n’était pas un fanatique de la technologie même s’il ne la rejetait pas non plus. Il n’avait un téléphone portable que parce qu’il fallait bien trouver un moyen de le joindre si un chantier se mettait en route et depuis l’éboulement, il avait l’impression de ne pas s’être arrêté, travaillant à la reconstruction de l’hôpital sous les ordres d’un architecte un peu pompeux mais ce n’était pas un mauvais bougre et c’est tout ce que Tobias demandait. Il passait également son temps à se rendre chez les gens pour réparer des broutilles, servant d’électricien ou plombier lorsque c’était nécessaire. C’était comme ça qu’il avait rencontré réellement Temperance, quelques temps plus tôt. À courir ainsi à droite à gauche, il avait le sentiment de n’avoir plus un moment à lui et c’est pour cette unique raison qu’il avait pris un jour de congé qu’il estimait bien mérité. Il aurait bien vu sa journée se poursuivre comme ça, à s’entrainer avec ses couteaux et à se trouver un petit coin tranquille pour se reposer et revenir au soir pour entendre les anciens conter des histoires et des légendes ancestrales aux plus jeunes. Comme à chaque fois, il se glisserait en arrière-plan, s’appuierait contre un mur, les bras croisés sur son torse, et il écouterait la voix trainante des vieux expliquer minutieusement ce qui faisait soi-disant leur patrimoine culturel. Malgré tout, il aimait passer du temps en compagnie des siens, même s’il n’ouvrait pas vraiment la bouche, sa seule présence suffisait. Il n’était pas en conflit avec ses pairs, même si la plupart d’entre eux n’approuvaient pas sa démarche vis-à-vis des petits crétins dont était composé Ruby Creek Falls. Mais Tallulah et lui, c’était une autre histoire. Ils étaient de la même génération, ils avaient tous les deux un caractère bien trempé – en tout cas, c’est ce que pensait Tobias jusqu’à ce qu’il apprenne l’obéissance dont faisait preuve la jeune femme en acceptant d’épouser Editon Whitehead. N’était-elle pas censé braver ses parents et autres aïeux pour pouvoir couler des jours heureux en compagnie du blondinet ? Tobias n’avait pas compris mais il n’avait rien dit. Il n’était pas dans ses habitudes d’émettre une opinion au sujet de la façon dont les autres menaient leur barque. Il n’avait jamais été curieux à ce point, estimant avoir suffisamment à gérer au quotidien pour monter au créneau pour des histoires pareilles – surtout qu’il s’agissait d’une histoire interne à leur groupe. Il ne se mêlait pas de ce genre de décision. Et puis de toute façon, Tallulah était assez grande pour se défendre. Du moins, selon les souvenirs de Tobias. Elle était partie et des bruits avaient couru. Mais le jeune Indien n’y avait jamais prêté attention, reprenant son train de vie habituel, l’absence de Tallulah n’y changeant absolument rien. Il n’avait jamais été assez proche d’elle que pour sentir le poids de son absence. Et lorsqu’elle était revenue, tout récemment, c’était la même chose. Il avait mûri, il avait sa propre vie, ses propres problèmes, assez pour ne pas se préoccuper d’elle. Mais il n’allait pas faire comme si elle n’existait pas non plus. Il n’était pas du genre à ignorer les gens, les éviter était plus simple et il n’évitait pas Tallulah. Il ne posait pas de questions, il vaquait à ses occupations comme il l’entendait, se contrefichant de ce qu’on approuvait et désapprouvait à son sujet. Quant à Tallulah, c’est tout juste s’il remarqua la différence entre la jeune femme d’aujourd’hui et celle d’hier, aventurière, limite garçon manqué aux yeux du jeune homme. C’est comme si quelque chose s’était brisé, une force insoupçonnée qui subitement avait disparue pour laisser place à quelque chose d’incohérent, incompréhensible.
Inutile de préciser qu’il fut surpris par sa réponse. Il haussa les sourcils puis les fronça, la dévisageant un instant, guettant la moindre lueur malicieuse dans son regard. Mais rien, celui-ci semblait même un peu terne. Il ne voyait pas trop pourquoi elle serait occupée à le chercher mais si c’était vraiment son but, elle l’avait trouvé et il l’écouterait docilement, quelle que soit la raison de sa quête. Il la connaissait suffisamment pour pouvoir s’attendre à n’importe quoi, quelque chose de sérieux comme la moindre attaque personnelle. Peut-être qu’elle venait lui demander d’arrêter de semer la terreur en ville – après tout, personne n’osait officiellement le faire alors ils envoyaient peut-être Miss Ayasha et son manque de tact. En tout cas, elle ne ménageait jamais le jeune Indien. C’était comme ça, entre eux ça n’avait jamais été le grand amour sans non plus être la guerre. Tobias ne pouvait pas dire qu’il détestait Tallulah, c’aurait été mentir. Il ne l’aimait pas particulièrement, d’accord, mais de là à éprouver quelque chose d’aussi fort que de la haine, il y avait une marge. Il vit clairement son visage s’assombrir mais il ne regretta pas ses paroles, ignorant à quoi était dû ce brusque changement d’attitude. Ce devait certainement être lié au jeune fermier mais comme Tobias ne connaissait pas grand-chose à son sujet sinon l’accident qui avait rendu son frère handicapé, il ne voyait pas quel était le problème. De toute manière, elle avait l’habitude qu’il ne la ménage pas alors il n’allait pas avoir de remords, surtout qu’elle n’en aurait pas si la situation avait été inversée, il en était certain. La réaction ne se fit pas attendre, agressive, visiblement blessée. Tobias ne se vexa pas, il était habitué à encaisser ce genre d’attitude, que ce soit parce qu’il mettait les deux pieds dans le plat ou bien parce qu’il offensait certains à cause de son point de vue bien tranché, implacable. Il n’y avait aucun moyen de le faire changer d’avis, il était convaincu du bien fondé de ses actes et si les autres ne le voyaient pas de cette manière, il n’irait pas tenter de les convertir. Il la laissa se calmer et finir sa phrase. Il la jaugea un instant avant de répondre :

« Je ne sais pas ce qui te fait croire que je vais plus m’intéresser à ce qui t’a fait revenir. J’pensais que t’aurais pigé que la vie des autres ne m’intéresse pas plus que ça. » Il se détourna, fit quelques pas puis s’arrêta, jetant par-dessus son épaule. « En plus, c’est toi qui me cherchais alors qu’est-ce que tu veux ? J’ai pas envie de passer ma journée à t’entendre déverser ta mauvaise humeur sur moi, j’suis pas venu ici pour ça. »

Il descendit une pente douce sur quelques mètres pour atteindre un ruisseau qui sillonnait ce coin de la montagne et s’accroupit souplement, collectant un peu d’eau dans ses paumes jointes en une petite coupe avant de s’asperger le visage. Il se redressa ensuite, jeta un coup d’œil à Tallulah et alla s’asseoir sur un tronc qui s’était effondré de tout son long, offrant un banc de fortune au jeune homme. Il s'y allongea, les mains derrière la tête et ferma les yeux.
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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyMar 21 Sep - 16:25

Tallulah avait du mal à croire qu'elle allait prononcer ces mots, et encore plus devant Tobias. Tout avait tellement changé en six ans... C'était normal, quelque part. Tout le monde évolue, tout le monde grandit. Quelque chose se casse, mais le plus souvent, c'est tout simplement pour laisser à quelque chose d'autres. De mieux, ou de moins bien, là n'est pas la question. Ce n'est de toute façon qu'une question de point de vue, et l'indienne n'était pas certaine de savoir si ce changement lui était bénéfique ou non. Depuis qu'elle est rentrée, rien ne s'était passé comme elle l'aurait entendu. Elle n'aurait jamais pensé être autant touchée par la présence de Léonard devant elle, et encore moins avait-elle pensé passer une nuit avec lui pour lui annoncer son mariage juste après. L'idée de se marier ne lui avait même jamais traversé l'esprit. Tallulah n'était pas le genre de jeune femme qui rêvait à un mariage, et une histoire de princes charmants, et de dragons. Elle croyait en l'Amour, mais elle avait également conscience que tout pouvait s'arrêter du jour au lendemain, que les gens pouvaient changer. Elle était libre comme l'air, et ne se préoccupait de rien, ni de personne. Le bon côté était qu'elle n'avait que de rares a priori, et cela lui permettait de s'ouvrir à un maximum de personnes, et de cultures – et contrairement à certains indiens de la tribu de ne pas revendiquer leur « identité ». L'inconvénient était qu'elle avait tendance à s'éloigner des personnes desquelles elle était proche sans raison. Elle avait quelque peu changé sur ces points, cependant. Si elle restait ouverte d'une manière générale, elle se méfiait des habitants de Ruby Creek Falls, ou plus exactement, des racistes. Elle ne souhaitait plus leur laisser la chance de changer d'avis, ou croire qu'ils pouvaient changer. La cicatrice qu'elle avait encore à l'épaule témoignait du fait qu'elle avait été une idiote de croire en eux. Même si elle ne l'admettrait peut être pas devant Tobias Clearwater, elle pensait désormais sincèrement qu'elle aurait du se ranger de son côté depuis le départ au lieu de ne pas hésiter à lui rappeler aussi souvent que possible à quel point il avait tort pendant leur adolescence. De plus, Tallulah était plus... posée désormais. Elle ressentait moins le besoin d'échapper à la réalité – même si elle était certaine que cela changerait dès qu'elle serait mariée. De toute façon, la jeune femme avait compris depuis quelques temps maintenant qu'elle n'était pas bonne pour prendre ses propres décisions. Il n'y en avait qu'une qu'elle comptait prendre par elle-même, sans se soucier de ce que cela signifierait. Tallulah avait pris la décision inverse plusieurs années auparavant, et cela s'était révélé être une erreur. Elle avait donc la certitude que se mettre du côté de Tobias était la bonne chose à faire. Elle ignora ses remarques sur le fait qu'il se moquait de la vie des autres. La jeune femme était en fait convaincue qu'il se souciait plus de la vie des gens qu'il ne souhaitait l'avouer, ou même se l'avouer. C'était probablement la raison pour laquelle il vengeait n'importe quel indien qui devait subir les conséquences du racisme – ou parfois de ce qu'il considérait comme une atteinte à l'honneur des indiens même si cela n'avait pas forcément un lien direct avec le racisme selon la jeune femme. Elle ne l'écouta pas beaucoup plus quand il lui dit qu'il ne souhaitait pas qu'elle déverse sa mauvaise humeur sur lui. Quelque part, il avait raison, mais ce n'était pas comme si il ne l'avait pas cherché. Aux yeux de l'indienne, il avait clairement émis un jugement sur son départ, ou sur son retour à voir, et même si c'était probablement le lot de secrets qu'elle gardait en elle-même qui lui donnait cette impression, elle ne comptait pas s'excuser. « Jouer les justiciers seul, c'est bien. Mais à deux, on est plus efficaces, tu ne crois pas ? » Tallulah se rapprocha de ce dernier, et l'observa se mettre à son aise sur son tronc. Pour ceux ne connaissant pas Tobias, cela pouvait paraître être du désintérêt, mais Tallulah fréquentait l'indien depuis bien trop de temps pour s'inquiéter de son attitude. Si il n'était pas nécessairement curieux de ce qu'elle avait à lui dire, elle savait qu'il l'écoutait. « Ecoute bien ce que je vais te dire, parce que je ne le dirai qu'une seule fois. » La jeune femme prit une grande inspiration, et sans que Tobias ne puisse s'en douter, elle se décida enfin à dire à voix haute ce qu'elle pensait depuis des mois. Elle ne répétait pas quelque chose qu'on lui avait dit, elle ne le disait pas pour faire plaisir, ou pour mettre Tobias de son côté. Elle le pensait, elle le sentait au plus profond de ses veines, et pouvoir enfin dire tout ce qu'elle pensait, prendre cette décision par elle-même était un cadeau qu'elle s'offrait. Elle devrait passer le reste de sa vie à mentir sur tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle aimait, ce à quoi elle aspirait, mais ses pensées sur sa tribu, sur ce qu'elle pensait du racisme, de la vengeance des maux faits au sien seraient publiques. Elle ne les cacherait pas. Cela serait peut être la seule partie d'elle qu'elle ne cacherait plus d'ailleurs. « Tu avais raison. On a passé notre adolescence à se reprocher nos attitudes respectives même si la plupart du temps, c'était de manière indirecte. J'ai grandi depuis, et j'ai ouvert les yeux. Tu avais raison, et je suis aujourd'hui de ton côté. Je suis fatiguée de les voir nous traiter comme des parias. » Le regard perdu dans l'horizon, la jeune indienne parlait désormais autant pour Tobias que pour elle-même. « Ils se croient meilleurs, plus forts, plus puissants. Mais la seule puissance qu'ils ont, c'est la violence. Qu'elle soit verbale, ou physique peu importe. Si nous devons nous abaisser à leur niveau... je n'ai pas peur de le faire. Ils doivent payer pour le mal qu'ils m'... » Tallulah se coupa brutalement, se rendant compte qu'elle s'était laissée emportée. « Qu'ils nous ont faits. »

Tobias avait-il idée d'à quel point elle était impliquée dans le « nous » ? Ayasha en doutait profondément. Ce n'était pas ce qu'elle souhaitait de toute façon. Si sa nouvelle façon de penser était clairement animée par un besoin de vengeance, elle était honteuse de ce qu'il lui était arrivée, et ne souhaitait pas que cela s'ébruite. La cicatrice qu'elle portait sur l'omoplate lui rappelait sans cesse la violence des coups qu'elle avait reçu, et la chute brutale de ses idées – apparemment utopiques – sur une cohabitation paisible entre les indiens, et les autres. Pour la première fois ce soir-là, elle avait compris que certains d'entre eux se sentent stigmatisés par leur histoire, et le racisme qui persistait. Evidemment, la chance des Nez Percés était qu'ils ne vivaient pas dans le sud des Etats-Unis où le racisme était sensé être bien plus important qu'au nord, mais à l'heure actuelle, Tallulah doutait sincèrement qu'il existe encore une différence – à part dans certains états à la mentalité particulière – à ce niveau; la preuve étant la mentalité de certains habitants de la ville. Déposant son arc près du tronc où s'était installé Tobias, la jeune femme avança jusqu'au ruisseau pour y tremper ses pieds. La sensation de l'eau fraiche lui donna des frissons, mais elle ne bougea pas d'un millimètre. Elle aimait sentir le mouvement du cours d'eau contre son corps, lui rappelant qu'elle était vivante, mais qu'elle dépendait pourtant de la nature qui était tout aussi vivante qu'elle. « J'ai cru comprendre que les habitants de la ville sont encore conviés à nos célébrations estivales... Je suppose que ça t'agace toujours autant ? » lui demanda-t-elle sans se retourner vers lui pour autant. [i]
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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyVen 15 Oct - 21:32

Tobias n’avait rien d’un grand parleur. La psychologie et lui, cela faisait deux. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il manquait de tact ou qu’il se fermait complètement dès qu’on avait le malheur d’essayer de percer sa carapace. Au contraire, il aimait voir les gens essayer. Plutôt malin, il s’adaptait à pas mal de situations et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Il avait grandi avec ce caractère, point final. Il avait toujours beaucoup observé le monde qui l’entourait sans chercher à y prendre réellement part. Il n’entrait en interaction que s’il en avait envie, qu’il était d’humeur sociable ou que son interlocuteur lui semblait d’un quelconque intérêt. Il ne fallait pas entendre par-là qu’il avait pour but de manipuler les gens, ce n’était pas du tout le cas, mais il ne voyait pas l’intérêt d’entamer une discussion qui ne mènerait nulle part ou, pire, qui l’ennuierait profondément. Un autre de ses principes, c’est qu’il ne se mêlait pas réellement de la vie des autres. Pas réellement. Par ce qu’il lui arrivait régulièrement de passer outre cette façon de penser pour s’immiscer, au contraire, et ce, dans un seul but : faire valoir les droits des Indiens auprès de ceux qui ne l’entendaient pas de cette oreille. C’était bien la seule exception qui poussait Tobias à aller à l’encontre de sa façon d’agir et de penser et, malheureusement, cela lui arrivait souvent de devoir faire abstraction de sa volonté de rester en dehors pour prendre part à une liberté si durement gardée. Si les Indiens n’avaient pas bataillé un minimum, il y aurait longtemps qu’ils auraient complètement disparus de la surface de la terre et ne seraient plus classés que comme espèce éteinte. Alors, oui, évidemment, le jeune homme avait parfaitement conscience qu’il ne devait plus avoir grand-chose en commun avec ses lointains ancêtres, génétiquement parlant, mais son esprit était proche d’eux et, comme eux, il devait souvent faire face à des dilemmes qui lui déplaisaient.
Se retrouver seul avec Tallulah n’était pas forcément ennuyeux. La jeune femme avait un caractère bien trempé – du moins, pour les souvenirs que Tobias gardait de leur enfance truffée de guérillas à leur échelle – et même s’ils étaient loin d’être sur la même longueur d’onde, il éprouvait du respect pour elle, malgré les divergences d’opinion, malgré leur incompatibilité. Mais de là à chercher à la comprendre, il y avait une marge. Elle avait disparu si longtemps qu’il en avait presque oublié son existence. Elle ne lui avait évidemment pas manqué une seule seconde mais son retour avait un effet étrange sur lui, comme si le retour de deux Indiens à Ozalee donnait le sentiment que leur communauté était à nouveau au complet, ou presque. Il ignorait pourquoi il avait cette impression, mais c’était les seuls mots qu’il avait pu mettre dessus alors ça ne devait pas être loin de la vérité. Raison pour laquelle il ne disparut pas dans la nature comme il aurait très bien pu le faire, s’il avait envie de conclure prématurément cette conversation. Tallulah aurait probablement pu le pister sans souci mais il doutait qu’elle se serait fatiguée à jouer à ce petit jeu et, sincèrement, aussi étrange que cela puisse paraitre, sa présence n’était pas désagréable. Il attendrait de voir ce qui allait suivre avant de décider de retourner à ses activités ou non. Il pouvait bien lui laisser une chance, le respect qu’il gardait pour elle étant à l’origine de cette patience dont il semblait faire preuve, malgré l’animosité évidente de la jeune femme. Sans vouloir l’admettre, il était quand même piqué par la curiosité de sa dernière déclaration. En quoi la raison de son retour inopiné pouvait-elle le passionner ? Il n’irait pas le demander ouvertement, mais il était prêt à écouter tout de même, derrière son attitude de désintérêt total feint.
Il ne s’était jamais considéré comme un justicier, malgré ce qu’elle venait de dire. C’était son esprit de vengeance qui le poussait à « voler au secours ». Comme on n’osait pas s’attaquer directement à lui, il fallait bien qu’il trouve une autre excuse pour ficher une dérouillée bien méritée aux petits cons du coin. Il n’aimait pas particulièrement se battre, mais il avait le sang chaud dès qu’il était face à l’injustice, que cela le touche directement ou indirectement. Il ne supportait surtout pas que des idiots s’en sortent à bon compte. C’était plus pour leur prouver qu’ils n’étaient pas les rois du monde qu’il s’attaquait à eux. Car la Terre était peuplée de suffisamment de connards pour qu’il laisse ceux à portée de main s’en tirer sans conséquences. Il avait particulièrement en horreur leur sourire triomphant et cela ne lui donnait qu’une envie : leur casser les dents, leur ôter toute envie de sourire. Toutefois, il n’expliqua pas cela à Tallulah, préférant la laisser poursuivre son idée. Il ne répondit pas non plus lorsqu’elle suggéra l’idée de faire équipe. À vrai dire, il trouvait l’idée risible, il n’y voyait qu’un moyen de l’avoir sur le dos à longueur de temps et lui, il aimait sa liberté d’action, le fait qu’on ne le questionne jamais sur l’endroit où il était et sur ce qu’il faisait de ses journées. Il était autonome, il n’avait de compte à rendre à personne. S’allier avec quelqu’un, même une personne aussi vive et intelligente que Tallulah représentait une faiblesse, un boulet qu’il ne voulait pas trainer dans son sillage. Mais ça, évidemment, il n’en dit rien non plus. Ce qu’elle déclara ensuite, par contre, il ne s’y attendait pas et il ouvrit lentement les paupières, fixant le feuillage qui le surplombait, et les branches qui s’entremêlaient. Depuis quand Tallulah Ayasha avait-elle décidé qu’il avait raison ? Elle avait passé sa jeunesse à le contredire sur tous les plans et voilà qu’elle se rangeait de son côté. Il fallait vraiment que quelque chose de grave soit survenu pour qu’elle revienne sur ses positions, le jeune homme en était pratiquement certain. Lentement, il se redressa pour se retrouver à nouveau assis, et il réalisa que Tallulah ne lui portait plus aucune attention. Son regard était perdu dans une contemplation étrange et il la dévisagea, les sourcils froncés, interloqué par les changements qui s’étaient opérés chez sa meilleure ennemie.
Il eut envie de lui poser cette question toute simple qui lui brûlait les lèvres mais il s’en abstint, se contentant de l’observer, d’analyser son comportement sans faire de remarques. Il avait perdu toute trace d’amusement. Il était redevenu le Tobias que tout le monde voyait : ténébreux et d’un sérieux à faire peur. Il n’était pas d’un naturel souriant, mais lorsqu’il était en proie à une intuition telle que celle qu’il ressentait à cet instant précis, il avait la mine grave, dubitative. Il était clair que Tallulah avait vécu quelque chose de tragique. Elle ou l’un des siens. Quoi qu’il en soit, il avait fallu attendre qu’elle soit touchée d’une manière ou d’une autre pour qu’elle comprenne sa façon de pensée et, évidemment, cela n’enchantait pas le garçon. Jamais il n’aurait souhaité qu’il lui arrive quelque chose, même s’il aurait voulu qu’elle ouvre les yeux bien plus tôt. Se levant lentement, il la rejoignit pour se poster à côté d’elle. Elle l’interrogea, supposa qu’il était agacé par la venue des Blancs à leurs célébrations traditionnelles mais la seule réponse qu’il lui donna, ce fut sur un ton grave, en éludant volontairement la question, non pas parce qu’elle l’ennuyait mais parce qu’il la jugeait superficielle, en comparaison à ce qui le taraudait :

« Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé… ? »

C’était pratiquement un souffle et il savait qu’elle ne voudrait certainement pas aborder ce sujet avec lui, raison pour laquelle il lui attrapa le poignet en silence pour la forcer à se tourner vers lui, à croiser son regard sombre et interrogateur. Tout ce qu’ils avaient pu partager de bien ou de mauvais dans le passé n’était plus qu’un détail. Il ne restait que deux jeunes Indiens adultes qui devaient probablement être les seuls à se comprendre à cet instant précis.
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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyJeu 21 Oct - 17:02

« Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » Les yeux de Tallulah se fermèrent instantanément. La question eut le même effet sur elle que l'aurait un électrochoc. Si il y avait quelque chose à quoi elle ne s'était pas attendue, c'était qu'il lui pose cette question. Elle ne considérait pas Tobias comme quelqu'un d'égoïste, ni même comme quelqu'un de généreux, d'ailleurs. Il était simplement quelqu'un qui se moquait des autres, et vivait pour lui. Avaient-ils de vrais amis, des personnes qui comptaient vraiment dans son entourage ? Honnêtement, la jeune femme n'en avait strictement aucune idée. Si il ne s'intéressait pas à la vie que les gens menaient, ce n'était pas pour pouvoir mieux parler de sa vie, et raconter à quel point sa vie était plus intéressante que celle des autres. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, Tobias n'était d'ailleurs pas quelqu'un de particulièrement éloquent de manière générale. Si il avait quelque chose à dire, il ne tournait pas pendant trois heures autour du pot, et était d'une franchise rare – et Tallulah devait avouer à se retrouver à ce niveau. Adolescente, l'indienne était bien plus bavarde que ce dernier, cela ne faisait aucun doute. La jeune femme avait un prénom qui reflétait parfaitement sa personnalité, mais désormais... Tobias et elle se ressemblaient probablement plus qu'ils n'avaient jamais pu l'imaginer. La différence majeure était probablement le fait que la façon qu'avait de penser Tobias était une force, tandis que Tallulah laissait la peur prendre possession d'elle, et de ce qu'elle avait toujours pensé. Objectivement, elle avait conscience que la vision des Blancs qu'elle avait eu pendant toute son adolescence était probablement idéalisée. Mais... celle qu'elle avait à l'heure actuelle était-elle plus juste ? Elle n'en avait absolument aucune idée, mais cette pensée était tellement ancrée dans son esprit désormais, que les doutes qui l'avaient taraudée lorsque le discours de Tobias s'était insinué dans son esprit n'existaient plus. Presque plus, en tout cas. Quelques secondes passèrent, le silence n'étant interrompu que par le rivière. La jeune femme n'avait aucune intention de répondre. C'était quelque chose de quoi elle n'avait pas parlé depuis des années. Cela traversait son esprit de temps à autre, de manière plus régulière depuis qu'elle était retournée à RCF d'ailleurs, mais même avec son père – la seule personne au courant de ce moment tragique -, l'incident n'avait jamais été abordé. Elle s'apprêtait à donner une réponse bateau à Tobias, le genre de réponses auxquelles elle ne croyait absolument pas, et Tobias n'y croyait probablement pas plus. « J'ai grandi » avait-elle toute l'intention de lui dire. C'était idiot. L'on ne grandissait pas sans raison dans la vie. Un événement, tragique ou positif, un enseignement, la découverte d'une nouvelle culture, … une quantité de choses pouvait vous faire changer, mais Tobias ne se contenterait pas de cette réponse. Si Tallulah lui disait que cela ne le regardait pas, elle savait pertinemment qu'il l'accepterait. Mais lorsque l'indien se saisit de son poignet, et la força à se tourner vers lui, la jeune femme hésita à tout lui dire.

Son regard planté dans celui de Tallulah, il ne faisait aucun doute que le jeune homme avait compris – et lisait peut être même dans son regard – ce qu'avait vécu la jeune femme. Pas une seule seconde, elle ne fut tenter de baisser le regard, ou de fuir. Si dire ce qu'elle avait vécu était hors de question, la jeune femme fut... soulagée en quelque sorte que quelqu'un puisse se douter qu'elle avait vécu quelque chose de difficile, et peut être qu'il comprenne qu'elle soit partie. Evidemment, quelque part, c'était admettre qu'elle n'était pas aussi forte que ce que les gens pensaient. Mais elle avait déjà défrayé la chronique en acceptant de se marier à Editon Whitehead – sans parler du fait qu'elle soit revenue au bout de six ans comme si de rien n'était – ou presque. Certains avaient peut être été déçus, d'autres, surement, s'étaient dit qu'elle avait enfin retrouvé la raison. Dans tous les cas, les gens s'étaient étonnés de son attitude, que ce soit dans la réserve, ou non. Les questions, elles n'avaient eu aucun problème à les ignorer. Une réponse bateau suffisait à satisfaire les habitants qui étaient mille fois plus intéressés par le fait de pouvoir s'inventer des scénarios catastrophes – ou niais, selon leur humeur – que par la vérité en elle-même. L'échange de regard entre les deux indiens était d'une intensité rare. Jamais auparavant n'avaient-ils partagé un moment aussi... « intime ». Tallulah déglutit et récupéra son poignet. Elle maintient le regard de Tobias quelques secondes encore, et prit enfin la parole. « On sait tous les deux que je ne te le dirais pas, et pas seulement parce que c'est toi. » Elle marqua une pause, souffla doucement, et reprit. « Mais je pense que tu as compris l'idée. » La jeune femme esquissa un semblant de sourire, et se décala, sans attendre la réaction de Tobias. Peu lui importait. Ce qu'elle lui avait dit était déjà énormément pour elle, et la jeune femme se sentait épuisée d'un coup, comme si cet aveu qui n'en était pas vraiment un avait aspiré toute son énergie. Ce n'est qu'après avoir dépassé Tobias de quelques pas qu'elle se retourna vers ce dernier. « A bientôt, Tobias. » Elle continua son chemin, à la fois plus légère, mais plus inquiète également, et rentra chez elle, après avoir récupéré son arc.

Non, je ne recommencerai pas, même si c'est de la merde. Vilaine, va (a)
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MessageSujet: Re: "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias)   "Just dont let me disappear. i'm gonna tell u everything" (Tobias) EmptyDim 24 Oct - 21:43

Il avait été un peu naïf en s’imaginant que Tallulah s’ouvrirait sous prétexte qu’il faisait preuve d’un peu d’empathie et de perspicacité. Mais il n’y avait nullement besoin de mettre des mots sur ce qu’elle avait vécu pour comprendre que c’était grave. Sans grande surprise, le jeune homme sentit une onde de haine lui traverser le corps et l’esprit. Il n’y avait pas besoin de s’en prendre à quelqu’un de particulièrement proche de lui pour qu’il ressente cette bouffée de rage l’envelopper. Il suffisait qu’il y ait un soupçon d’injustice, une pointe de racisme et un semblant de douleur. Il ne supportait pas les attaques qui persistaient, quels que soient ses efforts. Il leur rendait la monnaie de leur pièce, se contrefichant de ce qui lui retomberait dessus. Au départ, il avait craint que ses agissements n’aggravent les problèmes intercommunautaires, mais il avait bien vu au fil de mois puis des années qu’ils ne se vengeaient pas, ils le faisaient juste pour le plaisir. Ils s’en prenaient aux Indiens scolarisés à Ruby Creek Falls High School, ils s’en prenaient aux adolescentes qui tentaient de se fondre dans l’Amérique d’aujourd’hui, ils s’en prenaient aux plus âgés, aux plus faibles. Jamais ils ne s’en étaient vraiment pris à Tobias, allez savoir pourquoi. Même pas en bande, alors que c’est ce qui aurait pu être attendu d’une bande de petits pourris dans leur genre. Mais non, ils étaient trop lâches que pour s’en prendre à un Indien adulte, conscient de sa propre force. C’était nettement moins drôle que d’effrayer des gamins, de draguer sans vergogne des jeunes filles et de tétaniser des personnes âgées. Tobias n’y pouvait rien. Il suffisait qu’il pense à ces événements, qu’il les imagine même un seul instant pour que ses poings se referment dangereusement, que ses mâchoires se serrent, que son regard se glace. Il avait suffi qu’il la dévisage, qu’il la voie grimacer, alors qu’elle fermait les yeux, comme si elle se maudissait d’avoir été prise sur le fait. Il fut d’ailleurs surpris de voir ce changement d’expression. Si l’idée qu’elle ait pu avoir des ennuis dans le passé pouvait lui traverser l’esprit, il était clair que Tobias n’aurait pas cru un seul instant que cela puisse arriver à quelqu’un comme Tallulah, ou en tout cas, pas au point de la marquer d’une telle façon. La jeune femme autrefois intense avait à présent laissé place à un fantôme et c’est cette constatation qui déstabilisa le plus le jeune Indien. De tous, il était tellement persuadé que Tallulah serait celle qui s’en sortirait le mieux, il l’avait déjà imaginée à la tête d’un mouvement politique pour faire valoir les droits des Indiens et il n’aurait pas douté un seul instant des chances qu’elle avait d’arriver à ses fins. Mais maintenant ? Il n’en était plus certain. Même quelqu’un d’aussi obstiné pouvait être moralement détruit. Il en était franchement ébranlé.
Elle garda le silence un moment et il ne chercha pas à l’en déloger. Il n’avait jamais été du genre à forcer les gens à aller contre leur volonté. Il savait pertinemment qu’il n’insisterait pas si elle l’envoyait sur les roses, et elle devait en être consciente, elle aussi. Malgré tout, malgré leurs divergences d’opinion, ils n’étaient pas si différents que ça. Ils étaient – du moins autrefois, elle l’était aussi – indépendants, pleins d’énergie et de force, volontaires, impénétrables et tenaces. C’étaient d’ailleurs ces similitudes qui devaient avoir tant agacé Tobias dans le passé. Être si semblable à sa rivale était quelque chose dont il se serait bien passé à l’époque, maintenant qu’ils avaient grandis, c’était une autre histoire. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il l’appréciait, à ce moment précis, mais il devait bien avouer que la maturité ayant fait son travail, elle ne lui semblait plus aussi irritante qu’autrefois – et ce, probablement parce qu’elle n’était plus exactement la même –, elle lui semblait plus sage, plus calme, plus réservée et sur ce dernier point, il n’était pas certain d’être ravi. Quelque chose en elle avait disparu et il avait beau la regarder droit dans les yeux, elle avait toujours cette force en elle, bien que moins farouche, moins… lumineuse. Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils en réalisant qu’elle ne cherchait même pas à cacher ce qu’elle ressentait, là où la Tallulah d’antan aurait tout fait pour dissimuler sa contrariété, son trouble ou sa faiblesse. Elle ne cherchait pas à se cacher, elle le laissait pénétrer, sachant que ce qu’il trouverait comme réponse muette ne lui plairait pas. Était-ce l’effet recherché ? Voulait-elle d’une revanche comme il en avait offerte à tous les autres avant elle ? Il n’en était pas certain. Elle avait beau être différente, il était pratiquement sûr qu’elle n’en viendrait pas à cela, quelle que soit la gravité de ce qu’elle avait vécu. Pas par fierté mais parce qu’elle était comme ça, comme lui.
Finalement, elle défit son poignet de l’étreinte des doigts de Tobias, tout en maintenant son regard avant de répondre qu’elle ne le dirait pas. Et pas seulement parce que c’était lui. Acquiesçant imperceptiblement, comme pour approuver sa remarque, il resta silencieux. Il ne voyait plus trop quoi ajouter. Si elle ne lui parlait pas, il pouvait toujours agir selon sa conscience, mais il réfléchirait à deux fois. Il ne voulait pas se précipiter dans une situation qu’il regretterait par la suite. Elle n’était pas venue pour se confier à lui, alors il ne l’y contraindrait pas. « À bientôt, Tobias ». Elle s’éloigna de lui et il resta planté là, essayant de comprendre ce qu’il venait de se passer. Il observa sa démarche alors qu’elle s’éloignait et quand elle disparut finalement entre les arbres, il reporta son attention vers l’eau qui ruisselait inlassablement, les sourcils toujours froncés, la mine soucieuse et grave, comme à son habitude.

THE END
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