DANS-JEU ; L'imagination gouverne le monde (Napoléon)

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NOM : WELLINGTON PRENOMS : Tess DATE (Âge) & LIEU DE NAISSANCE (Etat) : 28 Juillet 1987, Charleston, South Carolina TAILLE & POIDS : 1.70, N/A EMPLOI/ETUDES : En congé sabbatique GROUPE : The Citizens

Il y avait des vies extraordinaires, des vies incroyables, des vies bouleversantes et des vies merveilleuses. Des vies meurtries, des vies intrépides, des vies imprévisibles et des vies qui brûlaient par les deux bouts.

Tess se serait contentée de n'importe laquelle de ces vies. Elle se serait contentée de n'importe quoi, sauf de sa vie tranquille et monotone.

Bien malgré elle, elle était l'exemple même de l'Americaine moyenne: brune, 1m70, 60 kilos, des cheveux brillants, des dents éclatantes, un père, une mère, une soeur et deux labradors, une maison dans un quartier résidentiel agréable, bordée d'une jolie clôture blanche. Elle avait vécu son enfance sans incident notable, bon ou mauvais,elle était plutôt douée à l'école, n'excellant en rien mais atteignant des moyennes tout à fait honorables dans à peu pres toutes les matières, elle était bonne en sport, jouait du piano et un peu de guitare, et avait obtenu tous ses diplômes avec mention, lui permettant d'obtenir une place dans une université moyenne, dont elle était sortie avec une licence en histoire ancienne, matière qui l'interessait à défaut de la passioner.

Elle se contentait plutôt bien de son lot jusque là, traversant sa vie sans heurts ni embuches, jusqu'au jour où, le jour de sa cérémonie de remise des diplômes, son petit ami de longue date, Warren, lui avait brusquement annoncé qu'il la quittait, amoureux d'une autre. La séparation lui avait fait l'effet d'un electrochoc, surtout quand elle avait apprit que l'autre en question n'était autre que sa meilleure amie de l'époque. Tess n'était ni naïve, ni stupide, mais elle sa vie était tellement reglée autour de ses petites habitudes depuis toujours qu'elle aveuglait parfois son jugement. Warren et elle étaient en couple depuis leur sortie du lycée, ils avaient choisi la même université pour y suivre leurs études supérieures, et s'étaient installés comme un vrai petit couple. Tout le monde autour d'eux s'accordait à dire qu'ils finiraient par se marier, et les pronostics sur la date où Warren se déciderait enfin à la demander en mariage était une blague récurrente parmis leur cercle d'amis. Tess prétendait toujours n'en avoir que faire, les réprimandants gentillement en constatant que leur insistance potache mettait Warren mal à l'aise, mais au fond, elle caressait elle même l'idée de se voir fiançée une fois son diplôme en poche. Elle s'imaginait déjà vieillir avec Warren, porter et mettre au mone ses enfants (2, un garçon, puis une fille), se trouver une belle maison, partir en vacances, et peut être même prendre un chien. Autant dire qu'elle tomba de haut quand, lorsque Warren la prit à part le jour de sa cérémonie pour lui annoncer non pas qu'il voulait passer le restant de ses jours à ses côtés, mais qu'il cherchait depuis des mois à lui dire qu'il ne l'aimait plus et qu'il la quittait pour une fille plus spontanée et moins routinière.

L'un dans l'autre, il lui avait peut être fait une faveur en rompant avec elle de cette façon si disgracieuse. S'il ne l'avait pas jetée comme une vieille chaussette, elle ne serait peut etre jamais rendu compte de la tournure que prenait sa vie et de tout ce à coté de quoi elle passait. Elle n'aurait jamais eu le cran de rêver plus haut que le comfort de son petit train-train, et elle n'aurait sans nul doute jamais rempli au hasard un sac qu'elle avait jeté dans le coffre de sa vieille Mustang, et elle ne serait jamais partie, sur un coup de tête, le premier de sa vie, au petit bonheur la chance sur les routes d'Amérique. Au début, l'ampleur des conséquences de sa décision l'avait terrifiée, et elle avait préféré avaler les kilomètres pour s'éloigner autant que possible de sa Caroline du Sud natale, par peur de commencer à réfléchir et à prendre peur. Elle avait roulé, roulé, sans but précis ni destination en tête. Elle qui n'avait jamais dépassé les frontières de l'état, elle était allé partout où le coeur lui en disait: elle avait foncé à San Franscisco, était descendue bronzer en Californie, avait passé un hiver dans les cîmes enneigées du Montana, avant de repartir au printemps vers la Louisiane, admirer les grandes plantations dont elle avait tant entendu parler. Elle était remontée par la Nouvelle-Orléans vers la côte Est, avait passé un moment à Boston et New-York avant de réaliser que le tumulte des grandes villes n'était pas fait pour elle, alors elle était à nouveau reparti vers l'Ouest à travers les terres, s'arrêtant ça et là, faisant des haltes où bon lui semblait.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée ici, presque un an apres son départ de chez elle. S'asseyant sur le capot brûlant de sa vieille Mustang fumante, garée à la hâte sur le côté de la route, Tess chaussa ses lunettes de soleil, éblouie par la luminosité de ce chaud après midi de début d'été. Jouant avec ses clefs d'un air désinvolte, elle se pencha en arriere, appréciant la caresse du soleil sur son visage. En y réfléchissant, une année à errer seule sur les routes poussiereuses des Etats-Unis l'avait transformée. Elle avait laissé derrière elle une jeune fille timorée, sans grandes ambitions, qui avait pour ainsi dire presque peur de son ombre et qui contrait sa terreur du futur par un irépréssible besoin de controler chaque aspect de sa vie. Un an sur la route avait fait d'elle une jeune femme indépendante, libérée, et paradoxalement, beaucoup plus sereine quand à son avenir depuis qu'elle avait cessé de s'en préoccuper. Elle vivait la vie au jour le jour, et avait appris à relativiser quand une embuche se présentait sur son chemin. Elle jeta rapidement un coup d'oeil à sa montre: la dépanneuse ne devrait plus tarder. La Mustang, qui donnait des signes de faiblesse depuis qu'elle avait quitté le Kansas, avait finalement choisi l'Idaho pour lui faire le coup de la panne.

Jetant un coup d'oeil autour d'elle, Tess remarqua un vieux panneau poussièreux de l'autre côté de la route, indiquant "Boise, 90 miles" et "Ruby Creek Falls, 2 miles" . Se redressant et sautant à terre en dépoussierant son short en jean, Tess sourit en se disant qu'encore une fois le destin avait bien fait les choses.

Après tout, elle n'avait encore jamais testé l'Idaho.

HORS-JEU ; Show us your true colors

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