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 (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »

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Effie Whitehead

a grown up woman should never fall so easily

Effie Whitehead

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MessageSujet: (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »   (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » EmptyMar 24 Aoû - 11:38

(Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » 9d3b742b2356da5d36060241c51e167120100518152454 (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » 664e1b1b23b5cd0585164389eb1e5b5b20100824094715
Effie sortit du petit restaurant chinois en saluant les propriétaires, des gens charmants dont l’accent intriguait toujours autant Malcolm. Pourtant, cela faisait un moment qu’ils venaient régulièrement manger chez ce couple d’immigrés mais le garçonnet de sept ans semblait toujours s’émerveiller des mêmes choses et la jeune maman trouvait cela très rafraichissant. Là où la plupart de ses élèves étaient déjà blasés par la vie à cause de tous les programmes télés qu’ils regardaient chez eux, Malcolm gardait cette candeur qui lui était propre. Il ne s’intéressait pour ainsi dire pas à la télévision et Effie était loin de le pousser à s’installer dans le canapé. Le duo préférait passer ses journées d’été sur la terrasse, installé dans la balancelle à manger des marshmallows et en hiver, ils migraient vers le salon où le feu crépitait joyeusement. La seule chose qui attristait quelque peu la jeune femme était la méchanceté dont certains pouvaient faire preuve à l’égard de Malcolm, se fichant de sa tête et le ridiculisant à la première occasion. Heureusement, ce dernier ne semblait pas s’en formaliser, préférant continuer à vaquer à ses occupations plutôt qu’à répondre aux sarcasmes. Alors Effie laissait couler. Elle s’était déjà suffisamment battue pour obtenir la vie confortable qu’ils menaient. Elle avait pu étudier grâce à l’aide financière de son frère ainé et elle habitait maintenant dans une petite maison agréable à vivre, en plein cœur de Ruby Creek Falls. Ils y avaient à présent leurs petits habitudes, leurs coins préférés – le glacier, le pâtissier – et leurs petits rituels hebdomadaires. Malcolm avait beau ne pas être très bavard ni très sociable avec ses semblables, il était d’une toute autre nature lorsqu’il était avec sa mère ou les gens qu’elle côtoyait. Le couple chinois faisait partie des personnes avec lesquelles il se montrait plus expansif. Ce n’était pas vraiment par timidité qu’il semblait tant à l’écart des autres mais bien parce qu’il vivait dans un univers parallèle, un univers peuplé de créatures étranges à ce qu’avait pu deviner Effie. Elle écoutait souvent les murmures de son fils lorsqu’il jouait dans le jardin et se demandait souvent à quoi ressemblait son imaginaire.
Ce jour-là, lorsqu’elle lui avait annoncé leur destination, il avait immédiatement abandonné ses amis invisibles et s’était précipité à l’intérieur pour aller chercher quelque chose dans sa chambre. Effie ne savait pas exactement quoi mais elle avait sa petite idée quand même. Ils avaient pris la voiture et avait fait une halte au restaurant pour commander leurs plats préférés et c’est les bras chargés qu’Effie était ressortie, Malcolm la précédant. Il grimpa dans leur véhicule – une jeep qui datait de mathusalem pour Malcolm mais qui semblait tout à fait convenable aux yeux maternels. Effie se glissa au volant après avoir précautionneusement installé les sacs à l’arrière et se mit en route. À sa droite, Malcolm semblait surexcité, son poing fermé abritant le mystérieux objet qui devait certainement être la raison de cette survolte d’énergie. Elle connaissait parfaitement Malcolm et lorsqu’il agissait ainsi, c’est qu’il comptait surprendre quelqu’un. Maintenant, restait à savoir s’il s’agissait de Leonard ou de son frère, Aled. Car c’était bien chez les Willoughby que les Whitehead se rendaient. Pour connaitre l’origine de leur amitié, il fallait remonter quelques années, lorsque, encore étudiante et toute jeune maman, Effie s’était retrouvée à donner des cours au cadet des deux frères, handicapé des suites d’un accident de la route. Elle connaissait Leonard depuis quelques années déjà mais ne le côtoyait pas. Elle ne savait de lui que ce que Tallulah voulait bien lui dire et ce n’était généralement pas grand-chose, ce qui avait laissé à Effie tout le soin d’imaginer ce qui se tramait entre son amie Indienne et le jeune fermier. Aujourd’hui, elle n’en savait pas vraiment davantage, elle savait juste qu’entre ces deux-là, l’histoire était compliquée et profonde. Pendant un temps, elle avait envié leur amour indomptable parce qu’elle-même n’avait pas une miette de consolation d’avoir perdu le père de son enfant, parti rejoindre sa vie normale bien avant qu’elle n’apprenne qu’elle était enceinte. Suite aux cours particuliers, elle avait appris à connaitre Leonard et avait mieux compris pourquoi Tallulah y était tant attachée, il s’agissait d’un jeune homme d’une gentillesse inouïe et sa présence était rassurante. Leurs vies respectives n’étant pas des plus joyeuses, ils s’étaient peu à peu rapprochés pour devenir de véritables amis. Si Effie avait mal au cœur et ressentait le besoin de parler, elle savait qu’elle pouvait se tourner vers le jeune homme et la réciproque était valable. Pourtant, ce jour-là, Effie ne se rendait pas chez les Willoughby pour donner des cours ou parce qu’elle avait besoin de se confier mais tout simplement parce qu’un rituel s’était en quelques sortes installé au cours des années et il n’était pas rare qu’Effie prenne son fils à l’école et aille rendre une visite inopinée à son ami. C’était exactement ce qu’ils faisaient ce jour-là et à l’entente du prénom de Leonard, Malcolm n’avait pas cherché à dissimuler son engouement.
Il leur fallut un petit quart d’heure pour rejoindre Cedar Creek et Effie eut à peine le temps de stopper le véhicule que Malcolm sautait déjà agilement en bas de la jeep, le poing renfermant toujours la mystérieuse surprise. Il contourna la voiture et remonta le chemin pour rejoindre le porche pendant qu’Effie se glissait en bas de la jeep pour récupérer les plats. Elle mit quelques instants à trouver comment embarquer tout en un voyage et lorsqu’elle fut certaine que la moitié ne risquait pas de s’échapper à mi-chemin, elle se redressa. Elle eut tout juste le temps de voir Malcolm disparaitre à l’intérieur, saluant distraitement Leonard. Visiblement, le cadeau était pour le cadet des Willoughby et un sourire désolé naquit sur les lèvres d’Effie lorsqu’elle se dirigea vers le propriétaire des lieux :

« Je ne sais pas ce qu’il a à offrir à Aled mais ça lui tient à cœur, visiblement » dit-elle sur un ton malicieux en se dirigeant vers l’entrée de la ferme. « J’ai apporté le diner, comme tu peux le voir, j’espère que vous avez faim ! »

Elle accepta l’aide de Leonard lorsque celui-ci prit une partie du chargement et presque automatiquement, elle glissa sa main libre sur la joue du jeune homme, la malice ayant disparu pour laisser place à une inquiétude non feinte. Tout comme Malcolm, elle avait toujours été très spontanée et naturelle et il n’était pas rare qu’elle caresse le visage de Leonard sans pour autant que cela signifie plus que leur amitié. Elle avait toujours eu cette tendance, comme s’il fallait qu’elle touche la peau de son interlocuteur pour qu’elle obtienne sa pleine attention. Ce n’était évidemment pas nécessaire mais elle ne cherchait même plus à se réfréner, ses gestes n’étaient généralement jamais mal interprétés, de toute manière, Leonard savait qu’il ne fallait pas voir en ce geste de douceur une quelconque tentative de séduction. L’art de la séduction, Effie ne semblait jamais l’avoir eu, encore moins depuis la naissance de Malcolm.

« Tu as mauvaise mine » commenta-t-elle avant de se glisser à l’intérieur pour se diriger vers la table de la salle à manger où elle se déchargea.

Elle n’insista pas au sujet de l’air que Leonard arborait. S’il voulait parler, il le ferait bien de lui-même, en attendant, elle s’était mise à déballer les différents plats chinois. Il faudrait peut-être en réchauffer certains mais dans l’ensemble, la nourriture encore assez chaude.
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Leonard Willoughby

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Leonard Willoughby

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MessageSujet: Re: (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »   (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » EmptySam 4 Sep - 21:49

Cela faisait une semaine que Leonard avait sombré dans une semi léthargie qui ne lui ressemblait en rien. Depuis ses retrouvailles avec Tallulah et la nuit qui avait suivit, il avait du faire face à un ascenseur émotif tel qu’il n’en avait plus connu depuis longtemps. Il se souvenait avec peine du déroulement exact de leur conversation, mais le peu de souvenir qu’il lui restait étaient bien trop présent à son goût, brulant dans son esprit à chaque seconde de chaque minute de chaque jour écoulé depuis le départ de la jeune fille. Jamais il ne s’était senti aussi trahi, aussi déçu, et aussi dégouté que quand elle lui avait avoué qu’elle n’était revenue que pour se marier avec un autre, après avoir passé la nuit avec lui. Il s’était senti trahi, plus que tout, quand elle lui avait avoué être venue dans le seul but de lui annoncer ses fiançailles, et avoir pourtant passé la nuit dans ses bras, egoistement, en sachant qu’elle le quitterait au matin pendant que lui s’imaginait passer le reste de ses nuits et de ses jours avec elle. Il n’était pas le genre d’homme à se mettre en colère, et la violence avec laquelle il avait répondu à Tallulah l’avait autant effrayé qu’elle. Il ne s’était jamais mis dans des états pareil pour personne, et il n’aurait jamais pensé qu’un jour il puisse s’adresser à elle avec autant de haine.

Les premiers jours, la haine avait cédé le pas à la colère, puis le temps aidant, la colère s’était transformé en regret, le regret en culpabilité, et la culpabilité en dégout, et voilà où il en était, ce soir là, quand il reconnu la voiture d’Effie se garer dans l’allée gravillonnée.
Il sursauta en entendant un moteur s’arrêter à l’entrée de la ferme : personne n’était venu depuis la visite de Tallulah, et il redoutait plus que tout une nouvelle confrontation avec elle. Il n’avait envie de voir personne, et avait réduit au maximum ses sorties en public depuis 7 jours pour ne pas risquer de la croiser en ville. Dans l’état où il était, il lui était impossible de prédire quelle serait sa réaction s’il la croisait, ou pire, s’il la croisait avec lui.

Il reconnu vite le bruit du véhicule d’Effie, bien différent de celui de la jeune Indienne, et le bruit d’une porte claquée à la hâte et de pieds courant sur les gravillons jusqu'à la porte d’entrée ne pouvaient signifier qu’une chose : elle avait amené Malcolm avec elle. Leonard fut agréablement surpris de la présence du petit garçon : il amenait avec lui un vent de fraicheur et d’innocence rafraichissant qui l’aiderait surement à balayer ses idées noires. Comme prévu, Malcolm déboula dans l’entrée, lui adressant à la hâte un petit hochement de tête avant de courir jusqu’au salon où se trouvait Aled. Le petit garçon ne semblait n’avoir que faire de la différence d’âge qui les séparait, et Leonard était toujours aussi touché de voir à quel point il idolâtrait son jeune frère. Dieu seul savait que peu de personnes prenaient encore le temps de parler ou de passer voir Aled depuis son accident : avec les années, les visites de ses amis d’avant, à l’époque où il marchait encore et était un adolescent comme les autres s’étaient raréfiées, jusqu’à finir par disparaitre complètement. Aujourd’hui plus personne ne venait jusqu'à Cedar Creek lui rendre visite, et ses seules connaissances étaient ses compagnons de rééducation qu’il croisait régulièrement lors de ses séances à l’hôpital, donc certains avaient l’âge d’etre son père où son grand-père. Aled manquait cruellement d’amis de son âge où même de personne qui lui prêtaient de l’attention pour les bonnes raisons, et non pas simplement par pitié parce qu’il étaient coincé dans ce fauteuil.

Il savait qu’Aled appréciait la présence de Malcolm, et il paraissait évident que Malcolm adorait passer du temps avec Aled. A eux deux ils partageaient leurs petits secrets, et Aled semblait être le seul en qui Malcolm se confiait en dehors de sa mère. Leonard sortit sur le porche à la rencontre d’Effie, qui arrivait les bras chargés de paquets d’où s’échappait un délicieux fumet de plats chinois. Il ne put s’empêcher de sourire devant l’attention toute simple de la jeune fille, qui n’aurait pas pu mieux tomber : parfois, sans le deviner, il aurait pu jurer qu’Effie possédait un sixième sens qui lui permettait de sentir quand il avait besoin de sa présence. La déchargeant d’une partie des sacs, il s’avança vers l’intérieur, lui ouvrant la porte pour la laisser entrer. Son histoire avec Effie était partie, comme bien souvent lors des plus belles rencontres, d’une coïncidence. Lorsque Aled avait 16 ans, son traitement de rééducation et les soins qu’il fallait lui apporter au quotidien étaient encore beaucoup trop lourds pour permettre de le scolariser normalement, Leonard avait donc du se rabattre sur un système de cours à domicile pour lui permettre de suivre son cursus scolaire aussi normalement que possible, sans pour autant interférer avec ses traitements médicaux. Il avait eu un mal de chien à trouver quelqu’un disponible selon ses propres horaires de travail, souvent changeants, et surtout disposé à faire la route plusieurs fois par semaine jusqu'à Cedar Creek, qui était plutôt isolée de la ville. Puis un jour il était tombé sur Effie. Jusque là, il la connaissait sans trop la connaitre : il savait qu’elle était originaire de Ruby Creek Falls, et qu’elle était amie avec Tallulah. Pour autant, il ne se fréquentait pas : Tallulah avait cette manière bien à elle se compartimenter sa vie, gardant Leonard d’un côté, et le reste de ses amis et connaissances d’un autre, pensa-t-il avec amertume. Quoiqu’il en soit, il avait rencontré Effie, qui venait alors tout juste d’avoir Malcolm, et qui finissait ses études pour devenir professeur. Elle était disponible et d’accord pour venir donner des cours à Aled, et Leonard ne voyait absolument aucun problème à ce qu’elle amène Malcolm a la ferme avec elle, ainsi chacun y trouvait son compte. Au fil des mois, ils avaient appris à mieux se connaitre : ils avaient vite découvert que leurs vies respectives avaient été aussi mouvementées l’un que l’autre, bien que pour des raisons différentes, et leur histoire les avaient rapprochés. Il avait Aled, elle avait Malcolm, ils aimaient passer du temps ensemble : il avait une confiance aveugle en la jeune femme à qui il confiait sans problème ses peines comme ses joies, et il savait qu’il en allait de même pour elle. Leur quotidien n’était pas toujours simple à gérer, et ils savaient tous deux que quand le poids de leurs responsabilités devenait trop lourd à gérer seul, il suffisait d’un coup de fil pour qu’ils trouvent une oreille attentive et une épaule sur laquelle pleurer. Elle avait toujours été là pour elle, pendant l’absence de Tallulah, et elle était en quelque sorte tout ce que la jeune Indienne n’était pas : une présence constante, fiable et rassurante.


Effie s’avança jusqu'à la table du salon pour y déposer son chargement, et Leonard fut plus heureux que jamais qu’elle ai justement choisi ce soir là pour honorer leur tradition et venir diner avec lui.

Après s’être assuré d’un coup d’œil que Malcolm était bien en sureté avec Aled, elle reporta son regard vers Leonard, qui fixait d’un œil morne les boites en carton du traiteur. Quand il sentit son regard posé sur lui, il tourna la tête vers elle et fut interpellé par l’inquiétude qui se peignait sur ses traits. Dans une tentative désespérée de faire bonne figure, il lui adressa un sourire. La jeune fille, qui le connaissait trop bien pour se laisser berner, ne fut pas dupe. Elle laissa glisser sa main sur la joue du jeune homme en un geste à la fois si tendre et si sincère qu’il faillit suffire à lui faire monter les larmes aux yeux.


« Tu as mauvaise mine. »


Lui dit-elle simplement avant de se mettre à ouvrir les cartons de nourriture. Elle n’insista pas. Elle n’insistait jamais. Effie était de cette rare catégorie de personnes qui savaient exactement doser leur implication dans la vie des autres : elle savait reconnaitre quand quelque chose n’allait pas, elle ne manquait jamais de faire savoir qu’elle était là si toutefois il voulait en parler, mais jamais elle ne le forçait si toutefois il préférait garder pour lui la source de ses tourments. Il sentit une énorme bouffée de tendresse et de gratitude envers la jeune fille monter en lui. Elle était exactement l’amie dont il avait besoin en ce moment même, et il se demandait pourquoi il n’avait pas pensé à l’appeler plus tôt.

Leonard laissa échapper un lourd soupir. Ses problèmes, son angoisse et la colère de la semaine passée n’avaient pas disparues, mais il sentait déjà, au contact de la jeune fille, qu’elles commençaient déjà à se dissiper. Les idées noires qui le minaient ne faisaient pas le poids face à la présence rassurante d’Effie. Déjà, il se sentait mieux, apaisé.

Faisant un pas en avant vers son amie, il la prit dans ses bras sans prévenir, la serrant fort contre lui. Il sentit ses bras se refermer dans son dos, et il laissa aller sa tête contre son épaule, lui murmurant à l’oreille :

« Je suis heureux que tu sois là. »
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Effie Whitehead

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MessageSujet: Re: (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »   (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » EmptyDim 19 Sep - 21:09

La situation actuelle aurait très bien pu les éloigner et pourtant, à aucun moment elle n’avait eu le sentiment que Leonard changeait vis-à-vis d’elle. Rien ne l’empêchait de le faire prochainement mais connaissant le tempérament de Leonard, elle doutait qu’il ne se détourne d’elle. Il avait été l’une des personnes sur qui elle avait pu compter quand ça allait le moins bien. Avec Editon, ils représentaient les seules figures masculines qui sauvent un peu toutes celles qui lui avaient fait défaut, à commencer par son père, qui l’avait reniée lorsqu’elle était dans un état fragile et incertain. Il n’avait pas été là pour la soutenir, pour lui montrer la voie à emprunter et elle avait été profondément blessée, il avait fait couler l’amertume dans les veines d’Effie et si ce n’était pour Leo et Editon, elle se serait probablement retournée contre tous les hommes de la terre. Heureusement qu’ils sauvaient l’image. Qu’aurait-elle fait sans eux, sans leur présence rassurante ? A présent, tout était différent, tellement plus complexe. La situation semblait inextricable et elle plaignait les protagonistes de ce triangle douloureux auquel elle assistait. L’une de ses amies d’enfance, follement amoureuse de l’un de ses amis, forcée d’épouser son frère, alors que ces deux-là ne s’aimaient pas vraiment. Le tort dans l’histoire ? Que le jeune Willoughby soit un « Blanc » probablement. S’il avait été Indien, peut-être que Tallulah aurait pu épouser l’homme qu’elle aimait et non pas celui qu’on lui prédestinait. Quant à Editon, c’était la même chose, elle avait beau ne rien savoir de la petite amie qu’il avait laissée derrière lui, il paraissait évident qu’il l’aimait profondément aussi, quoi qu’elle ait fait. Effie avait la chance de ne pas être véritablement mêlée à tout cela, à part qu’elle connaissait bien les trois jeunes gens qui souffraient chacun de leur côté et ensemble à la fois. Si elle avait pu, si elle en avait trouvé la force, elle aurait peut-être essayé de raisonner son père. Autrefois, elle y serait peut-être parvenue, à l’époque où il la couvrait d’amour. Mais tout s’était écroulé, évanoui, comme si rien de tout cela n’avait existé, le jour où elle avait annoncé – ou plutôt, été forcée d’annoncer – à sa famille qu’elle attendait un enfant. C’était déjà la disgrâce, mais le fait que le futur père ait disparu dans la nature n’avait pas arrangé les choses. Alors elle se retrouvait à ce stade : à devoir jouer les spectatrices, à essayer de procurer un peu de réconfort tout en sachant que tout cela restait hors de sa portée. Ce soir, c’est elle qui avait besoin de la présence d’un adulte. En attendant que l’école rouvre ses portes, elle avait passé un été plutôt ennuyeux et passer ses journées avec Malcolm pouvait s’avérer parfois pénible, peu importe l’amour inconditionnel qu’elle portait à son fils unique.
Elle avait besoin de Leo, elle savait qu’elle pourrait rester près de lui sans que cela ne devienne autre chose. De toute façon, c’était comme si son corps s’était mis en pause. Depuis la naissance de Malcolm, elle n’avait plus connu personne, elle s’était refermée comme une huître, ne laissant que son frère et le jeune fermier pénétrer sa bulle. Quant à ses collègues à Ruby Creek Falls High School, ils étaient tous – ou presque – quadragénaires ou quinquagénaires et mariés. Au moins, elle n’avait pas droit à des regards pleins de sous-entendus, ni à des avances. Seuls certains élèves de dernière année, un peu plus téméraires, se laissaient parfois aller à la draguer mais elle n’y voyait qu’un moyen innocent de se faire remarquer. De toute manière, si l’un d’eux se montrait trop entreprenant, elle n’aurait aucun mal à le remettre à sa place, qu’on la traite de frigide ou autre lui importait peu. Parfois elle se demandait d’ailleurs si elle ne l’était pas, tant son manque de désir pour les hommes qui l’entouraient était profond. Le seul à l’avoir rendue vivante était Tyler. Lui avait-il donc tout pris en s’en allant ? En disparaissant de sa vie comme il était venu ? Il avait laissé un vide dans son sillage, il n’en avait probablement pas conscience mais son passage avait fait des dégâts, pas seulement au sein des Whitehead mais bien dans la façon qu’avait Effie de percevoir son environnement. Elle s’était en quelques sortes isolée, réduisant ses amitiés au minimum, gardant sa confiance pour un nombre restreint de personnes. Des gens qui, comme elle, avaient été blessé par la vie, de manière profonde et irrémédiable.
Tant qu’elle serait chez Leonard, Malcolm serait obnubilé par Aled. Il ne semblait pas voir le handicap du jeune homme. Tout ce qu’il voyait, c’était une idole, du moins, c’est ce qu’avait conclu Effie en voyant son fils grandir au contact du frère de Leo. Au départ, elle avait chaque fois ramené son fils à l’ordre, de peur qu’il froisse Aled avec ses questions intempestives et ses remarques innocentes. Mais finalement, Aled lui avait fait comprendre que cela ne le blessait pas et s’il en coûtait parfois à Effie de ne pas demander à Malcolm d’arrêter, elle tâchait de faire comme si de rien n’était, se focalisant sur son ami. Avec le temps, la curiosité de Malcolm s’était dissipée et il avait créé un lien particulier avec Aled. C’était peut-être triste à dire, mais le jeune homme était probablement le seul véritablement ami – et la seule personne qui parvienne à canaliser le jeune Whitehead – du petit garçon. À l’école, son étrangeté entrait régulièrement en conflit avec les autres et Effie se retrouvait souvent avec une situation difficile sur les bras, à devoir expliquer à des parents que son rejeton était atteint d’une forme d’autisme. Certes, elle était légère, il aurait pu écoper d’une incapacité totale à se sociabiliser mais ce n’était pas le cas. Il ne comprenait pas toujours ses camarades et agissait bizarrement à leurs yeux mais dans l’ensemble, Malcolm était un garçon adorable et elle remerciait le ciel qu’Aled fasse preuve d’une patience d’ange avec celui-ci.
Malcolm avait confectionné un bracelet indien pour Aled – c’était ce qu’il dissimulait dans son poing depuis qu’ils avaient quitté leur maison. Effie adorait faire partager ses racines avec le petit garçon qui n’avait jamais vu la réserve. Elle aurait volontiers emmené son fils y faire une balade mais la simple idée qu’elle puisse croiser son père et surtout, de ce qu’il pourrait en découler, la dissuadait rapidement. Un jour, peut-être qu’elle se réconcilierait avec les siens mais ce n’était sûrement pas demain la veille, surtout avec les tensions qui régnaient entre sa famille et son frère. Parfois elle se demandait si elle assisterait au mariage de Tallulah et Editon et si c’était le cas, comment elle devrait se comporter. Elle ne pouvait pas être ravie pour eux mais afficher une mine d’enterrement n’était pas la solution idéale non plus. Que de tracas pour des traditions ancestrales qui n’avaient visiblement plus lieu d’être ?!
Alors elle avait vécu seule, oui, mais elle avait créé ses propres valeurs et avait élevé son fils avec celles-ci, que son père l’approuve ou non n’avait plus grande importance. Il l’avait déçue de par sa réaction et sa rancœur. Elle avait d’abord pensé qu’il finirait par lui pardonner, par venir la rechercher, lui dire de revenir à la réserve. Mais non. Les mois avaient passé. Puis les années et elle avait bien dû se faire à l’idée. Son père n’avait aucune sensibilité, même en sachant qu’il avait un petit fils auquel il aurait pu tant apprendre. Tant pis pour lui, se disait souvent la jeune femme. C’était lui qui ratait un garçonnet extraordinaire et c’était Aled qui récoltait toute l’admiration innocente du petit garçon.
Lorsqu’elle ouvrit les petits cartons, un doux parfum se dégagea de ceux-ci et Effie sentit son ventre se tortiller à l’idée d’un futur repas. Elle avait entrepris d’ouvrir un à un les plats afin que chacun pioche ce qu’il voulait une fois qu’ils passeraient à table et ne réalisa donc pas immédiatement que Leonard s’était rapproché, l’enlaçant sans prévenir, ce qui surpris Effie mais loin d’elle l’idée de se dérober à cette étreinte inattendue. L’effet de surprise passé, elle se détendit et respira le parfum masculin de Leonard, fermant les yeux un instant, apaisée par ce contact familier et dépourvu d’arrière-pensées. Elle répondit à son étreinte et se laissa aller doucement contre lui. N’importe qui d’étranger y aurait vu une étreinte de couple mais Aled et Malcolm ne se méprendraient pas. Un sourire se dessina sur les lèvres lorsqu’elle l’entendit lui souffler qu’il était heureux qu’elle soit là et elle resserra encore un peu son étreinte. Parfois elle se sentait coupable de bénéficier de ces petits bonheurs qui lui étaient simplement donnés, elle s’en voulait en se disant que Tallulah aurait voulu être à sa place et peut-être même qu’il imaginait parfois la jeune Indienne en serrant Effie dans ses bras mais elle ne cherchait pas à analyser ces moments de tendresse. Elle les chérissait bien trop pour les noircir d’interprétations inutiles.
Après un instant, elle se défit de ses bras, un peu à contrecœur, et releva les yeux pour le dévisager et demander :

« Est-ce qu’une bouteille d’alcool serait la bienvenue ? »

Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire : avaient-ils besoin d’ouvrir une bouteille de vin pour s’épancher longuement, jusque tard dans la nuit ? Malcolm s’endormirait tôt ou tard dans un coin de la maison, il n’y avait pas de crainte à avoir à ce sujet-là. Quant à Aled, il devait certainement être au courant de tout, spectateur impuissant du chagrin, de la douleur et du malheur de son ainé. L’alcool avait cet avantage-là : il apaisait tous les maux, même si ce n’était que le temps de quelques heures.
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Leonard Willoughby

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MessageSujet: Re: (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »   (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » EmptyMar 5 Oct - 1:01

Est-ce qu’une bouteille d’alcool serait la bienvenue ? »

La question d’Effie le fit sourire, car tous deux savaient très bien l’état dans lequel une seule goutte d’alcool les mettrait, encore plus au vu de la situation. Leonard ne buvait pas : pas par principe ou par dégoût, surtout par manque d’occasion et de personnes avec qui partager un verre. Il fallait bien dire qu’à part travailler, s’occuper de son frère et de l’entretien de la ferme, rares étaient encore les occasions qu’ils lui restaient de sortir s’amuser et socialiser. Il avait tout une troupe d’amis et de connaissances, à l’époque du lycée, pas des personnes dont il était forcément proche, mais juste celles qui l’avaient suivi pendant sa scolarité, de la maternelle à la sortie du lycée. Ruby Creek Falls était une petite ville, et quand on y était né, on connaissait tout le monde, et tout le monde nous connaissait. Bien qu’ayant toujours été relativement timide et calme, la gentillesse de Leonard lui avait toujours assuré une place de choix dans le petit groupuscule de jeunes, et il avait quelques bons souvenirs d’escapades et de premières fois plus ou moins glorieuses avec sa bande de copains. Malheureusement, l’âge, l’expérience, et surtout dans son cas, la vie et tous les aléas qu’elle avait jeté en travers de son chemin avaient fait un tri drastique dans son agenda social : rares étaient ceux qui prenaient encore de ses nouvelles ou lui passaient un coup de fil pour lui proposer d’aller boire un verre en souvenir du bon vieux temps.

Quand Effie lui proposa d’ouvrir une bouteille, sa première impulsion fut donc de dire non, sachant pertinemment qu’au bout de deux verres, il serait intenable et craignant surtout de se ridiculiser devant son amie. Puis, au moment d’ouvrir la bouche pour lui faire part de son refus, il se ravisa : qu’avait-il à perdre exactement ? Sa dignité ? Elle s’était envolée au moment même où Tallulah avait refait surface dans sa vie, une semaine plus tôt. Que risquait-il ? De se ridiculiser ? Il n’y avait que lui et Effie, et s’il y avait une personne au monde capable de tout entendre et tout pardonner sans jamais le juger, c’était bien Effie. Que pouvait-il bien arriver de pire que ce qu’il vivait déjà ? Il avait l’occasion rêvée d’enfin pour parler à quelqu’un qui le comprendrait, le soutiendrait, et il savait qu’il avait besoin de vider son sac. Il n’avait parlé à personne depuis le fameux matin qui avait suivit cette fameuse nuit, pas même à Aled, à qui il avait raconté à demi-mot une version largement allégée de l’histoire. Il savait bien sûr que son frère n’était pas dupe, et qu’il avait compris des qu’il avait posé les yeux sur son aîné que quelque chose de sérieux c’était passé pour le mettre dans un tel état, mais il connaissait suffisamment Leonard pour savoir quand il ne servait à rien d’insister. Avec Tallulah hors du tableau, Effie était la dernière personne sur la liste de ses amis proches, et probablement la plus à même de comprendre cette histoire.

Faute d’une réponse satisfaisant à toutes ses interrogations, Leonard changea d’avis.

- Pourquoi pas, après tout !

Bien que ça fût elle qui ai lancé l’idée, Effie parut étonnée de sa réponse, ce qui ravi Leonard. Il en avait marre, a 24 ans révolus, d’être toujours la même personne vers qui l’on se tourne en cas de pépins, si prévisible et routinière. L’un dans l’autre, où exactement est ce que sa gentillesse et sa dévotion envers les autres l’avait-ils menées ? Qu’avait-il donc fait de sa vie pour en arriver là où il en était aujourd’hui ? Les cyniques disent toujours que la gentillesse ne paye jamais, et force était de reconnaitre que pour Leonard, le constat était sans appel.

D’humeur lugubre, il se dirigea vers la cuisine, et sortit d’un placard une bouteille de vin rouge et deux larges verres à vin, ramenant le tout sur la table basse du salon ou Effie avait déjà transporté leurs assiettes préalablement remplies de mets délicieux dont le parfum lui mit aussitôt l’eau à la bouche. En sentant son estomac grogner, Leonard réalisa avec stupeur qu’il ne se souvenait pas d’à quand remontait son dernier véritable repas. Il jeta au passage un œil à la salle à manger où Malcolm ramenait avec précaution deux assiettes remplies à ras bord vers la table du salon transformée en aire de jeux, où l’attendait Aled. Son cadet lui lança un sourire en le voyant, lui indiquant dans un clin d’œil qu’il s’occupait de Malcolm et que lui et Effie avaient toute la soirée pour eux. Leonard lui offrit à son tour un sourire reconnaissant avant de poursuivre son chemin vers le vieux canapé en cuir où la jeune femme l’attendait, cet éternel sourire bienveillant au visage qui réussissait à apaiser même la pire des colères.

Quand il se fut assis à côté d’elle, une assiette sur les genoux et son verre plein à la main, plus un mot ne fut échangé pendant de longues minutes. Leonard ne savait pas exactement par où commencer, ni ce que la jeune femme savait exactement de la situation.

Editon était son frère, Tallulah une de ses plus vieilles amies, la situation n’était pas exactement confortable pour elle non plus… Il ne connaissait pas Editon personnellement, mais il en avait entendu parler par Effie, et force était de reconnaitre que malgré toute sa bonne volonté, il n’arrivait pas à en vouloir au jeune homme. Il avait la ferme conviction que toute cette histoire tordue et sadique lui avait été imposée tout autant qu’à Tallulah au nom du respect des cultures, mais pour autant, ce qu’il n’arrivait pas à comprendre, c’était ce qui pouvait pousser deux personnes qui ne se connaissaient et ne s’aimaient pas à se marier, au 21e siècle ? Qu’elle qu’en soit la raison, si tant était qu’il y en ai une, cela avait bien du arranger les affaire du père de Tallulah, songea Leonard avec amertume, lui qui rêvait de voir sa fille épouser un Indien, et qui avait toujours vu d’un très mauvais œil sa relation avec Tallulah, allant jusqu’à bannir Leonard de la réserve. Cependant même si elle aimait et respectait son père, Tallulah n’aurait jamais accepté l’idée d’un mariage arrangé si elle n’était pas venue d’elle … Ce qui paraissait absolument incompréhensible et aberrant.

Sentant le regard d’Effie posé sur lui, Leonard leva son verre et le vida d’une traite. Au rythme où il allait, il se dirigeait tout droit vers une gueule de bois monumentale le lendemain, mais au point où il en était, il n’aurait pas pu moins s’en soucier. Remplissant à nouveau son verre, il se tourna vers Effie, qui était jusque là restée silencieuse, lui laissant le temps de se ressaisir. Il la trouva pâle et fatiguée, et sentit son cœur se pincer dans sa poitrine à l’idée qu’elle s’apprêtait en plus de ses problèmes personnels qui étaient loin d’être simples à gérer, à supporter le poids de son propre fardeau. Effie avait bien souvent l’air las, et c’était plus que compréhensible, en combinant son travail à l’école et les tracas que lui posaient l’éducation de Malcolm, mais ce soir les cernes sous ses yeux paraissaient plus sombres, ses yeux plus ternes. Lui tendant son verre, Leonard pressa son bras tendrement, comme pour lui dire « Je suis là, tout ira bien », et la jeune femme lui adressa un petit sourire fatigué en retour. Haussant son verre, il attendit qu’elle en fasse de même avant de les faire s’entrechoquer cérémonieusement.

« A l’amitié, proclama-t-il simplement en guise de toast, et aux amis qui seront toujours là, quoiqu’il advienne. »

Tous deux prirent une longue gorgée de vin. La soirée promettait d’être longue.
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Effie Whitehead

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(Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » _
MessageSujet: Re: (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. »   (Cedar Creek) « Life's disappointments are harder to take when you don't know any swear words. » EmptyJeu 4 Nov - 22:55

L’alcool n’avait jamais été une solution à un problème aux yeux de la jeune femme. Mais cela contribuait à calmer quelque peu les troubles que le poids d’un malheur pouvait faire peser sur les épaules de chacun. Elle serait une oreille attentive, une fois de plus, mais cela lui ferait également du bien d’avoir cette compagnie rassurante. Elle se sentait parfois tellement seule, abandonnée de tous, oubliée des êtres qui lui étaient chers. Car même si son père l’avait reniée, Effie ne parvenait pas à le haïr. Elle était profondément déçue, bien sûr, mais la rancœur n’avait pas de place dans le cœur tendre et triste de la jeune Indienne. Elle savait qu’il était inutile de ressasser des choses qui ne changeraient jamais. Le passé était ce qu’il était et elle devait faire avec plutôt que de rêver à une tournure différente des choses. Elle avait des êtres sur lesquels elle pouvait compter, et cela lui suffisait pour tenir le coup. Il suffisait par exemple de quelques heures passées en compagnie de Leonard pour que ses maux semblent se dissiper. Cela ne durait qu’un temps, évidemment, mais c’était suffisant pour apaiser le cœur de la jeune mère célibataire. L’alcool n’était pas une consolation. Elle n’avait pas été élevée dans la perspective de noyer son chagrin dans la boisson. Parce qu’elle était Indienne, premièrement – mais il existait évidemment des Indiens qui avaient basculé dans l’enfer qu’était l’alcoolisme – mais également parce que sa famille était assez réfractaire à tout ce qui venait de l’extérieur, malgré tout. Même s’ils avaient laissé leur fils ainé s’en aller vers d’autres horizons – ce n’était pas comme s’ils auraient pu l’en empêcher, de toute façon –, ils avaient prouvé que leurs valeurs étaient plus importantes que le bonheur de leur unique fille. Elle ne leur en voulait pas, elle était juste déçue que la situation en soit arrivée là.
Elle sentit bien la réticence de Leonard lorsqu’elle lui fit sa suggestion. Elle le connaissait suffisamment à présent pour sentir ses premières réactions, celles qu’il laissait échapper, palpables. Parce que s’il n’était pas expansif pour un sou, Leonard était quelqu’un d’entier, de sincère, d’intègre et il n’était pas trop compliqué de lire en lui comme dans un livre ouvert si on s’attardait un minimum sur lui. Naturellement, la jeune femme ne se prétendait pas experte. Il était certain qu’il y avait des choses qu’elle ignorait au sujet de Leo, qu’il avait, comme tout le monde, son jardin secret. Elle n’avait jamais cherché à être invasive. Au contraire, elle faisait tout pour laisser au jeune homme la liberté dont il avait besoin tout en s’assurant qu’il savait qu’elle serait toujours là, quoi qu’il arrive, s’il avait besoin d’elle. Elle ne jugeait pas, attendait d’avoir tous les éléments en main avant de poser des questions ou d’exprimer la moindre opinion et la plupart du temps, elle évitait même de donner son avis. Effie était de ceux qui estimaient que la présence de l’autre était avant tout nécessaire, et que seule l’amitié et les relations importantes pouvaient nourrir et soigner l’âme.
L’âme. Un concept auquel la jeune Indienne tenait particulièrement. Et il ne s’agissait pas seulement des traditions enseignées par ses aïeux. Il ne s’agissait pas de croire aux histoires qui lui avaient toujours été contées, aussi loin qu’elle s’en souvienne. Il s’agissait aussi de ces préceptes qu’elle avait découverts au cours de ses lectures. Cette idée de karma. Effie n’avait jamais été quelqu’un de méchant, moqueur ou méprisant. Elle était douce, ouverte et réfléchie. Elle aimait découvrir les richesses de l’autre et elle ne connaissait pas un être plus riche que Leonard. S’il n’y avait jamais eu d’attirance physique réelle entre elle et le jeune fermier, elle savait qu’elle avait eu la chance d’avoir en face d’elle une des plus belles personnes de sa génération. Courageux, généreux, bon. Et en plus de cela, elle avait eu droit à son amitié. Il n’y avait pas plus belle chose aux yeux de la jeune maman, tout simplement.
C’est avec un soulagement non dissimulé qu’Effie entendit Leonard s’exclamer « Pourquoi pas, après tout ! » Même si elle ne le disait pas, elle sentait bien qu’il avait grand besoin de réconfort, quel que soit le nuage qui assombrisse ses beaux yeux tendres. Elle lui décocha un sourire approbateur et entreprit de partager la nourriture dans des assiettes, répartissant un peu de tout sur chaque plat – encore une chose qui était réconfortante avec Leonard : il n’était pas difficile, elle pouvait donc proposer à peu près ce qu’elle voulait, il serait toujours partant – avant de se diriger vers le salon où elle posa délicatement leur repas sur la table basse. Malcolm ne s’était pas fait prier pour remplir lui-même les assiettes destinées à Aled et lui-même. Quand il s’agissait de garnir son assiette, Malcolm exagérait toujours mais Effie ne l’avait jamais repris à ce sujet parce que les restes étaient soigneusement conservés jusqu’au lendemain et au final, rien n’était bon à jeter. Leo ne tarda pas à la rejoindre et Effie lui laissa prendre le temps nécessaire. Il n’était même pas obligé de lui parler s’il ne le voulait pas. Elle sentait bien le besoin qui devait gronder au fond de lui mais parfois cela faisait plus mal d’en parler, elle le savait. Même si elle n’avait qu’une vague idée, un point de vue extérieur de la situation qu’il traversait, elle se doutait du principal. Elle savait que sa vie n’avait jamais été un cadeau et que sa relation avec Tallulah ne devait pas être une source de bien-être non plus, malgré l’amour qu’ils se portaient, si pur et évident.
À vrai dire, à cet instant précis, Effie se doutait de ce qui n’allait pas. Elle n’avait peut-être plus jamais été à Ozalee depuis son exil et elle n’en avait souvent que de vagues échos, notamment parce qu’elle lisait le journal quotidien. Mais Editon l’avait prévenue, il lui avait annoncé la nouvelle qui était loin d’être joyeuse. Et il savait probablement dans quel état cette nouvelle mettait sa sœur mais elle avait été en droit de savoir. Elle n’était même pas certaine de comment elle était censée réagir à partir du moment où elle n’était pas officiellement liée à cet événement. Mais trois des personnes qui comptaient le plus à ses yeux y étaient attachées. En une seule nouvelle, elle avait réalisé le désastre que cela allait engendrer mais, surtout, le malheur et le chagrin qui allaient en découler. Il était certain qu’Effie était outrée, encore plus déçue par la tournure que prenaient les événements et surtout, elle compatissait, elle souffrait autant que son ainé, que cela soit une bonne chose ou non. Après tout, l’empathie n’avait jamais été un point fort, pour Effie. Elle s’était trop souvent laissée submerger par les émotions des autres, c’était probablement en partie pour cela qu’elle n’arrivait pas à détester son père pour l’avoir bannie du seul foyer qu’elle ait jamais connu. N’importe qui d’autre aurait nourrit une haine sans limite pour cet homme à la cervelle étriquée et à l’entêtement disproportionné.
La première réaction qu’eut Leonard fut de vider son verre d’un trait. Le visage d’Effie se désola. Il devait vraiment avoir mal pour se laisser aller comme ça et elle eut envie de le serrer dans ses bras, de glisser les doigts dans ses cheveux et de rester ainsi dans le silence. Mais elle s’en garda néanmoins. C’était à lui à faire le premier pas, à exprimer le mal être qui le rongeait. Il se reversa un verre et finit par se tourner vers elle. Effie l’observa simplement, essayant de calquer ses gestes par rapport à ce qu’il avait besoin. Mais comment deviner comment il se sentait ? Elle avait beau savoir ce que c’était d’avoir le cœur brisé, elle ne s’était jamais retrouvée face à un problème tel que celui que Leo rencontrait. Voir son âme sœur se préparer à se faire passer la bague au doigt par un autre, qu’elle n’aimait pas, en plus, ce devait être sidérant. Surtout pour quelqu’un qui n’était pas né à Ozalee, bien qu’aux yeux d’Effie, Leonard fasse partie de la réserve autant qu’un autre. Aussi loin qu’elle s’en souvienne, il y avait toujours été lié. Il lui tendit son verre et Effie l’accepta avec gratitude, tout comme elle apprécia son geste, muet mais significatif. « A l’amitié ». Effie approuva d’un tintement de verre et porta le délicieux vin à ses lèvres, l’absorbant à petites gorgées. Elle posa ensuite le verre prudemment sur la table et entreprit de manger ce qu’il y avait sur son assiette avant que cela ne refroidisse. Ce n’est qu’après quelques secondes qu’elle laissa échapper ce qui ressemblait à un jugement, et qu’elle n’aurait probablement jamais exprimé en d’autres circonstances, mais c’était comme si ces mots pouvaient tout apaiser ou tout détruire. Quoi qu’il en soit, il était évident que Leo avait besoin d’aide, qu’il était trop habitué à garder tout pour lui-même qu’il ne parvenait pas facilement à se reposer sur les épaules de quelqu’un d’autre. Mais qu’il ne se tracasse pas, ce soir, Effie était forte pour deux. Elle ne flancherait pas, elle serait son phare dans la nuit. Tout ce qu’elle désirait, c’est qu’il soulage son cœur ainsi que son esprit.

« Je pense qu’ils ne dureront pas éternellement, tu sais. Je connais Tallulah, elle t’aime plus que tout. Il doit y avoir une bonne raison pour qu’elle se soit laissée prendre dans ce piège… » Elle jeta un coup d’œil à Leonard et poursuivit, toujours sur ce même ton neutre et doux. « Quant à Editon, je ne sais pas ce qui lui a pris d’accepter une telle aberration mais il se ressaisira. Avant que le mariage n’ait lieu, j’espère. »

Elle ignorait combien elle avait tort. Elle avait encore trop foi en la destinée pour savoir que le malheur de ce trio-là ne faisait que commencer.
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