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 (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate."

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Clementine Nicholls

My Own Private Idaho

Clementine Nicholls

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(Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate." _
MessageSujet: (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate."   (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate." EmptyMer 22 Sep - 10:55

La vie est faite de rencontres plus surprenantes et plus intéressantes les unes que les autres. De part son métier, Clementine avait eu l'occasion d'en rencontrer plus que la plupart des gens, ou en tout cas, venant d'horizons plus variés. Elle avait rencontré des russes, des tchèques, des sénégalais, des mexicains, des japonais, des européens en tout genre... Rares étaient les personnalités qu'elle n'avait pas côtoyées. La jeune femme n'avait passé que cinq ans en tant qu'agent spécial au sein de l'Agence, mais étant un agent de terrain, elle en avait plus vu que certains bureaucrates avec une quinzaine d'années d'expérience derrière eux. Pourtant, la jeune femme ne comptait pas rester sur le terrain toute sa vie. Elle avait vu l'avantage d'une vie dans les bureaux, et même si elle voulait prendre son temps, celle-ci comptait bien fonder une famille un jour ou l'autre. Une vie sur le terrain l'en empêcherait. C'est trop dangereux, et trop instable pour qu'elle accepte de se marier, et d'avoir des enfants dans de telles conditions. Sans préavis, elle pouvait être envoyé pour une mission d'une semaine comme une mission de six mois... ou plus. Clementine avait fait ses preuves, et son agent de liaison lui avait fait comprendre que si une mission de longue haleine se présentait, elle pourrait être choisie. C'était ce moment là que la jeune femme avait choisi pour taper des poings sur la table, et se montrait clair sur ce qu'elle souhaitait. D'un naturel discret, ses supérieurs étaient habitués à la voir exécuter les ordres sans poser de question, ou sans jamais contester les directives. Il lui arrivait d'improviser sur le terrain, mais c'était la plupart du temps justifié, et c'était de toute façon le rôle de tout agent sur le terrain. Le temps qu'ils se remettent de leur surprise, Clementine avait achevé son argumentation. Elle souhaitait, dès que sa mission actuelle serait finie, partir pour l'Idaho, à Ruby Creek Falls plus précisemment. Grâce à des preuves indiscutables – mais qu'elle avait pourtant fabriqué, elle expliqua que l'agent Reed Stevenson avait probablement été tué par des ennemis du gouvernement, et qu'elle souhaitait enquêter sur cette affaire. Les protestations furent nombreuses, il en va sans dire. Mais du haut de ses vingt trois ans, la jeune femme ne se démonta pas une seule seconde, animée par l'amour qu'elle ressentait encore pour Reed. C'était incroyable, d'ailleurs. Ce dernier était décédé depuis plus d'un an maintenant, et elle n'arrivait toujours pas à s'y faire. Lorsqu'elle tombait sur l'unique photo qu'elle avait gardé de lui, les battements de son coeur s'accéléraient, et si elle était dans un mauvais jour, les larmes pouvaient aller jusqu'à lui monter au yeux. Lorsqu'on lui dit qu'il était hors de question qu'elle fasse une telle enquête, que d'autres agents seraient envoyés car c'était une affaire « bien trop personnelle » pour elle, Clementine ne se démonta pas plus. Avec une précision impressionnante, la jeune femme récita toutes les missions dans lesquelles elle avait été au cours des quatre dernières années, et les informations qu'elle avait obtenu, ou les criminels qu'elle avait permis d'arrêter en toute illégalité. Plantant son regard dans les yeux du chef du département avec un aplomb rare pour une personne de son âge, la jeune femme expliqua que si ils ne souhaitaient pas que toutes ses informations soient révélés, il avait plutôt intérêt à la laisser partir là-bas, et lui offrir tous les moyens qu'elle souhaiterait. Clementine se fit alors de nombreux ennemis au sein de l'Agence, mais ceux qui la connaissaient réellement savaient qu'elle bluffait. Pourtant, aucun ne pipa mot, et Clémentine obtint ce qu'elle désirait.

Lorsque Clementine Nicholls débarqua dans la ville, tout avait déjà été arrangé. Une maison lui avait été louée sur Amethyst Mews, et une voiture l'attendait à la gare. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Parfois, c'était agréable de travailler pour la CIA. Elle n'avait eu à s'occuper de rien. On s'était occupé de tout pour elle. Ses papiers, ses avis d'imposition, et les archives des soit-disant critiques qu'elle avait pu faire créées. La raison de son arrivée dans une telle ville était plutôt simple : elle souhaitait retrouver son frère Josephian Nicholls – qui se trouvait être le meilleur ami de Reed. Evidemment, la jeune femme ne comptait pas débarqué brutalement dans la vie du jeune homme. Ce n'était pas son genre. Elle allait d'abord enquêter un chouilla sur Josephian, et ses habitudes. Elle savait d'ores et déjà qu'il était originaire d'Alaska, et avait emménagé à Ruby Creek Falls peu après le décès de son meilleur ami. Il était un inspecteur respecté, et on ne semblait rien à voir à lui reprocher. Mais mieux que quiconque, la jeune femme savait qu'on ne pouvait se fier aux informations que l'on trouvait, et ce même sur les papiers officiels. Combien de fois son identité avait-elle été cachée le temps qu'une mission soit terminée ? Il suffit de prendre l'exemple de sa mission à New York. Si elle avait gardé son prénom, comme toujours, son nom était à l'époque Brenstorma, et elle était étudiante en journaliste. La mission qu'elle avait faite là-bas faisait partie des plus faciles qu'elle avait eu à faire. Les fêtes étudiantes, l'ambiance et écrire... Rien n'aurait pu ravir mieux la jeune fille. Evidemment, elle devait faire attention à protéger le journaliste qui détenait des informations capitales, et surtout réussir à le mettre en confiance, mais cette période lui avait donné l'impression de vivre une vie normale, et si Reed lui avait manqué terriblement à cette période, au final, c'était son meilleur souvenir en tant qu'agent. C'est en défaisant les cartons que Clementine réalisa que pendant cette mission, elle avait rencontré un habitant de la ville... Gaël Costigan. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle se rassura rapidement, puisqu'il était en première année avec elle, il lui restait encore deux ans à faire, et la jeune femme n'avait aucune intention de rester aussi longtemps dans la ville. Si tout se déroulait d'ailleurs comme elle l'entendait, elle serait partie avant l'été. Approcher Josephian serait aisé – elle était sa soeur après tout, même si il n'est pas au courant. Il suffirait de se rapprocher de lui jusqu'à ce qu'il parle de Reed, et ensuite il serait aisé d'avoir accès à son téléphone, son ordinateur... En tant que soeur, il faudrait qu'elle reste pour le « soutenir ». Quant au problème Gaël... elle apprendrait à le gérer si il se présentait. A priori, elle ne devrait pas le croiser. Il fallut encore plusieurs heures pour finir de déballer les cartons, et Clementine se dirigea directement vers le lit une fois tout cela finit. Elle jeta un rapide coup d'oeil à la photo de ses parents qu'elle avait posé sur sa table de chevet, mais ne s'y attarda pas. C'était douloureux de ne pas pouvoir les voir quand et comme elle le souhaitait. La jeune femme s'était rapidement habituée aux changements de personnalité, de couleurs, et de coupe de cheveux, mais vivre loin de sa famille était encore quelque chose qu'elle avait du mal à gérer. Elle éteignit la lumière et s'assoupit en quelques minutes à peine. Mais ce fut une nuit agitée qui s'offrit à elle. En un an, pas une seule elle n'avait rêvé de Reed. Elle avait tout fait pour, mais n'avait jamais réussi à le retrouver dans ses rêves – c'était le seul endroit où elle pouvait tricher et se dire qu'il était encore vivant. Mais cette nuit, tous les souvenirs lui revinrent en mémoire avec une force insoupçonnable. C'était réel, poignant, et à travers son rêve, la jeune femme avait l'impression que son coeur allait exploser. Ce fut en sursaut qu'elle se réveilla, le visage humide. Elle secoua légèrement la tête, et décida de descendre prendre un verre d'eau pour se remettre de ses émotions. Alors qu'elle passait la chambranle de la porte, elle se figea. Elle eut l'étrange impression que quelqu'un se trouvait à ses côtés, et avait pris sa main dans la sienne... « Reed ? » murmura-t-elle, peu sûre d'elle. Mais, évidemment, il n'y eut aucune réponse, et cette sensation s'évapora aussi rapidement qu'elle était venue.

Le lendemain matin, la jeune femme décida d'aller se recueillir à l'église. Les rêves de la veille étaient encore bien trop présents dans son esprit – et à vrai dire, même sur son corps, puisqu'elle ressentait encore la chaleur de la main de Reed dans la sienne -, et elle avait besoin de se retrouver dans un endroit familier. C'était difficilement possible puisque c'était la première fois qu'elle se rendait dans cette ville, et même en Idaho d'ailleurs, mais l'église lui parut être une bonne idée. C'était un peu comme un lieu universel. Toutes les églises étaient profondément différentes, mais pour Clementine, elles dégageaient toutes la même aura, la même force... Elle regarda rapidement sur son Iphone la route pour s'y rendre, et sortit de la maison sans même avoir avalé un café. Dix heures venaient de sonner, et son estomac pourrait bien attendre midi. Si ce n'était pas le cas, elle s'arrêterait sur le chemin du retour. Trouver l'Eglise fut chose aisée, la ville étant relativement petite. Sans comprendre pourquoi, la jeune femme eut l'impression qu'elle apprécierait le temps qu'elle passerait ici. Elle se gara sur le parking adjacent à l'Eglise, et s'y dirigea d'un pas lent découvrant le bâtiment avec émerveillement. C'était une battisse ancienne, mais pleine de charme. Clementine n'était de toute façon pas fan des églises modernes qui semblaient ne plus avoir aucun caractère religieux, lorsqu'on les regardait de l'extérieur. D'un autre côté... on n'avait plus la place ni le temps de construire des églises sur un siècle. Poussant la porte de la chapelle, Clementine ne manqua pas de faire son signe de croix après avoir trempé ses doigts dans le bénitier. Elle poussa un léger soupir de soulagement lorsqu'elle vit que la chapelle était vide. Lors de ses rares moments de recueillement qu'elle s'offrait, elle préférait être seule. Peu importe où elle se trouvait, peu importe les raisons pour lesquelles elle s'y trouvait – professionnelles, ou non -, Clementine était entièrement vraie dans ces moments-là, et pour être tout à fait honnête, c'était également les moments où elle était le plus vulnérable. La jeune femme se sentait toujours coupable de devoir mentir dans des lieux religieux... Cela avait d'ailleurs manqué de peu de lui coûter la vie lors d'une mission. Depuis, l'on ne lisait plus d'hésitation dans son regard dans une église, mais cela ne l'empêchait absolument pas d'aller se confesser quelques jours – ou semaines selon ses disponibilités – plus tard. Assise sur un banc près de l'autel, la jeune femme commençait à peine sa prière lorsque la porte se fit entendre...
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Gaël Costigan

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Gaël Costigan

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MessageSujet: Re: (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate."   (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate." EmptyDim 3 Oct - 10:55


Gaël s'était levé tôt ce matin là, bien déterminé à ne pas passer une journée de plus à ne rien faire. Il détestait l'inactivité. Tourner en rond pouvait le rendre fou et se lever le matin sans avoir le moindre but était un sentiment qui, bien qu'il ne l'ait rarement ressenti au cours de sa jeune existence, l'indisposait totalement. Certes il était à un point de sa vie où son avenir n'était qu'un épais brouillard l'empêchant de voir plus loin que l'heure qui allait suivre et parfois même il aurait juré entendre la voix de son père lui reprocher d'avoir jeté son brillant avenir par la fenêtre comme un enfant capricieux, mais il n'était pas du genre à utiliser son échec -bien qu'il fut totalement calculé- pour ne plus rien faire de sa vie et justifier son inactivité par la même occasion. Et bien qu'il eut l'impression d'avoir un immense point d'interrogation planant au dessus de lui en permanence, Gaël était bien décidé à bouger. Il gagnerait sa vie, quitte à faire un petit boulot qui ne lui apporterait aucune satisfaction personnelle et utiliserait son temps libre à trouver sa voie, celle qui le rendrait heureux et ne lui enlèverait pas l'essence même de sa personnalité. Plus jeune, Gaël avait pour habitude de se trouver des petits jobs d'été, il s'accordait généralement une quinzaine de jours de véritables vacances dès la fin des cours et se mettait ensuite en quête de son gagne-pain. Il n'avait jamais aimé vivre aux dépends des autres, ne supportant pas l'idée d'être redevable à qui que ce soit. S'il souhaitait s'offrir quelque chose, sortir ou faire quoique ce soit nécessitant la moindre somme d'argent, ce serait à la sueur de son front et pas autrement. Déjà reconnaissant auprès de son frère de l'avoir accepté sous son toit, Gaël l'avait dores et déjà prévenu de ses intentions de subvenir à ses propres besoins. Chose à laquelle Orlando n'avait porté aucune objection, appréciant sans doute le fait que son frère cadet soit autonome.

C'est donc ainsi que Gaël s'était mis en quête d'un travail, épluchant les petites-annonces dans le journal local, frappant aux portes de tous les commerçants. Il était prêt à tout et aucun petit boulot ne lui semblait ridicule. Par chance, ces mois passés à New-York auprès de " fils de... " ne lui avaient pas retiré son humilité. Combien de ses 'camarades' n'avaient jamais eu la moindre expérience de la vie active? combien de jeunes futurs héritiers avait-il entendu critiquer les étudiants moins aisés qui devaient se salir les mains afin de financer leurs études hors de prix? Il ne se souvenait que trop bien des élèves qu'il s'était mis à dos en défendant bec et ongles l'importance d'être indépendant et de pouvoir s'en sortir sans l'aide de quiconque. Il en avait récolté des rires et des airs stupéfaits, mais au fond de lui Gaël savait qu'au moins, en cas de coup dur, lui saurait se relever quand d'autres iraient pleurer dans les bras de leurs parents. Une chose qu'il n'aurait jamais à faire, tout simplement car il s'en était fait un principe de base.

La veille, Gaël avait passé plus d'une heure à dépouiller les petites-annonces, encerclant celles susceptibles de l'intéresser, rayant d'autres totalement inappropriés et prenant quelques adresses. Pas moins de cinq jobs lui étaient passé sous le nez entre 17h la veille et 9h ce matin et le jeune homme s'en voulut alors d'avoir préféré le contact humain au téléphone, là où d'autres n'avaient pas réfléchit plus d'une minute avant de contacter les personnes responsables. Mais cela ne suffisait pas à le décourager, Gaël était avenant, souriant, sérieux, en bref il avait toutes les qualités requises pour un entretien d'embauche sans encombres, même le plus improvisé. Mettant toutes les chances de son côté, il s'était promis de revenir le soir chez Orlando avec un job en poche ou l'éventualité d'un contrat prochain. Ainsi, c'est après un réveil matinal et une bonne douche tiède que Gaël s'était mis en route pour le Centre. La ville s'éveillait doucement tandis qu'il marchait dans les rues désertes, le journal de la veille sous le bras. Certains commerçants ouvraient à peine et le saluèrent d'un petit hochement de tête sympathique, une chose qui avait manqué à Gaël au cours de son séjour New-Yorkais. Là-bas, tout était trop démesuré, les gens trop nombreux pour prendre le temps de se saluer ou simplement de sourire dans la rue. Ils vivaient à cent à l'heure, agissant tels des robots pré-programmés pour effectuer en boucle les mêmes tâches, encore, et encore jusqu'à ce qu'ils n'en peuvent plus, perdent le sommeil et deviennent dépendants aux calmants et autres somnifères. Le terme 'vivre à New-York' était presque une contradiction en lui-même, tout simplement car aux yeux du jeune homme, il était impossible de 'vivre' là-bas. Les gens se croisaient sans se voir, s'effleuraient sans se toucher, parlaient sans échanger, tout semblait paradoxal, vide de sens, et bien que la réputation de la Big Apple fut intacte avant et après son départ, Gaël la garda en mémoire comme une ville fantôme. C'est en passant devant l'Eglise que le jeune homme réalisa combien il était chanceux et privilégié d'avoir été élevé ici, à Ruby Creek Falls. Un bâtiment aussi historique, aussi beau et miraculeusement épargné par les dégâts n'avait sa place que dans une ville aussi riche et chaleureuse que la sienne. Gaël n'avait jamais aimé les églises, certes il ne manquait jamais de complimenter leur architecture et leur histoire, mais il n'aimait pas tout ce qui symbolisait ces lieux de culte. La religion n'avait jamais été sa tasse de thé, il n'avait jamais prié ou même posé les yeux sur une Bible. Sans être totalement réticent, il s'en désintéressait simplement, n'aimant pas l'idée de se rendre dans un bâtiment froid où étaient célébrés les messes funèbres. Gaël n'avait pas assisté à beaucoup d'entre elles, souvent trop jeune pour y être emmené et la dernière fois où il avait été contraint de s'y rendre remontait au décès de sa grand-mère. Un souvenir toujours aussi douloureux dans le coeur du jeune homme qui, enfant, était très proche de celle-ci. Depuis, Gaël n'avait plus mis les pieds dans une église, n'en voyant pas l'intérêt, ne sachant pourquoi prier ou même pour quelles raisons ses prières pouvaient bien être exaucées.

Cependant, ce jour là, il fit une halte devant l'église où une voiture venait de s'immobiliser. La conductrice en sortit aussitôt, refermant la portière derrière elle et ne dévoilant immédiatement à Gaël que son dos. Ce n'est que lorsqu'elle se retourna que le jeune homme crut avoir une hallucination, pensant reconnaître une jeune femme dont les chances de se trouver là étaient plus que minces. Fronçant les sourcils, Gaël se montra plus attentif aux détails, se disant qu'après tout la ressemblance pouvait être flagrante sans que ses doutes s'avèrent corrects mais les détails ne trompaient pas : des cheveux châtains, bien plus longs que lors de leur dernière rencontre, un regard chocolat qu'il ne pouvait décemment pas oublier, de jolies lèvres couleur cerise, une silhouette mince et élancée.. Deux solutions s'imposèrent alors : soit il avait sous les yeux Clémentine, une connaissance faite à New-York, soit celle-ci avait un sosie ici, à Ruby Creek Falls et Gaël se devrait alors de se montrer plus indulgent envers les signes divins.

Clémentine et Gaël s'étaient rencontré sur les bancs de la Fac. La pertinence et le bagout de la jeune femme avaient immédiatement piqué la curiosité du jeune homme qui se retrouvait régulièrement fasciné par les interventions de cette jolie brune. Rares étaient les jeunes femmes à prendre la parole si facilement afin de développer leurs propres points de vue; du moins, Gaël n'en avait vu que très peu au cours de sa jeune vie. Ils s'étaient alors retrouvé un jour à débattre autour d'un sujet, énonçant l'un après l'autre leurs théories. Ils ne tombaient jamais d'accord, tous deux refusant de revenir sur leurs positions et intimement convaincus d'avoir raison. C'est ainsi que naquit leur « amitié » , de débats en débats , parfois houleux , souvent inachevés par manque de temps mais toujours plus enrichissant au fil des jours. Gaël était heureux d'avoir quelqu'un comme Clémentine là-bas, une personne ayant la tête sur les épaules mais qui ne se prenait pas trop au sérieux pour autant. La jeune femme s'était avérée plutôt convaincante en tant que partenaire de soirée également, et Gaël était toujours ravi de la retrouver en dehors des cours pour discuter de choses plus légères comme les quelques points communs qu'ils pouvaient avoir. Leur amitié n'était resté qu'à son stade platonique, et même si le jeune homme vantait sans honte le charme de sa nouvelle camarade, il était alors trop occupé à gérer un tout autre conflit sentimental extrêmement tumultueux pour ne serait-ce qu'envisager autre chose avec la jolie Clémentine.

Que pouvait-elle bien faire ici, alors? Il se souvenait du départ de Clémentine, plus d'un an plus tôt. Elle avait simplement disparu, sans prévenir quiconque de son éventuel départ. Gaël s'était retrouvé en cours à fixer la place où elle aimait s'installer, deux rangs plus bas que lui, et ce plusieurs jours d'affilé. Il avait finalement interrogé les quelques personnes qui avaient côtoyé la jeune femme au cours de son bref passage à New-York et aucun ne put lui apporter la moindre réponse. Elle s'était envolée, volatilisée. A ce jour le cas Clémentine restait encore un mystère pour Gaël qui, bien qu'il eut cessé de penser à elle plusieurs mois après son départ, souhaitait encore découvrir la raison de ce départ précipité. C'est probablement pourquoi il pénétra dans l'église, un lieu où il n'avait plus mis les pieds depuis des années et dans lequel il ne souhaitait pas particulièrement se trouver en cet instant. Peu habitué, il en oublia presque de faire le signe de croix à l'entrée du lieu sacré et l'effectua maladroitement, peu sûr d'avoir effectué les gestes dans le bon ordre. Qui allait l'en blâmer de toute façon?

Repérer la jeune femme ne fut pas difficile. L'église était vide à l'exception de sa silhouette fine dessinée dans la lumière extrêmement tamisée, assise sur l'un des bancs en bois lisse du bâtiment. Gaël n'avait pas songé une seule seconde à son approche, aborder quelqu'un dans un lieu pareil était déjà suffisamment étrange pour s'y préparer à l'avance. Il n'avait suivi que son instinct et son besoin d'élucider un mystère resté trop longtemps irrésolu. C'est donc toujours partiellement détaché qu'il se dirigea vers le banc situé derrière celui de la jeune femme et qu'il s'y installa. Le profil de la brunette s'offrait à lui et il était à présent indéniable qu'il s'agissait de Clémentine. Son nez fin, ses petites lèvres et son visage sensiblement ovale la trahissaient immédiatement. Légèrement choqué par une coïncidence aussi loufoque, Gaël décida d'enfreindre une nouvelle loi en rompant le silence pesant de l'église, se penchant en avant vers la jeune femme afin de murmurer.

« Soit j'ai devant moi un fantôme, soit tu as quelques explications à me fournir, Clémentine... »
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Clementine Nicholls

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(Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate." _
MessageSujet: Re: (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate."   (Gaël) "As long as there's a heaven, there'll be a failure to excommunicate." EmptyMer 6 Oct - 21:55

« N'est-ce pas hypocrite ? » La voix de Clementine s'éleva dans la salle de classe, et tous les regards se tournèrent vers elle. « Excusez-moi, mais je ne suis pas d'accord avec ce que vous défendez, Professeur. »Clairement, et de manière posée, la jeune femme exposa son point de vue. L'attitude du professeur vis à vis de la géopolitique était déplorable, d'autant plus qu'il critiquait sans donner de solutions aux problèmes qu'il posait. Evidemment, Clementine ne s'exprima pas avec de tels mots, mais elle fit bien comprendre son point de vue à toute la classe – et au professeur – tout en veillant à ne pas être insolente. Certes, peu lui importait ce que les professeurs pouvaient penser d'elle puisqu'au final, elle ne terminerait pas l'année. Cependant, elle devait prêter attention à se faire assez remarquer par le professeur pour qu'il souhaite lui parler, mais ne pas aller trop loin non plus. En effet, si la demoiselle se trouvait à New York, et dans cette fameuse école de journalisme, ce n'était absolument pour les mêmes raisons que les autres étudiants. Certains étaient là par passion, d'autres pour faire plaisir aux parents, d'autres encore parce que avoir cette école prestigieuse sur son CV était clairement un avantage... mais si Clementine était là, c'était pour des raisons professionnelles. La C.I.A avait appris par l'une de ses sources que le Professeur Brighton, professeur de géopolitique, détenait des informations capitales pour la sécurité nationale. Chargée de l'approcher, elle devait gagner sa confiance jusqu'à ce qu'elle puisse en savoir plus sur les informations qu'il détenait. Pourtant, la jeune femme s'était prise au jeu malgré elle, et les cours auxquelles elle assistait avaient l'avantage de la passionner. Ainsi, elle allait l'utile à l'agréable. En couverture, elle était également chargée de s'intégrer à la vie étudiante – au cas où d'autres agents seraient présents, ils ne la détecteraient ainsi pas. Et ça, elle adorait vraiment. De part son rôle d'agent, elle n'avait jamais eu l'occasion de poursuivre des études, et même si elle ne le regrettait pas une seule seconde, la jeune femme était ravie de pouvoir découvrir les soirées étudiantes, et la joie qu'était l'ambiance de ce genre d'école. « C'est un point de vue intéressant que vous avez là. Je ne suis certes pas d'accord avec vous, mais je serai ravi d'en discuter avec vous cette semaine. Vous viendrez me voir à la fin du cours. » Elle acquiesça d'un signe de tête, et le cours se poursuivit de manière interrompue cette fois. Indiquant discrètement que le contact avait établi à l'agent en charge, elle continua de prendre des notes, et attendit impatiemment la fin du cours. Sa mission allait commencer, et elle était impatiente de mettre ses talents d'actrice à profit. La jeune femme avait pris des cours de théâtre pendant trois ans au lycée, et de part les autres missions, elle avait eu l'occasion de les améliorer. Mentir était devenue quelque chose qu'elle faisait à la perfection, et elle devait même avouer que cela lui servait également parfois dans la vraie vie; déformation professionnelle que voulez-vous. Son premier tête à tête avec le professeur ne dura que quelques secondes, mais le rendez-vous était pris pour un débat autour d'un café dès la fin de la semaine. C'est avec un sourire victorieux que la jeune femme sortit de la salle de cours. « Hey. » l'interpella une tête au blonde, un sourire joyeux éclairant son visage. « Clementine, c'est ça ? » La jeune femme acquiesça d'un signe de tête, et celui qui allait marquer la jeune femme tellement plus qu'elle ne s'y attendait enchaina sans attendre. « Moi, c'est Gaël. Impressionnante, ton intervention. » Et cet instant anodin dans une vie étudiante marqua le début d'une amitié forte, et importante pour la jeune femme, sans qu'elle ne se l'explique vraiment. Ils avaient passé pas mal de temps ensemble, et une fois que la jeune femme avait quitté l'école de journalisme, elle avait été à plusieurs reprises tentée de l'appeler pour lui donner une explication sur son départ précipité et inexpliqué... mais ce n'était pas quelque chose que l'on faisait à la CIA.

Pourtant, le temps de cette explication semblait venu. Clementine n'était pas préparé. Elle croyait Gaël toujours à New York, et quand bien même, elle ne s'était certainement pas attendue à le croiser à l'Eglise. Elle l'observa quelques secondes, un fin sourire au bout des lèvres. Si mis à part en choisissant sa destination, elle n'avait pas repensé à Gaël depuis des mois, elle était sincèrement ravie de revoir le jeune homme. Ils avaient passés d'excellents moments ensemble, et seraient probablement devenus les meilleurs amis du monde si Clementine n'avait pas été un agent et n'avait pas quitté New York. Passant une grande partie de leur temps ensemble, ils avaient visité New York ensemble, pris des cuites ensemble, mais aussi partagés des moments plus sérieux – plus précieux. Gaël lui avait parlé de la façon dont il avait vécu son homosexualité, et Clemetine, qui s'était efforcée avec tous les autres de parler d'elle-même, de ce qu'elle était vraiment, lui avait parlé de combien elle avait souffert du divorce de ses parents, et plus particulièrement des circonstances dans lesquelles cela avait eu lieu. Tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre, ils avaient partagé un nombre incalculable de litres de popcorns, en discutant de l'actualité, de leur idéaux, et surtout de leurs rêves. La jeune femme avait été vraie avec lui, sans réellement le vouloir. Mais Gaël était quelqu'un de tellement avenant, et prévenant qu'elle l'avait fait sans s'en rendre compte. Ce n'était pas un problème en soi, et elle n'avait jamais cherché à s'éloigner du jeune homme. Mais alors qu'il se trouvait devant elle, murmurant en ce lieu sain, elle se rendit compte qu'il lui avait manqué, et qu'elle aurait aimé avoir un ami comme lui à la mort de Reed. Et sur le même ton qu'elle employait avec ses professeurs lorsqu'elle cherchait à éviter leur question, elle répondit à Gaël. « Je suppose que si je te dis que je suis un fantôme, tu ne me croiras pas ? » D'un signe de la tête, elle lui fit signe de la suivre, et se dirigea vers la sortie. Elle n'avait rien contre le fait de donner des explications au jeune homme, et trouvait totalement normal qu'il les exige, mais pas ici... La jeune femme était venue ici pour se recueillir, et elle avait trop de respects pour la religion pour mentir dans un tel lieu. Elle sentit le regard de l'étudiant en journalisme dans son dos durant chacun des pas qui lui permirent d'atteindre la lourde porte qui les mènerait à une discussion qui aurait du avoir eu lieu un an et demi auparavant. Elle descendit quelques marches du perron, et s'y assit, embrassant la rue du regard. « Tout d'abord, je tiens à te dire que ça fait plaisir de te revoir. » Elle tourna sa tête vers ce dernier, guettant une réaction. Mais le jeune homme semblait déterminer à ne pas dire un mot avant d'avoir entendu son explication... ou peut être se demandait-il si, à lui aussi, cela lui faisait plaisir de la revoir ? Mais il était inutile de retarder ce moment. Elle savait de toute façon le mensonge qui allait sortir de ses lèvres, et qu'il lui était tout simplement impossible de dire la vérité. Une part d'elle en avait envie pourtant. Elle était à peu près convaincue que le jeune Costigan aurait su garder le secret – même si elle n'était pas certaine de la première réaction qu'il aurait eu. Depuis longtemps, cependant, elle avait appris à réfréner cette envie, et lorsque cette envie se faisait trop forte, un bon jogging suffisait généralement à l'éloigner. Lorsqu'elle reprit la parole, Clementine se rendit compte que lui mentir sur son départ lui posait problème, car le mensonge qu'elle allait raconté ne lui correspondait pas du tout. « Je n'aurai pas du partir comme ça... ou en tout cas, j'aurai du t'appeler. J'ai eu des problèmes familiaux, on ne m'a vraiment pas laissé le choix, j'ai du retourné chez moi. » Elle détourna la tête, feignant le regret, la gêne. Elle était devenue tellement douée à ce jeu... Dans ses plus mauvais moments, la jeune femme détestait ce que le job l'avait fait devenir... Elle mentait éhontément, et si l'on mesurait son rythme cardiaque durant ces moments-là, l'on ne constatait plus aucune différence entre les moments où elle disait la vérité, et ceux où elle cherchait à se dépatouiller de situations plus différentes les unes des autres. « Je n'ai pas de nouvelles parce que je n'aurai pas eu la force d'abandonner ma vie new yorkaise et mes études autrement. J'aimais vraiment ma vie là-bas, Gaël. » Sur cette dernière partie, cependant, elle ne mentait pas. C'était l'une des missions dont elle gardait le meilleur souvenir d'un point de vue humain. Elle n'avait pas été particulièrement dangereuse, et elle avait passé honnêtement plus de temps à s'amuser qu'à travailler. Reposant son regard sur le jeune homme, Clementine se demanda si ils arriveraient à retrouver la complicité qu'ils partageaient à l'époque. Si ils se chamaillaient souvent, aucune dispute n'avait éclaté entre eux – ce qui était normal en six mois d'amitié – et elle n'avait absolument aucune idée de l'attitude du jeune homme dans de tels cas. Etait-il rancunier, ou avait-il tendance à pardonner facilement ? Dans tous les cas, la jeune femme était déterminée à redevenir amie avec lui, et si elle n'irait pas jusqu'à le supplier indéfiniment, elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour se faire pardonner.
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