R U B Y C R E E K F A L L S
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Shay Bowmann

My Own Private Idaho

Shay Bowmann

Messages : 194
Date d'inscription : 20/06/2010
Age : 40

Curious, a bit ?
Logement : Pine Creek Farm
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptySam 25 Sep - 19:18

Maybe I’m wasting my time, maybe I’m wasting your time too
but I‘ m glad to spend this time with you

 

Ce matin, j'avais décidé que je prendrais un peu de bon temps, au lieu de me tuer à la tâche pour de maigres résultats. Cela faisait plusieurs jours que j'étais épuisée, au bout du rouleau. Je ressentais atrocement le manque de personnel. Il faudrait décidément que je trouve quelqu'un pour m'aider, seulement jamais personne n'était assez bien pour moi. Seulement au final, je devrais me rendre à l'évidence: l'ouvrier que je cherchais désespérément n'existait pas. Cet été, je n'avais pas eu de saisonnier et j'avais dû fournir le travail de deux personnes (voire trois), à moi seule. Maintenant que le mois de septembre touchait à sa fin, je n'aspirais plus qu'à l'hiver, pour avoir peut-être une chance de me reposer. Mes cernes, d'habitude facilement déguisables sous une couche d'anti-cernes, étaient si violettes que plus aucun correcteur ou maquillage ne parvenait à les dissimuler. J'étais dans un piteux état et j'avais peine à me regarder dans un miroir. Je m'étais donc rendue à l'évidence: j'avais besoin de repos et de prendre soin de moi, au lieu de bichonner mes légumes. Comme je n'avais plus énormément de travail à la ferme, je m'étais dit que m'accorder un jour ou deux, un week-end comme tout le monde, ne me ferait pas de tort. Et je m'étais offert plus longue grasse matinée de ma vie. En réalité, je m'étais levée à 9h du matin. Ce qui, en soit, paraît bien tôt pour le commun des mortels en matière de grasse matinée, était déjà atrocement tard pour moi qui me levais habituellement à 6h (voire 5h parfois) tous les matins. Je m'étais également accordé de traîner dans un bain bien chaud pour soulager mes courbatures et de prendre un petit déjeuner, certes un peu tardif, à la pâtisserie Ruby Bakery que j'adorais tout particulièrement. Habillée à la va-vite d'un jeans et d'un simple polo en coton, je pris mon sac, mes clés et filai à ma voiture, toute heureuse du plaisir de m'empiffrer de croissants français et de bagels. Je ne m'offrais pas souvent ces petits plaisirs, aussi étais-je excitée comme une puce. Je me faisais l'effet d'une gamine à qui on venait de promettre une journée à Disney World. Je passai 5 minutes chez mon oncle et ma tante, pour leur dire bonjour et leur apporter les légumes que je leur avais promis. Ils m'offrirent un thé que je n'osai pas refuser. Je fus heureuse de passer un peu de temps avec eux. Depuis quelques semaines, nous étions tous débordés et n'avions guère le temps de se parler, même au téléphone. Cela me fit du bien de les voir, et de les entendre me dire que j'avais raison de prendre du temps pour moi. Car j'étais épuisée, mais je culpabilisais tout de même de prendre soin de moi un week-end. C'était donc un peu de réconfort que de savoir qu'ils m'approuvaient. Quelque part, je cherchais encore leur approbation pour certaines choses, même si j'avais pris mon indépendance quatre ans auparavant en décidant de m'installer seule. Ils m'avaient élevée comme leur propre fille, et même s'ils ne m'avaient jamais caché que je n'étais pas leur enfant biologique, je les considérais comme mes parents. Je ne les appelais pas "papa" ni "maman", simplement par leur prénom, mais cela ne m'empêchait pas de penser qu'ils étaient mes seuls et uniques parents. Mes géniteurs étaient de sombres lâches, et au final, je ne pouvais que les remercier d'avoir été si cruels en m'abandonnant à mon oncle et ma tante. Ils m'avaient aimé peut-être plus que des vrais parents, car j'étais un enfant tombé du ciel pour eux qui ne pouvaient en avoir. J'avais grandi dans une famille aimante et presque parfaite. J'en remerciais le ciel chaque jour.

En sortant de chez eux, je pris la route pour rejoindre la ville. Nos fermes étant situées carrément à l'extérieur de Ruby Creek Falls, je devais traverser la réserve indienne par la route principale pour rejoindre la "civilisation". J'aimais cette route, car j'avais l'impression qu'ici, la nature était respectée, laissée en liberté. La forêt était dense et luxuriante, les animaux vivaient en liberté et il n'était pas rare de voir une biche ou un chevreuil traverser la route en toute insouciance. La musique résonnait dans l'habitacle de mon pick-up et je chantais à tue-tête, bien qu'horriblement faux. J'étais d'une humeur parfaite, ayant réussi à me débarrasser de ma fichue culpabilité. Derrière la musique et ma voix atroce, j'entendis un bruit étrange. Par acquis de conscience, je coupai le son de la radio et constatai que le moteur de mon véhicule toussait bizarrement. Je décidai de me garer sur le bas-côté afin de vérifier. Je n'aurais probablement pas dû faire cela, car le pick-up refusa catégoriquement de redémarrer après que j'eus ouvert le capot. De la vapeur s'échappa de je ne sais quelle pièce et le moteur rendit l'âme dans un dernier toussotement. Génial. Je n'y connaissais absolument rien en mécanique, ou du moins le strict minimum. Ma première réaction fut de donner un violent coup de pied dans le pneu le plus proche de moi. Résultat, je me fis mal et jurai de douleur. Je me précipitai ensuite vers mon sac où j'espérais trouver mon téléphone portable. Après une légère panique parce que je ne le trouvais pas, je mis la main sur l'appareil et l'embrassai presque de soulagement. Mais mon joyeux sourire s'effaça aussitôt que je vis que je ne captais aucun signal. Je tentai tout de même le coup d'appeler le seul garage de la ville, celui de Jared McConroy, en priant pour qu'il soit au garage et pas en déplacement. Malheureusement, ce que je redoutais arriva: le fatal "bip" d'absence de signal. Super. Je m'effondrai sur le siège conducteur et, de rage et de désespoir mêlés, je frappai le klaxon qui retentit dans le calme de la réserve. Car oui, il avait fallu que je tombe en panne au beau milieu de la réserve, à 5 kilomètres de la première habitation et à 3 kilomètres de la ville. Je redoublais de chance. Dépitée, je sortis de la voiture en attrapant mon sac et verrouillai. Je pris la direction de la ville, complètement abattue, ma bonne humeur envolée comme la brume matinale. J'avais à peine fait quelques pas qu'une silhouette se dressa juste devant moi et je lui fonçai dedans, trop distraite pour évaluer encore les distances. Je me confondis en excuses. " Oh mon dieu, je suis désolée, j'ai la tête ailleurs. J'espère que je ne vous ai pas fait mal. " Et une litanie d'autres excuses. Je levai ensuite les yeux sur la personne que je venais de bousculer. Il était assez grand, les cheveux et les yeux noirs comme l'ébène et le teint mat des Indiens de Wingapo. Il me fixait avec un air que je ne pus décrypter. " Je viens de tomber en panne avec mon pick-up, et mon téléphone ne capte pas. Par hasard, vous... tu... vous y connaissez? " Assez confuse et complètement désarçonnée par son arrivée aussi subite que brutale -ma faute uniquement- je ne savais comment m'adresser à lui. Il était un parfait inconnu, bien que j'aie déjà vu son visage une ou deux fois lors de mes balades dans la réserve. Mais il était jeune, aussi avais-je envie de le tutoyer... Je me sentis brusquement ridicule, et je sentis le rouge me monter aux joues. Et ses yeux noirs qui me fixaient me mettaient dans un drôle d'état qui n'était pas tout à fait désagréable, mais pas réellement agréable non plus. Je croisai les doigts pour qu'il me réponde par l'affirmative, mais avec ma chance, je n'avais plus qu'à me préparer à marcher les 5 kilomètres.
Revenir en haut Aller en bas
Tobias Clearwater

The shadow that never hides


Tobias Clearwater

Messages : 196
Date d'inscription : 20/05/2010
Age : 38
Statut : Célibataire

Curious, a bit ?
Logement : 012, Ozalee
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyJeu 7 Oct - 22:18

Comme souvent à cette période de l’année, Tobias avait un peu moins de boulot. L’école avait repris et avec celle-ci, la vie de Ruby Creek Falls semblait repartie pour dix mois supplémentaires. C’était étrange comme l’année semblait se diviser : il y avait la période scolaire et la période de vacances, bien distinctes aux yeux de pas mal de gens, les élèves les premiers. Mais pas seulement. Pour les ouvriers comme Tobias, c’était également perceptible. Cette année plus particulièrement. Avec l’été chargé qu’il avait eu, à devoir déblayer, détruire, reconstruire, stabiliser, réparer, il n’avait pas eu beaucoup de temps à lui et maintenant que la vie avait repris son cours normal, il avait l’impression d’avoir trop de temps à tuer. Qu’à cela ne tienne, il était suffisamment sollicité par ses proches pour avoir de quoi s’occuper deux trois jours par semaines, le reste du temps, il se chargeait de ce que son patron lui refilait comme boulot mais ce n’était pas suffisant. Avec la venue d’étrangers, censés apporter un souffle d’air frais, aider à reconstruire et tout ce qui s’ensuit, le travail avait été partagé, reporté et ce n’était pas vraiment pour plaire au jeune Indien qui avait dès le départ vu cela sous un angle différent de la plupart des habitants. Il n’y voyait pas un rayon d’espoir mais un nuage gris, chargé de pluie, qui n’attendait que l’heure idéale pour déverser son déluge sur Ruby Creek Falls. Heureusement, la conscience collective semblait s’être enfin éveillée et la bourgade avait commencé à préparer les armes. Banderoles, pancartes et autres affiches peuplaient les rues, dénonçant la mauvaise influence des nouveaux venus et le souhait de tous de les voir s’en aller. Tobias aimait cette énergie, ce changement d’attitude. Le vent tournait, il le sentait, et il avait hâte de voir tous ces riches entrepreneurs plier bagages et quitter leur région. Il n’avait toutefois pas participé à la confection de la manifestation, étant resté soigneusement en retrait. Il bataillait depuis suffisamment longtemps seul que pour vouloir se joindre à la communauté. Il ne ferait pas démonstration de son soutien mais serait là, comme toujours, pour veiller au grain, garder un œil sur l’avancée de la rébellion et apporter son aide si c’était vraiment nécessaire. En attendant, il poursuivait sa vie de son côté, comme toujours. Il n’aimait pas se lier aux autres, que ce soit les habitants ou ses pairs, Indiens d’Ozalee. Incompris de chaque côté, il préférait être seul plutôt que de devoir justifier son attitude ou voir la désapprobation dans le regard des siens. Il ne changerait pas d’avis ni de comportement, il voulait être en accord avec lui-même avant tout, et il s’y tiendrait, quels que soient les reproches qu’on puisse lui faire. Il ne regrettait pas ses faits et gestes ni ses opinions, il ne regrettait pas ses actes passés. Il ne cherchait pas à rallier ses cousins et amis à sa cause. Beaucoup ne comprenaient d’ailleurs pas ce qu’il cherchait à faire à jouer les justiciers et les loups solitaires mais Tobias se contrefichait bien de l’image qu’il donnait. Lui, il savait parfaitement ce qu’il voulait. Que les autres le soutiennent ou non ne changeait rien à la donne.
Durant ses temps libres, Tobias aimait s’éloigner d’Ozalee. Soit pour se balader dans les champs environnants la ville ou bien dans la vaste forêt qui encerclait leur camp. Soit pour aller pêcher ou fumer de l’herbe dans une partie où on ne viendrait pas le chercher. À vrai dire, il n’y avait plus rencontré personne depuis sa dernière rencontre. Une rencontre inopinée qui s’était soldée par des ébats avec une parfaite inconnue. Contrairement aux apparences, ce n’était vraiment pas dans le tempérament de Tobias de sauter sur la première venue. Il ne pouvait pas s’expliquer cette attitude loin d’être digne du gentleman qu’il aurait dû être. Mais Frieda avait été un véritable coup de cœur. Sa façon qu’elle avait de s’adresse à lui, assurée, alors qu’elle connaissait visiblement le jeune homme de réputation. La manière qu’elle avait eue de vouloir s’enfuir, laissant entrevoir une faiblesse sans limites qui avait eu le don d’attendrir Tobias instantanément. La douceur de ses lèvres, de sa peau. Le parfum de son corps, de sa chevelure. Chaque fois qu’il s’isolait du côté de la clairière, près d’un méandre de rivière, il retrouvait l’instant d’intimité qu’il avait partagé avec la jolie blonde. Depuis leur rencontre, il ne l’avait d’ailleurs plus jamais vue, tout juste s’il l’avait aperçue de temps à autre – avec la taille qu’avait Ruby Creek Falls aussi, ce n’était pas compliqué de croiser tout le monde. Il n’avait pas cherché à la revoir et elle non plus, visiblement, ce qui était un véritable soulagement parce que Tobias ne savait pas trop ce qu’ils auraient pu se dire. Oui, ils avaient fait l’amour sans même se connaitre. Oui, la connexion avait été immédiate, et après ? Cela ne voulait rien dire.
Ce jour-là, Tobias revenait justement de la clairière. Il y avait passé quelques heures, à se baigner, à faire ricocher des cailloux sur la rivière, à grimper agilement sur un gros rocher avant de plonger tête la première dans l’eau glaciale. Il s’était dépensé, avait la peau encore fraiche de sa baignade matinale, mais, comme toujours, au bout d’un moment, l’ennui avait fait son chemin et Tobias avait fini par décider de repartir pour Ozalee. Il irait probablement voir au chantier s’il pouvait se rendre utile et si ce n’était pas le cas, il retournerait vaquer à ses occupations. Revenant tout à son aise de sa balade, il retrouva la route principale et longea celle-ci, les mains dans les poches, en direction de la réserve indienne. Comme d’habitude, il avait été à pied et avait laissé son camion devant chez lui. Depuis qu’il était enfant, il avait toujours aimé marcher. C’était un moyen de se dépenser et de penser, tout simplement. Il n’y avait rien de tel qu’une marche en solitaire pour se remettre les idées en place. Il était d’ailleurs occupé à se remémorer un souvenir d’enfance lorsqu’il entendit un bruit suspect : un craquement qui était identifiable entre mille, un moteur en bien mauvais état. Fronçant les sourcils, il accéléra le pas, sachant qu’il allait découvrir le véhicule au tournant suivant et lorsqu’il atteignit celui-ci, ce fut pour tomber sur une jeune femme qui donna un coup de pied rageur dans le pneu de la voiture. Elle grimaça, furieuse et Tobias s’immobilisa pour l’observer un instant.
Il la reconnut aussitôt. La maraichère ne passait évidemment pas inaperçu, surtout dans une ville comme Ruby Creek Falls, mais l’Indien ne l’avait jamais fréquentée et par conséquent, il ne connaissait rien d’elle sinon son prénom et quelques détails sur sa vie. Il ne s’y était jamais vraiment intéressé – d’ailleurs, il ne semblait pas s’intéresser à grand-monde, il y avait longtemps qu’il n’avait pas été intime avec une femme jusqu’à Frieda, ce qui était révélateur. Il émit un petit rire en la voyant se précipiter sur son téléphone et secoua la tête, un sourire ironique sur les lèvres. Si elle pensait une seule seconde capter quoi que ce soit dans un endroit pareil… Il s’apprêtait à intervenir lorsqu’il vit qu’elle avait visiblement décidé d’abandonner son véhicule là, faute de pouvoir contacter qui que ce soit et le premier réflexe que Tobias eut, ce fut de revenir sur ses pas, se dissimulant à la vue de la jeune femme, retrouvant l’invisibilité du tournant. Lorsqu’il entendit le bruit de ses pas, il compta jusqu’à trois puis se remit en mouvement, reprenant son air nonchalant, comme s’il n’avait pas vu Shay s’exciter sur son véhicule. Lorsqu’elle le heurta par mégarde, il émit un petit « aouch ! » et se massa le torse, là où elle l’avait bousculé. Lorsqu’elle releva finalement les yeux vers lui, après s’être confondue en excuses, il haussa les sourcils, comme pour dire « qu’est-ce que tu fais perdue par ici, toi ? ». Il ne posa pourtant pas la question, alors qu’elle reprenait son explication. Pick-up en panne, il était au courant. Son téléphone ne captait pas, idem. Est-ce qu’il s’y connaissait ? Voilà qui était mieux. D’un haussement d’épaules, il se contenta de répliquer :

« J’suis pas mécano mais ça coûte rien d’y jeter un œil. »

Il aurait pu être plus courtois mais il avait d’abord envie de voir à quel genre de femme il avait affaire. Il était bien content de tomber sur elle, ce serait un moyen comme un autre d’occuper des heures qu’il aurait probablement vu passer en d’autres circonstances. Il n’avait rien, aucun outil pour intervenir mais ce n’était pas grave, il avait déjà touché un peu à tout et s’il était clair qu’il n’avait rien d’un garagiste, il pouvait peut-être parvenir à bidouiller quelque chose pour remettre le moteur en route. Assez longtemps en tout cas pour qu’elle puisse atteindre le garage le plus proche, plus apte à lui venir en aide.
Ils rejoignirent la voiture et Tobias ouvrit le capot, plongeant son attention dans celui-ci, analysant la situation. Il tripota quelque chose, évalua la chaleur d’un autre et secoua la tête, comme s’il allait annoncer l’heure du décès du véhicule. Lorsqu’il referma le capot d’un geste fataliste, il s’exclama :

« J’peux rien faire sans matos… et encore, j’suis pas certain de pouvoir faire quoi que ce soit. » Il désigna la direction opposée à celle qu’avait prise Shay. « La réserve se trouve à deux kilomètres, on peut aller chercher ce que j’ai besoin, si ça ne va toujours pas, j’te conduirai en ville pour que tu puisses appeler un garage ou quoi… »

Il n’était pas certain qu’elle serait prête à le suivre. Peut-être qu’elle préférerait rester près de son véhicule le temps du trajet mais il prit le risque. Après tout, la perspective de voir Ozalee plairait peut-être à la jeune femme.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Bowmann

My Own Private Idaho

Shay Bowmann

Messages : 194
Date d'inscription : 20/06/2010
Age : 40

Curious, a bit ?
Logement : Pine Creek Farm
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyVen 15 Oct - 15:12

J'étais affreusement gênée, pour ne pas dire complètement désemparée. Je l'avais bousculé avec une force loin d'être féminine. C'était tout à fait moi! Tête en l'air jusqu'au bout des ongles. Si seulement je regardais où je mettais les pieds! Mais quand j'étais énervée ou préoccupée par quelque chose, je devenais vite maladroite, trop obnubilée par mes petits problèmes que par le monde extérieur. Et puis il avait surgi si vite des fourrés que je n'avais pas eu le temps de donner à mon corps l'ordre de s'arrêter. Collision inévitable. Gênée au possible, je ne savais où me mettre et ne cessais de me tortiller sur moi-même, passant nerveusement ma main dans ma chevelure emmêlée. Je lui aurais bien sauté au coup lorsqu'il me répondit qu'il n'était pas mécano, mais qu'il pouvait y jeter un oeil. Un large sourire vint déformer mon visage sans que je puisse le retenir. Il était mon sauveur, pour le coup. " Oh merci! C'est vraiment sympa. Pour une fois que je descends en ville pour autre chose que le travail, il faut que ce tas de ferraille me fasse des misères. " Je me sentais étrangement le besoin de me justifier, bien que ce jeune homme m'était totalement inconnu. Je ne savais pas pourquoi je lui avais dit cela, il n'en n'avait probablement rien à faire, mais c'était un moyen comme un autre de "rompre la glace" et peut-être aussi d'évacuer mon stress du moment. Je n'étais pas quelqu'un de nerveux, seulement lorsque les choses ne se passaient pas comme elles l'auraient dû ou que j'étais contrariée. En temps normal, j'étais plutôt calme. Mais là, avec mon pick-up en panne en plein milieu des bois, j'avais de quoi perdre mon sang froid, non? Je tentai de m'en convaincre et le suivis jusqu'à mon véhicule. Il ouvrit le capot et examina longuement le moteur. Je n'y connaissais strictement rien, j'avais déjà bien des difficultés à remettre de l'eau dans le lave-glace ou à remplir le réservoir d'huile, autant dire que tout ce qu'il fit m'échappait totalement. Je le regardai faire et ma mine se décomposait à mesure que je le voyais triturer aux différentes pièces avec un air pessimiste. Mon moral finit de tomber en miettes lorsque je le vis secouer la tête. Je m'attendais à une catastrophe, je n'étais pas connue pour ma chance. Bien au contraire. J'étais la poisse incarnée. Si quelque chose avait un risque de tourner mal pour moi, en général, cela ne se passait pas bien. Il m'annonça qu'il ne pouvait rien faire sans matériel, mais qu'il n'était même pas sûr ce pouvoir faire quoi que ce soit. Je le regardai, complètement désespérée. Je n'avais plus qu'à marcher jusqu'à la ville. Je ne pouvais pas le blâmer de ne pas pouvoir m'aider, c'était déjà pas mal d'être tombée sur lui complètement par hasard au beau milieu de la forêt. Il me proposa de le suivre jusqu'à la réserve. C'était à deux kilomètres (toujours moins loin que la ville) et la perspective de marcher accompagnée ne m'était pas désagréable. Je n'avais pas véritablement envie de faire tout le chemin seule. Si j'avais voulu aller en ville, c'était pour prendre un peu soin de moi, mais également pour voir du monde. J'étais seule en permanence à la ferme et un peu de compagnie me ferait du bien. J'essayai de ne pas avoir l'air trop déçu, mais je n'étais sûrement guère convaincante. " On peut toujours tenter, non? " Je verrouillai ma voiture et m'engouffrai dans les bois à sa suite. D'ordinaire, je n'aurais jamais osé quitter les chemins balisés, mais il semblait savoir exactement où il allait. Sans trop savoir pourquoi, je lui faisais confiance. C'était assez nouveau pour moi, d'ailleurs, et je m'en étonnai avant de me dire que de toute façon, je n'avais rien à perdre, à part peut-être une heure de mon temps et j'étais bien prête à faire ce sacrifice, au point où j'en étais, je ne pouvais pas tomber plus bas.

Je suivais le jeune homme depuis quelques minutes déjà et nous n'avions plus échangé un mot depuis que j'avais accepté de l'accompagner à la réserve indienne. Il marchait à bonne allure et j'avais parfois un peu de mal à garder le rythme, je me tordais les pieds, me griffais avec des branches ou des ronces ou glissais sur la mousse encore humide de la dernière pluie. C'était pour moi le parcours du combattant, d'autant qu'il ne ralentissait pas et j'avais de plus en plus de mal à le suivre. Au bout d'un moment, je me résolus à ravaler ma fierté et à l'interpeler. " On pourrait aller moins vite ? J'ai un peu de mal à te suivre, je n'ai pas trop l'habitude de..." Mon "de" resta en suspens et je poussai un cri alors que je m'étalais comme une crêpe sur le sol. J'avais marché sur un tas de feuilles mortes trempées et glissé sur les racines d'un vieux chêne. Sans comprendre comment, je me retrouvai couchée sur le dos. Par réflexe, j'éclatai de rire. C'était nerveux, je ne pouvais pas m'en empêcher et j'eus bien du mal à m'arrêter. Je me relevai tant bien que mal et haussai les épaules. " Bref, tu vois quoi. " J'avais honte! Ce garçon me connaissait depuis quinze minutes, peut-être vingt, et j'avais déjà fait preuve de ma grande maladresse deux fois, et quelles fois! Certes, je n'étais pas connue pour être une fille très fine et élégante, mais d'habitude, je parvenais à éviter ce genre de catastrophes. Quelle impression il devait avoir de moi! Pour sûr, il irait raconter ça dans la réserve et on me gratifierait d'un magnifique surnom indien dont tout le monde saisirait le ridicule sauf moi. Je me frottai le bas du dos, car mine de rien, je m'étais fait assez mal en chutant. " D'habitude je sais me tenir... " dis-je d'une petite voix en le rejoignant. Nous reprîmes notre chemin à travers bois, mais cette fois, je comptais bien éviter le silence. " Au fait, je ne me suis pas présentée. Je suis Shay Bowmann. Et tu es? " Je l'avais bien croisé une ou deux fois, mais je ne le connaissais ni d'Eve ni d'Adam. De toute façon, je n'avais pas beaucoup de contacts avec les Indiens de la réserve. Ce n'était pas faute d'essayer, car à chaque fête locale, j'étais la première à essayer de tisser des liens, malheureusement, j'avais dû tomber sur ceux qui n'aimaient guère les visages pâles. J'avais peut-être eu de la chance aujourd'hui que ce jeune homme passe par là au moment où j'étais tombée en panne...
Revenir en haut Aller en bas
Tobias Clearwater

The shadow that never hides


Tobias Clearwater

Messages : 196
Date d'inscription : 20/05/2010
Age : 38
Statut : Célibataire

Curious, a bit ?
Logement : 012, Ozalee
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyDim 14 Nov - 21:41

Ramener des étrangers à Ozalee n’était pas quelque chose que Tobias faisait mais dans ce cas-ci, il ne voyait pas trop quel mal cela pourrait faire. La jeune femme semblait innocente et il doutait qu’elle soit du genre à faire preuve de préjugés à l’égard des Indiens. Il n’y avait qu’à voir la façon dont elle réagissait – visiblement, elle n’avait pas été effrayée par son identité mais plutôt par la façon dont il était apparu sur son chemin. Elle était nerveuse, mais ça n’avait pas l’air d’être parce qu’elle était seule au milieu de nulle part avec un étranger mais plutôt parce que sa voiture faisait des siennes et que sans bagnole, évidemment, elle était coincée pour beaucoup de choses. On ne faisait pas grand-chose sans voiture dans les environs, à part si on résidait à Ruby Creek Falls même et, là encore, ce n’était pas certain, car la moindre envie de s’évader ou d’aller se promener dans les montagnes demandait un véhicule, à moins de vouloir attendre les bus qui ne passaient qu’une fois par heure. D’un autre côté, Tobias en déduit qu’elle ne vivait pas à Ruby Creek Falls, que ferait-elle en effet par ici si elle habitait la bourgade ? Le jeune homme savait toutefois qu’il ne connaissait pas tout de la vie des autres et si Shay ne lui était pas étrangère, il ne pouvait pas non plus décréter qu’il savait tout d’elle rien qu’à la regarder. Il n’était pas du genre mêle-tout ni du genre à écouter ce que les commères pouvaient bien raconter. C’était bien simple, les commérages, il les évitait un maximum. Il ne voyait pas l’intérêt de spéculer sur la durée d’un mariage, de médire quand un adolescent sortait du sentier qu’on lui avait tracé ou qu’on se délectait à ressasser les malheurs d’autrui. Il avait toujours trouvé ce plaisir malsain particulièrement répugnant et ce, pas uniquement parce qu’il devait être le sujet de certaines conversations. C’était tout simplement dans sa nature. Il avait ses propres valeurs et les défendaient de tout son cœur, qu’on le comprenne ou non. Ici, il sentait que c’était différent. L’échange était loin d’être banal bien qu’un peu cliché, mais il devait avouer que rencontrer cette jeune femme spontanée et naturelle lui faisait un bien fou. De temps à autre, son parcours était semé de rencontres inattendues comme celles-ci. Elle n’avait rien de commun avec celle qu’il avait faite trois mois plus tôt, au milieu de nulle part mais d’une certaine façon, il ne savait pas trop pourquoi, il avait le sentiment que la jeune femme en panne était quelqu’un de bien, tout comme Frieda. Elle ne semblait pas le juger, elle ne le regardait pas avec méfiance, elle s’adressait à lui normalement et ne semblait pas chercher à dissimuler le soulagement qu’elle éprouvait à ce qu’il veuille bien jeter un œil. Cela semblait pourtant la chose à faire pour Tobias, il avait beau ne pas être un expert, il devait certainement mieux s’y retrouver qu’elle, sans vouloir avoir l’air macho et plein de préjugés – après tout, il y avait sûrement des nanas plus douées que lui en la matière.
Il n’hésita pas vraiment à lui proposer l’option Ozalee. À en juger par sa façon d’être et ce qu’elle avait dit au sujet de son travail, il se dit qu’elle n’irait pas se plaindre pour une poignée de kilomètres à parcourir à pieds et si c’était le cas, franchement, il n’était pas vraiment du genre à s’interroger sur une autre proposition. Si elle déclinait l’offre, il hausserait probablement les épaules, se contenterait d’un « comme tu le sens » désinvolte et s’en irait. Alors oui, il pourrait également lui dire qu’il allait chercher son véhicule et reviendrait d’ici une dizaine de minutes mais il préférait la savoir avec lui plutôt que seule en l’attendant. Le coin n’était pas vraiment risqué mais comme tout homme qui se respecte, Tobias éprouvait le besoin de prendre soin de quelqu’un de l’autre sexe, même s’il s’agissait d’une quasi inconnue, comme dans ce cas-ci. Il aurait beau essayer de réprimer le sentiment de culpabilité qu’il ressentirait à la laisser derrière lui, il savait que ça le tarauderait un moment et s’il pouvait s’éviter cela, il n’allait pas s’en priver. Elle accepta et il hocha simplement la tête, un semblant de sourire sur les lèvres alors qu’il se mettait en route. Pas besoin de tergiverser, de toute manière, il n’avait jamais été un grand bavard, non pas qu’il n’ait pas la conversation intéressante mais il réservait sa salive à des choses qui en valaient la peine et comme il travaillait la plupart du temps sur un chantier, il n’y avait pas besoin de parler pendant des heures. C’était un garçon concentré et sérieux dans son boulot. Tout comme elle, il pouvait le sentir. Ils devaient sûrement avoir cela en commun.
Le chemin le plus court pour rejoindre Ozalee coupait par les bois environnants. Ils auraient pu suivre la route mais avec les méandres qu’elle faisait, ils en auraient eu pour trois-quarts d’heure de plus et à quoi bon user son énergie à ça s’ils pouvaient opter pour un raccourci ? Il aurait pu se montrer plus loquace, il l’avait davantage été avec Frieda, mais le contexte était alors différent. Celui-ci était pourtant plus propice à la discussion, banale, quelle qu’elle soit, mais Tobias ne voyait pas trop quoi dire. Il aurait pu l’interroger, lui demander si elle avait déjà été à Ozalee, le métier qu’elle faisait, peu importe, mais il ne le fit pas pour une raison que lui-même ignorait. Il marchait à une allure soutenue, se glissant comme un fauve entre les troncs, son sens de l’orientation en action. Plus vite ils rejoindraient Ozalee, plus vite elle pourrait être sortie de cette situation ennuyeuse et ils pourraient reprendre le cours de leurs vies. Lorsque la voix de la jeune femme le sortit de ses pensées, il ne s’arrêta pas immédiatement, commençant par jeter un simple coup d’œil par-dessus son épaule, juste à temps pour la voir dégringoler et s’écrouler par terre. Il finit par s’immobiliser et fit volte-face alors qu’elle éclatait de rire. Le visage de Tobias ne se dérida pas immédiatement, comme il n’était pas du genre à se retrouver dans une situation aussi cocasse et le temps qu’il lui vienne à l’esprit d’aller l’aider à se redresser, elle était déjà à moitié debout. Il attendit qu’elle le rejoigne et ils reprirent leur route, lui marchant nettement moins vite cette fois. « Au fait, je suis Shay Bowmann. Et tu es ? » Il lui décocha un regard en coin et finit par répondre :

« Tobias Clearwater. »

N’importe qui aurait probablement avertit la jeune femme qu’il ne fallait pas se fier à ce qu’on disait sur son compte mais le jeune Indien se contrefichait bien de la réputation qu’il trimballait avec lui. De toute façon, elle ne sembla pas réagir à son nom, ce qui voulait dire qu’elle fréquentait suffisamment peu Ruby Creek Falls pour connaitre ses actions répréhensibles. Il n’était pas fier de l’image qu’il véhiculait, mais il ne s’en cachait pas non plus. S’il y avait bien une chose à laquelle il tenait, c’était la transparence, la franchise, la sincérité.
Après un instant, il se décida à saluer l’effort de Shay de lui faire la conversation alors qu’il avait été tout sauf réellement avenant ou communicatif.

« T’es déjà allée à Ozalee ? Je sais que je t’ai déjà vue à certaines des fêtes du coin, mais Ozalee, j’en ai aucun souvenir. »

À vrai dire, les Blancs côtoyaient les Indiens principalement à Wingapo et ils ne se mélangeaient à la communauté indienne à Ozalee même qu’en certaines occasions.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Bowmann

My Own Private Idaho

Shay Bowmann

Messages : 194
Date d'inscription : 20/06/2010
Age : 40

Curious, a bit ?
Logement : Pine Creek Farm
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyJeu 2 Déc - 14:59

Tobias Clearwater était un parfait inconnu pour moi et, étonnament, je le suivais sans me poser de questions. Je n'étais pas du genre à me méfier des gens, éternelle optimiste, je ne voyais que leurs bons côtés. Cela me jouait parfois des tours, et j'en ressortais parfois blessée ou déçue, mais c'était ma nature d'être confiante, peut-être trop. On ne me changerait plus. A 26 ans, c'était un peu tard. Mais s'il y avait bien une chose que j'avais apprise à force d'expérience, c'était qu'il ne fallait rien attendre de personne. Aussi je n'attendais rien d'autre de ce fameux Tobias Clearwater que ce qu'il m'avait promis: me conduire en ville pour trouver un garagiste capable de réparer mon pick up. Je n'essaierais pas d'en faire mon ami, pas plus que je n'attendais qu'il me fasse des promesses ou qu'il me fasse rêver. D'ailleurs je n'avais aucune raison de le faire. Et bien que j'avais envie de le considérer comme mon ange gardien parce qu'il s'était trouvé au bon endroit au bon moment, je dus me retenir. Il n'était qu'un Indien qui s'ennuyait et errait dans les environs. Notre rencontre était une pure coïncidence. Néanmoins, l'attitude calme et réservée du jeune homme m'intriguait. Il était taciturne et j'avais l'impression de le déranger quand j'avais le malheur d'ouvrir la bouche. Mais je ne pouvais le blâmer de ne pas avoir envie de me parler. Moi-même je ne savais pas quoi dire, si j'avais parlé, c'était que je trouvais le silence un peu trop lourd et que je voulais détendre un peu l'atmosphère. Visiblement, ma tentative n'avait pas été un grand succès, et ma chute n'avait pas dû plaider pour mon cas. J'étais une incorrigible maladroite et il m'arrivait parfois d'avoir l'air ridicule. Cette fois, je m'étais dépassée et Tobias dut me prendre pour une parfaite imbécile. Ce n'était pas mon genre de m'étaler dans les bois en compagnie d'un inconnu. Cependant, il ne sembla pas m'en tenir rigueur, car il ne se dérida même pas et conserva cet air sérieux qu'il avait sur le visage. Il était intimidant, je ne pouvais le nier. Je crus bien que le reste du trajet allait se faire en silence, car ormis son nom et son prénom, il n'avait rien dit et n'avait pas desserré la mâchoire. Je commençais à me dire qu'il regrettais de m'avoir proposé son aide. Heureusement, il se décida à faire un effort et à essayer de faire la conversation. Il m'avoua m'avoir déjà vue dans certaines fêtes de la région, cependant jamais à Ozalee. Je ne savais comment réagir, si je devais être flattée ou intriguée par le fait qu'il m'avait déjà remarquée et qu'il s'était souvenue de moi. Cependant, j'étais bien trop gênée pour réfléchir, car moi-même, je ne l'avais jamais vu, ou en tout cas je ne m'en souvenais pas. C'était d'ailleurs assez étonnant, car il était plutôt beau garçon et, généralement, j'avais une bonne mémoire pour ce qui concernait les beaux jeunes hommes. Mais s'il était aussi taciturne et discret lors des fêtes qu'il ne l'était en ce moment, c'était à vrai dire assez naturel que je ne l'ai jamais remarqué. Tout en marchant à ses côtés, je m'empressai de répondre, ravie qu'une conversation puisse naître de cette petite question d'apparence fort banale.

" Non, je ne suis jamais venue à la réserve. Je viens parfois à Wingapo, mais je ne me suis jamais vraiment aventurée à Ozalee. Néanmoins, cela m'a toujours intriguée et je suis ravie d'avoir une occasion d'y venir. "

Je lui décochai un large sourire, car ravie, je l'étais vraiment. Depuis ma plus tendre enfance, du moins aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours été attirée par la réserve, mais on m'avait toujours interdit d'y mettre les pieds. Ma tante avait un peu peur des Indiens et mon oncle, trop peureux que pour la contredire, se contentait de m'interdire d'y aller. Et les contes sur l'histoire de la tribu qui vivait à Ozalee qui couraient en ville n'étaient pas pour me rassurer, bien que j'imaginais mal les Indiens être assoiffés de sang et prêts à trancher la gorge au premier blanc qui franchirait les frontières de la réserve. Cependant, je n'avais jamais fait le pas de venir m'y promener. Et puis j'avais eu bien d'autres chats à fouetter et assez d'occupations en ville que pour arpenter la réserve. Je ne pouvais nier ressentir une légère appréhension à l'idée de m'introduire dans le village des Indiens. J'avais peur qu'ils voient ma présence d'un mauvais oeil, mais puisque c'était Tobias qui m'avait invitée à l'accompagner et qui me précédait, je me rassurai.

" Tu viens souvent en ville? Je ne t'ai jamais vu... Enfin, il faut dire que je passe très peu de temps à Ruby Creek Falls. J'ai une ferme maraîchère sur les hauteurs. Je ne viens pratiquement que pour le marché et parfois pour quelques fêtes. "

Il était vrai que j'étais plutôt recluse, malgré que ça ne me correspondait pas vraiment. J'étais une jeune femme extravagante et extravertie, j'adorais le contact des gens, mais cela faisait de nombreuses années que je ne quittais ma ferme que pour le marché ou des occasions particulières. Mon travail me prenait beaucoup de temps et la mort de mon petit ami il y a quatre ans m'avait beaucoup secouée. J'avais beaucoup moins cherché le contact des gens après ce tragique accident et m'était souvent contentée de mes quelques heures de vente au marché. Mais j'étais sortie de cet état dépressionnaire et passais plus de temps en ville et, il est vrai, fréquentais plus volontiers les fêtes. Et avec l'éboulement, j'avais décidé de me reprendre en main et de jouer la carte de la solidarité. Ce n'était peut-être pas plus mal.
Revenir en haut Aller en bas
Tobias Clearwater

The shadow that never hides


Tobias Clearwater

Messages : 196
Date d'inscription : 20/05/2010
Age : 38
Statut : Célibataire

Curious, a bit ?
Logement : 012, Ozalee
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyMar 25 Jan - 10:24

Tobias n’avait jamais été quelqu’un qui attirait la sympathie. Même enfant, il était à l’origine d’une certaine méfiance. Pourtant, ce n’était pas ce qu’il avait voulu mais avec le temps, il s’était habitué à cette façon d’être perçu et c’était peut-être en partie pour cette raison qu’aujourd’hui, il gardait cette aura singulière, ce côté étranger à tous, même parfois à ceux qui l’avaient vu naitre et grandir. Il ne faisait rien pour, c’était juste comme cela, et quand il avait vu l’injustice qui était vécue par les siens, c’était comme si son sort s’était étendu et, là encore, on pouvait imaginer que c’était cela qui était à la base de son comportement d’aujourd’hui, de son besoin de vouloir rectifier ce qu’il estimait injuste ou incompréhensible. Il avait évolué avec cette idée qu’il n’y avait pas de raison qu’il(s) soi(en)t la/es victime(s) d’une image qu’il(s) donnai(en)t. A vingt-quatre ans, il assumait complètement sa réputation, il n’en avait pas honte. Il l’avait toujours eue, quoi qu’il fasse, où qu’il aille. Mais ce n’était pas pour autant qu’il se montrait antipathique avec tout le monde. Cette jeune femme, par exemple, ne lui avait rien fait, et s’il ne s’intéressait pas à elle parce qu’elle était jolie – ce qu’elle était, indéniablement –, il ne feignait pas non plus son attention. Il n’était pas du genre à jouer la comédie, quelles que soient les circonstances. Il était quelqu’un d’entier, et cela, personne ne pouvait le lui retirer. Il ne mentait pas, ne se dissimulait pas derrière cette carapace, même si peu de gens pouvaient savoir ce qui habitait son cœur. A vrai dire, la seule véritable personne à savoir qui il était, c’était Macha et pour cause, elle avait longtemps fait partie de son centre d’attention. A présent, elle était adulte, il essayait de la couver moins, mais son tempérament difficile le forçait néanmoins à la garder à l’œil. Finalement, malgré son image difficile, Tobias était quelqu’un de fiable, fidèle. Macha pouvait en témoigner et s’il n’était pas certain que Shay sache quoi que ce soit à son sujet, il se disait que ce serait sympa de montrer qu’il n’était pas le garçon que tout le monde pensait. Frieda avait eu un aperçu étrange de sa personnalité, la spontanéité dont il avait pu faire preuve mais ce n’était pas vraiment son style de faire l’amour à de parfaites inconnues. S’il se montrait plus bavard avec Shay, ce n’était certainement pas dans le but de réitérer son exploit du mois de juillet, en tout cas.
L’avantage qu’il avait aujourd’hui, c’est d’être tombé sur quelqu’un de particulièrement réceptif. Là où d’autres n’auraient certainement pas simplifié sa tâche en répondant avec énergie, Shay s’avéra une interlocutrice idéale. Elle ne lui tenait pas rigueur de son attitude un peu distante, à limite de la froideur, qui aurait pu décourager n’importe qui. Elle semblait même le récompenser de son effort en répondant avec facilité, comme si discuter avec lui ne représentait aucun effort – ce qu’il savait faux, puisque la plupart des gens ne parvenaient pas à aller plus loin que les salutations de rigueur. Il lui jeta un coup d’œil lorsqu’elle déclara être ravie d’avoir une occasion d’y venir et hocha simplement la tête, comme pour marquer son approbation. Son sourire ne sonnait pas faux, et cela accorda un point en plus à la jeune femme. S’il n’était pas anxieux ou ennuyé jusque-là, il sentit tout de même une sorte d’état de détente l’envahir. Lorsqu’elle l’interrogea à son tour, un léger sourire, presque un rictus, étira les lèvres du jeune homme.

« J’y vais pas tant que ça non plus » avoua-t-il d’un haussement d’épaules. « Je suis sur les chantiers, la plupart du temps – je suis ouvrier » précisa-t-il.

Il ne fit pas remarquer qu’il véhiculait une image trop mauvaise pour fréquenter les autres coins de la ville – non pas que ça l’ait intéressé à un moment ou un autre de son existence. Mais il ne cherchait pas la petite bête en allant se mêler à des gens qui ne l’appréciaient pas. Il ne cherchait pas la violence, contrairement à ce qu’on voulait faire croire.

« Je pense que tu vas aimer Ozalee » ajouta-t-il au moment où il apercevait les abords de celle-ci. « D’ailleurs, nous y voilà »

Il agrémenta sa phrase d’un signe, désignant de l’index les toits apparents. Et alors qu’ils rencontraient le premier Indien, Tobias hocha la tête, serra la main du jeune homme d’un geste tout ce qu’il y a plus habituel pour des Américains. L’autre salua également Shay d’un sourire amical et avenant et poursuivit sa route, laissant le duo continuer à entrer plus profondément dans le village, passant devant des maisonnées pleines d’agitations et d’autres plus calmes.

« C’est là que les objets de Wingapo sont confectionnés » expliqua-t-il alors qu’ils passaient à proximité d’un joyeux groupe penché sur des babioles en tout genre. « Le jour où tu as envie d’un truc personnalisé, tu peux venir les voir, ils le feront avec plaisir. Les gosses adorent sortir du sentier battu surtout. »

L’habitation du jeune Clearwater se trouvait non loin de là et lorsqu’ils parvinrent à proximité, l’Indien sortit les clefs de sa poche.

« J’vais chercher mes outils, j’en ai pour un instant. »

Ce n’était pas vraiment pas manque de politesse qu’il ne l’invita pas à entrer mais il n’avait pas prévu la venue de quelqu’un et il n’était pas spécialement enclin à montrer son intérieur sans l’avoir mis un minimum en ordre. Or, à ce moment précis, son habitation était un véritable capharnaüm.
Revenir en haut Aller en bas
Shay Bowmann

My Own Private Idaho

Shay Bowmann

Messages : 194
Date d'inscription : 20/06/2010
Age : 40

Curious, a bit ?
Logement : Pine Creek Farm
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyDim 20 Mar - 19:58

Nous avions marché vite et le village se trouvait à présent à quelques mètres. Je ne pus m'empêcher de ralentir le pas légèrement, j'étais intimidée, pour tout dire, mais je ne le montrerais jamais à Tobias. Je n'avais pas envie qu'il me prenne pour une poule mouillée ou quoi que ce soit d'autre, ce que je n'étais pas. Mais les Indiens m'avaient toujours impressionnée. D'aussi loin que je me souviens, je les ai toujours admirés. Grands, bronzés, des yeux noirs insondables, musclés pour les hommes, gracieuses comme le vent pour les femmes... Petite, je rêvais d'avoir leurs longues chevelures noires comme le jais. Que n'aurais-je pas donné pour être née là-bas! Je connaissais quelques Indiens, ceux qui venaient en ville et faisaient la fête avec les habitants, mais je ne prétendais pas les connaître très bien. Je ne savais de leurs rites que ce que j'en avais lu dans les bouquins et entendu dans des conversations. J'étais donc très heureuse de pouvoir mettre les pieds dans le village, bien que nerveuse et soucieuse du regard que l'on me porterait. Tobias ne montra aucune hésitation et sortit de la forêt avec sa démarche assurée, jetant à peine un regard derrière lui pour voir si je suivais. Je lui emboitai le pas et sortit à mon tour des bois. La clarté qui régnait à l'extérieur me piqua les yeux et, le temps qu'ils s'accoutument à la luminosité après la lumière tamisée du sous-bois, je mis ma main en visière au dessus de mes yeux.

Ce que je vis était bien loin de tout ce qu'on m'avait raconté des Indiens, et beaucoup plus proche de ce que j'en avais lu. Ils avaient l'air si paisibles, les enfants si naïfs, les femmes affairées aux tâches quotidiennes. C'est à peine si on me remarqua. Tobias m'expliqua que les enfants seraient ravis de me fabriquer un objet personnalisé si j'en faisais la demande. Je leur jetai un œil en souriant. Ils étaient si adorables, assis tout autour d'une table à enfiler des perles sur des fils ou à façonner des poteries avec une dextérité étonnante. Je me serais volontiers approchée pour les regarder faire, mais Tobias continuait à avancer et je n'eus d'autre choix que de les quitter des yeux, bien à regret. Je me promis de venir leur demander un des magnifiques bracelets que je lorgnais toujours à Wingapo, sans jamais en trouver un aux couleurs que j'affectionais. Je leur fis un petit signe de la main en passant à leur hauteur, et ils me répondirent, tout sourire. Je m'empressai de rejoindre Tobias, qui était déjà dix mètres devant. Il entra dans une petite maison et m'annonça qu'il cherchait après ses outils et revenait tout de suite.
Je ne fus guère surprise qu'il ne m'invite pas à entrer. Il n'avais pas l'air d'être du genre à inviter des inconnues chez lui en pleine journée. Mais qui sait, il était peut-être plutôt du genre à accepter les invitations des dites inconnues une fois la nuit tombée... Je chassai cette pensée de ma tête immédiatement avant de commencer à me faire des films. Tobias était plutôt beau garçon, pour ne pas dire carrément alléchant. Avec ses muscles saillants, son teint bronzé et ses yeux noirs, sa coupe courte et son allure de bad boy, il n'avait sans doute aucun mal à tomber les filles. Et n'aurait sûrement pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour me faire craquer, s'il s'y prenait correctement. Il revint assez rapidement, mettant un terme à mes divagations et j'eus bien du mal à le regarder en face après l'avoir imaginé, les mains pleines de cambouis à réparer ma voiture... Heureusement je n'en n'eus pas besoin, il désigna un véhicule et m'invita à y entrer. On irait plus vite pour retrouver mon pickup. Je m'installai sur la banquette avant et bouclai ma ceinture. Il démarra en trombe et, en quelques minutes, nous nous retrouvâmes à hauteur de mon véhicule. Il descendit et sortit ses outils.
Je le regardai s'affairer et profitai du soleil sur ma peau. J'avais soif, et j'aurais donné n'importe quoi pour un grand verre d'eau glacée. Il bidouilla pendant un moment dans le moteur avant de me demander d'essayer de mettre le contact. Mais rien ne se produisit lorsque je tournai la clé. On fit quelques autres tentatives, mais lui comme moi, on dut se rendre à l'évidence: il faudrait une dépanneuse. Il proposa gentiment de me déposer en ville. J'acceptai, toute heureuse à l'idée de passer un peu plus de temps avec lui. D'ordinaire, j'étais moins enthousiaste avec les hommes, mais Tobias était loin de me laisser indifférente. Je grimpai à nouveau dans son véhicule. Il faisait chaud et j'ouvris la fenêtre pour avoir un peu d'air. Le vent fit voleter mes cheveux dans tous les sens et j'eus bien du mal à les garder en place. Tobias regardait droit devant lui, concentré sur sa route. Je regrettai de ne pas lui faire au moins un tant soit peu d'effet, mais on arriva en ville avant que j'ai eu le temps de me vexer.

On s'arrêta devant le garage de Jared McConroy et, étonnamment, Tobias m'accompagna à l'intérieur. Je m'attendais à ce qu'il me dépose simplement et reparte ensuite pour la réserve. Je ne fis cependant aucune remarque. Jared me promit de s'occuper de mon pickup très rapidement, mais il avait une voiture à réparer en urgence. Il n'en n'avait plus pour longtemps, me dit-il, et il me ramènerait le pickup directement chez moi. Il me demanda si j'avais un moyen de rentrer et avant même que j'ai eu le temps de me tourner vers Tobias pour lui demander s'il pouvait encore me faire cette faveur, celui-ci répondit qu'il me reconduirait. La discussion de dura pas plus longtemps et on remonta dans la voiture de Tobias. Je lui souris en le remerciant d'être si serviable avec moi. On discuta de choses et d'autres sur le trajet, que je trouvai pour une fois admirablement court, peut-être même trop. La voiture s'immobilisa devant ma ferme. Je ne savais pas quoi faire. Devais-je l'inviter à entrer boire un verre pour le remercier de m'avoir aidée ou pas? Comment le prendrait-il? Je n'avais curieusement pas envie qu'il se fasse une mauvaise idée de moi... même si ma réputation devait déjà être faite en ville. Je n'étais pas une fille aussi facile qu'on le disait, même si j'étais une bonne fêtarde et ne crachais jamais sur un beau garçon tant qu'il se comportait bien avec moi. Je finis par desserrer les mâchoires et lui proposer de venir prendre un verre. Il refusa poliment, m'expliquant qu'il avait déjà des engagements pour la soirée.  « Ce sera pour une autre fois, alors. En tout cas, je te remercie pour tout ce que tu as fait. C'était vraiment sympa. Sans toi je crois que je serais encore sur le chemin de la ville à pester parce que mon portable ne capte pas. » Je lui souris avant de détacher ma ceinture et d'ouvrir la portière. Je descendis bien à contre-coeur.  « On se croisera peut-être en ville. Si jamais tu as besoin de légumes, ou de quoi que ce soit, tu sais où venir frapper. Je te les offrirai avec plaisir. C'est tout ce que je peux faire pour te remercier. » Je fermai la porte après un dernier sourire et me dirigeai vers ma maison. Il ne fit demi-tour que lorsque j'eus ouvert la porte et je trouvai ça presque adorable.
Je rêvais déjà de la prochaine fois que je le verrais...
Revenir en haut Aller en bas
Shay Bowmann

My Own Private Idaho

Shay Bowmann

Messages : 194
Date d'inscription : 20/06/2010
Age : 40

Curious, a bit ?
Logement : Pine Creek Farm
Relationships :

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias EmptyDim 20 Mar - 19:58

The end
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias _
MessageSujet: Re: Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias   Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Maybe I’m wasting my time (...) PV Tobias

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
R U B Y C R E E K F A L L S :: CAMP INDIEN :: Ozalee-