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 « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan

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Floyd A. Oackley

tomorrow won't be better


Floyd A. Oackley

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« True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan _
MessageSujet: « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan   « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan EmptyVen 1 Oct - 9:47

La balle de baseball rebondit pour l’énième fois contre le mur et atterrit dans les mains de Floyd. Dehors, il pleuvait depuis plus de deux heures et les gouttes frappaient la vitre continuellement, sans jamais sembler se fatiguer. Il avait beau être bien au chaud dans sa chambre, à l’abri de l’averse, il n’en restait pas moins irrité. Il n’aimait écouter ce son particulier que tard le soir, lorsqu’il s’apprêtait à s’endormir et qu’il était délicieusement calé sous ses couvertures. C’était bien le seul charme d’une soirée pareille. Floyd était avant tout un garçon du printemps et de l’été, l’automne et l’hiver, ce n’était pas trop sa tasse de thé. Son corps malingre était constamment frigorifié et il se retrouvait à devoir se balader avec une écharpe épaisse à longueur de temps. Son teint reprenait une couleur fade, blême et ses taches de rousseur semblaient ressortir. La seule chose qu’il affectionnait aux saisons plus froides, c’était les fêtes familiales – Thanksgiving, Halloween, Noël étant ses favorites – et les soirées devant le feu, à regarder le bois se consumer en diffusant une chaleur bienveillante sur la pièce. Pour le reste, il n’aimait pas sortir quand les trottoirs étaient enneigés – contrairement à beaucoup de ses camarades, Floyd avait en horreur les batailles de boules de neige, et Dieu sait si la moindre occasion n’était pas utilisée pour se lancer dans ce canardage intensif qui prenait pour cible les batailleurs comme les passants. Maladroit comme il l’était, Floyd se retrouvait bien trop souvent à son goût les fesses dans la neige ou les cheveux emmêlés par les glaçons. Parce qu’évidemment, il était une cible attitrée. Aujourd’hui était le premier jour où la pluie s’était montrée plus insistante. Il n’aurait pas eu à se plaindre, l’été avait été ensoleillé, bien chaud, sans un nuage. Mais c’était sans compter sur l’envie de bouger qui le tenaillait depuis qu’il était rentré de son boulot. Un vendredi sans sortie, pour Floyd, c’était une véritable torture !
Un soupir émana du corps du jeune homme, allongé sur son lit. Il lança une dernière fois la balle en direction du mur et quand il entendit le ronchonnement de son frère, dans la pièce voisine, il cessa. Floyd avait beau être un garçon turbulent qui tapait sur le système d’un bon nombre de personnes, il n’était pas un emmerdeur né. Toutefois, l’inactivité forcée comme elle l’était ce soir n’était vraiment pas au goût du jeune homme qui finit par se lever d’un bond, bien décidé à se remuer, quel que soit le temps qu’il faisait dehors. En une fois, c’était comme si l’énergie de Floyd était remontée en flèche. Adieu la mélancolie liée à l’ennui, bienvenue l’envie de sortir et de se défouler. Ce ne serait pas un vendredi soir s’il restait cloitré dans sa chambre. Le diner était passé depuis un moment et ses parents étaient bien confortablement installés devant un film des années quatre-vingts. Troquant son jean et son t-shirt à l’effigie d’un boy band qu’il appréciait lorsqu’il était adolescent, Floyd fouilla sa garde-robe pour dégoter un pantalon noir et un pull gris. Il attrapa également sa veste en cuir préférée – celle qui donnait l’impression qu’il était parfaitement hétéro (c’était les mots de son frère, pas les siens). Il jeta un dernier coup d’œil au reflet que lui renvoyait son miroir et s’approcha de celui-ci pour discipliner sa chevelure en bataille, ou en tout cas essayer. Lorsqu’il fut satisfait, il tourna les talons et sortit de sa chambre, allant frapper à celle juste à côté. C’est un grognement qui ressemblait vaguement à un « ouais » qui lui répondit et Floyd ne se fit pas prier pour pénétrer dans l’antre de son ainé.

« On sort ? »
- Quoi ?

Floyd attendit que son frère ôte son casque pour réitérer sa proposition. L’autre grimaça et jeta un bref coup d’œil au déluge qui sévissait à l’extérieur. Il remit son casque sans donner de réelle réponse mais l’attitude était sans équivoque : « ça va pas, non ? T’as vu le temps qu’il fait ?! ». De toute façon, ce n’était pas comme si Floyd et son frère sortaient énormément ensemble. L’ainé Oackley faisait partie de ces gens qui ne comprenaient pas Floyd et qui, par conséquent, ne tentait pas de le côtoyer plus que cela. Pourtant, enfants, ils étaient comme les deux doigts de la main, n’ayant que deux ans et demi de différence. Mais voilà, le temps ayant fait son boulot, ils étaient maintenant bien trop différents pour aimer les mêmes choses et Floyd se contenta donc de hausser les épaules en rebroussant chemin, fermant la porte derrière lui. Il dévala les escaliers et était dehors avant que sa mère n’ait eu le temps de réagir. C’était calculé. Il savait que sinon, elle allait lui interdire de sortir, lui dire qu’il voyait bien qu’il faisait trop mauvais, qu’il allait attraper Dieu sait quelle maladie. Et, franchement ? Floyd ne se sentait pas l’énergie de l’écouter. Il voulait bouger, se sentir vivre et c’est exactement ce qu’il eut comme résultat en plongeant dans la pluie torrentielle. Il ne lui fallut pas deux minutes pour être inondé et il rentra la tête dans les épaules, trottinant dans les rues désertées. Le Dukes n’était pas loin, il ne lui faudrait qu’une poignée de minutes pour l’atteindre et, ensuite, il aurait tout le temps de se sécher et se réchauffer avec des boissons alcoolisées.
En poussant la porte du bar, quelques minutes plus tard, il sentit la chaleur ambiante le rassurer immédiatement. Les conversations et rires allaient bon train et il sourit en saluant des visages connus. Qu’il vente ou qu’il pleuve comme ce soir, le Dukes ne désemplissait jamais. Il aurait fallu qu’il soit fermé pour empêcher les plus courageux de ne pas s’y rendre. Cette pluie n’était qu’une averse à côté de ce que certains – dont Floyd – avaient pu braver pour passer un peu de bon temps. Du haut de ses vingt ans, Floyd travaillait déjà, gagnait un salaire respectable et avait donc bien besoin de ces quelques heures de « débauche » qu’il s’octroyait chaque week-end. Il s’agissait principalement de passer du temps en compagnie d’anciens camarades de classe, de collègues de travail ou simplement de connaissances. Après tout, Ruby Creek Falls était une petite ville tranquille où la plupart des gens se côtoyaient quotidiennement, même s’ils ne faisaient pas partie du même cercle de connaissances et, au final, c’était comme si tout le monde connaissait tout le monde. Surtout Floyd, qui aimait discuter avec n’importe qui, bavard comme il était. Comme à son habitude, il alla se caler au bar, entre deux filles qui éclatèrent de rire, parfaitement consciente que Floyd était sans danger et que s’il feignait le flirt exagéré, c’était bien parce qu’il était davantage porté sur les garçons, même s’il n’était pas complètement rebuté par les filles. Il avait eu des relations hétérosexuelles, et toutes lui avaient plu. Mais ce n’était pas comparable à l’étincelle de vie qu’il ressentait au contact d’un garçon. C’était bien plus excitant, fascinant et peut-être que c’était parce qu’il savait la chose répréhensible aux yeux de bien des habitants mais Floyd continuait à être attiré vers les hommes plutôt que les femmes. Il y avait bien longtemps qu’il n’était pas réellement sorti avec une personne de son sexe, mais il se rappelait exactement le choc électrique qu’il avait ressenti au contact du jeune homme du quatre juillet. Certes, leur rencontre n’avait pas été idéale : Floyd avait d’abord été rejeté sans ménagement, puis accepté, pour finalement repartir dans une situation complexe mais comme le disait parfois son frère, Floyd était un « Drama King » pour ne pas dire Drama Queen. Il avait apprécié cette relation conflictuelle dès les premières secondes et n’avait pas abandonné sous prétexte que l’autre se montrait hostile. Peut-être qu’il avait décelé la part homosexuelle de Floyd et avait voulu s’éviter bien des problèmes en le laissant s’approcher trop, mais sa crise d’angoisse l’avait forcé à revoir sa façon de faire et, à présent, Floyd devait bien l’avouer, il n’arrivait pas à sortir cet inconnu de sa tête. Il revoyait sa mine courroucée, son visage tordu par l’anxiété, la lueur redevable dans son regard lorsque Floyd, plutôt que de l’abandonner à son triste sort, avait tenté de le tirer de sa terreur inexpliquée. À ce souvenir, un sourire se dessina sur les lèvres de Floyd, tendit que les filles avaient repris leur conversation, comme si le jeune homme ne se trouvait pas entre elles. De toute façon, ce n’était pas comme s’il écoutait quoi que ce soit de ce qu’elles disaient et, elles, dans l’autre sens, devaient se dire qu’il ne représentait aucun danger, qu’elles pouvaient parler vêtements et garçons, il serait toujours heureux de faire partie de la conversation.
Ce qui n’était pas faux et peut-être que ça aurait été le cas si la voix d’Orlando Compton ne s’était pas élevée à ce moment-là.
Comme à chaque fois, le musicien captait l’attention de l’assistance. Il faisait le mariolle sur scène, une guitare dans les mains, se tenant bien droit derrière le micro. Floyd ne l’écoutait que d’une oreille, habitué aux pitreries et aux tours de charme d’Orlando. Celui-ci était d’ailleurs trop bruyant pour plaire ne serait-ce qu’un minimum à Floyd mais ce n’était évidemment pas la seule raison pour laquelle Floyd était complètement désintéressé par la personne d’Orlando Compton. Cette raison, il l’ignorait encore à ce moment-là, était dans la salle et il y avait un moment qu’il n’y avait plus pensé, en réalité. Il y avait suffisamment de garçons que pour éloigner l’esprit de Floyd d’un cœur brisé jamais pansé. Pourtant, alors qu’il faisait mine de revenir aux bavardages joyeux des deux adolescentes, Floyd capta un changement dans le ton d’Orlando. Là où il jouait les fantaisistes et faisait rire l’assistance une minute plus tôt, il avait pris un ton plus grave, comme pour faire comprendre que le moment n’était plus à rire mais à autre chose et les yeux verts du jeune réceptionniste migrèrent bien malgré eux vers la silhouette qui se tenait sur scène. Accoudé au comptoir, Floyd tenta de faire abstraction de ses deux amies pour écouter ce que le musicien avait de si important à dire.

« … Avant de commencer le concert de ce soir, il fallait que je vous annonce quelque chose. »

Un sourire typique du jeune homme vint alourdir l’attente. Floyd fut tenté de s’écrier « Viens en au fait ! », maintenant que l’assemblée s’était tu, même les deux filles qui avaient tourné leur regard vers le musicien, mais il s’en abstint, gardant le silence et s’impatientant. Orlando, visiblement satisfait de son effet, baissa les yeux vers une table, non loin de l’endroit où il se trouvait et, instinctivement, Floyd porta à son tour son regard dans cette direction.
Pour voir son cœur s’arrêter.
Il ne pouvait pas se tromper. Cela avait beau faire deux ans qu’il n’avait plus vu les traits d’ange de Gaël, il l’aurait reconnu entre mille. La gorge de Floyd s’assécha. Il pensait sincèrement s’être soigné avec le temps. En réussissant à ne plus penser à son premier et seul véritable petit ami, Floyd avait cru s’en sortir, passer à autre chose mais visiblement, il s’était bien leurré. Un trou se forma dans sa poitrine et il eut l’impression de ne plus savoir respirer.

« Croyez-le ou non, le fils prodige est rentré au bercail. Mesdames et messieurs, mon frangin, le petit intello de service, Gaël Costigan ! »

Quelqu’un siffla. Floyd resta tétanisé et c’en était à ce point inquiétant que Nora, la jolie brune assise à sa droite lui pressa le bras en demandant s’il allait bien. Mais comment pouvait-il aller bien alors que son cœur s’était remis à saigner abondamment, comme la pluie qui continuait à battre les rues de Ruby Creek Falls? Floyd observa Orlando faire signe à son frère de monter sur scène et tandis que la silhouette de Gaël se levait, contre son gré ou non, Floyd n’aurait su le dire, le jeune Oackley se dit qu’il n’était pas préparé à ce retour. Il ne savait pas comment il était censé réagir. Il ignorait totalement où ils en étaient et pour cause : il avait coupé les ponts, blessé dans son amour propre, blessé tout court que son premier amour quitte leur ville natale pour une grande métropole. Sans même s’en rendre compte, Floyd quitta sa position désinvolte pour poser les mains sur ses genoux. Il était incapable de détourner les yeux, de reprendre une attitude normale. Il ne voyait que la silhouette familière de son ancien amant, et les changements qui s’étaient opérés chez le jeune Costigan suffirent à chambouler ce qu’il restait de bon sens à Floyd. Il était encore plus beau que dans ses souvenirs, il transportait avec lui une lueur divine, une attitude de beau gosse qui ignore son charme. Lorsque les deux frères furent réunis sur scène, Orlando passa un bras autour des épaules de son frère et demanda qu’on applaudisse encore une fois son cadet. Le corps de Floyd était bien trop raide pour parvenir à faire quoi que ce soit.
Finalement, ce qu’il craignait le plus, ce serait le moment où son regard croiserait celui de Gaël. Il pouvait encore l’éviter, partir pendant que le public était en liesse et que l’attention des deux frères était focalisée sur leur petit discours. Mais c’était sans compter sur le sixième sens que Gaël semblait avoir pour ce genre de choses parce qu’au moment où Floyd envisageait de faire un mouvement pour s’en aller, il vit le regard de Gaël se poser sur lui et autant dire que tout ce qu’il restait de retenue en lui disparut.
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Gaël Costigan

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Gaël Costigan

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MessageSujet: Re: « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan   « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan EmptyLun 14 Fév - 14:42


« Je m'appelle Becky, je fais un 95D et ce que les garçons préfèrent chez moi? mon piercing à la langue! »

Gaël grimaça devant l'écran de télévision où se tenait une jeune femme blonde -qui ne semblait pas l'avoir toujours été- grossièrement moulée dans un débardeur rose, face caméra. En une seule phrase, elle avait su résumer tout ce qui pouvait le repousser chez les femmes et même s'il s'agissait là d'un programme de tv-réalité stupide, la simple vision grotesque de ce cliché ambulant lui donna des frissons de dégoût. Il pressa à nouveau le bouton de la télécommande afin de changer de chaîne et se mit alors en quête d'un programme plus intéressant. Il regrettait le temps où les chaînes comme MTV passaient encore des émissions musicales ou de vrais clips qui valaient la peine d'être vus. Aujourd'hui son poste était envahi de programmes inutiles, barbants ou si ridicules qu'il avait presque honte de s'infliger une pareille torture. Sous ses yeux, une toute nouvelle génération de "jeunesse dorée" était jetée en patûre, tournée au ridicule, et s'il n'avait pas eu l'expérience de la vie New-Yorkaise, Gaël aurait probablement continuer de croire que ces personnages étaient créés de toutes pièces, payés pour jouer les écervelés matérialistes, mais malheureusement pour lui, le jeune homme avait eu l'occasion de cotôyer ce genre d'individus, si vides de sens qu'il en était presque venu à se demander si lui-même n'avait pas été balancé dans un show télévisé contre son gré. Toujours est-il que Gaël s'ennuyait fermement, assis sur le canapé du salon et les muscles presque engourdis par la paresse. Une sensation qu'il avait en horreur et qui lui donnait l'horrible impression de perdre un temps précieux qu'il aurait pu occuper à toute autre chose. Le week-end n'était plus qu'à quelques heures et bien que le temps fut à l'orage ce soir là, Gaël peinait à croire qu'il était là, chez lui, sans le moindre programme pour occuper son vendredi soir. Il n'était pas exactement de ceux qui cherchaient à sortir et voir du monde constamment ou pour qui un vendredi soir était perpétuellement synonyme de soirées animées mais il devait avouer que toutes propositions auraient probablement été plus alléchantes que l'ennui opressant qui s'était emparé de lui. Même sa propre mère avait prévu de sortir ce soir, elle était d'ailleurs enfermé dans la salle de bains depuis près de 3/4 d'heure et le jeune homme pouvait entendre un petit juron de temps à autre à travers la cloison de la pièce, il devinait alors Arlene et son éternelle maladresse -pourtant attendrissante- lutter au milieu de tous ses cosmétiques, certainement étalés partout autour du lavabo. Ce n'est que lorsqu'il tomba sur une énième rediffusion de Lost que Gaël abandonna l'idée de regarder la télévision ce soir. Il n'avait jamais été un vrai féru de séries télévisées et le dernier souvenir qu'il avait de celle-ci était l'épisode Pilote qu'il avait tout de même tenu à voir -comme 90% des personnes à l'époque- intrigué par ce concept soit-disant révolutionnaire. S'il ne lui avait pas vraiment déplu, le jeune homme ne s'était cependant pas donné la peine de suivre le courant de la série, c'est pourquoi six ans plus tard, Gaël en vint à se demander comment les fameux naufragés pouvaient être encore coincés sur cette fichue île mystérieuse. L'écran devint noir avant qu'il ne trouve réponse à ses interrogations et, soulagé de ne plus avoir à parcourir les programmes de long en large, il balança la télécommande à l'autre bout du canapé et passa une main dans sa tignasse blonde, un long soupir émanant d'entre ses lèvres.

« Je connais ce soupir! soit quelque chose te tracasse, soit tu es mort d'ennui! » lança la voix d'Arlene qui avait fini par sortir de son salon de beauté improvisé. Gaël se retourna légèrement, posant son bras sur le dossier du canapé. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres avant qu'il n'émette un petit sifflet impressionné, signalant à sa mère qu'il la trouvait ravissante. Toujours aussi souriante, Arlene fit un petit tour sur elle-même, faisant tournoyer avec elle la jolie robe noire qu'elle avait choisi de porter ce soir. Une robe que Gaël l'avait vu porter à sa remise de diplome, à la fin de ses années de lycéen et qu'il avait toujours trouvé à son goût.

« Tu as la permission de minuit. » sourit Gaël lorsqu'Arlene s'approcha de lui pour le recoiffer légèrement, une chose qu'elle n'avait jamais cessé de faire en dépit du fait qu'il ne soit plus exactement un petit garçon. Le rire de sa mère résonna dans la pièce avant qu'elle ne lui donne une petite tape sur l'épaule « On croit rêver, c'est moi qui sort et toi qui reste ici à paresser devant la télévision? ça ne te ressemble pas! » . Arlene connaissait son fils par coeur, elle savait aussi qu'il avait des tas d'amis à Ruby Creek Falls et de ce fait des multitudes d'occasions de sortir, aussi, elle fut surprise de le voir assis là sans le moindre projet à l'horizon « Tu devrais sortir! » reprit-elle « voir du monde, faire de nouvelles rencontres, qui sait, la femme ou l'homme de ta vie t'attend peut-être dehors! » . Gaël se mit à rire, amusé par l'élan de romantisme de sa mère qu'il ne connaissait pas si fleur bleue d'habitude. Arlene avait toujours été d'un vrai soutien pour son fils au sujet de sa vie sentimentale, bien sûr il n'était pas du genre à s'assoir avec elle devant un chocolat chaud et à lui raconter ses histoires de coeur, mais elle avait été totalement ouverte quand à sa bisexualité et allait même jusqu'à se réjouir de voir son fils doubler ses chances de rencontrer la personne idéale. Rien ne lui faisait plus plaisir que de voir ses enfants heureux, aussi, la révélation de Gaël fut pour elle une chance de le voir se caser plus vite, contrairement à son père qui lui, n'avait rien voulu savoir. Gaël savait qu'il n'était pas enchanté d'avoir un fils bisexuel, mais plutôt que de l'en blâmer, il préférait ignorer le sujet et c'était mieux ainsi, tant qu'il s'avérait efficace dans ses études, il ne lui demandait rien d'autre en échange.

La sonnette de l'entrée retentit, faisant bondir subitement Arlene. « Oh, ça, c'est mon rendez-vous! je compte sur toi pour faire quelque chose de ta soirée, hmm? » sur ces belles paroles et un hochement de tête peu convaincu de Gaël, celle-ci écrasa ses lèvres d'un rouge vif sur la joue de son fils cadet avant de se redresser et de trotiner jusqu'à l'entrée. Gaël n'entendit de son "rencard" qu'une voix grave et enjouée et tous deux quittèrent l'appartement, enveloppés par le rire cristallin d'Arlene. Le jeune homme n'en revenait pas d'envier sa mère en cet instant. Même celle qui lui avait donné la vie avait un programme plus excitant que lui ce soir. Un comble! cette révélation eut pour mérite de le faire réagir et un rapide bilan s'imposa à lui : depuis quand n'avait-il plus vécu l'excitation d'un premier rendez-vous? depuis quand n'avait-il plus flirter avec un(e) illustre inconnu(e) ? à quand remontait la dernière fois qu'il avait pu ressentir les petits picotements provoqués par une attraction physique évidente? trop longtemps sans doute. Bien sûr, le visage de Nathaniel lui revint à l'esprit, ce joli blond au regard chocolat rencontré à New-York resterait sans doute gravé dans sa mémoire pour un long moment, bien que leur courte histoire n'ait été violemment entachée par la déception et le mensonge. En fin de compte, Nathaniel était la dernière personne à qui Gaël souhaitait penser ce soir. Il savait que ressasser cette histoire ne pourrait que l'encourager à broyer du noir, et il n'allait certainement pas perdre son temps à penser à un homme qui devait probablement l'avoir oublié depuis longtemps. Se levant enfin, Gaël s'apprêta à quitter le salon lorsqu'Orlando y entra, la veste du blond dans une main, sa guitare dans l'autre.

« On bouge p'tit frère! » s'exclama le brun en lui lançant sa veste en cuir.
« Et pour aller où? » l'interrogea Gaël, pourtant habitué aux plans de dernière minute de son ainé.
« Au Dukes, tiens! ça fait longtemps que tu m'as pas admiré sur scène, je suis sûr que ça t'manque! » ricana le brun.

Il marquait un point évident. Si Gaël s'était senti terriblement fier d'avoir un frère comme Orlando un jour, c'était certainement en le voyant sur la scène du Dukes où il récoltait généralement de nombreuses éloges. Il avait ça dans le sang, habité par sa musique comme un peintre en transe devant sa toile. C'était un spectacle que Gaël ne se lassait jamais de voir et la perspective d'une bonne soirée s'offrait enfin à lui, ce qui le poussa à accepter de suivre Orlando, se cachant cependant de lui dire qu'il venait de sauver son vendredi soir.

C'est ainsi que le jeune Costigan s'était retrouvé dans l'ambiance joviale et pourtant toujours aussi 'cosy' du Dukes. Pénétrer en ce lieu emblématique de la ville de Ruby Creek Falls était pour lui comme un véritable retour aux sources, comme la pièce manquante à son puzzle. Il ressentait ce mélange d'excitation et d'appréhension, comme le jour de la rentrée lorsque l'on revient finalement à l'école après trois longs mois passés loin de ses meilleurs amis. Il y croisa autant de visages familiers que de nouveaux, certains lui demandant des nouvelles et l'obligeant à dresser un rapide bilan sur son épisode New-Yorkais, d'autres le saluant simplement et lui souhaitant un 'bon retour au bercail'. Ce n'est qu'une fois installé à une table non loin de la scène que Gaël se sentit enfin 'chez lui' , Orlando quand à lui se préparait à divertir la petite foule conséquente du Dukes sous le regard admiratif de son frère, son premier fan. Se mettant à l'aise et reposant sa veste sur le dossier de sa chaise, Gaël but une gorgée de son verre tandis qu'Orlando commençait son show. Il n'avait pas changé d'un cil, son charisme et sa capacité à capter l'attention étaient intacts, Gaël enviait toujours son aisance et la complicité qu'il savait instaurer avec son audience en à peine quelques sourires. Jamais il n'avait été plus fier qu'en voyant son frère ainé exercer sa passion sur scène. A plusieurs reprises, son ainé lui arracha quelques rictus amusés, mais lorsqu'au bout d'une ou deux chansons Orlando attira subitement l'attention sur lui, le blond cessa aussitôt de rire en lui lançant un regard lourd de sens. Mais c'était sans compter sur l'entêtement de son frère qui insista jusqu'à l'inviter sur scène, obligeant Gaël à se donner en spectacle, une chose qu'il avait en horreur.

Il se retrouva alors aux côtés d'Orlando, les mains tranquillement enfouies dans les poches de son jean tandis que son regard balayait simplement la salle. Il devait avoir l'air ridicule, planté là tandis que son ainé amusait la galerie en le traitant gentiment d'intello, mais il connaissait Orlando comme sa poche et devinait le plaisir qu'il devait prendre en cet instant. C'est pourquoi il n'intervint pas, hochant simplement la tête en souriant lorsque l'audience l'applaudit à la demande d'Orlando. Il sentit le bras de son frère le ramener à lui en une accolade typiquement familiale et tandis qu'il s'apprêtait enfin à dire quelque chose -certainement un petit tacle destiné à son ainé- son regard s'arrêta brusquement près du bar où un visage sortit du lot comme pour le ramener à la réalité de façon brutale. Le ciel venait de lui tomber sur la tête. En un regard, une fraction de seconde, il lui semblait avoir reçu la pire douche froide de sa vie. Floyd n'avait pas changé, il pouvait presque deviner ses tâches de rousseur malgré la distance et la pénombre tandis que ses grands yeux clairs semblaient sonder son âme. En un claquement de doigts, des vagues de souvenirs le submergèrent, lui donnant presque le vertige. Intérieurement, il se traitait d'idiot de ne pas avoir envisagé une seule seconde que son ancien amant puisse se trouver ici ce soir. A vrai dire, l'idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Il aurait voulu se faire tout petit, disparaître six pieds sous terre, mais l'attention ne pouvait pas être d'avantage portée sur lui qu'en cet instant, et c'est Orlando lui-même qui vint le confirmer lorsqu'il rappela son frère à lui en remarquant son manque de réaction. Gaël détourna alors avec peine son attention de Floyd pour remercier brièvement son ainé et souhaita une bonne soirée à tout le monde avant de quitter la scène en tentant de sauver son honneur du mieux qu'il le put.

La foule se faisait plus dense, certaines personnes se levant pour aller faire le plein d'alcool au bar et Gaël se faufila parmi eux, se demandant s'il devait fuir la confrontation ou au contraire y foncer dedans. Il n'eut qu'une poignée de secondes pour prendre sa décision lorsqu'il se retrouva au niveau du bar, Floyd se tenant si près de lui qu'il pouvait sentir sa présence sans même devoir poser les yeux sur lui. La situation entre eux était resté si indéterminée que lui même ne savait pas comment l'aborder. Devait-il seulement le faire? Estimant que de toute façon, la ville était bien trop minuscule pour qu'il ne lui échappe éternellement, le jeune homme prit son courage à deux mains et effectua l'unique pas le séparant de Floyd, se retrouvant alors juste devant lui. Les yeux du rouquin le fixaient sans ciller, il se sentait nu, comme si toutes ses émotions se lisaient sur sa peau, il redoutait qu'il ne perçoive la peur qui lui nouait la gorge, qu'il ne devine son hésitation... Il prit alors une dernière inspiration avant de se lancer, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir lui dire après tant d'années. Au même moment, Orlando débutait une reprise du groupe Oasis, le sortant de son impasse sans en être conscient.

« Stop Crying Your Heart Out » lança t-il, un très léger sourire se dessinant sur ses lèvres. A l'époque où ils étaient ensemble, les deux amants avaient instauré un jeu entre eux, un jeu qui avait pris naissance le soir de leur rencontre au coeur d'une fête locale. Un (très mauvais) groupe reprenait quelques classiques des Beatles sur scène et Gaël avait abordé Floyd très naturellement en lui demandant LA chanson des Beatles qu'il choisirait d'écouter jusqu'au restant de ses jours s'il ne pouvait en choisir qu'une. Un court débat avait eu lieu sans qu'ils ne se mettent d'accord, et la glace était rompue. Dès lors, l'un et l'autre s'amusaient constamment à se défier chaque fois que la situation s'y prêtait. Des Beach Boys aux Rolling Stones, chaque fête, chaque concert ou un simple morceau diffusé à la radio leur donnaient l'occasion de ressortir le petit jeu qui les avait réunis. Ce soir, l'ambiance n'était plus la même entre eux, mais Gaël n'avait su trouver un meilleur moyen de renouer contact avec son ex petit-ami qu'en faisant référence à leur rencontre. Il continua de le fixer, espérant avoir ravivé quelques souvenirs.


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Floyd A. Oackley

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« True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan _
MessageSujet: Re: « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan   « True Love burns the brightest, but the brightest flames leave the deepest scars » feat. Gaël Costigan EmptyMar 26 Avr - 10:19

Floyd n’estimait pas avoir l’âme d’un romantique mais quand il vit le visage magnifique de son premier amour, un tas de chansons mélancoliques à vous crever le cœur lui vrillèrent l’esprit. Lui qui se targuait de n’être touché par rien, sinon la beauté d’un moment, le rire spontané ou la complicité d’une amitié ne pouvait nier avoir le souffle coupé par l’attrait que lui procurait encore son ancien amant et ce, malgré le temps qui s’était écoulé depuis leur pseudo rupture. Gaël Costigan devait être le plus beau garçon que le regard de Floyd ait croisé. Personne n’avait jamais égalé ce visage d’ange, ces yeux bleus hypnotisants et ce sourire en coin qui faisait frémir son cœur, même lorsqu’il tâchait – vainement, certes – de tenir tête ou d’être furieux après le beau blond. Même maintenant, alors que son cœur avait quelques ratés, il ne parvenait pas à chasser cette envie de s’approcher de lui, de glisser ses doigts sur ses joues rugueuses, pour ensuite les passer dans sa chevelure savamment décoiffée. Dès que son regard s’était bien malgré lui enfoncé dans celui de Gaël, il s’était senti perdu, plongé dans l’abîme des sentiments qui le taraudaient et qu’il ne parvenait même pas à distinguer les uns des autres tant ils étaient emmêlés, imbriqués les uns dans les autres. Il ressentait autant de rancœur que de bonheur à retrouver ses traits familiers. Son cœur battait à tout rompre mais il n’aurait su dire si c’était parce qu’il était ravivé par les souvenirs ou si c’était la crainte des premiers mots qu’ils échangeraient. D’ailleurs, que se diraient-ils ? Floyd craignait par-dessus tout d’entendre des excuses de la bouche du frère d’Orlando. Il savait que Gaël devenait irrésistible dès lors qu’il laissait ses faiblesses éclater au grand jour. Des faiblesses dont Floyd s’était toujours abreuvé comme un assoiffé au milieu du désert. Jamais il n’avait ressenti une pareille dépendance pour quelqu’un et il aurait voulu que ce ne soit plus jamais le cas, que ce soit avec lui ou un autre. Gaël était supposé n’être qu’un jeu, une blague de mauvais goût à laquelle le jeune Oackley s’était adonné à l’adolescence, pour se démarquer, pour se faire remarquer, comme s’il ne le faisait pas déjà avec son exubérance intempestive. Il avait été aussi surpris que les autres par son réel attrait pour Gaël et, depuis sa découverte, cette sensation ne l’avait jamais vraiment quitté. C’en était à un point que tout lui semblait fade en dehors de son premier amour. Il ignorait si c’était le cas pour le premier amour de chacun ou si c’était juste lui qui se trouvait aussi perdu depuis leur rupture mais il avait détesté être aussi faible. Il aurait voulu mettre ce sourire imperturbable qu’il glissait sur ses lèvres pour tous les autres, pour garder cet aura d’éternel fanfaron que rien n’ébranlait. Mais Gaël n’avait qu’un regard à jeter vers lui pour savoir qu’il n’était pas aussi désinvolte qu’il ne le laissait paraitre, qu’il cachait des choses et qu’il était loin d’être insensible à son retour.
Une foule d’images submergea Floyd alors qu’il contemplait Gaël d’un air absent. Il n’était même plus conscient de la liesse qu’il y avait autour de lui et ne remarquait plus les tentatives de Nora pour le tirer de sa torpeur. Il avait le cœur liquéfié, la gorge serrée, le regard sec mais piquant. Des frissons lui parcouraient le dos et les bras et il ne savait même pas pourquoi. Il n’avait qu’une envie, détourner les yeux, trouver la sortie et se laisser tremper jusqu’aux os par la pluie torrentielle qui battait toujours les rues de Ruby Creek Falls. Peut-être que ça lui remettrait les idées en place et lui éviterait ainsi d’avoir l’air d’un parfait idiot, incapable de regarder ailleurs qu’en direction du jeune homme qui avait hanté ses journées et ses nuits après son départ. Il ne voulait plus se retrouver dans ce même état de détresse inqualifiable et pourtant, rien qu’à croiser le regard de Gaël, il avait le sentiment de retomber au plus bas. Il avait envie d’une cigarette. L’unique problème, c’est qu’il ne fumait pas et que s’il taxait une clope à Nora maintenant, il aurait l’air ridicule à s’étouffer avec la fumée, comme le vulgaire débutant qu’il était. Il regretta amèrement de ne pas s’être mis à cette mauvaise habitude, comme tous les autres car cela lui aurait sûrement permis de se tempérer et de calmer ses nerfs à fleur de peau. A défaut de pouvoir bouger de peur que ses jambes flageolantes ne le trahissent, il se tourna sur le tabouret pour face au bar et, par conséquent, tourner le dos à la scène et à ses protagonistes.

« Ça va ? » s’enquit Nora, voyant le teint blême de son ami. « Tu n’as pas l’air dans ton assiette ? »

Floyd eut envie de répliquer un « Non, tu crois ? » ironique mais il s’en abstint, optant plutôt pour la commande d’un verre de bière. A quelques mois près, il aurait vingt-et-un ans et plus rien ne lui serait refusé. Mais là, il n’avait pas encore atteint la limite et bien qu’Alastor soit quelqu’un d’anticonformiste et un peu excessif, il y avait des bornes qu’il ne dépassait pas : servir de l’alcool à un mineur, par exemple. Si les jeunes avaient longtemps cru que le Dukes serait le lieu où tous les interdits seraient bravés, ils s’étaient mis le doigt dans l’œil en voyant l’intransigeance avec laquelle le propriétaire des lieux appliquait la loi. A défaut d’obtenir sa commande, il reçut un soda et s’il aurait certainement servi son sourire le plus canaille au barman en temps normal, il ne parvint qu’à esquisser un faible sourire en levant son verre à l’employé. Il but d’un trait tout son contenu, guettant la moindre sensation de malaise qui pourrait excuser sa fuite mais rien. Le liquide glissa dans son estomac avec pour seule conséquence d’avoir la gorge qui piquait à cause des bulles. Il soupira et repoussa le verre avant de croiser les bras sur le comptoir et de presser son front contre ses mains en gémissant. Il exagérait, ce n’était pas la mort non plus. Gaël, même avec son masque de beauté surnaturelle, avait toujours été quelqu’un de terre-à-terre et d’agréable compagnie. Mais Floyd avait l’impression de n’avoir aucune maitrise de lui quand il était avec Gaël, tant tous ses défauts semblaient être exacerbés. Il était encore plus bruyant que d’habitude, plus taquin, plus impatient.

« Fiche-moi la paix, Nora… » soupira Floyd en se redressant, agacé par les tentatives de son amie.

Il savait qu’il était injuste, qu’elle ne cherchait qu’à le soulager à sa manière mais il n’arrivait pas à réfléchir. Son esprit était trop occupé par les images qui se faufilaient, des images qui dataient mais qui semblaient aussi récentes que s’il les avait vécues hier. De plus, la musique et le tapage ambiant ne l’aidaient en rien pour se concentrer. Pourquoi avait-il fallu qu’il quitte le confort et la sécurité de sa chambre pour se retrouver immergé dans ce tohu-bohu ? Parce qu’il était intenable, voilà pourquoi. Il ne savait pas se contenter d’un moment de pause, il devait constamment s’activer et il savait que cela lui jouerait des tours un jour. Eh bien ce jour était arrivé.
Lorsqu’il releva la tête, Nora avait disparu, probablement vexée par le rejet dont elle avait été victime et qu’elle n’avait pas mérité. Il la guetta un instant, en évitant soigneusement de regarder en direction de la scène mais, où qu’il regarde, il ne voyait que des corps remuant, des groupes hilares, des accolades joyeuses. Certains visages familiers, d’autres non et au milieu de cette masse, il se sentait bizarrement extrêmement seul, ce qui avait toujours été sa hantise et la raison de son côté extraverti et exubérant. Il n’aimait pas être tout seul. Il pensait trop quand il était tout seul et c’était un véritable calvaire, surtout pour quelqu’un comme lui, qui se posait trop de questions, passait son temps à analyser des choses qui n’en valaient pas la peine et à se morfondre pour des broutilles. On avait pensé qu’il était bipolaire mais il n’était pas versatile à ce point. Il pensait toutefois qu’il y avait quelque chose de maladif chez lui, un malaise persistant qu’il n’arrivait pas à oublier et qui le poussait à jouer un rôle aux yeux de la société. Un rôle qu’il n’avait jamais réussi à tenir bien longtemps en présence de Gaël Costigan. A défaut de savoir que faire de ses mains, il tira son portable de la poche de son pantalon et pianota sur les touches, à la recherche d’une potentielle victime pour le tirer de ses pensées. Il vit les prénoms défiler mais n’en retint aucun. Comme si personne dans ce répertoire ne pouvait le divertir en ce moment de grande détresse.
Bien sûr qu’il avait remarqué le trouble de Gaël, son amant semblait en aussi mauvaise posture que lui à cet instant précis. Ils se connaissaient par cœur. Mais cela ne suffisait pas à apaiser l’esprit tourmenté de Floyd. Pourquoi paniquait-il ? Au vu de la réaction de Gaël, il y avait de grande chance pour qu’il lui évite une confrontation, il l’éviterait peut-être. Il n’avait probablement pas plus envie de lui d’entrer dans une conversation qui ne ferait que raviver une douleur aiguë. Quand il se retournerait – une fois qu’il aurait repris un peu de courage – Gaël aurait sûrement disparu ou se serait immergé dans le groupe d’amis de son frère. Il n’avait aucun mal à l’imaginer en pleine discussion avec Ned ou Virginia. Oui, vraiment, pourquoi se prenait-il la tête pour une conversation qui n’aurait pas lieu ? Il savait qu’il se leurrait. Ils n’étaient pas à New York ou dans une grande ville du même style. Ils étaient à Ruby Creek Falls, bien sûr qu’ils seraient forcés de se côtoyer, à défaut de se parler et s’ils ne le faisaient pas, il se trouverait bien quelqu’un pour poser des questions gênantes qu’il préférait éviter. Prenant une inspiration décisive, Floyd finit par prendre son courage à deux mains et tourna sur lui-même, retrouvant la vue sur l’ensemble de la salle et plus particulièrement sur le visage d’ange qui venait d’apparaitre, à moins de deux mètres de lui. Le cœur du jeune homme bondit et disparut Dieu sait où. Son regard figé, resta posé sur son ancien amant et il déglutit en voyant Gaël combler ce qui restait de distance entre eux.
« Stop crying your heart out ». Sa voix, limpide, brisa le silence – si tant est qu’on pouvait appeler l’atmosphère générale le silence. Floyd n’avait plus conscience de ce qu’il se tramait autour de lui depuis quelques minutes déjà. Ses oreilles bourdonnaient et il avait fallu que Gaël parle pour qu’il réalise à quel point il était déconnecté de la réalité depuis qu’il avait entendu l’annonce d’Orlando. Floyd resta imperturbable un instant, comme s’il ne comprenait pas la remarque de son ancien petit ami. Mais il aurait fallu qu’il attrape Alzheimer pour oublier leur rencontre – comme n’importe quel moment passé avec lui, d’ailleurs. Ravalant l’envie de rire – un rire loin d’être joyeux – Floyd se tourna légèrement, attrapa son verre vide qui n’avait pas encore été embarqué par le barman et déclara comme pour annoncer un toast : « Someone Like You ». La première chanson qui lui était venue à l’esprit. Mais il y en avait tellement qui portaient ce titre-là que Gaël ne saurait probablement pas qu’il faisait référence à la mélodie mélancolique d’Adele. Peu importe, il n’avait pas envie de blesser le jeune homme, même si c’est ce qu’il avait pensé faire pendant ces longs mois d’absence.

« Bienvenue à la maison, hein ? » ajouta-t-il sans faire un geste. « Si j’avais su que t’étais revenu, j’aurais organisé une fête d’enfer, tu me connais. »

C’était ironique, un reproche à peine déguisé qu’il ne parvint pas à ravaler. Il avait perdu tout espoir de faire bonne figure, de toute façon, alors à quoi bon se fatiguer ? Au lieu de faire semblant qu’ils étaient de bons amis qui se retrouvent après un long moment, il ne se gênerait pas pour lui montrer qu’il était blessé de ne même pas avoir été prévenu. De n’être qu’un citoyen comme un autre, qui découvrait son retour, comme n’importe quel autre débile qui se trouvait dans le bar. Dissimulant mal la rancœur qui l’habitait, Floyd parvint enfin à descendre de son perchoir. Il avait les jambes en coton, mais elles semblaient suffisamment fortes pour le porter jusque dehors. Or c’était tout ce dont il avait besoin. Une douche froide. Tant pis s’il écopait d’un rhume, la chaleur du bar le rendait nauséeux.

« Je te paierais bien un verre » ajouta-t-il en s’approchant de Gaël, comme pour le provoquer, alors qu’une minute plus tôt, il paniquait à la simple idée de cette approche. « Mais je me sens vraiment pas d’attaque ce soir, ça me crève trop le cœur. Ça ira mieux demain. Ou pas. Qu’est-ce que ça peut foutre ? »

Il parlait comme s’il était ivre mais il était parfaitement lucide. Il parlait comme si son but était de faire partager sa douleur au jeune homme, alors que ce n’était nullement son intention à la base. Mais voilà, comme pour beaucoup de choses, il ne parvenait pas à mentir à Gaël et seule l’envie irrésistible de l’embrasser qui tarauda Floyd le força à s’écarter pour prendre la direction de la porte.
Il lui fallait de l’air.
De l’air.
De l’air frais qui ne tarda pas à s’engouffrer dans ses poumons lorsqu’il se retrouva dehors et que la pluie diluvienne l’inonda, lui faisant un bien fou, comme il l’avait prédit.
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