BAD TEMPER —

Prénom & Pseudo : x
Age : x
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Code : Allons-y, Alonso!
Avatar : Ryan Kwanten
Commentaires : I can't help it xD

Enfant, Lyle était turbulent, c’était le moins que l’on puisse dire. Il se disputait sans cesse avec son frère, à toujours vouloir récupérer ce que celui-ci avait en main, pour l’abandonner presque aussitôt, lorsque son ainé était passé à autre chose et, par conséquent, que l’objet de désir de Lyle changeait, lui aussi. Il était également très boudeur et semblait tout faire pour attirer l’attention du monde sur lui, en particulier celle de sa mère, qu’il suivait partout, réclamant des cookies, un jus d’orange ou sa peluche qu’il avait tendance à oublier dans un coin, sans jamais savoir où. Quant à son père, il était bien trop souvent dans les champs ou auprès des vaches pour devoir subir le caractère difficile de son benjamin. Où qu’elle aille, madame Matheson trouvait toujours Lyle dans son sillage. Curieux et inventif, il trouvait tout et n’importe quoi pour s’amuser. Il suffisait qu’elle pende le linge pour qu’il se concocte une perruque de pinces à linge, qu’il avait accrochées soigneusement une à une à sa chevelure en bataille. Si bien que maman Matheson devait les ôter une à une pour pouvoir continuer à pendre son linge. Lorsqu’elle était dans la cuisine, Lyle trouvait toujours un moyen pour grimper sur l’un des hauts tabourets et ainsi se retrouver à hauteur du buffet. De là, il avait tout le loisir de donner des ordres qui n’avaient ni queue ni tête et que sa mère feignait de suivre à la lettre. Il n’en fallait pas davantage pour ravir le petit garçon aux mèches éclaircies par les heures passées dans le jardin. Lorsqu’elle rangeait la chambre, Lyle entamait un entrainement paramilitaire, rampant sous le lit pour débusquer les chaussettes et autres objets, il se glissait dans les armoires et dans les placards. Jamais il ne semblait se lasser, jamais il ne semblait s’ennuyer. Il n’avait besoin de personne pour s’activer et comme son frère était constamment dans le salon, Lyle avait fini par le laisser tranquille pour s’amuser à sa façon.
Ce qui amorça la facette bien plus difficile à vivre du garçon, ce fut l’attitude paternelle. Le gamin avait huit ou neuf ans lorsque son père le mit au travail, au même titre que son ainé. Chaque jour, après l’école et pendant les week-ends, Lyle apprit à traire et labourer, à donner à manger aux vaches et à assister à la mise au monde de leurs veaux. Des tâches qui ne le passionnaient guère, là où son frère semblait passionné. Très vite, cette différence activa chez papa Matheson une préférence pour son ainé, au détriment de son cadet, sans pour autant qu’il libère le plus jeunes des tâches habituelles. Lyle se retrouva à effectuer quotidiennement des travaux qui l’ennuyaient au plus au point et qui l’éloignaient du train-train agréable de la maisonnée. Visiblement, il n’était pas fait pour être fermier et cette particularité lui valut bien des désagréments, le premier étant les privilèges que son père octroyait à son frère, et pas à lui. Si bien qu’il se retrouva souvent seul aux matchs de baseball, son père n’y voyant aucun intérêt, ne vint jamais l’encourager. Et ce n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. Car quoi que Lyle entreprenne, cela ne trouvait jamais grâce aux yeux du patriarche et, petit à petit, la jalousie s’installa. Mais pas que ça. Plus Lyle tentait de regagner l’intérêt de son père, plus la frustration montait en lui à chaque fois qu’il échouait et s’il était trop fier pour montrer la violence qui grondait en lui face à cette injustice, il n’était pas rare qu’il aille se défouler dans les bois, attrapant la hache familiale pour aller se venger sur les troncs. Si seulement cela avait fait de l’effet. Mais Lyle grandit avec cette inégalité et tout le respect qu’il pouvait avoir pour son frère se transforma en jalousie usante et bientôt, leur lien fut inexistant – non pas que son ainé ait tenté quoi que ce soit pour empêcher cette déchirure irrémédiable.
Dès lors, l’adolescence n’avait été qu’un calvaire pour Lyle qui préférait de loin passer son temps en ville plutôt que de retrouver cette ambiance familiale. Si sa mère le lui reprocha au départ, elle abandonna rapidement et la fureur de Lyle ne fit qu’accroitre. Peut-être que si quelqu’un s’était battu un minimum pour lui, il aurait retrouvé un caractère normal, mais au lieu de s’améliorer, les choses n’allèrent qu’en empirant. La seule lueur d’espoir dans cette maturité ténébreuse, ce fut Victoria. La magnifique Victoria, en qui Lyle voyait son âme sœur. Tout comme lui, elle rêvait d’évasion, de voir autre chose que les quatre murs d’une ferme et il ne fallut pas longtemps et pas grand-chose pour que le jeune homme tombe follement amoureux de celle-ci. Tout aurait pu s’arranger, il aurait pu se focaliser sur elle et oublier tout ce qui le tracassait à côté, mais malheureusement, il avait perdu le contrôle de son tempérament excessif et elle ne facilitait pas la chose, pouvant se montrer aussi hargneuse que lui si elle le voulait. De couple en quête de liberté, ils passèrent à couple passionné. Un couple qu’il avait l’impression de détruire chaque jour un peu plus à cause de ses crises, mais un couple dont il n’aurait pu se passer. Quoi qu’elle fasse, elle le rendait fou. Fou de rage, fou de passion, fou d’elle. Il aurait décroché la lune pour elle et il pensait sincèrement être suffisant, mais elle aussi sembla le trahir. Quand il découvrit qu’elle jouait un double-jeu, il en fut à un tel point dégoûté qu’il retint encore moins ses mots et ses gestes. Et c’était comme s’il touchait le fond. Tout d’un coup, alors qu’il avait encaissé la préférence de son père, le désintérêt de sa mère, la supériorité de son frère, il n’avait pas pu faire face à cette nouvelle trahison et il ne lui resta qu’une solution : partir. Cela lui avait traversé l’esprit à de nombreuses reprises mais jamais à ce point-là et là où cela restait une chimère, c’était devenu une réalité. Lyle Matheson avait quitté Ruby Creek Falls dans un énième éclat de fureur incontrôlable, pour ne jamais revenir. Disparaissant du jour au lendemain sans laisser de message, sans jamais donner de nouvelles.
À 28 ans, il se dit qu’il était peut-être temps de refaire une tentative, en espérant avoir changé, prouver aux siens qu’il n’était plus le même. Mais il le découvrirait bien vite : c’était plus facilement dit que fait.