1895 – Ruby Creek Falls
Près de dix ans après la création de la ville, les combats entre les indiens, et les visages pâles font toujours rage. Si pour des questions administratives, l'on continue de compter les morts dans les deux camps, il y a bien longtemps qu'on ne les communique plus aux habitants de la ville. Les corps laissés sans vie sont bien trop nombreux pour que l'on en ait pas honte. Alors, si cette bataille sans fin est connue de tous, et de toutes, plus personne n'en parle. On en parle tellement plus que ce thème est même banni des réunions à la mairie. Comme atteint d'un fatalisme profond, on attend que le combat cesse naturellement, par abandon de l'un ou l'autre des deux camps. Les moyens que l'on offre à cette bataille, si ils assurent les habitants de la ville qu'ils ne seront pas ceux qui perdront, ne sont absolument pas suffisant pour les faire gagner. Cette bataille n'avait donc pas d'avenir, mais aucune chance de se finir un jour, à moins que...
Du côté des indiens, l'on trouve Rowtag Clearwater, et Achachak Whitehead. Du côté des habitants de la ville, Noah Willoughby, et sa femme ainsi que Ariadne Oackley. Comment sont-ils venus à se rencontrer ? Comment se sont-ils trouvés, sans tomber sur quelqu'un qui voulait les tuer ? L'histoire ne le dit pas, mais nombreuses sont les légendes à ce sujet. Certains parlent d'un amour interdit, d'autres parlent d'un signe du destin, et d'autres d'un esprit qui aurait guidé les indiens... Peut être est-ce un mélange des trois, peut être n'est-ce aucune de ses hypothèses... Dans tous les cas, la paix, c'est grâce à ses quatre personnes qu'elle a eu lieu. Se cachant de tous, et même de leur famille – chose qui ne fut pas aisé pour Ariadne Oackley qui devait mentir à son mari sur ses escapades nocturnes -, ils ont pendant des semaines cherchés quels pourraient être les sacrifices qui les mènerait à la paix, à une trêve tout au moins. Si les disputes furent nombreuses, un lien particulier se créa tout de même entre ces cinq là. Un lien que personne ne pourrait défaire. Le 20 octobre, la tribu, et le conseil municipal ont été réunis sur des lieu clés, et chacun a expliqué au groupe auquel il appartenait les termes de la trève qui avait été trouvé. Evidemment, ils furent traités comme des miséreux, comme des parias. Et pourtant... onze jours, plusieurs votes et de nombreuses disputes plus tard, la paix était signée pour ne plus jamais être remise en question. Malgré le racisme, les mésententes, les conflits... pas une seule fois, il a été question de mettre fin à cette trêve, et de recommencer la guerre.