DANS-JEU ; L'imagination gouverne le monde (Napoléon)

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NOM : Ludvigsen PRENOMS : Charlie DATE (Âge) & LIEU DE NAISSANCE (Etat) : 4 novembre 1989 (21 ans); RCF (Idaho) TAILLE & POIDS : Parfait, comme ses mensurations (a) EMPLOI/ETUDES : Bénévolat principalement GROUPE :Farmers

« Charlie, viens ici deux minutes. » Un long soupir, et l'adolescente se lève. On aurait pu croire qu'au bout de seize années, elle aurait appris à supporter les vacances qu'elle devait passer chez ses parents. Mais rien n'y faisait ; Charlie trouvait toujours ces moments insupportables, et n'avait qu'une hâte : rentrer. Le plus honnêtement du monde, elle ne voyait pas pourquoi il persistait dans leur volonté de faire semblant d'être des parents. Ces derniers l'avaient toujours laissé vivre chez ses grands-mères. Jusque ses dix ans, c'était chez sa grand-mère paternelle, Inge, à Amsterdam qu'elle avait vécu. Puis lorsque ses parents avaient décidé qu'il serait plus profitable à leur fortune d'aller s'installer aux Etats-Unis, c'est chez sa grand-mère maternelle, Evelyn, qu'elle avait été vivre en Idaho – et honnêtement dans un coin paumé. Pendant que la jeune femme grandissait à Ruby Creek Falls, les Ludvigsen faisaient leur vie – aussi mondaine que politique – à San Franscico, Souhaitaient-ils réellement la présence de leur fille à leur côté pendant les vacances ? L'argument public selon lequel ils ne vivaient pas avec Charlie – Charlotte, en réalité – dans le but de la préserver, et de l'épargner de la cruauté du monde politique ne convainquait absolument pas l'adolescente. Ses parents ne s'occupaient pas d'elle. Ils ne s'inquiétaient jamais de savoir comment elle allait, ou de si elle ressentait le besoin de les voir, ou quoique ce soit d'autre. Elle les avait au téléphone une fois par semaine, et faisait semblant de leur raconter sa semaine pendant qu'ils faisaient mine de s'y intéresser. Pendant longtemps, la jeune femme avait attendu un revirement de situation. Combien de fois avait-elle espéré les convaincre de les rejoindre ? Lorsqu'ils avaient quitté les Pays-Bas, la gamine d'à peine dix ans qu'elle était, était convaincue qu'elle pourrait – enfin ! - vivre avec ses parents. Grave erreur, cependant. La déception avait été très difficile à gérer, et si par on ne sait quel hasard, vous lui parlez de ses parents, la jeune femme aura désormais un sourire mitigé sur le sourire, et vous répondra peut être même que ses séances les plus constructives chez le psychologue leur étaient consacrées. Mais à l'époque, malgré un début chez le psychologue ce n'était pas le cas. Charlie attacha ses longs cheveux ébènes – réelle teinture afin de parfaire son costume d'adolescente rebelle -, et rejoint ses parents dans le séjour. « Devant qui je dois jouer la petite fille modèle, aujourd'hui ? » lança-t-elle, sans cacher à quel point elle était amère. Cependant, lorsqu'elle aperçut un gâteau avec des bougies – et trop d'invités qu'elle ne connaissait pas -, elle explosa littéralement, décidant qu'elle en avait marre de jouer cette mascarade. Jusqu'alors elle avait caché ce qu'elle ressentait lorsqu'ils étaient en public. Elle respectait ses parents, et ne leur souhaitait pas particulièrement du mal, mais cette fois, c'en était trop. Ils n'avaient aucun respect pour elle, pour agir ainsi. « Mon anniversaire est le 4 novembre. On est le 20 août. » fut la première phrase qui sortit de sa bouche. Une longue tirade s'en suivit où Charlie expliqua – hurla – à ses parents, et devant tous les convives, combien ils lui avaient fait du mal, et que si ils regrettaient leur choix d'être devenu parents, cela ne servait à rien de faire semblant de l'être, quelques semaines par an. Les larmes furent abondantes, et la gêne pouvait se lire sur le visage de la majorité des gens présents dans la salle – pourtant, certains osèrent se décaler légèrement vers la plus jeune des Ludvigsen montrant qu'ils étaient de son côté. « Alors arrêtons de jouer les hypocrites. Je vous verrai à Noël, on s'appellera pour les anniversaires, et maintenant, vous allez m'appeler un taxi. Je vais passer une semaine à Princeton avec Andrew avant de rentrer. » Elle n'attendit aucune réaction. La colère avait envahie la totalité du corps de Charlie. Elle la sentait dans chacun de ses membres, dans chaque cellule, et si elle ne contrôlait aucune son corps, elle était certaine qu'elle tremblait tant elle était soulagée d'avoir lâcher tout cela – à croire que les conseils de son psychologue avaient enfin fait son chemin -, et tant la colère qu'elle avait enmagasinée toutes ses années étaient fortes.


Et la jeune femme s'y tint. Ce n'est que l'an dernier, alors âgée de 20 ans, qu'elle a fait une exception à sa règle. Son père est tombé gravement malade, et Charlie ne souhaitait pas prendre le risque de ne plus jamais avoir la chance de voir celui-ci, ni même perdre la chance de lui dire qu'elle l'avait pardonné depuis plusieurs années, maintenant. La colère avait laisser place à la tempérance, et la jolie blonde, qui s'était réconciliée avec sa couleur naturelle, était au final reconnaissante envers ses parents. Aller vivre en Idaho était peut être – surement – la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée, et elle était fière de la jeune femme qu'elle était devenue – les choses auraient pu être tellement différentes si elle avait vécu avec eux à San Franscico, elle l'avait vu le temps d'un été – mais il s'agit là d'une autre histoire. A croire que la présence de Charlie était tout ce dont Hans avait besoin avant de mourir, ce dernier a donné son dernier souffle quelques heures après que sa fille lui ait dit qu'elle l'aimait, et qu'elle ne le remercierait jamais assez de lui avoir permis de vivre avec sa grand-mère.


Pour les rares personnes qui connaissent l'importance du compte en banque de Charlotte Ludvigsen, ce qu'elle offrait, la manière dont elle vivait, et le fait qu'elle continue à travailler à la ferme de sa grand-mère pouvait passer pour de l'avarice. Il était rare qu'elle fasse ce qu'on appelle de « beaux » cadeaux, elle ne possédait que de rares vêtements de marque, et si la ferme dans laquelle elle vivait est dans un très bon état, la jeune femme aurait pu s'offrir – et sa grand mère – bien plus d'argent. Mais Charlie n'avait jamais été élevée comme quelqu'un qui avait de l'argent. Elle aurait pu avoir une vie beaucoup plus aisée – pas de bourgeois, mais pas loin derrière – si elle utilisait l'argent de l'héritage de son père, et aurait pu dévaliser les magasins – le rêve de toute fille – toutes les semaines sans avoir à s'en inquiéter. Mais les valeurs qu'on lui avait inculquée était celle de la compassion, de la générosité, de la charité, et surtout de toujours, toujours faire quelque chose qui vient du coeur. Ainsi, pour un anniversaire, la jeune femme a plus tendance à offrir une « connerie » qui va fait rire, qui correspond à la personne, plutôt qu'un voyage aux Canaries juste pour impressionner les autres. Alors, oui, certains lui avaient reproché son avarice, mais ceux qui ne connaissaient pas l'état de son compte banque – qu'elle gardait rempli pour des moments difficiles, ou des soins médicaux pour son aïeulle – la trouvait généreuse, et ce, notamment par les nombreuses heures de bénévolat qu'elle faisait, tant à l'hôpital qu'à l'école, et au lycée de la ville.


« Charlie ? Peter te réclame. » Rapidement, le visage de la blondinette s'illumina, et elle se dirigea sans attendre vers la chambre du petit garçon. Atteint d'une anomalie cardiaque, le gamin passait le plus clair de son temps à l'hôpital depuis ses trois ans. Agé à ce moment-là de 7 ans, Charlie est la seule personne qu'il peut voir tous les jours. Ses parents habitaient assez loin dans la montagne, et n'avaient tout simplement pas les moyens – ni le temps – de venir à l'hôpital tous les jours si ils voulaient continuer à pouvoir payer les frais d'hôpitaux. Charlie avait dans un premier temps sympathisé avec Peter – qui était enfin plein de vie, et taquin – puis avec les Thompson. Elle avait appris à les connaître petit à petit, et s'était réellement rapprochée de ces derniers ; et lorsqu'elle avait découvert leur histoire, elle leur avait, tout naturellement, sans y réfléchir une seule seconde, proposé de venir voir Peter tous les jours. Evidemment, la jeune femme qui le voyait désormais depuis trois ans et demi le considérait comme son petit frère, et les rares fois où elle ne pouvait se déplacer, elle ne manquait jamais de lui téléphoner avant qu'il se couche pour lui raconter son histoire. Lorsqu'elle entra dans la chambre du petit, elle vit le régime de Peter s'illuminer comme un enfant la veille de Noël. « Hey mon coeur ! » lança Charlie avant de venir l'enlacer. Elle s'apprêtait à sortir de son sac un livre pour enfants qu'elle avait trouvé dans son grenier pour le lui offrir lorsqu'un grondement sourd se fit entendre, faisant trembler les murs de l'hôpital. L'inquiétude s'empara du visage de Charlie tandis qu'elle sentit le corps frêle du petit Thompson se blottit contre elle. « Hey. Ne t'inquiète pas, tout va bien ! C'est surement un gros orage. » Mais quelques secondes plus tard, ils sentirent littéralement le sol se dérobait sous leurs pieds. Charlie eut à peine le temps de serrer Peter contre elle, faisant un bouclier de son corps que le plafond s'effondrait à son tour. La jambe écrasée sous des débris, la jeune femme s'empressa de rassurer l'enfant, et de vérifier qu'il n'avait rien. Si le poids sur sa jambe était douloureux, elle était décidée à ne rien montrer. Peter était fragile, même si son état était stable, et l'inquiéter serait inutile, et ajouterait au stress qu'il devait déjà ressentir. L'air était rempli de poussières et encombrait sans aucun doute leurs poumons – ce qui les poussaient à tousser de manière incontrôlée – mais la jeune femme s'efforça de raconter une histoire à Peter pour lui changer les idées. Mais il était fatigué, et Charlie qui avait désormais la jambe totalement engourdie décida de chercher à lui faire faire un jeu pour qu'il reste éveillé. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il fallait faire, mais dans le doute, elle préférait ne pas prendre de risque. Il fallut plusieurs heures aux secours pour arriver, et ce fut un médecin qui arriva le premier pour vérifier qu'il n'avait pas d'urgence. Ce médecin, Charlie le connaissait plutôt bien puisqu'une forte amitié s'était crée en eux : Jaden Lington. Evidemment, elle put lire l'inquiétude sur son visage, mais elle ne lui laissa pas le temps de parler. « Occupe toi de Peter. Ma jambe est coincée. Il sortira plus facilement que moi, et il a besoin d'air pur. » Elle déposa un baiser sur le front de Peter, lui demanda comme on demande une faveur de suivre Jaden. Les longues minutes pendant lesquelles la jeune femme resta seule – il fallait aller chercher le matériel pour le dégager – furent les plus dures. Avec Peter, elle avait de quoi s'occuper ; désormais, elle était seul avec ses inquiétudes. Plusieurs larmes roulèrent sur ses joues, et elle s'évanouit probablement parce que lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était dehors, le visage de Jaden l'examinant. Les premiers mots qui sortirent de sa bouche furent les suivants : « Comment va Peter ? Je peux le voir ? »


Charlie n'est pas une prude. Mais elle ne fait pas non plus partie de ces gens qui s'offrent facilement. Certains pourraient penser que c'est son éducation, mais si cela a évidemment joué d'une certaine manière, c'est l'expérience qui a permis à la jeune femme de réaliser que s'offrir à n'importe qui ne servait à rien. Pour elle, faire l'amour avec quelqu'un est quelque chose qu'elle considère d'important. Oh, elle ne fera pas attendre un garçon éternellement, ni même plusieurs mois ; elle aussi a des hormones, des besoins et des envies. Mais lorsqu'elle décide de s'offrir à un garçon, c'est tout simplement qu'elle choisit de vraiment lui donner sa chance. Mais la jeune femme n'avait pas toujours été ainsi... Du moins, le temps de quelques mois, sa personnalité avait été... différente.


Charlotte n'avait que quinze ans lors de cet été. Vierge, pure, et innocente, elle ne connaissait pas grand chose de la ville. Si ses seize ans approchaient à grand pas, elle ne s'était pas réellement intéressée aux garçons. Certes, elle en trouvait certains beaux, mais peut être pas snobisme quelque part, la jeune femme ne les trouvait pas assez intéressants pour elle. C'était l'époque où supporter ses parents étaient de plus en plus difficile, et où la dépression de Charlie avait le plus d'emprise sur elle. Perdue, désorientée, elle avait tenté de se faire un groupe d'amis pour se changer les idées, et pour que ces mois de vacances passent plus vite. Et il est bien connu que lorsqu'on commence à détester ses parents, que l'on arrive pas à s'attacher à quelqu'un de peur qu'ils nous abandonnent – même Andrew quelque part l'avait abandonné même si cela n'était que temporaire - , ce sont souvent des fréquentations que l'on regrette. Rien ne le laissait présager officiellement. Ils étaient tous du même niveau social qu'elle, et leurs parents se trouvaient également dans la politique. Pourtant, ce fut dans un gouffre sans fond que tomba Charlie. Cet été-là, elle apprit à boire jusqu'à en être malade, et si l'on s'étonne encore de l'endurance qu'elle peut avoir vis à vis de l'alcool, la jeune femme ne dépassa plus jamais ses limites. Elle sait boire, et plutôt bien, mais vous ne l'avez plus jamais être malade à cause de l'alcool. Pire que d'apprendre à boire, elle a découvert la drogue. Ce n'est pas à fumer un joint qu'on lui a appris, mais à sniffer de la coke. Les personnes qu'elle fréquentait étaient toutes plus âgées qu'elle, et Charlotte, comme beaucoup d'adolescents, ne voulait pas paraître « has been ». Elle qui n'avait jamais voulu s'intégrer dans un groupe, qui se moquait d'être intégrée, avait peur lorsqu'elle était avec eux d'être rejetée. La descente fut rapide, et douloureuse. Rapidement, l'addiction fit son chemin, et ce fut grâce à son retour à Ruby Creek Falls qu'elle put reprendre pied. Mais ce qu'elle apprit mieux que personne en Californie, ce fut la luxure. C'est dans le coin de toilettes qu'elle a perdu sa virginité avec un gars dont elle se souvient même pas du nom. Et les choses se sont enchainées à une vitesse affolante. C'était un concours à force – celle qui se ferait le plus de mecs en un été. Cela ne lui ressemblait tellement pas, mais pourtant, à chaque fois qu'elle sentait le poids d'un homme sur elle – lorsqu'elle n'était pas au dessus – elle se sentait moins vide, plus complète. Ces gens avec qui elle avait toujours refusé de se lier auparavant étaient devenus en l'espace de quelques jours et pour l'espace de trois mois sa famille. Ils étaient tous ce qu'elle avait, et cela expliquait sans aucun doute le manque de jugement dont elle avait fait preuve. Aucune ne l'avait laissé tomber. Lorsqu'elle vomissait tripes et boyaux, l'un d'eux était toujours là pour lui tenir les cheveux. Si un garçon qui ne lui plaisait pas se montrait trop insistant, un des gars de la bande venait le faire partir, ou jouer les petits copains – ce qui se terminait quasiment toujours en coucherie. Mais rien, pas une seule chose, n'était la vraie Charlie. C'est en larmes qu'elle était arrivée chez sa grand-mère, perdue entre l'envie d'y retourner, et sa conscience qui lui disait qu'il fallait qu'elle arrête ses conneries, et se retrouve. Les premiers mots qu'elle prononça, alors que la vieille dame essuyait avec tendresse les joues humidifiées de Charlie, furent : « J'ai besoin d'aide, granny. » Elle fut aidée. D'un commun accord, cette période resta leur secret. Et pour reprendre les mots de Flaubert, « et ce fut tout ».

HORS-JEU ; Show us your true colors

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