DANS-JEU ; L'imagination gouverne le monde (Napoléon)

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NOM : Mazzello PRENOMS : Madison DATE (Âge) & LIEU DE NAISSANCE (Etat) : 11/05/1990, Ruby Creek Falls, Idaho. EMPLOI/ETUDES : Etudiante GROUPE : Citizens

« Todd, rends-lui sa poupée ! »

Le juron lui resta sur le bout de la langue. Que n’aurait-elle pas donné pour filer la fessée de sa vie à Todd, six ans et demi et petit emmerdeur de première. Seul problème, elle avait une Anna rouge de colère dans les bras et un Jordan accroché à sa jambe droite. Le petit effronté lui jeta un regard furieux mais obéit. Quand sa sœur employait ce ton, mieux valait s’abstenir d’aller plus loin sous peine de le regretter amèrement, il en avait fait les frais par le passé, il connaissait les conséquences de ses actes. C’est donc avec un soupir qu’il rendit la figurine blonde à la petite rouquine qui pleurait toutes les larmes de son corps. Il empoigna ensuite la lanière de son sac à dos Buzz l’Eclair et il se dirigea vers le portail, le reste des Mazzello sur les talons, avec son petit air de meneur qui avait l’art de mettre Madison sur les nerfs, raison pour laquelle il récolta un coup de pied mesuré dans le derrière pour le faire cesser son manège. Une nouvelle œillade courroucée fut décochée en direction de la jeune femme mais il se tint mieux et elle put reporter son attention sur la cadette et sur Jordan qui suivait en suçant son pouce tout baveux. Le garçonnet de quatre ans avait probablement une fois de plus mouillé son pantalon parce que son institutrice, Madame Tallulah, avait remis à l’ainée des Mazzello un sac en plastique, quant à son petit frère, il portait un pantalon kaki alors qu’elle était certaine de l’avoir amené le matin même avec un pantalon en jean qui appartenait autrefois à Todd et qui était donc couvert d’écussons à l’effigie des dessins animés des petits.
Un coup d’œil à la montre fine qui ornait son poignet indiqua à Madison qu’il était grand temps de faire le tour du bâtiment pour aller retrouver le dernier des casse-cous, la terreur des gamins de son âge, l’ainé des garçons, Kellan, neuf ans, retenu pour des heures supplémentaires à devoir gratter les dessous des tables pour faire tomber les vieux chewing-gum collés là par des générations d’élèves qui se succédaient là depuis plus de cent ans. Kellan n’était pas le premier à s’être fait prendre en train de coller discrètement un bonbon vert sous la table, en croyant que personne ne le voyait, et il ne serait pas le dernier. En attendant, il avait écopé d’une punition équivalente et avait passé ces dernières semaines à rester une heure de plus pour s’acquitter de sa tâche. Cela arrangeait Madison, en un sens, parce que cela coïncidait à la fin de la garderie de Todd et Jordan, ce qui lui permettait de passer chercher Anna à la crèche en vitesse avant d’aller récupérer les trois monstres. Des trois, Jordan était probablement le plus adorable, bien qu’un peu collant par moment. Enfant timide et peu bavard, il jouait souvent dans son coin alors que les deux autres se chamaillaient sans cesse, à vouloir montrer qui était le plus fort. Qu’est-ce qui expliquait une si grande différence d’âge entre elle et les suivants ? C’était simple, et tellement cliché à la fois. Ses parents l’avaient eu « par accident ». Sa mère avait dix-sept à l’époque, son père dix-huit. La fameuse nuit où tout dérapa ? Vous l’aurez deviné, le bal de promo. La bonne nouvelle, c’était qu’à ce jour, ses parents étaient toujours aussi amoureux l’un de l’autre, la preuve, ils avaient fait quatre enfants plus de dix ans après leur première née. Le bémol pour Madison qui avait vu à l’arrivée de Kellan sa liberté s’étendre puisque les Mazzello avaient de quoi se préoccuper en dehors d’elle, c’était qu’après quatre naissances et un emploi du temps qui ne décélérait pas, il était devenu évident qu’il fallait quelqu’un pour s’occuper des cadets, et il était hors de question d’engager une nounou ou une baby-sitter. Qui faisait office de baby-sitter alors ? Madison, et ce, sans les avantages que cela apportait. Son argent de poche n’était pas augmenté, c’était normal qu’elle s’en occupe. Un point c’est tout.
Lorsque la petite famille rejoignit l’entrée du bâtiment pour récupérer le dernier de la tribu, ils trouvèrent Kellan installé sur un muret, à lancer des petits cailloux en direction d’un véhicule, veillant à ce que les pierres atteignent le sol avant de toucher la carrosserie luisante. C’était à croire qu’il aimait ce qui était à la limite de l’interdit et lorsqu’il entendit les pas trainants de Todd, qu’il tourna la tête et les vit, il lâcha immédiatement les derniers projectiles qu’il tenait à la main. Mais il était trop tard pour feindre l’innocence, comme il savait si bien le faire avec ses grands yeux chocolat, Madison l’avait vu et le regard qu’elle lui lança en disait long sur ce qui allait lui arriver. Ni une ni deux, l’ainé des garçons sauta en bas de son perchoir et déguerpit, Todd sur les talons, gardant une distance respectueuse entre lui et Madison.
Les Mazzello étaient connus à Ruby Creek Falls, mais pas uniquement parce que les garnements faisaient les quatre cents coups – et ils n’avaient même pas atteint l’âge de dix ans, ce qui laissait présager le pire pour la suite. Les parents étaient ouverts, souriants, un peu trop modernes aux yeux de certains, peut-être, mais dans l’ensemble, ils étaient plutôt appréciés. Quant à Madison, elle avait toujours été discrète, même si elle pouvait laisser entrevoir un sacré caractère. Elle était indépendante, travailleuse et ne se laissait pas abattre par les problèmes qui pouvaient s’accumuler. Elle jonglait avec ses études comme vétérinaire à la ville voisine et la garde de ses cadets. Il n’était pas rare de voir une fenêtre illuminée tard dans la nuit et il s’agissait souvent de la jeune femme qui tentait de rattraper son retard dans les matières les plus importantes. Devoir tenir quatre enfants n’était déjà pas de tout repos mais cela exigeait une vigilance constante, ce que Madison prodiguait sans compter. Dès que l’un de ses parents rentrait, elle était soulagée de son fardeau quotidien et elle courait s’enfermer dans sa chambre, seul endroit où elle pouvait être certaine que personne ne viendrait la perturber, pour se plonger dans des chapitres tous plus laborieux les uns que les autres. Si elle ne fréquentait plus beaucoup les jeunes de son âge, du coup, elle n’en restait pas moins quelqu’un de sociable et poli, n’hésitant pas à discuter quelques minutes avec les commerçants lorsqu’elle faisait les courses. Elle se montrait peut-être simplement un peu trop méfiante vis-à-vis de la gente masculine ou des gens qui s’intéressaient un peu de trop près à sa vie, mais elle tâchait de compartimenter ses relations, ses activités. Elle avait besoin d’organisation, d’une stratégie sur le long terme, si elle voulait s’en sortir et atteindre les rêves qu’elle avait depuis qu’elle était haute comme trois pommes. Parce que derrière la maturité avec laquelle elle gérait sa vie, il y avait une rêveuse invétérée, une jeune femme qui n’aspirait qu’à une chose : la liberté. Et cela, elle ne pourrait se l’offrir qu’en étant autonome. En attendant, elle avait Kellan à surveiller, pour ne pas qu’il abime autre chose, Todd à constamment ramener à l’ordre, Jordan à rappeler sans cesse, tant il s’arrêtait tous les cinq mètres pour regarder une fleur ou une feuille, et une Anna encore larmoyante à consoler. Bref, elle n’avait pas fini d’en baver avec ces quatre là !

HORS-JEU ; Show us your true colors

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