«
M. Mezerian ? » L'air grave que le docteur Stevenson portait sur son visage était tout à fait justifié. Il tentait tant bien que mal de ne pas avoir visage trop inquiet, mais ce n'était pas chose aisée. La nouvelle qu'il avait à annoncer était une des choses les plus tristes que l'on peut dire à des parents. Si la première était la mort, la seconde était la maladie. Du moins, une maladie telle que celle-ci. La mort n'était alors plus une certitude, mais elle pesait au dessus de la tête de l'enfant comme une épée de Damoclès, et malgré toutes les avancées scientifiques, malgré les meilleurs traitements du monde, et malgré la meilleure volonté du monde, il n'y avait aucune certitude quant à l'évolution de la situation. La petite Diana, un an à peine, pouvait ne pas s'en sortir. Et dire que la dernière greffe remontait à quelques mois à peine... «
Ne dites rien. Il faut lui trouver un autre coeur, c'est ça ? » Le calme de Jason Mezerian l'avait toujours épaté. Pas une seule fois, celui-ci n'avait perdu son sang froid. Son visage était inquiet, ses yeux se remplissaient parfois de larmes, mais pas une seule fois, il ne s'énervait. Pas une seule fois, il ne semblait perdre pied. Le docteur avait connu bon nombre de parents qui essayaient d'être fort, mais avec Jason... c'était différent. Pourtant, Stevenson craignait grandement ce qu'il se passerait une fois que M. Mezerian craquerait. Peu de gens savait rester ainsi, mais cela ne présageait rien de bon. «
Pas exactement... mais c'est un risque si son infection ne se résorbe pas. » Un simple hochement de tête, et un coup d'oeil vers sa femme. Celle-ci ne réagit pas. Willow Mezerian se contente généralement hocher gravement la tête. Elle ne parle jamais, et dès qu'elle peut partir du bureau, de l'hôpital, c'est ce qu'elle fait. Elle passe quelques minutes embrasser son enfant tous les jours, mais pour une femme au foyer, elle n'est pas très présente. Stevenson s'en étonnait. Il n'avait pas pour habitude de juger les proches de ses patients, mais il n'avait jamais vu une mère agir ainsi. Décidément, cette famille n'était vraiment pas comme les autres.
Malgré le calme apparent, Jason Mezerian était effondré. Lorsqu'il avait décidé de faire un enfant avec Willow, la maladie de sa fille était la dernière chose à laquelle il s'était attendue. «
Une malformation cardiaque bénigne » lui avait-on annoncé quelques jours plus tard. Une maladie bénigne qui avait amené à ce que sa fille soit transplantée d'un nouveau coeur à l'âge de quatre mois. Et désormais, tous les soins, tous les médicaments, toute la patience du monde, et les précautions prises apparaissaient comme inutiles. Sa petite fille, la chose la plus précieuse qu'il ait au monde, risquait de décéder si l'on ne trouvait pas de greffes – ou en tout cas, si l'infection n'était pas soignée. Pourtant, malgré son jeune âge, elle ne se laissait aucune abattre. Elle rigolait, comme tous les enfants de son âge. Elle marchait, courait partout... La seule différence était qu'elle s'essouflait un peu plus facilement. Mais à la voir, rien ne laissait penser qu'elle puisse être malade. Et puis, il y avait Willow. Elle évitait leur fille comme la peste, et Jason s'étonnait encore de ne pas lui avoi dit combien il la détestait. Si divorcer lui avait traversé l'esprit, il avait estimé qu'il attendrait que sa fille soit stable et plus ou moins en bonne santé pour agir. Peu lui importait d'être marié ou non, tout ce qu'il voulait, c'est être certain que Diana s'en sortirait. Mais il y aurait toujours ce doute, il y aurait toujours cette incertitude. Même sans les risques de rejets de greffes, même sans les infections, viendrait toujours un moment où il serait nécessaire de chercher un coeur pour elle, pour remplacer l'ancien qui se sera fatigué... Ils n'auraient pas de répit. Aucun. Jamais. Et sa femme ne trouvait rien de mieux à faire que d'aller s'acheter une nouvelle père de chaussures...
(...)
«
Au revoir, Clémence. Ecrivez moi si il y a un réel souci, mais Bryan s'occupera normalement de tout. » Une légère accolade, et c'est avec l'étrange impression que les choses ne seront plus jamais pareil que Jason quitte le building où se trouve son cabinet d'avocat. A la sortie d'Harvard, deuxième de sa promotion, il avait promis à Bryan Spines, son meilleur ami – et le major de promotion – qu'un jour, ils auraient leur cabinet. Et ils ne s'étaient pas trompés. Deux ans à peine après avoir travaillé dans des cabinets qui ne leur correspondaient pas, ils ont monté le leur qui connait pour l'heure un succès fulgurant. Pourtant, la décision qu'a prise Jason pourrait tout remettre en question. Quitter le cabinet. Jamais il n'aurait pensé en venir à une telle décision. L'idée ne lui avait jamais traversé l'esprit, mais les mots du médecin de Diana raisonnait sans cesse dans l'esprit du juriste, et il n'en tenait plus. «
Un changement d'air lui serait peut être bénéfique... Au moins, le temps de sa convalescence. Il faut à tout prix trouver un moyen de soigner cette infection. » Il n'a pas fallu beaucoup de temps à Jason pour trouver où aller. Là où il avait passé une partie de son enfance, là où se trouvait une partie de sa famille, là où se trouvait le moyen de sauver sa fille ? Il n'en avait aucune idée. Mais il était épuisé. Epuisé de ses traitements sensés être les meilleurs mais qui n'aidaient absolument pas, épuisé de devoir s'assurer chaque jour que sa femme irait voir Diana à l'hôpital, mais plus que tout, il était exténué de voir sa fille se battre à un si jeune âge pour vivre chaque jour. Chaque fois qu'il entendait son rire raisonner dans la pièce, chaque fois qu'elle serrait son petit corps contre le sien, chaque fois qu'elle lui murmurait de ne pas s'inquiéter, que l'hôpital ce n'était pas si mal que ça, Jason s'en émerveillait. Il n'était probablement pas très objectif, et en avait d'ailleurs parfaitement conscience, mais il avait la meilleure petite fille au monde. Il en était convaincu. Elle était courageuse, plus que lui ne l'était sans aucun doute ; elle était remplie de joie, et égayait les couloirs de l'hôpital où tant d'enfants souffraient. «
Une source de bonheur ! On aurait presque envie de la garder avec nous. » s'exclamaient souvent les infirmières. Alors, oui, Jason Mezerian, 32 ans, renonçait au rêve qu'il avait fait tant de fois plus jeune, oui, il laissait tomber son meilleur ami d'une certaine façon, et non, sa femme ne l'accompagnait pas, mais en quittant la ville pour l'Idaho, il espérait offrir à sa fille une chance d'aller mieux, ou d'avoir un petit peu de répit, dans tous les cas. Partir l'hiver n'était probablement pas la meilleure période de l'année. Mais puisqu'il faudrait probablement passer Noël à l'hôpital, autant le faire aux cotés d'Addison, et de Diana. A vrai dire, c'était un petit peu pour Addison aussi que Jason avait choisi cette destination. Bien que frères et soeurs, on ne pouvait pas dire qu'ils aient réellement vécu ensemble. Pourtant, ils étaient extrêmement proches, et Jason n'en pouvait plus des coups de fil bien trop courts, et de ne pouvoir se voir qu'une fois l'an. Lorsqu'il avait annoncé son arrivée à Addison, celle-ci n'avait même pas envisagé que Jason retourne chez sa mère avec Diana, ou qu'il loue une maison – d'office, une chambre lui était réservée dans la demeure de sa soeur. Si l'enthousiasme dont avait fait preuve Addison l'avait touché, ce n'était pas parce qu'il pensait qu'elle aurait pu réagir différemment. Mais ces dernières années avaient été particulièrement difficile pour la jeune femme, et Jason savait pertinemment que l'hiver approchant, le moral de la jeune femme était en berne. Avec un peu de chance, il pourrait lui changer les idées.
« [g]Papa ! Papa ![/g] » s'écria la petite Diana qui était particulièrement excitée ce soir-là. «
Addison elle vient demain ? » Un fin sourire sur le visage, Jason tend les bras vers sa fille pour qu'elle le rejoigne sur ses genoux. «
Non, je te l'ai expliqué. C'est nous qui allons la voir, demain. » L'enfant sembla réfléchir quelques secondes, et continua. «
Mais maman... pourquoi elle vient pas ? » Un léger soupir s'échappe des lèvres de Jason, qui ne sait pas vraiment quoi répondre. Il lui dirait bien ce qu'il en pense, mais du haut de ses quatre ans – presque cinq -, elle ne comprendrait sûrement pas. Lui-même ne comprend pas. «
Elle travaille, mon coeur. Elle nous rejoindra peut être plus tard. » Oui, peut être...
HORS-JEU ; Show us your true colors
...
Prénom & Pseudo : Go
Age : Presque 20 ans, je deviens grande (:
Multinicks ? : Oui
Code : Code OK TitziaAvatar : Matt Bomer
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