R U B Y C R E E K F A L L S
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Amber Cadogan

My Own Private Idaho

Amber Cadogan

Messages : 16
Date d'inscription : 22/07/2010
Age : 40
Statut : Mariée, mère de Jeremy & Oliver

Curious, a bit ?
Logement :
Relationships :

[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan _
MessageSujet: [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan   [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan EmptyVen 3 Déc - 21:04

December 15th

Des chaussures plates – il y avait un moment qu’elle ne mettait plus ses chaussures à talons fétiches, elle qui en avait toute une collection –, un pantalon acheté expressément pour le dernier mois de grossesse, ainsi qu’un gilet aux couleurs pastel pour envelopper son ventre rond. Amber se sentait lourde. Les bébés n’arrêtaient pas de se chamailler et appuyaient sur sa vessie à longueur de temps, ne lui laissant que très rarement du répit. Elle n’avait plus qu’une hâte : être délivrée de ce surpoids qui ne lui seyait pas du tout, malgré les dires de ses parents. Elle se sentait grosse et repoussante, c’en était devenu une obsession et le seul avantage que cela avait, c’était celui de lui faire oublier plus souvent la souffrance que créait la distance entre elle et Christopher. Tout était de sa faute, elle le savait, il n’y avait qu’elle qui puisse faire un pas dans sa direction pour arranger les choses mais elle ne s’en sentait pas capable, elle avait tellement honte de la faiblesse dont elle avait fait preuve qu’elle abandonnait à chaque fois à mi-chemin quand elle composait le numéro du portable de son mari. Cinq mois qu’il était parti, cinq mois qu’elle se rongeait les ongles à l’idée que leur histoire soit réellement terminée. Elle avait démissionné quelques semaines plus tôt, abandonnant pour toujours le visage amer de Tom, laissant derrière elle ce qui était à l’origine de la débâcle de son mariage. Si elle ne s’était pas laissée influencée par la réaction de son collègue de bureau, Christopher et elle seraient les futurs parents les plus heureux de la Terre et ce serait avec lui qu’elle parcourrait les allées du magasin pour dénicher les cadeaux de chacun.
Elle avait élaboré la liste au fur et à mesure. Pour certaines personnes, comme pour sa tante, par exemple, elle avait noté tout un tas d’idées qu’elle avait éliminées au fur et à mesure. Il lui fallait tellement de temps pour cerner les désirs de sa tante qu’elle s’y mettait généralement vers septembre. Cette année, elle s’y était prise en août, parce que d’habitude, c’est Christopher qui tâtait subtilement le terrain et venait lui donner un compte rendu de son investigation. Sans lui, elle se sentait seule et perdue mais pire encore, elle se sentait vide, comme si on lui avait arraché une partie de son cœur, de son cerveau, et qu’elle ne fonctionnait plus qu’à moitié. Et la présence de Nathaniel, son cousin, bien que rassurante et bienvenue, ne comblait pas suffisamment le trou laissé par le jeune Cadogan. Mais encore une fois, elle revenait à cette conclusion : elle était la seule à blâmer, jamais Christopher ne serait parti si elle n’avait pas fugué le domicile conjugal à la première crise de doutes. Le pire, dans tout cela, c’était qu’elle ne doutait même pas des sentiments qu’elle avait pour son mari, ni le bonheur qu’ils vivaient à deux. Elle ne voulait vivre avec personne d’autres et n’avait donc pas fui un futur incertain, au contraire, il n’y avait pas plus certain que l’amour qu’elle lui portait, c’était aussi simple que cela. Mais suite à la jalousie non déguisée de Tom, elle avait perdu pied, elle ne savait plus où se mettre et elle avait eu besoin d’espace – même si c’était ironique, puisque cela avait signifié retrouver sa chambre d’adolescente, où les posters de boy bands étaient encore suspendus à ses murs. Elle trouvait cette régression lamentable et dans un autre sens, elle ne se voyait nulle part ailleurs pour l’instant, même si elle était dès lors vouée à ne pouvoir qu’imaginer comment allait Christopher qui était retourné à Ruby Creek Falls peu après sa désertion.
Un soupir s’échappa des lèvres d’Amber qui attrapa un grigri, le retourna pour en connaitre le prix et le reposa en levant les yeux au ciel. L’après-midi commençait à se faire longue, elle avait les jambes lourdes d’avoir arpenté les magasins pendant deux heures et malgré l’aide non négligeable de son cousin, la liste ne semblait en finir. Quand elle rentrerait ce soir, elle s’allongerait sur le divan et apprécierait le massage que sa nièce lui administrerait. Depuis qu’elle avait appris qu’Amber était enceinte, celle-ci avait lu tout ce qu’il pouvait y avoir à lire sur les grossesses et elle administrait sa tante de tous les conseils et petits soins qu’elle pouvait. Quand Amber lui avait annoncé qu’elle n’attendait pas un mais deux enfants, Lyla en avait été d’autant plus excitée. Il n’y avait que pour la jeune maman que cette donnée ravivait autre chose : le fait que les seuls jumeaux qu’elle connaisse soit les Cadogan. Elle aussi en était une à présent, et pourtant, elle se sentait évincée, étrangère à cette fratrie. Elle s’était attendue à un coup de fil d’Eugene mais rien, celui-ci n’était pas intervenu, elle ignorait si c’était parce qu’il en avait décidé ainsi ou si c’était parce que Christopher préférait que les choses s’arrangent entre eux, sans qu’une tierce personne vienne y mettre son grain de sel. Quoi qu’il en soit, la situation restait la même. Christopher était en Idaho tandis qu’elle était ici, dans un Chicago en liesse à la perspective des fêtes de Noël et elle n’en ressentait qu’une immense lassitude.

« Nate ? » Elle attendit que le jeune homme lève les yeux pour lui montrer une vitrine.

Elle n’y connaissait rien en montres, elle-même n’en portait pas et vérifiait toujours l’heure sur son Blackberry. Nathaniel, étant un homme, saurait probablement beaucoup mieux qu’elle ce qui conviendrait à son père.

« Tu penses quoi de celle-là ? »

Elle désigna une montre en argent, au cadran énorme mais très design. Lorsque ses yeux dévièrent sur la gauche, elle tomba nez-à-nez avec une montre identique à celle de Christopher et son cœur se serra, presque automatiquement, avant qu’elle n’empoigne le bras de son cousin et l’emmène ailleurs, concluant son geste d’un « laisse tomber ». Ils se dirigèrent vers un autre rayon masculin et elle tenait toujours étroitement le bras de Nathaniel. Non pas qu’elle ait besoin de soutien pour marcher, malgré sa petite taille et son ventre proéminent, elle vivait plutôt bien sa grossesse – en dehors de l’aspect psychologique, évidemment – et refusait tout simplement les avis des autres qui estimaient qu’elle devrait ralentir la course, surtout maintenant qu’elle était à la maison et qu’elle ne devait plus courir au bureau. Mais ralentir signifiait avoir davantage de temps pour se rappeler les raisons de sa solitude, et elle n’en avait vraiment pas besoin !

« Je vais lui acheter quelques cravates, plutôt. »

Elle attrapa un bout de tissu ligné bleu et blanc et le montra à Nathaniel, attendant son avis.
Revenir en haut Aller en bas
Nathaniel De Castillan

My Own Private Idaho

Nathaniel De Castillan

Messages : 42
Date d'inscription : 22/09/2010

[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan _
MessageSujet: Re: [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan   [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan EmptyDim 12 Déc - 15:56

Ces derniers temps, Nathaniel avait passé beaucoup de temps en compagnie d'Amber. Ils avaient toujours été proches, et ce, depuis leur plus tendre enfance – particulièrement celle de Nathaniel qui avait quelques années de moins que la ravissante qu'il avait à son bras à l'heure actuelle. Et si beaucoup pensait qu'il était impossible que les cousins soient plus proches qu'ils l'étaient déjà, le jeune De Castillan avait l'impression que les événements récents avaient réussi l'impossible. D'ordinaire, c'était Amber qui jouait les protectrices en sa compagnie. Quelque part, elle était un peu comme sa bonne fée, même. Il n'y avait pas eu un seul instant dans sa vie où il avait eu l'impression de devoir lui cacher autre chose, ou l'impression qu'elle le jugerait. Elle était la plus belle femme qu'il connaisse, et pourtant, elle avait quelque chose de si fort en elle, comme si elle était capable d'affronter toutes les tempêtes, qu'elle avait servi de modèle à Nathaniel. Plus jeune, c'est sans honte, et avec une grande fierté qu'il affirmait vouloir être « un homme comme elle ». Elle était féminine, elle n'était pas vulgaire, ni machiste. Elle avait un comportement tout à fait normal, mais elle avait ce petit quelque chose en plus qui faisait que Nate s'était attaché à elle plus qu'aux autres. Pourtant des cousins tous les deux, ils en avaient. Mais d'instinct, sans que cela ne s'explique, ils avaient été comme attirés l'un par l'autre, et désormais, ils veillaient l'un sur l'autre. Il n'y avait qu'un seul et unique sujet que Nathaniel n'avait jamais abordé ouvertement avec la future maman, c'était sa sexualité. Pourtant, elle savait ce à quoi s'attendre de la part de Nathaniel, et ne l'avait ni jugé, ni confronté à cela. Et de la même manière, Nathaniel n'avait pas jugé la réaction de Amber suite aux remarques incessantes de son collègue. A vrai dire, cela ne lui avait même pas traversé l'esprit. Elle avait l'air si vulnérable, si fragile, il n'avait su que lui jurer de s'occuper d'elle aussi bien qu'il le pourrait, et de tout faire pour que sa grossesse se passe dans les meilleures conditions. Ce n'était pas le cas, évidemment. La jeune femme était bouleversée, ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à agir ainsi, et se demandait surtout comment arranger les choses. Nathaniel, lui, faisait tout pour qu'elle se repose, et arrête de se torturer. Autant demander à un oiseau de ne plus chanter. Il essayait alors un maximum de lui changer les idées, quand il ne travaillait pas. Et quand il travaillait, il ne se gênait pas pour l'appeler plusieurs fois par jour. Il ne s'était jamais réellement comporté ainsi en sa compagnie d'ordinaire, mais les circonstances particulières, et requéraient une attention tout aussi particulière.
Pour l'heure, Nathaniel prenait sur lui pour ne pas la supplier d'aller s'assoir prendre un chocolat chaud, ou un café avant de poursuivre sa longue liste de cadeaux. Mais Amber n'avait qu'une hâte : pouvoir rentrer, et s'assoir quelques minutes ne ferait que retarder ce moment. Après tout, lui qui n'avait toujours pas commencé ses cadeaux, il aurait mieux fait d'en profiter pour faire également ses courses, mais il n'y avait qu'un seul cadeau dont il était certain, et puisque la demoiselle à qui il était adressée était avec lui en ce moment-même, cela compliquait les choses. Tandis que Amber étudiait les différentes vitrines à la recherche du cadeau idéal pour Christopher, Nathaniel tentait vainement de reporter ce dernier achat à plus tard. Elle n'avait aucune idée, et cela ne servait à rien de se fatiguer. Mais essayer de faire comprendre ça à Amber Cadogan ! Il la suivait alors patiemment, donnant son avis quant elle le lui demandait. Il ne connaissait pas vraiment Christopher. Il s'entendait bien avec lui, mais on ne pouvait pas non plus dire qu'une réelle amitié s'était créée entre eux. La différence d'âge jouait sans aucun doute. Alors conseiller la jeune femme n'était pas chose aisée. Mais il faisait de son mieux, souhaitant sans le dire que l'un des deux offre son retour à l'autre pour Noël. Leur couple était une évidence, et pas seulement aux yeux de Nathaniel. Malgré les années qu'ils avaient passé ensemble, leur couple ne semblait pas s'essouffler, et si comme tous les couples, ils avaient des querelles, jamais aucune n'avait réellement mis en danger leur couple jusqu'à l'heure actuelle. Mais cette fois-ci, Nathaniel avait des doutes. Pas sur l'amour qu'ils se portaient, pas sur le fait qu'ils doivent finir leur vie ensemble, mais il n'était pas certain que ces deux-là puissent s'en sortir tout seuls. Une tierce personne devrait peut être intervenir.

« Nate ? Tu penses quoi de celle-là ? » Perdu dans ses pensées, Nate mit quelques secondes à relever la tête, et il n'eut même pas le temps de jeter un oeil sur la montre sur laquelle elle souhaitait avoir un avis que déjà, elle ne l'emmène ailleurs, décidant apparemment qu'il ne s'agissait pas du cadeau idéal. « Ralentis, Amber. Tu vas te fat... » Devant le regard réprobateur de son ainée, Nathaniel coupa sa phrase en plein milieu, et suivit sans un mot de plus à ce sujet la jeune femme. « Il y a encore beaucoup de magasins à faire ? » demanda-t-il. Plus le temps passait, et plus il s'impatientait. Il savait pertinemment que cette recherche du cadeau idéal serait vaine et que Amber n'en ressortirait que frustrée, se reprochant de ne pas trouver quelque chose qui plairait réellement à son époux. Accrochée à son bras, la jeune femme finit par s'arrêter devant des cravates, demandant une fois de plus son avis à Nate. Celui-ci prit directement la parole, craignant qu'elle change encore d'avis sans qu'il ait le temps de dire ce qu'il pensait. « Cette cravate est magnifique, mais si tu l'achètes, dans deux minutes, tu voudras trouver autre chose. » lui dit-il, avec tendresse. « Le père Noël ne sera pas content, mais laisse moi te montrer le cadeau que je lui ai commandé pour toi à Noël. L'accepter sera le plus cadeau que tu pourras faire à Christopher. » Après avoir déposé un baiser sur sa tempe, et reposé le tissu, Nathaniel emmena la future maman vers une agence de voyages à quelques centaines de mètres de la boutique dans laquelle ils se trouvaient précédemment. Mais avant qu'ils n'atteignent leur « destination », Amber exerça une pression sur le bras de son cousin, lui intimant – bien que silencieusement – de s'arrêter. Il se retourna vers elle, un sourire mi-amusé mi-réprobateur sur le visage. « Tu veux acheter cette cravate, c'est ça ? » Mais le visage d'Amber exprimait quelque chose de totalement différent. Non, pensa Nathaniel, ce n'est pas du tout une affaire de cravates...
Revenir en haut Aller en bas
Amber Cadogan

My Own Private Idaho

Amber Cadogan

Messages : 16
Date d'inscription : 22/07/2010
Age : 40
Statut : Mariée, mère de Jeremy & Oliver

Curious, a bit ?
Logement :
Relationships :

[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan _
MessageSujet: Re: [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan   [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan EmptyMer 16 Fév - 12:45

Le pire dans cette situation, ce n’était même pas le poids qui pesait sur son cœur à chaque fois qu’elle avait le malheur de penser à Christopher. Elle se sentait souvent découragée avant même de commencer la journée, avant même de quitter la chaleur de ses draps, mais pour le reste, elle vivait sa peine comme elle le méritait. C’était sa punition pour avoir fui leur couple, pour avoir mis un terme si brutalement à leur union irréprochable. La plupart des gens ne comprenaient pas cette déchirure et comment auraient-ils pu, quand elle-même ignorait pourquoi elle avait été prise d’une telle folie ? Il n’y avait pas un nuage à l’horizon, elle n’aurait pu rêver d’un mariage plus parfait, plus serein. Ils avaient même mis un bébé en route. Tout allait pour le mieux et pourtant, ils en étaient là, à vivre à des milliers de kilomètres l’un de l’autre. Il était reparti à Ruby Creek Falls et Chicago avait perdu de sa splendeur. Tout l’attrait qu’Amber avait pu y trouver s’était envolé et si ce n’était pour la présence réconfortante de Nathaniel, il y aurait longtemps qu’elle aurait songé à aller se réfugier ailleurs. Peut-être en Californie, ou à New York, dans des lieux surpeuplés ou artificiels à souhait. Mais même si elle trouvait un petit coin de paradis, perdu au milieu de nulle part, rien ne lui enlèverait le visage décomposé de Christopher de la tête. Elle ne l’avait pas réellement vu mais elle imaginait sa réaction et elle connaissait son visage par cœur, elle n’avait aucun mal à voir l’incompréhension envahir ses traits et la détresse ravager son beau regard. A cette seule pensée, son cœur se ratatinait. Mais ce n’était pas le pire dans tout ça. La culpabilité, la douleur, le désespoir, elle pouvait gérer, elle pouvait faire avec. Ce qu’elle ne parvenait pas à supporter, par contre, c’était les réactions de ses proches qui, elle le savait, se voulaient d’un soutien infaillible. Ils voulaient lui montrer qu’ils étaient là, quoi qu’il arrive, et elle leur en était reconnaissante. Mais les voir critiquer, injurier ou se mettre en colère lorsque le nom de son époux venait sur la table lui donnait envie de hurler. Christopher était innocent. Il n’avait rien fait pour mériter ça, elle était la seule fautive et si la plupart du temps, elle s’était tu, elle avait gardé en elle ce mal être, elle avait commencé à rectifier la vérité, interrompant ses amis lorsqu’ils entamaient leur litanie, ramenant à l’ordre sa famille lorsqu’elle tentait de la consoler. Elle ne voulait plus qu’on s’en prenne à Christopher, même si ce n’était que verbalement, qu’ils n’allaient pas jusqu’à envoyer des lettres injurieuses au jeune homme. Sa psychologue lui avait dit que c’était peut-être un signe de guérison et Amber avait haussé les épaules. Quand bien même elle se remettait de sa peine inexpliquée, elle ne pourrait jamais regarder son mari en face, elle aurait trop peur de lire de la rancune sur ses traits agréables, elle avait peur de croiser un regard implacable.
Nathaniel avait été son seul réel soutien. Il l’avait supportée sans jamais critiquer son mari. Il avait été à ses côtés et peut-être que le fait qu’il ait un penchant pour les garçons l’avait rassurée. Ce n’était pas uniquement ça, bien sûr, mais la tendresse de Nathaniel n’avait rien de comparable. Elle était innée et, Amber en était certaine, exacerbée par sa part de féminité. Tous les hommes en avaient une mais ils étaient rares à la laisser briller, à part les homosexuels – et encore, pas tous – qui se montraient plus ouverts et plus honnêtes que n’importe qui d’autre. Elle n’avait jamais ressenti le besoin de partager son point de vue, elle n’avait jamais eu besoin d’aborder ce point avec Nathaniel parce qu’à ses yeux, cela aurait signifié quelque chose comme « je sais que tu es différent, mais ce n’est pas grave, je t’aime comme tu es ». C’était une façon de penser qu’elle avait en horreur. Nathaniel n’était pas différent sous prétexte qu’il aimait les garçons. Amber avait plutôt l’impression qu’adopter ce genre de discours revenait à dire « regarde comme je suis magnanime, je t’accepte tel que tu es, même si ce n’est pas normal ». Beaucoup de gens s’étaient souvent mépris sur la détermination avec laquelle elle rejetait cette façon de penser, mais elle s’en contrefichait. Elle était heureuse qu’il soit présent, qu’il soit là pour l’écouter geindre, supporter ses poussées d’hormones et la fait rire quand elle n’y arrivait plus. Il ne la sermonnait pas, mais ne cachait pas non plus son point de vue. Il n’en avait pas besoin, il avait un visage qu’on pouvait lire à livre ouvert et il était bien le seul à pouvoir la juger sans qu’elle ne se vexe. Il avait raison. Il avait toujours raison. En plus d’être un soutien incomparable, il était d’une sagesse peu commune. Du moins, avec elle, parce qu’elle savait son cousin suffisamment secret pour lui cacher ses propres maux.
Lorsqu’il lui conseilla de ralentir – sans mentionner combien elle était énorme, d’autant plus qu’elle n’était pas grande – Amber se contenta de lui décocher une œillade. Elle ne voulait pas ralentir, elle ne voulait pas avoir le temps de penser. Elle était déjà suffisamment accablée par toutes les décisions qu’elle devrait prendre d’ici peu de temps, d’ici la naissance des jumeaux qui était prévue pour quelques jours après la nouvelle année. « Il y a encore beaucoup de magasins à faire ? » Elle ne répondit que d’un vague haussement d’épaules. Elle savait qu’il commençait à en avoir marre, qu’elle n’était jamais satisfaite parce que trop perfectionniste mais, surtout, depuis qu’elle était enceinte, parce qu’elle était indécise et incertaine. Son monde s’était écroulé et avec lui toutes les certitudes qui bâtissaient et régissaient son existence. Jusqu’à cet été, elle avait une vie de planifiée, un époux irréprochable et une famille à fonder. Maintenant elle n’était plus qu’une jeune femme paumée comme les autres. Elle ne savait pas où elle serait demain et si elle aurait le courage de reprendre son travail lorsque les enfants seraient nés et assez grands pour être confiés à une crèche. Tout était trop flou.
Quand il répondit à sa question, un sentiment de désespoir envahit la future maman et l’envie de pleurer la submergea. Elle était incapable de prendre une décision, elle qui était censée être l’ambitieuse, l’intraitable, la voilà qui se serait assise à terre et se serait mise à pleurer comme une enfant capricieuse. Mais elle avait encore un minimum de self control que pour éviter de se donner en spectacle. Elle renifla en hochant la tête lorsqu’il lui demanda de le suivre. Elle se laissa entrainer, comme une automate, quittant les bijoux et cravates hors de prix pour se diriger vers une vitrine aux couleurs attrayantes. Son cœur fit un bond monumental. Parce qu’il n’y avait qu’une destination à laquelle il pouvait penser et cette idée la glaça sur place. Et quand il se retourna parce qu’elle s’était arrêtée brusquement, ce n’était pas la terreur de la simple image de retrouvailles avec Christopher, c’était quelque chose de bien plus profond. Quelque chose qu’elle n’avait jamais expérimenté mais dont elle connaissait déjà l’origine, comme si c’était gravé dans une mémoire ancestrale.

« Il faut que je m’assois » souffla-t-elle en lui lâchant le bras pour se diriger vers des petits sièges design qui étaient disposés dans la galerie.

Elle se laissa tomber dans le plus proche et, cette fois, la contraction se fit bien sentir. Amber n’émit aucun son, mais son corps se raidit et une grimace douloureuse passa sur son visage. C’était la nervosité. Voilà à quoi elle en était réduite : la simple perspective de faire un pas vers son époux lui donnait des crampes redoutables. Parce qu’il paraissait inconcevable qu’il s’agisse d’autre chose. Elle prendrait le temps de respirer et la douleur s’en irait, comme si de rien n’était, jusqu’à ce qu’elle atteigne la date fatidique à laquelle il faudrait bien qu’elle accouche.

« Tu avais raison, j’aurais dû y aller plus douc— »

A nouveau, une onde lui traversa le corps et elle eut l’impression que tous ses membres s’étaient soudainement mis à suer, lui donnant la désagréable impression d’être prise de frissons incontrôlables.
Revenir en haut Aller en bas
Nathaniel De Castillan

My Own Private Idaho

Nathaniel De Castillan

Messages : 42
Date d'inscription : 22/09/2010

[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan _
MessageSujet: Re: [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan   [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan EmptyMar 15 Mar - 19:52

Ces derniers mois, Nathaniel avait l'impression de ne pas avoir quitté Amber. Il avait informé son patron chez Pixar qu'il travaillerait désormais de Chicago, mais lui transmettrait l'évolution de son projet quotidiennement, et qu'en cas d'urgence, il n'hésiterait pas à faire plusieurs allers-retours jusque New York. Amber avait besoin de lui, et il était hors de question dans son esprit qu'il ne se trouve pas à ses côtés. Le temps passé en sa compagnie avait de toute façon été depuis sa plus tendre enfance un réel plaisir, et même si il se doutait qu'il aurait à gérer les hormones de la femme enceinte, cela ne l'effrayait pas. Lorsqu'il était venu à Chicago, il devait avouer n'avoir jamais penser rester aussi longtemps. L'amour que se portait Christopher, et Amber était pour lui une évidence, et il avait pensé que les choses seraient réglées. Mais Amber n'avait pas réellement accepté de parler des événements, et Nathaniel avait marché sur des oeufs ces derniers mois, veillant à ne pas trop en parler pour ne pas voir les yeux de sa cousine s'humidifier. Alors, il avait tenté, du mieux qu'il le pouvait, de prendre le rôle que Christopher aurait du avoir. Il avait accompagné la jeune femme à chacun de ses rendez-vous médicaux, avait tenté de la rassurer lorsqu'elle se remettait en question, tant en tant que femme qu'en tant que future maman, lui avait – parfois – préparé de bons petits plats lorsque ses parents étaient absents. Il l'avait également suivi dans les cours d'aide à l'accouchement, et avait appris les divers types de respiration, l'attitude à adopter si les contractions se manifestaient, le fait qu'il ne fallait pas penser à l'accouchement à moins qu'elle soit espacée de moins de 5 minutes, l'importance de toujours avoir un sac prêt, et celle de toujours laisser ses clés de voiture à portée de main. Et surtout, de ne jamais paniquer. Oui, Nate savait tout ce qu'il fallait savoir en cas de déclenchement de l'accouchement. Mais pour l'heure, ce genre de questions ne lui traversait pas l'esprit. Amber avait encore un mois de grossesse si tout se passait comme prévu, et sa grossesse s'étant déroulée sans aucune complication, rien ne laissait penser qu'elle n'atteindrait pas son terme. Mais lorsque la jeune femme se laissa tomber sur le siège le plus proche et grimaça, Nate ne put s'empêcher de prier pour que ce ne soit pas le moment fatidique. Ce n'était pas tant le fait que la situation l'effraye – même si rien qu'à l'idée, il pouvait sentir son coeur s'accélérer -, mais plutôt le fait que Christopher ne soit pas là qui le gênait. Amber se blâmait déjà assez de la situation ; elle ne se pardonnerait peut être pas de l'absence du père de ses enfants à leur naissance. Certes, Nathaniel aurait sans aucun doute pu lui téléphoner, lui expliquait la situation, et lui dire de rentrer à Chicago. Ils n'avaient plus l'âge de jouer à ce genre de jeu. Mais Amber n'était pas prête, et ne lui pardonnerait peut être pas. Si le dessinateur savait quelque chose sur sa cousine, c'était qu'elle aimait faire les choses par elle-même. Il se contentait donc de se montrer aussi présent qu'il le pouvait, et de la soutenir, la poussant doucement dans la bonne direction. « Amber, ca va ? » s'enquit-il, se trouvant d'ores et déjà à ses côtés, une main posée sur son genou. Si sa voix trahissait son inquiétude, il tentait de garder le visage détendu. En tant qu'homme, il se devait de se montrer fort dans une situation pareille – et pourtant, quelque chose lui soufflait qu'une femme aurait mieux su que lui comment agir. « Tu avais raison, j’aurais dû y aller plus douc— » Nathaniel fit un rapide calcul dans sa tête, et non, il n'y avait décidément pas cinq minutes qui s'étaient écoulées entre ce qu'il supposait être des contractions.

A cet instant, il vit la conseillère des cours d'aide à l'accouchement et l'entendit presque lui dire de ne pas paniquer, et de ne pas se diriger de manière précipitée vers l'hôpital. « Attendez un quart d'heure, une demi-heure. Ce n'est peut être qu'une fausse alerte. » Mais si ce n'était pas le cas ? Si Amber avait trop de self control pour crier de douleur, son visage témoignait de la force de sa souffrance, et Nate refusait de la voir souffrir aussi longtemps, surtout si il ne s'agissait pas d'une fausse alerte. Sans y penser, il posa avec douceur une main sur son ventre, et s'adressa de nouveau à sa cousine, une fois assuré que la contraction était passée. « Ce sont des contractions ? Tu penses que les bébés arrivent ? » l'interrogea-t-il. C'était quelque chose qu'elle devait sentir, pensa-t-il. Le genre de chose que les mamans sentaient. C'était leur bébé, la chair de leur chair, elles devaient forcément savoir. Mieux valait-il en tout cas, car le rythme cardiaque de Nathaniel ne cessait d'augmenter, et il n'était pas certain d'avoir la réaction appropriée si elle répondait qu'elle n'en savait rien. Ni même si elle répondait que oui, l'heure de l'accouchement était arrivée. Tentant de rester concentré sur ce que Amber pourrait lui répondre, le jeune homme tenta avec difficulté de se remémorer l'attitude qu'il devait avoir. Fallait-il mieux appeler une ambulance, ou l'emmener soit même à l'hôpital ? Et où était ses clés de voiture ? Si il ne les trouvait pas, pouvait-il prendre les transports en commun ? Une nouvelle contraction figea le corps d'Amber, et Nathaniel su, même si il n'était probablement pas prêt à le dire à voix haute, que le moment tant attendu – et quelque peu redouté pour sa part – était arrivé. Cette fois, il devrait assurer, il n'avait pas le droit à l'erreur. « Tu te sens capable de te lever ? » s'enquit-il, se redressant avant de marmonner entre ses dents « non pas que je sois prêt à être tonton, mais bon. » Il ne se rendit compte que trop tard qu'il ne s'était pas contenté de prononcer cette phrase. Décidément les choses commençaient mal... Esperons qu'il se rattraperait. « Ne t'inquiète pas. J'ai mes clés avec moi, et ton sac est toujours dans la voiture, comme prévu. Tu auras tout ce qu'il te faut. Il faut juste, tout simplement, que tu me laisses le temps de t'emmener à l'hôpital. » s'exclama-t-il, à toute vitesse, cherchant à se rassurer tout autant qu'elle. Il tenta de ne pas s'imaginer ce qu'il se passerait si Amber devait accoucher avant qu'ils n'arrivent à l'hôpital. Nate n'avait absolument aucune idée de comment on accouchait quelqu'un. Tout ce qu'il pouvait savoir à ce sujet, il l'avait appris dans les films. Et honnêtement... il doutait que ce soit réaliste. Mais alors que cette idée lui traversait l'esprit, il se rappela de quelque chose qui arrivait régulièrement dans les films, et qu'il espérait ne pas être inventé : « Tu es sure que c'est pas une fausse alerte, hein ? »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé






[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan _
MessageSujet: Re: [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan   [[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

[[Chicago]] « Babies are such a nice way to start people » feat. Nathaniel De Castillan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
R U B Y C R E E K F A L L S :: WHEREABOUTS :: Lieux divers-