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 "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why."

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Charlie Ludvigsen

My Own Private Idaho

Charlie Ludvigsen

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"We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why." _
MessageSujet: "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why."   "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why." EmptyVen 14 Jan - 18:06

La journée de Charlie avait été particulièrement épuisante. Elle ne s'en plaignait pas ; après tout, c'était plus ou moins son choix. La jeune femme avait beau ne pas travailler, elle avait une vie bien remplie. Entre la ferme de sa grand-mère, son bénévolat quotidien à l'hôpital, et le fait qu'elle ait toujours un service à rendre à X ou Y, Charlie n'avait jamais une minute où elle s'ennuyait. Ou, en tout cas, les rares fois où cela arrivait, elle appréciait ces quelques minutes, et cherchait à les mettre à profit. Elle avait conscience que sa façon de fonctionner était étrange et que beaucoup de gens auraient privilégié le fait d'avoir un travail pour se consacrer, ensuite, à leurs loisirs. Charlotte Ludvigsen n'avait de toute façon aucune idée de ce qu'elle pourrait faire de sa vie. Elle aimait le fait d'être libre comme l'air, et de n'avoir de compte à rendre à personne. Beaucoup lui avaient conseillé de se tourner vers le domaine artistique, ou de monter sa propre entreprise mais parmi tous les métiers qu'elle avait envisagés, parmi tous ceux dont on avait pu lui parler, aucune ne l'avait assez passionné pour qu'elle souhaite s'y impliquer à vie, aucune ne l'intéresserait aussi longtemps. La seule exception était sans aucun doute les métiers du domaine social, mais retirer un enfant à ses parents, suivre des repris de justice qui n'arriveront probablement pas à se reconstruire une vie ? La jeune femme doutait d'en avoir le courage. Elle aurait trop peur de faire une erreur, et de ne pas être à la hauteur.

Elle avait également peur de ce qu'elle pourrait être amenée à voir. Si la vie n'est pas toute rose, Charlie ne tenait pas particulièrement à voir toutes les noirceurs qu'elle pouvait contenir. De plus, qui était-elle pour juger qui étaient ou non de bons parents ? Les siens n'étaient clairement pas un exemple, un modèle sur lequel elle aurait pu se baser, et utiliser les parents des séries télévisées et films comme critère n'était probablement pas judicieux. Alors, même si elle savait qu'elle finirait probablement par travailler dans le social, la jeune femme retardait ce moment au maximum. Après tout, sa famille était plus qu'aisée, et sa mère se moquait bien que Charlie soit au chômage, prostituée ou bien avocate tant que cela ne venait pas aux oreilles des électeurs. Aucune chance de ce côté là, la jeune femme n'avait jamais cherché la reconnaissance des gens, sinon celle de ses proches. Un échec sanglant du côté de ses parents à ce niveau, d'ailleurs. Alors Charlie profitait de cette chance, se moquant bien de ce que pouvait en penser X ou Y. La popularité n'avait jamais fait parti des critères qu'elle cherchait à remplir pour exister.

Vu l'heure tardive – 23h approchait à grands pas -, sa grand-mère serait sans aucun doute couchée, et la demoiselle Ludvigsen ne tenait pas à la déranger en cuisinant, elle décida donc d'aller au fast food qui se trouvait sur sa route. Ainsi, en rentrant chez elle, elle n'aurait plus qu'à prendre une douche, et filer sous ses draps fraichement lavés.

Lorsqu'elle pénétra dans celui-ci, c'est sans surprise qu'elle constata qu'il était bondé. Toutes les tables étaient prises, et l'établissement ne semblait pas désemplir. Un bon point pour la ville, sans aucun doute. La jeune femme se plaça dans une des files au hasard priant pour que le serveur soit efficace, et qu'elle puisse repartir chez elle aussi vite qu'elle le souhaitait.

Son voeu fut apparemment exaucé puisque elle n'eut qu'une dizaine de minutes d'atteinte. Elle aurait probablement fait une remarque à ce sujet si elle n'avait pas connu aussi bien le serveur. A la place, c'est un sourire gêné qui se dessina sur le visage de la jeune femme. Travis. Elle ne s'attendait pas à le trouver ici, et aurait aimé être préparée, ou prendre une autre file. Cela n'avait rien à voir avec le jeune homme. Au contraire, elle ne lui connaissait quasiment que des qualités. Non, ce qui rendait Charlie Ludvigsen mal à l'aise était sa propre attitude, ce que lui rappelait Travis. C'était l'époque où elle avait enchainé les erreurs, où elle s'était conduite comme la personne qu'elle s'était toujours promis de ne jamais être - période dont elle n'était pas fière pour un sou. Certes, au fond, elle n'avait fait que obéir à sa grand-mère. Mais depuis son plus jeune âge, Charlie savait que Evelyne avait tendance à exagérer tout ce qu'il se passait, et à voir le mal partout. Elle ne l'avait pas toujours écouté, d'ailleurs, mais cette fois, l'argument que son ascendante avait utilisé avait assez effrayé l'adolescente qu'elle était pour qu'elle se tienne à carreaux. Du jour au lendemain, elle avait coupé les ponts sans une seule explication avec Travis, se contentant de lui répondre froidement lorsqu'il était venu lui parler. Charlotte en avait sincèrement souffert, mais elle n'avait rien dit. La peur de devoir retourner vivre avec ses parents était trop forte pour que la fille fragile qu'elle était se batte pour une amitié, aussi précieuse soit-elle à ses yeux. Dire qu'elle regrettait son choix était... exagéré ; Evelyne n'aurait pas hésité à la renvoyer, cela ne faisait aucun doute. Mais elle aurait préféré que les choses se passent autrement. Elle aurait du donner une explication au fils Smith, il aurait compris sans aucun doute. A l'heure actuelle, peut-être seraient-ils encore amis. Probablement, même... Après un « Hey.. » gêné, Charlie passa sa commande, luttant contre l'envie de lui dire qu'elle était désolée. Ce n'était ni le lieu, ni le moment, de toute façon. Et puis... pourquoi ressentait-elle ce besoin après tant d'années ? Elle avait croisé maintes fois Travis depuis la rupture de leur amitié, elle avait eu plus d'occasions qu'elle ne le méritait de venir faire ses excuses, et de lui expliquer son attitude. Mais elle avait laissé les semaines et les mois passés puis les années. Alors d'où lui venait cette envie de mettre les choses au clair, et peut être même, si elle avait une bonne étoile, de renouer avec un ami du passé ? Etait-ce la solitude de Corey qui lui rappelait celle de Travis, la différence dans leur attitude qui remontait les souvenirs du passé ? Tous deux étaient complètement opposés, et pourtant, leur entourage semblait être aussi important tant pour l'un que l'autre. Certes, Charlie avait croisé plusieurs fois son ancien ami avec un sourire radieux au visage ces derniers temps - sans aucun doute causé par la tête blonde se trouvant à ses côtés -, mais au vu de l'attitude de ses collègues, et des autres fois où elle l'avait vu seul, rien ne semblait avoir changé... Travis restait le même garçon solitaire qu'il avait toujours été. Et Charlie avait accentué, d'une certaine façon, cette caractéristique de sa personnalité. Probablement même se sentait-il seul, parfois, face à ses problèmes, face à son père, ou même face à la vie tout simplement. Et il n'était que bonté.

La jeune femme prit sa commande, le gratifia d'un léger sourire, et se dirigea vers sa voiture afin de repartir chez elle. Mais c'était comme si quelque chose l'en empêchait. Quelque chose lui soufflait qu'il était temps de mettre les choses au clair. Cela n'avait pas forcément besoin d'être fait ce soir ; la jeune femme aurait pu prendre le temps de se préparer, de trouver ce qu'elle lui dirait, mais elle n'était pas du genre à repousser les choses au lendemain. Tout, sauf la procrastination. Elle s'installa donc dans sa voiture, alluma le post de radio, et se restaura, en attendant que Travis finisse son shift.
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Travis Smith

— You’re the light that makes my darkness disappear


Travis Smith

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Statut : En couple avec Chloé Martin

Curious, a bit ?
Logement : 55, Golden Terrace
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MessageSujet: Re: "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why."   "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why." EmptyVen 18 Fév - 13:00

Il était de « corvée de comptoir » comme il qualifiait le poste qui consistait à servir les gens en leur adressant la parole. Il n’était pas mécontent de sa place habituelle, à l’arrière, à faire la plonge ou toute autre tâche ingrate qui ne requérait aucun contact avec la clientèle. Mais il ne pouvait pas échapper à sa destination, il y avait des roulements et quand son patron lui sommait d’aller à la caisse, Travis obéissait, fidèle à lui-même, incapable de dire non, encore moins de se rebeller. De toute façon, quel argument aurait-il pu avancer pour ne pas devoir prendre les commandes ? Prétexter un rhume n’était pas dans ses habitudes. Il n’était pas bon comédien et, en plus, c’était prendre le risque de se faire renvoyer chez lui jusqu’à ce qu’il soit à nouveau complètement sain. Et il ne pouvait pas se permettre de manquer un jour de travail, chaque dollar amassé était plus que bienvenu que les Smith, même s’il y avait une bouche en moins à nourrir.
Chloé lui manquait cruellement, surtout le soir. Il s’était habitué à ce que sa voix remplisse la maison, à ce que son timbre doux chante au-dessus de la tristesse du papier peint et des meubles bon marché. Il n’avait réalisé à quel point elle avait illuminé leur vie quotidienne que quand elle était partie pour de bon. Même Théodore devait s’en rendre compte puisqu’il lui arrivait de tendre l’oreille en croyant entendre leur invitée. Il se rembrunissait lorsqu’il comprenait que son esprit lui avait joué un tour. Miraculeusement, la venue de Chloé avait un peu amélioré l’entente père-fils, même si prétendre que tout était arrangé était loin d’être le cas. Peut-être que c’était dû au fait que Théodore avait dû se maitriser pour ne pas effrayer la jolie blonde, qu’un restant de l’ancien gentleman qu’il était subsistait, quelque part dans son inconscient parce que jamais Travis n’aurait pensé voir le comportement de son père s’apaiser. C’était loin d’être parfait, mais cela avait quelque chose de reposant de se dire qu’il ne forçait plus autant sur la bouteille et qu’il se lavait plus volontiers. Au fond, c’était aussi dû à une coquetterie masculine mais Travis était convaincu que la présence féminine avait eu un impact favorable sur leur vie de famille. Qu’elle s’en soit retournée chez la sienne était désolant pour les deux hommes, mais Travis ne pouvait s’empêcher d’être soulagé : là où elle était, elle ne risquait rien. Parce qu’on ne savait jamais avec Theodore, il aurait pu faire une rechute qui aurait mal tourné. Pour l’instant, Travis croisait les doigts, tout restait à peu près stable. Et le fait qu’il soit en couple avec Chloé jouait peut-être aussi. Il peinait encore à croire qu’ils en étaient là, tous les deux. Il avait tant rêvé de ce rapprochement que quand il était survenu, il avait cru être encore une fois plongé dans ses rêveries. Mais tout avait été réel. Il y avait eu un déclic et ils avaient fini par s’embrasser. C’était le premier vrai baiser de Travis et, encore aujourd’hui, il suffisait qu’il se mordille la lèvre inférieure pour avoir le sentiment de sentir les lèvres de Chloé sur les siennes. C’était peut-être naïf de sa part, mais savoir qu’elle était là, qu’il la verrait lors de son jour off, qu’il pourrait l’embrasser à volonté et qu’ils partageraient des moments rien qu’à deux lui donnait du baume au cœur. Il n’avait qu’à imaginer ces moments pour sentir son cœur s’enivrer. Il n’avait pas besoin de davantage et dans des soirées comme celles-ci, trop longues, trop confrontées aux habitants de Ruby Creek Falls, il lui suffisait de penser à Chloé pour que tout lui paraisse moins pesant.
Comme chaque soir, le fast food était bondé. Il y avait les travailleurs de passage, les ouvriers, les étudiants qui bravaient le couvre-feu. Généralement, c’était un lieu bien vivant, il n’y avait bien que le week-end, quand le Dukes leur faisait concurrence que l’activité baissait légèrement. Le snack et le bar ne se trouvaient qu’à quelques rues d’intervalles et il était coutume pour certains habitués de venir manger un morceau, se remplir l’estomac avant d’aller s’arroser le gosier d’alcool au Dukes. C’était un peu comme un passage obligé avant d’aller boire toute la bière qu’un corps peut supporter. Travis avait du mal à comprendre, mais il ne jugeait pas. Chacun faisait bien ce qu’il voulait de sa vie et un alcoolique lui suffisait sans qu’il en fréquente d’autres à son boulot. Il se contentait d’être poli, de prendre la commande et de servir. Cela faisait des heures qu’il était occupé alors il était rôdé. C’était toujours les deux premières heures qui étaient les plus dures, après le temps passait plus rapidement et quand il quittait l’établissement, il avait l’impression de ne plus avoir de muscles.

« Bonsoir, que puis-je— »

Il s’interrompit en découvrant la nouvelle cliente et il tâcha de garder son ton professionnel mais pour dire la vérité, son cœur avait fait un bond dans sa poitrine.
Travis n’aimait pas être confronté à des personnes avec qui cela ne passait pas très bien. Quand les gens ne l’aimaient pas, il faisait au mieux pour ne pas avoir à les côtoyer mais avec Charlie, c’était particulier. Sans être en réel conflit, leur relation n’était pas au beau fixe et ce, depuis belle lurette. Elle l’avait profondément blessé en rompant la seule amitié qu’il eut à l’époque. Il savait que ce n’était pas entièrement de sa faute, qu’elle n’aurait sûrement pas agi de la sorte s’il n’y avait pas eu une pression extérieure mais le fait qu’elle l’abandonne l’avait laissé sur les rotules. C’était la seule personne à s’être souciée et intéressée à lui et elle l’avait tout simplement abandonné alors qu’il n’avait rien fait pour mériter ça sinon avoir un père alcoolique et un peu effrayant. Il s’était senti blessé, humilié et à partir de ce moment-là, les choses n’avaient fait qu’empirer. Il n’avait pas cherché à la confronter, ce n’était pas dans sa nature. Il avait laissé les choses se ternir et devenir inexistantes et quand il la croisait, c’était probablement ces non-dits qui gâchaient l’ambiance, qui chargeaient l’air d’électricité. En d’autres circonstances, il aurait sûrement pris la poudre d’escampette plutôt que de devoir supporter ce silence gêné mais il avait le discours idéal pour ne pas rendre les choses ennuyeuses et il le débita mécaniquement.

« Qu’est-ce que je peux te servir ? »

Il encoda la commande de Charlie, tâchant de se comporter avec elle comme avec n’importe quel autre client. Il disposa les aliments dans un sac et lui indiqua le prix. Il ne la regardait même plus, il faisait tout comme mais son regard ne se plongeait pas dans les yeux de Charlie, il se contentait de fixer un point imaginaire. Il ne répondit pas à son sourire et dès qu’il en eut l’opportunité, il s’adressa à la personne suivante. Pourvu qu’il l’oublie vite, pourvu qu’il efface la morsure qu’elle provoquait à chaque fois qu’elle le regardait ou s’adressait à lui. Et heureusement pour lui, les commandes suivantes lui accaparèrent suffisamment l’esprit que pour qu’il pense à autre chose.

(…)


Minuit. Après avoir nettoyé sa caisse et avoir laissé à son supérieur le soin de la fermer, Travis s’éclipsa au vestiaire pour troquer sa tenue de travail contre ses vêtements de tous les jours. Il rangea tout dans son casier et quitta le bâtiment, non sans être passé par la cuisine pour attraper quelques restes de la journée. L’avantage qu’il avait à travailler là, c’est qu’ils pouvaient emporter ce qu’ils voulaient en fin de journée et cela lui avait souvent sauvé la mise – il n’y avait rien que préfère son père que les restes du fastfood. Il se montrait moins irritable les soirs où Travis rentrait tard. Il lui arrivait même de mettre la table en l’attendant et c’était sûrement les seuls moments où Travis et son père partageaient un bon moment devant leur vieux poste de télévision.
En traversant le parking, il remarqua qu’il restait un véhicule en dehors de celui de son supérieur et il fut légèrement surpris. Généralement, le parking était désert à sa sortie, ce qui pouvait lui donner un air un peu effrayant lorsqu’il faisait brumeux. Toutefois, Travis reconnut le véhicule en s’approchant de celui-ci et s’il fut tenté d’aller voir ce qu’il se passait, il décida de ne pas le faire. Au lieu de ça, il resserra les pans de sa veste autour de lui et accéléra l’allure, prenant la direction de la route.
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Charlie Ludvigsen

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Charlie Ludvigsen

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MessageSujet: Re: "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why."   "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why." EmptyMer 16 Mar - 20:52

La jeune femme avait beau retourner la situation dans tous les sens, elle ne voyait pas vraiment d'excuse pour la façon dont elle avait agi. Elle était jeune, oui. Perdue ? Sans aucune doute. Mais elle savait pertinemment ce que c'était d'être seule, et de ne pas se sentir à sa place. Elle avait passé son enfance à avoir l'impression d'être de trop, like a waste place, comme dirait Katy Perry. Si sa mémoire ne lui faisait pas défaut, Travis n'en était pas à ce point, mais il était seul, et en souffrait. Sa situation familiale était déplorable, et au lieu de faire comme beaucoup ferait, soit se plaindre, ou ignorer le souci, le jeune homme, même en tant qu'adolescent, avait du s'assurer qu'il y avait toujours quelque chose à mettre sur la table le soir venu, s'occuper de la maison, et tant d'autres choses encore qui n'aurait jamais du reposer quelqu'un de si jeune. Charlie savait tout ça. A l'époque, elle était la seule amie de Travis, et donc celle qui le connaissait probablement le mieux. Elle n'avait rien à craindre en sa compagnie. C'était une certitude qu'elle avait toujours eu, et même lors des colères de Théodore Smith, sa confiance n'avait pas failli. Si le jeune Smith lui permettait de rester chez elle, c'est qu'elle était en sécurité. Travis n'aurait pas accepté qu'il lui arrive quelque chose – il ne le serait jamais pardonné, même pour une simple égratinure. Pourtant, lorsqu'Evelyne, son ailleul, lui avait ordonné de rompre tout contact avec celui-ci, sous peine d'être renvoyée chez ses parents, Charlie n'avait montré que peu de résistance. Elle avait râlé, oui. Et continuait de le voir quelques temps, évidemment. Mais Charlotte Ludvigsen savait pertinemment qu'elle avait trop rapidement laissé tomber son amitié. Cela n'était pas une question de sincérité, ou d'affection. La jeune bénévole avait toujours particulièrement apprécié le jeune homme. Mais l'idée de retourner chez ses parents avait eu un effet persuasif, la terreur s'emparant d'elle à cette simple idée. Elle s'était souvenue de combien elle avait été malheureuse là-bas, avec eux. Et combien personne ne s'en était inquiété. Sur ce point, Travis était sur le même point à l'époque. Pourtant, Charlie ne pouvait affirmer avec certitude qu'il aurait agi de la même façon si la situation avait été inversée. Pourtant, c'est ce qu'elle s'était répétée. Encore, et encore, pendant les premiers mois. Et puis, comme l'être humain s'habitue à tout, elle avait fini par accepter sa culpabilité, le malaise qu'elle ressentait quand elle ne faisait ne serait-ce que l'apercevoir, et avait continué sa vie. Ce soir, plus que jamais, sans raison particulière, la culpabilité se réveillait, et Charlotte se rendait compte de combien elle avait eu tort. Cela n'aurait peut être rien changé, mais elle aurait peut être pu au moins expliquer la situation à Travis. Il ne l'aurait pas jugé, ne lui aurait probablement pas reproché sa décision. Il n'était pas comme ça.
C'était peut être pour cela également que Charlotte s'était tue. Travis l'aurait comprise. Il l'aurait rassurée sur sa décision, sur son choix qui n'aurait jamais du être. Il aurait souffert en silence, comme il l'avait fait lorsqu'elle l'avait ignoré sans raison. Quand bien même n'aurait-il pas été d'accord avec sa décision, quand bien même cela l'aurait révolté, il n'aurait rien dit. La jeune femme en avait la certitude. Mais ce soir, les choses changeraient. Charlie, bien qu'en retard, s'excuserait, lui expliquerait la situation, et peut être même que Travis aurait suffisamment pris d'assurance pour lui dire ce qu'il en avait pensé. Sans retenue. Pour ce qu'elle observait, pour ce qu'on lui racontait, ce n'était pas l'impression que la jeune femme avait. Il avait évolué, cela ne faisait qu'aucun doute. Mais il semblait continuer de mener sa vie en restant le plus discret possible, à laisser ce qui se disait couler sur lui pour ne se préoccuper que de l'essentiel. Et ce que Charlotte avait à lui dire n'avait rien de primordial. Travis était sûrement passé à autre chose, et « oubliait » Charlie. Des années avaient passé, il n'y aurait rien de plus naturel.

Cela devait bien faire une heure, peut être plus, que Charlotte attendait là lorsque Travis sortit enfin. La jeune femme ne se rendit pas compte tout de suite qu'il sortait, occuper à répondre à un message de Floyd. Ce dernier avait eu la bonté de la divertir pendant tout ce temps passé dans la voiture. Lorsqu'elle aperçut une silhouette familière à quelques mètres de la voiture, la jeune femme alluma de nouveau ses feux de route, et sortit de la voiture, abandonnant son téléphone sur son siège. « Travis ? » cria-t-elle, brisant le silence qui embrassait le parking. Le jeune homme s'arrêta, sans pour autant se retourner. La jeune femme se décala de la voiture, pour se rapprocher de son ancien ami. Physiquement, tout du moins. « Attends... tu ne vas pas rentrer à pied, tout de même ? » Ruby Creek Falls n'avait certes pas la même ampleur qu'une ville comme New York, Paris, Atlanta, ou même Bruxelles, mais il habitait à Golden Terrace, quartier excentré de la ville. Il en aurait pour une demi-heure à pied, peut être même trois quart d'heure. Voire plus... Charlie n'avait jamais réellement eu à faire ce chemin à pied. « J'ai ma voiture... Je peux te raccompagner. » La jeune femme ne se sentait pas souvent vulnérable, ou exposée. Elle ne savait pas vraiment d'où cela lui venait, mais Charlie était toujours pleine d'assurance. Pas cette fois-ci. Elle n'était pas certaine que Travis accepterait de monter en voiture en sa compagnie. Des années avaient passé ; si il y avait jamais eu rancune, elle s'était probablement atténuée, voire avait même disparue. Mais tout de même... Charlotte n'était pas à l'aise. Car elle avait la certitude que son choix eut-il était autre, ces derniers seraient encore de proches amis. Et la jeune femme saurait qui était cette tête blonde qui semblait passer énormément de temps avec lui, ou si son père se montrait moins dur avec lui, si il avait besoin d'un job plus stage, ou de quelqu'un à qui parler, peut être... Mais elle espérait sincèrement qu'il accepterait. Après tout, il y gagnerait du temps. Et quand bien même il refuserait, cela n'empêcherait pas Charlie de lui dire ce qu'elle avait désormais besoin de dire. S'expliquer dans le confort de la voiture, sans le froid mordant leur peau, en ayant la route sur quoi se concentrer... C'était une manière de fuir encore un peu... mais la jeune femme était anxieuse comme elle l'était rarement, ce soir... Elle insista, il était de toute façon inutile qu'il attrape froid. « Il fait froid... il peut se mettre à pleuvoir, ou je ne sais quoi... C'est plus prudent. » Charlie se sentait rarement réellement concernée dans ce genre de situation. Elle avait beaucoup de connaissances, pas mal de potes, mais rares étaient les personnes qu'elle considérait, ou avait considéré comme ami dans sa vie, et Travis en faisait partie. Alors, cela ne lui ressemblait pas vraiment, et elle aurait probablement agi complètement différemment si Travis n'avait pas eu l'histoire familiale qu'il avait, mais Charlotte Ludvigsen prenait cette histoire particulièrement en coeur, et se montrait intransigeante envers elle-même. Peut être même un peu trop.
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MessageSujet: Re: "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why."   "We small talk, work and the weather. Your guard is up, and I know why." Empty

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