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 [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)

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Alice Montgomery

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Alice Montgomery

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MessageSujet: [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)   [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) EmptyJeu 30 Déc - 13:59

[Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) 2gww9bd

Elle l'avait invité. Elle aurait pu le revoir, dans le cas où il serait venu. C'était tout ce qu'elle désirait, le revoir. C'était pour cela qu'elle lui avait soudainement proposé de prendre un petit déjeuner sur son lieu de travail, un petit déjeuner qu'elle lui offrirait, bien sûre, pour le remercier de l'avoir raccompagnée. Une proposition aussi absurde que saugrenue, mais qu'il avait pourtant accepté. Sans savoir pourquoi, elle avait espéré qu'il viendrait. Mais rien ne s'était déroulé comme prévu. Le soir même, en rentrant chez elle, elle avait reçu un appel téléphonique de sa mère, lui annonçant que son père avait fait une crise cardiaque, sans autre précision. Sans prendre le temps de réfléchir, elle avait rassemblé quelques affaires avant de prendre le bus pour New York. Ce n'était qu'une fois en route qu'elle avait pris le temps de laisser un message sur son lieu de travail pour prévenir de son absence soudaine. Elle n'avait alors pas songé à Cole, jusqu'à ce qu'elle se trouve là, le temps du trajet. Malgré son inquiétude, ce fut le jeune homme qui lui revint en mémoire. Elle ne le reverrait pas, comme elle l'avait cru. Et pourtant, elle l'avait tant souhaité. Pour quelle raison d'ailleurs? Elle n'aurait su le dire. Elle ne s'intéressait que rarement à quelqu'un, d'autant plus si elle le connaissait depuis si peu de temps, et jamais de la manière dont elle s'était intéressée à lui. C'était absurde, insensé. Elle ne le connaissait absolument pas. Elle ignorait même comment il gagnait sa vie. Tout ce qu'elle savait de lui était son nom, le son de sa voix, le fait qu'il avait un chien. Elle ne put s'empêcher de sourire en repensant à Starsky. Presque immédiatement, elle se sentit coupable. Voilà qu'elle se mettait à songer à un inconnu qu'elle n'avait rencontré qu'une fois, alors que son père allait peut-être mourir. Les derniers mois défilèrent dans sa tête. La manière dont elle les avait traité, tous les deux, dont elle était soudainement partie sans prévenir personne. Peut-être tout ceci avait-il été une très mauvaise idée. Peut-être aurait-elle mieux fait de rester à New York, au fond. Après tout, c'était là que vivait ce qui lui restait de sa famille. N'avait-elle pas fait preuve d'égoïsme en partant ainsi?
Les heures passèrent plus vite qu'elle ne l'avait cru. À la moitié du trajet, elle s'endormit profondément, et ne se réveilla que peu avant d'arriver à New York. Le soleil, déjà, se levait. Elle avait voyagé toute la nuit, et pourtant, ne se sentait pas fatiguée. Sans prendre le temps de prévenir de son arrivée, elle prit un taxi pour l'hôpital. Une fois sur place, elle trouva rapidement le bon étage grâce aux renseignements fournis à l'accueil. Elle aperçut sa mère, qu'elle fut heureuse de voir pour la première fois depuis longtemps. Elle eut également le soulagement d'apprendre que son père allait bien et n'aurait pas la moindre séquelle. Il devrait cependant se reposer durant les prochaines semaines. Elle prit alors la décision de rester, du moins le temps qu'il faudrait pour qu'il se remette. Repartirait-elle ensuite à Ruby Creek Falls? Elle n'en savait rien, tant tout était embrouillé dans son esprit.
Durant les semaines qui suivirent, ses pensées se précisèrent. Contrairement à ce qu'elle avait cru, le jeune homme qu'elle avait rencontré n'avait pas disparu de son esprit. Au contraire, il y revenait sans cesse. Elle tentait pourtant de se persuader qu'elle était ridicule. Elle était d'ailleurs persuadée que depuis tout ce temps, il avait forcément dû l'oublier. Après tout, elle n'était personne pour lui. Elle tentait de le sortir de sa tête en s'occupant, mais elle devait bien avouer que cela s'avérait plus difficile que prévu. Plus le temps passait plus elle se sentait étrangère à la ville dans laquelle elle était née. Elle ne se sentait plus à sa place, et loin des attaches qu'elle avait eu dans l'Idaho. Elle savait désormais qu'elle devait repartir. Sa mère avait bien évidemment tenté de l'en dissuader, la traitant d'enfant gâtée. Le conflit se poursuivit durant des jours. Elle tentait d'expliquer tant qu'elle le pouvait que rester ici n'était pas bon pour elle. L'air était devenu irrespirable. Si elle voulait réellement guérir, elle devait repartir. Elle ne se sentait plus de réelle affinité avec sa famille, si ce n'est sa sœur, à laquelle elle rendit visite à plusieurs reprises, au cimetière. Elle lui manquait toujours terriblement, et il lui était difficile de continuer à avancer sans elle. Elle ne céda pas, acceptant seulement de passer Noël avec eux. Et elle tint parole. Le lendemain, elle fit sa valise, et repartit pour Ruby Creek Falls.
Elle put reprendre le travail assez rapidement, constatant sa chance de se trouver dans une si petite ville. Il était probable qu'à New York elle se serait retrouvée au chômage. Elle se sentit mieux une fois arrivée. Elle savait à présent qu'elle avait réellement prit la bonne décision. Son petit appartement, les rues de la ville, les paysages... tout cela lui avait manqué. Ici, elle se sentait respirer. Ses problèmes n'étaient toujours pas résolus, mais les choses allaient déjà un peu mieux. Et son retour lui avait évidemment rappelé Cole. Elle se demandait surtout si elle le recroiserait. Il était probable qu'il ne viendrait pas au Morning Cup. D'ailleurs, elle ne l'attendait pas. Elle enfila son uniforme de serveuse, comme avant. Ce n'était certes pas l'emploi dont elle avait rêvé, mais sans avoir de diplôme, ni même continué ses études, elle devait s'estimer heureuse d'avoir trouvé quelque chose.
L'arrivée des clients suffit à lui occuper l'esprit. D'abord un peu perdue, elle parvint à retrouver les gestes habituels. Il lui semblait être partie depuis bien longtemps. Elle avait l'impression d'être enfin revenue chez elle. Elle entendit soudainement un bruit de vaisselle cassée derrière le comptoir. Se trouvant tout près, elle s'y précipita et vit que l'une des serveuses avaient fait tomber un plateau, qu'elle l'aida à ramasser, profitant du fait que les clients n'étaient pas encore nombreux. C'est alors qu'une autre employée l'interpela.

« Alice, il y a quelqu'un qui te demande. »

Surprise, elle fronça les sourcils, se demandant de qui il pouvait s'agir. Immédiatement, elle pensa à Jaden, mais il devait être à l'hôpital à ce moment même. « Dis-lui de patienter, j'arrive dans deux minutes. »

Rapidement, elle ramassa quelques morceaux de porcelaine avant de se lever pour se diriger vers la salle. Elle le vit immédiatement, celui à qui elle avait tant pensé et pourtant la dernière personne qu'elle s'attendait à voir ici.
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Cole Armstrong

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MessageSujet: Re: [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)   [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) EmptyDim 2 Jan - 17:44

Elle avait disparu. Et pourtant il n’avait plus manqué un seul jour après son départ. Il avait pris son invitation au pied de la lettre mais, malheureusement, il avait été trop occupé pour parvenir à prendre une matinée pour aller au Morning Cup. Un cas de crise majeure avec les chevaux lui était tombé dessus et il avait dû se débrouiller seul, comme d’habitude. Une poignée de semaines s’étaient écoulées entre le moment où il avait reconduit Alice et celui où il avait enfin pu se rendre en ville pour ce petit-déjeuner et à son arrivée ce fameux jour, alors qu’il avait le cœur battant à vive allure à la simple idée de la revoir, on lui avait annoncé qu’elle était partie. Elle avait quitté Ruby Creek Falls. Comment ? Pourquoi ? Une raison personnelle lui avait-on répondu d’un air un peu suspicieux avant de comprendre la nature de l’intérêt de Cole. Il avait été d’autant plus gêné de réaliser qu’on lisait en lui comme dans un livre ouvert. Pourtant, cela ne l’avait pas empêché de revenir quotidiennement. Lui qui ne se déplaçait qu’en cas de réelle nécessité s’était vu prendre la route chaque matin pour aller au Morning Cup. Il était devenu un client assidu et s’il savait que les chances de la revoir de sitôt étaient minces, il gardait un fol espoir qu’un matin, elle serait de retour. C’était la seule chose qui le poussait encore à venir tous les jours. Personne ne lui donnait des nouvelles d’Alice et pour cause, il avait le sentiment qu’elle était aussi secrète que lui, que sa vie à Ruby Creek Falls était restée compartimentée malgré tout et que même ses collègues n’avaient pas énormément de nouvelles d’elle. Il espérait juste qu’elle allait bien, que ce qui la retenait à New York n’était pas trop grave mais, surtout, il guettait avec une légère appréhension son retour.
Il savait qu’il serait d’autant plus intimidé de la revoir. La première fois avait été un accident, il n’avait pas vraiment eu le temps de se faire à sa présence et il n’avait pas imaginé toutes sortes de fins différentes. Alors que maintenant, en sachant ce qu’il allait ressentir à sa simple vue, il en était d’autant plus malade d’avance. Oserait-il seulement ouvrir la bouche ? Parviendrait-il à dire quelque chose de sensé ? D’intelligent ? Il en avait les paumes moites rien que d’imaginer ce que seraient ces retrouvailles. Il savait pourtant que les chances de la voir restaient minces. Des semaines sans elle, des semaines qui s’étaient transformées en mois et il aurait déjà perdu tout espoir de la revoir un jour s’il n’avait pas été profondément touché par leur première rencontre, par la fragilité qu’elle dégageait, par le besoin qu’il avait ressenti de la protéger, d’apprendre à la connaitre. Il se sentait parfois ridicule. Ridicule de s’attacher autant à un moment qui n’avait pas duré une heure, où ils n’avaient pas échangé grand-chose sinon un bref portrait de l’autre. Il craignait toujours qu’elle le prenne pour un fou d’avoir attendu tout ce temps mais il ne pouvait se résoudre à abandonner lâchement. Quitte à se prendre un râteau, autant que ce soit clair et net. Peut-être qu’elle n’attendait rien de plus qu’il accepte mais il avait senti une telle connexion entre eux qu’il avait pensé à elle chaque jour depuis leur séparation. C’était comme si on avait mis sur son chemin la femme idéale. Bien sûr, elle aurait des défauts, mais il était certain qu’il les aimerait autant que ses qualités. Quelque chose de profondément enfoui en lui lui disait qu’il devait s’accrocher à cette petite merveille, aussi effacée et fragile soit-elle. Après tout, il n’était pas le garçon le plus ouvert et audacieux non plus, alors il ne pouvait qu’apprécier ces traits particuliers chez Alice. Les autres, il avait hâte de les découvrir.
Ce matin-là ne dérogeait pas à la règle. Il s’était levé, douché, avait nourri les bêtes, avait attaché Starsky à la longue corde, devant la maison et il avait grimpé dans son camion, adressant un signe à son chien par la fenêtre ouverte alors qu’il avançait lentement en direction du chemin qui le mènerait à la route principale puis ensuite à la nationale et enfin à Ruby Creek Falls. Starsky s’était rapidement habitué à ce changement d’horaire. S’il avait jappé de désespoir au début, quand Cole l’abandonnait pour aller petit-déjeuner en ville, il s’était rapidement fait à cette nouvelle habitude et il avait dû y trouver son compte parce qu’il ne rechignait plus à se laisser attacher à présent, il s’asseyait même patiemment, le temps que Cole accroche la boucle à son collier. Le jeune éleveur de chevaux lui donnait un os à ronger et partait l’esprit tranquille – mais le cœur en folie.
Arrivé au centre ville, Cole trouva une place sans grande difficulté, se garant non loin de St Baptist Church. On était dimanche matin et les gens écoutaient tous religieusement la messe. Cole n’ayant jamais été très pratiquant, laissait cette activité aux autres, se contentant de faire ce qu’il estimait juste et bon. Il n’avait jamais eu de conflits avec les gens en ville, il s’entendait bien avec les Indiens, vraiment, il n’était pas le genre de garçon à qui on pouvait faire des reproches à propos de petits méfaits. Il avait été élevé dans ce sens, par des parents doux et ouverts d’esprit et cela se ressentait dans sa façon de vivre, même maintenant, orphelin et délaissé par son ainé. Il avait été étonné de la rapidité avec laquelle il en était venu à attendre ce moment précis avec impatience. Il ne vivait presque plus que pour ça, ce moment où il pénétrerait dans le Morning Cup, où son regard balaierait l’ensemble des lieux pour voir si le joli visage était miraculeusement réapparu. Il comblait la distance d’un pas un peu accéléré et une fois qu’il se trouvait dans la rue, il ralentissait pour ne pas avoir l’air de se précipiter vers cette porte. Il retenait sa respiration juste avant de poser la main sur la poignée et la retenait jusqu’à ce qu’il découvre que les gens qui travaillaient étaient toujours les mêmes, et qu’elle n’était toujours pas là.
Cole poussa la porte avec cette même appréhension, ce même espoir inépuisable. Ses yeux clairs parcoururent la salle et, comme chaque jour depuis des mois, il ne vit que les clients habituels, ceux qui venaient déjà bien avant qu’il ne prenne cette routine, il ne vit que les serveuses habituelles, des jeunes femmes originaires de Ruby Creek Falls qu’il connaissait pour ainsi dire depuis toujours. Il n’abandonna pas ses gestes habituels pour autant et alla commander le petit-déjeuner habituel avec son café inclus et demanda, presque machinalement, si Alice était là. D’habitude, il avait droit à un haussement d’épaules, à un hochement de la tête et il retenait son soupir pour ne pas avoir l’air trop désespéré. Il allait ensuite s’installer à une table, toujours la même, dans un coin, avec une belle vue sur la rue qui s’éveillait.

« Un instant. »

La réponse dérouta Cole. Il s’attendait à ce qu’on lui réponde par la négative, comme d’habitude et quand la jeune femme s’éloigna, le cœur de Cole manqua un battement.

« Alice, il y a quelqu’un qui te demande. »

Il entendit nettement la réponse d’Alice et le son de sa voix provoqua chez Cole une panique comme il n’en avait jamais vécue. L’envie de prendre ses jambes à son cou fut soudaine et il dut faire preuve d’un sang-froid important pour en pas écouter ce que son instinct lui dictait. C’était idiot ! Il avait attendu ce moment depuis des semaines, il ne pouvait pas fuir comme ça ! Comme un adolescent qui gère mal ses émois amoureux ! Il avait vingt-six ans, bon sang ! N’était-il pas tant de voir l’avenir autrement que comme un éternel célibataire ? Et cette simple idée empourpra son visage tandis qu’il acceptait le plateau et payait. Rien ne lui disait qu’Alice avait en tête quoi que ce soit de ce genre. Elle s’était montrée polie, avenante et lui il voyait déjà quelque chose d’autre, de plus intime ! Un véritable adolescent ! Voilà ce qu’il était !
S’installer à table lui permit au moins de ne plus sentir ses jambes flageoler et lorsqu’il vit le visage tant rêvé apparaitre au détour du comptoir, le cœur de Cole s’emplit d’une joie qu’il n’avait pas connue depuis des lustres. Il lui sourit, timidement et eut le réflexe de se lever, manquant de peu de renverser sa tasse de café, lorsqu’elle s’approcha de la table, vêtue de son uniforme du Morning Cup :

« Vous êtes de retour » souffla-t-il avant de réaliser la bêtise de sa remarque. Il était tellement subjugué par la beauté – il avait l’impression d’avoir oublié l’éclat naturel qu’elle dégageait – qu’il ne parvenait pas à réfléchir de manière sensée. « Est-ce que tout va mieux ? » Il se rendit compte qu’ils devaient avoir l’air bien maladroits, face à face comme ils l’étaient, au milieu des tables et il désigna la sienne. « Oh, est-ce que ça vous dit de vous asseoir un peu ? A moins que vous n’ayez trop de boulot, évidemment. »

Il se rassit tout de même, lui laissant le loisir de choisir si elle préférait fuir immédiatement son comportement étrange ou si elle voulait prendre le risque de s’asseoir avec lui.
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MessageSujet: Re: [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)   [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) EmptySam 22 Jan - 19:33

Souvent, elle s'était dit qu'elle devait être réellement idiote pour y croire. Après tout, elle le connaissait à peine. Pourquoi avait-elle donc tant envie de le revoir? C'était totalement insensé, et surtout, inédit pour elle. Jamais elle ne s'était autant intéressée à quelqu'un d'autre. Au contraire, elle avait vécu ces dernières années en s'enfermant dans une sorte de solitude, en grande partie liée à son anorexie. Elle s'était acharnée à rejeter tout contact humain, refusant son affection à qui que ce fut. La mort de sa sœur avait été un bien trop grand traumatisme pour qu'elle ne parvienne à s'en défaire si facilement. Jamais elle ne s'était dit qu'une telle chose pourrait arriver. Elle ne parvenait pas à comprendre réellement ce qui lui était arrivé. Elle avait toujours tout fait pour ne pas trop s'attacher, à qui que ce soit. Par peur sans doute, ou même par désir de se détacher de tout. C'était ainsi qu'elle s'était détachée peu à peu de ses anciens amis, qu'elle avait fini par tous faire fuir. Elle en avait recroisé quelques uns, par la suite, dans la rue. Les retrouvailles ne consistaient à chaque fois qu'à un simple salut embarrassé. Les liens étaient rompus, et elle en était entièrement responsable. Mais le mal était fait et elle se sentait incapable de revenir en arrière. Il lui semblait que tout était devenu compliqué. Des médecins, des psychologues, elle en avait vu, de ces soi-disant experts supposés expliquer les raisons de son comportement. Elle n'avait jamais réussi à se laisser aider. Elle avait dressé comme une barrière autour d'elle afin d'empêcher que qui que ce soit ne puisse l'approcher de trop près. Le dispositif avait si bien fonctionné qu'elle avait eu du mal à s'en défaire, du moins, jusqu'à son arrivée à Ruby Creek Falls. Là, si loin des siens, et où nul de connaissait son passé, elle était parvenue à se faire une place. Elle était cependant toujours restée très secrète sur son existence, préférant garder la plupart des choses pour elle, principalement dans le but de ne pas attiser la curiosité des habitants. Elle ne devait pas oublier qu'elle se trouvait dans une petite ville, où tout se savait rapidement. De ce point de vue, New York avait l'avantage, offrant un anonymat confortable pour elle. Mais elle venait d'une petite communauté où les ragots allaient bon train. Ici, elle devait également travailler pour payer son loyer, et surtout elle devait se débrouiller seule, chose dont elle avait pas réellement l'habitude. Néanmoins, cela lui offrait une liberté et une indépendance qui lui faisaient un bien fou. Elle ne s'était pas rendue compte à quel point la pression de sa famille lui avait pesé. Ici, elle n'était plus contrainte. Elle ne s'entendait nullement reprocher d'avoir abandonné ses études, personne ne prévoyait le gâchis de son existence. Elle l'avait senti d'autant plus par son retour. Elle avait senti les regards, lourds de reproches. Elle s'était attendue à rentrer chez elle, durant un temps, et pourtant, lorsqu'elle avait passé la porte de leur immense appartement, elle n'avait plus perçu cette saveur qui avait si longtemps fait de ces lieux sa maison. Durant les mois qui avaient suivi, elle avait eu le sentiment d'être une étrangère. Seul le souvenir de Ruby Creek Falls l'avait réconfortée, et plus précisément, celui de Cole. Elle ignorait ce à quoi elle s'attendait réellement, ni même ce qu'elle espérait. Il était plus qu'improbable qu'elle ait été pour lui un souvenir remarquable. Et pourtant, elle avait senti quelque chose. Elle devait se réveiller, elle se faisait bien trop d'illusions à ce sujet. Sans doute avait-il tout simplement voulu se montrer poli, et elle avait bien tort de l'interpréter d'une autre manière. Elle n'avait expliqué à personne les raisons de son absence, ou du moins, pas de manière précise. Peut-être allait-il se sentir vexé, ou croire qu'elle n'avait jamais réellement eu l'intention de l'inviter. Plus d'une fois elle sortit son portable de sa poche pour l'appeler, avant de sa rappeler que jamais il ne lui avait donné son numéro de téléphone. Tout ceci était absurde. Elle ne savait absolument rien de lui, ni où il vivait, ni ce qu'il faisait pour gagner sa vie. Ce n'était qu'un rêve, dont elle devait s'éveiller au plus vite.
Et pourtant, elle n'avait pu pensé à autre chose. À son retour, au Morning Cup, elle était partagée entre l'espoir de le voir passer la porte, et la raison, qui lui dictait qu'il ne viendrait probablement pas, et même qu'il l'avait déjà oubliée. Elle avait résolu de se concentrer sur ses tâches, de ne pas se laisser distraire par de vains espoirs. Aussi, elle n'avait pas entendu la voix du jeune homme qui s'adressait à l'une des serveuses. Lorsqu'elle entendit qu'on la demandait, elle ne ressentit que de la surprise, se demandant s'il ne s'agissait pas d'une erreur. Jusqu'à ce qu'elle se relève, et que son regard croise le sien. Elle n'eut aucun mal à le reconnaître. Il avait encore davantage de charme que dans son souvenir. Alice sentit une vive agitation l'envahir. Elle ignorait que faire. Elle était tentée de céder à la panique et de s'enfuir en courant, mais également de courir vers lui. Elle prit une inspiration, afin de se calmer un peu. Elle dut se faire violence pour ne pas agir de manière totalement spontanée et stupide. Elle se força à s'avancer vers lui d'un pas lent et assurée, bien qu'elle ne soit absolument pas sûre d'elle même. Elle avait au contraire l'impression de se montrer maladroite et gauche. Elle ne pouvait retenir un large sourire, qui était apparu sur son visage dès l'instant où elle l'avait vu. Il se leva au moment où elle s'approchait de la table, ce qui eut pour effet de la faire sourire encore davantage. Il semblait concerné par ce qui avait pu lui arriver, bien qu'il ignore sans doute de quoi il retournait. Elle en fut réellement touchée.

« Oui, tout va bien. Il s'agissait d'un problème familial, mais tout a fini par s'arranger. » Elle se sentait à la fois heureuse et mal à l'aise. Elle aurait aimé avoir l'air assuré, mais n'y parvenait pas malgré tout ses efforts. Son invitation parvint cependant à l'y aider. « Non, non, il n'y a pas beaucoup de clients pour le moment. Avec plaisir. » Elle réalisa qu'elle aurait sans doute accepté, même si l'établissement avait été plein à craquer. Elle était cependant soulagée que les circonstances lui permettent de passer un peu de temps avec le jeune homme. Assise face à lui, elle se sentit un besoin urgent de s'expliquer, de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas réellement voulu s'absenter si longtemps. Elle ignorait pourquoi. Habituellement, l'opinion des autres à son sujet ne lui importait guère. « Je... je m'excuse de n'avoir pas pu être là pendant si longtemps. Mon père a fait une crise cardiaque, et je suis restée avec ma famille, le temps qu'il s'en remette. » Elle ne parlait jamais d'elle. Elle mentionnait encore moins ses parents, son passé. Et la voilà qui se confiait à un parfait inconnu. C'était surréaliste. Mais aussi plus fort qu'elle. Elle ne parvenait pas à rester méfiante face à Cole. Il lui semblait qu'elle aurait pu tout lui dire, lui raconter les pires événements de son existence sans qu'il ne la juge. Cependant, une telle discussion n'avait pas lieu d'être pour le moment. Elle réalisa néanmoins que les paroles qu'elle venait de prononcer, sans autre explication, avaient de quoi alarmer n'importe qui. Elle se reprit presque immédiatement, afin de ne pas l'inquiéter inutilement. « Je vous rassure, tout ceci semble bien plus mauvais que ça ne l'est. Il s'en est parfaitement sorti, il n'aura pas de séquelle. » Elle l'avait quitté alors qu'il était redevenu le même homme. Fidèle à lui-même, il avait trouvé un moment pour lui rappeler à quel point il la décevait en ne continuant pas ses études, en refusant d'envisager de reprendre un jour l'entreprise familiale. Mais elle passa ce détail sous silence. Elle n'avait pas la moindre envie de se faire plaindre.

Alors qu'elle parlait, elle avait machinalement pris dans ses mains la serviette en papier qui se trouvait face à elle, une serviette à laquelle ses doigts faisaient subir un affreux traitement. Elle ne cessait en effet de la chiffonner, de la plier dans tout les sens, ce qui rendait visible sa gêne. Il lui semblait qu'elle avait de réelles difficultés à s'exprimer. Elle se sentait parfaitement idiote et baissa les yeux sur la table. « Ce... ce que je veux dire... c'est que j'avais réellement l'intention de vous inviter ici pour vous remercier et que je suis désolée de ne pas avoir pu être là... » Elle espérait qu'elle ne rougissait pas. Il lui semblait que ces instants étaient irréels. Elle avait pensé ne plus le revoir, et pourtant il était là, face à elle, et elle qui avait tant et tant imaginé leurs possibles retrouvailles ne savait même pas comment réagir face à lui. Elle ignorait comment, mais par sa seule présence il parvenait à lui faire perdre tous ses moyens.
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MessageSujet: Re: [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)   [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) EmptyJeu 3 Mar - 13:12

Cole n’avait jamais été un garçon très entreprenant. Parce que peu de filles l’intéressaient, premièrement, mais surtout parce qu’il ne se sentait généralement pas à la hauteur. Toute son enfance, il l’avait passée à se comparer ou plutôt, à se mesurer à la cote de popularité de Jason et jamais il n’avait eu le sentiment de pouvoir égaler celui-ci. Il ne s’agissait pas vraiment de compétition. On ne pouvait pas dire que Jason avait fait en sorte d’être supérieur. Mais ça avait toujours été plus fort que Cole. Il n’avait jamais essayé de se faire valoir auprès des amis de Jason. Peut-être que leur différence d’âge y était pour quelque chose mais c’est surtout leurs caractères opposés qui étaient à l’origine de ce fossé creusé entre les deux frères.
Pourtant, avec Alice, c’était tout autre chose. Cole ne pouvait pas s’empêcher de vouloir agir, de vouloir la voir, de voir lui parler, l’écouter, l’observer. Elle avait ce charme particulier qui le poussait à aller à l’encontre de son comportement habituel et la seule chose qui le gênait là-dedans, c’est que cela puisse ennuyer la jeune femme. Il ne voulait pas qu’elle se méprenne, qu’elle s’imagine qu’il était comme tous ces autres – tous semblables à Jason – qui ne voyaient en elle que beauté et n’avaient qu’un intérêt ciblé. Prétendre qu’il n’avait pas été charmé par le physique d’Alice aurait été mentir, bien sûr que cela avait quelque chose à voir dans le coup de foudre qui s’était opéré, mais c’était davantage la fragilité qu’elle dégageait qui avait ému Cole. Il avait ressenti le besoin urgent de la protéger, de veiller sur elle, de la préserver des horreurs du monde. Elle devait pourtant être blindée, si elle venait de New York, mais c’était là également quelque chose qui avait frappé le jeune éleveur : pour une New Yorkaise, elle ne dégageait pas cette assurance comme on le voyait dans tous les films. Cole se doutait que, comme partout ailleurs, les habitants de New York devaient être très différents les uns des autres, qu’on ne pouvait les ranger dans une petite boite avec une étiquette, mais il était surpris d’avoir croisé sa première New Yorkaise et que celle-ci soit tout l’opposé de ce à quoi il aurait pu s’attendre. On aurait pu penser que tous ces mois sans la voir, sans même être certain qu’elle allait revenir, avaient permis à Cole de passer à autre chose, d’oublier cette rencontre et, surtout, de ne rien en espérer. Mais c’était tout le contraire. Il n’avait pas cessé de penser à elle, de l’attendre avec impatience et il ne s’était pas passé deux heures lors de leur rencontre, que serait le résultat, alors, le jour où il aurait l’occasion de passer davantage de temps avec elle et dans d’autres circonstances, surtout ? Il n’essayait même pas de l’imaginer parce que son cœur s’emballait à la moindre rêverie incluant Alice.
Et voilà qu’elle était là, devant ses yeux, plus ravissante encore que dans ses souvenirs. Il avait pensé que son esprit avait petit à petit exagéré, que son côté romantique l’avait poussé à ressasser leur discussion toute simple dans la voiture et à la modifier intégralement, si bien qu’il serait déçu en la revoyant, en réalisant qu’il s’était laissé emporté par un premier aperçu et que son imagination avait fait le reste. A présent, il savait que ce n’était pas le cas, que son souvenir était aussi clair dans son esprit que l’était l’instant où elle était apparue, vêtue de son tablier, ou uniforme aux couleurs de l’enseigne. Le temps avait fait son travail mais il n’avait en rien altéré la sensation qui étreignait Cole à la simple vue d’Alice. Il ne pouvait même pas réprimer ce petit sourire en coin qui trahissait le charme qu’elle opérait sur lui. Il n’arrivait pas à détourner son regard, à sembler moins hypnotisé par l’aura qu’elle dégageait. Elle représentait tout ce dont il avait secrètement rêvé, sans même le savoir et, à présent, elle était de retour. Il pourrait tâcher de faire durer leur rencontre sans que ça ait l’air complètement fou, parce qu’ils n’étaient plus réellement des inconnus, même si on ne pouvait pas dire qu’ils se connaissaient non plus. Le fait qu’ils se soient parlé dans le passé apaisait Cole, lui donnait le sentiment qu’il avait le droit de l’interroger davantage sans paraitre trop curieux, sans paraitre trop envahissant. Il garderait un peu de retenue, toutefois, n’étant pas du genre à s’incruster dans la vie de quelqu’un d’autre. Peut-être que c’était sa solitude prolongée qui lui donnait ce courage, cette énergie pour entretenir ce lien naissant mais quoi qu’il en soit, il tâcherait de pouvoir la compter parmi son entourage, parmi ses amis, sentant bien qu’ils pourraient partager bien des choses, même si c’était insensé d’oser prétendre une telle chose si prématurément. Il avait un bon feeling avec elle, il voulait à tout prix le creuser un peu plus.
Le moment où il vit qu’elle le regardait avait été un moment critique pour Cole et plus particulièrement pour son cœur qui manqua un battement à l’idée qu’elle ait pu oublier son invitation ou simplement le fait qu’elle ait pu lancer la proposition sans s’imaginer qu’il la prendrait au mot. Après tout, New York avait son mode de fonctionnement aussi, on disait les gens plus pressés, moins portés sur les relations, à dire des choses qui ne voulaient pas dire qu’ils les pensaient. Cole ne prenait pas les New Yorkais pour des menteurs mais il se disait qu’avec le train de vie qu’ils menaient, il se pouvait qu’ils lancent des invitations sans penser plus loin que cette marque de courtoisie alors qu’à Ruby Creek Falls, on prenait les mots de chacun au sérieux. Il eut beau scruter son visage, il n’aurait su dire si la moindre de ces pensées lui traversa l’esprit au moment où elle se dirigeait vers lui. Elle restait un mystère entier pour le jeune éleveur qui ne pouvait se fier à ce qu’il voyait. Le langage non verbal de certaines personnes était tout simplement compliqué à analyser et à décortiquer. Au moins, elle souriait, ce qui devait signifier qu’elle ne le prenait pas pour un acharné qui se pointait presque dès son retour – comment aurait-elle pu deviner qu’il était venu chaque jour, dimanche compris, dans l’espoir de la revoir ?
Elle le rassura en lui disant que tout allait bien, qu’il s’agissait d’un problème familial mais que tout avait fini par s’arranger. Il hocha la tête, n’en demandant pas plus puisqu’il s’agirait de curiosité pure et simple. Or, c’était peut-être un peu égoïste mais pour l’instant, il ne demandait pas à savoir ce qui l’avait retenue ailleurs, il était bien trop heureux de la revoir et de la savoir à Ruby Creek Falls, tellement plus accessible que la métropole. De plus, elle accepta son invitation, ce qui le ravit d’autant plus alors qu’il se rasseyait, avec l’impression d’avoir tout à coup un corps maladroit, encombrant. Ses longues jambes se glissèrent sous la table de façon à ne pas ennuyer Alice et il croisa les bras devant son plateau.
« Je m’excuse de n’avoir pas pu être là pendant si longtemps. » Cole haussa les sourcils, interloqué. Il ne s’attendait pas à des excuses, elle n’avait pas besoin de s’excuser et le fait qu’elle lui explique la raison de son départ fit un bien fou à Cole, bien que la nouvelle ne soit pas des plus heureuses. Elle se confiait à lui et il s’en sentait d’autant plus honoré. Le dialogue semblait tellement plus aisé que la dernière fois. C’était comme s’il y avait eu davantage qu’une rencontre maladroite, comme si des mois ne les séparaient pas de leur dernière entrevue. Son père n’aurait pas de séquelles, lui dit-elle et il hocha la tête, soulagé que ça le soit. Il savait ce que c’était de perdre son père d’une crise cardiaque et il ne le souhaitait à personne, encore moins à une personne aussi fragile et douce que semblait l’être Alice. Encore une fois, il se surprit à se dire que c’était dommage pour le père, qu’il était content qu’il s’en soit remis mais il l’était encore plus qu’elle soit revenue, malgré l’état de son père.
Tandis qu’elle parlait, il l’observait. Il aurait peut-être dû se montrer plus bavard mais il était encore trop chamboulé par son retour inattendu pour communiquer sa compassion autrement que par des hochements de la tête compréhensifs. « Ce que je veux dire, c’est que j’avais réellement l’intention de vous inviter ici pour vous remercier et que je suis désolée de ne pas avoir pu être là… » Il déglutit, l’envie lui prenant de décroiser les bras et de tendre la main vers elle, pour la poser sur ses doigts qui torturaient une serviette. Mais il n'en fit rien, évidemment. Elle n’avait pas besoin d’en dire davantage, il la croyait, il le savait parfaitement. S’il n’avait pas la prétention de la connaitre, il savait qu’elle était quelqu’un de bon, de fiable et toute cette attente avait eu un bénéfice : il était d’autant plus ravi de la revoir.

« Mais vous êtes là, maintenant » dit-il doucement.

Les mots « tu m’as manqué » lui chatouillèrent les lèvres. Il les pinça pour ne pas commettre cette bêtise. Au lieu de cela, il commenta :

« Starsky va être heureux de vous revoir. » Il lui décoché un sourire incertain avant d’ajouter. « Je suis heureux que tu sois revenue… »

Il sentit le rouge lui monter aux jours mais c’était bien là l’effet Alice, à le pousser sans même le savoir à dire des choses qu’il aurait en d’autres circonstances tenues secrètes. Il se trouvait hâtif, maladroit mais il avait besoin de lui faire savoir que sa présence avait métamorphosé son existence, qu’il ne s’était plus levé avec une telle envie de bouger depuis la mort de sa mère. Qu’il n’avait jamais ouvert les yeux en dirigeant automatiquement ses pensées vers quelqu’un. Même le mauvais temps de l’Idaho lui semblait plus léger, moins dur. Il n’avait qu’à imaginer son joli visage pour que tout aille mieux, que tout soit plus excitant, même la tâche la plus ingrate qu’il ait eu à effectuer quotidiennement. Rien ne semblait pouvoir ternir sa vision de l’avenir et il ne le devait qu’à une rencontre fortuite sur un parking.
Ce qu’il dit ensuite, il ne pouvait le dire qu’en la tutoyant, il ne savait même pas pourquoi. Peut-être parce qu’il prenait un sentier dangereux en prenant le risque de se prendre un refus gênant, mais il ne voulait pas devoir analyser chacun de leurs gestes, il n’était pas doué pour interpréter, il avait besoin de clarté, de sincérité, aussi annonçait-il la couleur, il l’espérait, en optant pour quelque chose de plus franc :

« Et si ça te dit… Je sais que c’est idiot, puisqu’on vient à peine de se revoir mais… J’aimerais vraiment pouvoir te voir à l’avenir. Je ne sais pas ce que tu aimes faire, mais il y a de belles promenades dans les environs. On pourrait même aller faire une balade à cheval ou… »

Il était déjà à court d’idée. A vrai dire, il n’avait pas assez d’expérience dans les relations homme/femme pour savoir ce qu’ils pourraient faire sans qu’il donne l’impression de vouloir hâter quoi que ce soit. A l’heure actuelle, tout ce qu’il désirait, c’était une promesse de conversation ailleurs que dans le Morning Cup, alors que l’arrivée de n’importe quel client risquait de lui enlever sa charmante compagnie.
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Alice Montgomery

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[Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) _
MessageSujet: Re: [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv)   [Morning Cup] "I've never stopped thinking of you" (Pv) EmptyVen 22 Avr - 16:41

Elle n'avait jamais été douée avec les hommes, et ce depuis toujours. À l'adolescence, lors de ses premiers émois amoureux, c'était à Lydia qu'elle s'était confiée la première, afin d'obtenir un peu d'aide. Sa sœur, elle, n'avait jamais réellement eu besoin du moindre conseil. Partout où elle allait, elle brillait. Tout ceci semblait facile pour elle, elle savait d'instinct comment agir. Elle avait toujours su que jamais elle ne serait comme elle. La plupart du temps, ça ne la dérangeait pas. Discrète, elle était faite pour les coulisses, et non le devant de la scène comme sa jumelle. Mais parfois, elle aurait aimé posséder un peu de son assurance, et ne pas sentir qu'elle se comportait presque à chaque fois comme une parfaite idiote. Elle avait eu beau essayer, la séduction n'avait jamais fait partie de son naturel. Pourtant, elle était tombée amoureuse, et avait eu quelques relations, mais jamais une n'avait duré plus de quelques mois. Elle ne s'emballait pas facilement pour quelqu'un. Il lui fallait du temps, et une personne qui semble spéciale à ses yeux. Mais depuis la mort de Lydia, tout avait changé. Alice ne regardait plus personne. Des hommes étaient passés dans sa vie, mais elle ne les voyait pas vraiment. L'air de New York, sa population, tout cela avait fini par lui donner le sentiment d'étouffer. Alors elle était partie. Mais donner son affection, voire son amour, ne lui avait jamais été plus difficile. Elle avait si peur que tout s'écroule encore qu'elle pensait préférable de ne plus éprouver de tels sentiments. Du moins, de choisir avec soin ceux pour qui elle pourrait les éprouver. Il y avait eu Jaden. Et voilà que Cole était entré dans sa vie, au moment où elle s'y attendait le moins.
Sans doute était-ce pour cela, ou du moins en partie pour cela qu'elle ressentait ce quelque chose d'indéfinissable qui la poussait vers lui. Il dégageait quelque chose de solide, contrairement à elle qui avait l'impression qu'elle aurait pu s'écrouler à chaque instant, qui ne parvenait même pas à maîtriser sa relation avec la nourriture. D'ailleurs, comment réagirait-il s'il réalisait quels problèmes elle pouvait avoir ? Que penserait-il de son passé si elle le lui racontait ? Elle en avait honte, et elle avait du mal à ne pas imaginer sa réaction. Une partie d'elle s'alarmait devant ce qu'elle éprouvait pour lui. Mais elle ne cherchait pas à le combattre. La sensation était si agréable lorsqu'elle se trouvait en sa présence qu'elle désirait en profiter le plus possible. Bien sûr, elle s'était imaginée leurs retrouvailles de nombreuses fois, mais sans réellement y croire, persuadée qu'il l'avait totalement effacée de sa mémoire après son départ. Et le fait de le revoir après avoir perdu tout espoir lui procurait un sentiment de soulagement tel qu'elle n'en avait plus éprouvé depuis longtemps. Il ne ressemblait à aucun homme qu'elle avait pu connaître auparavant. Venant d'eux, elle aurait été oubliée durant tout ce temps. Mais il se souvenait d'elle, il semblait l'avoir même attendue, et surtout, il l'écoutait. Elle le voyait à la manière dont il la regardait. Il l'écoutait vraiment, différemment de ses parents, des médecins et psychologues qu'elle avait consulté. Rien ne l'y obligeait, au fond. Elle n'était qu'une vague connaissance, ils ne s'étaient rencontrés qu'une seule et unique fois avant aujourd'hui. Mais il était là, plus présent que beaucoup de ses amis de longue date.
Ce n'était plus vraiment son genre de s'attacher ainsi à quelqu'un. Au fil des années, elle s'était forgée comme une sorte de carapace, s'enfermant peu à peu dans la solitude. Et il avait suffi qu'elle rencontre Cole pour se sentir presque immédiatement attirée vers lui comme un aimant. Elle n'aurait su expliquer ces sentiments qui peu à peu semblaient avoir de plus en plus d'emprise sur elle. Et pourtant, elle n'avait pas une seconde le sentiment de se trouver en danger lorsqu'elle était avec lui, ni même de s'exposer. Au contraire, elle lui parlait avec une facilité à laquelle elle n'était plus habituée. Les raisons qui l'avaient retenue loin de Ruby Creek Falls durant tant de temps lui vinrent naturellement aux lèvres. Elle n'avait même pas à se forcer. C'était simple, elle éprouvait le besoin de s'expliquer, terrifiée à la seule idée qu'il puisse lui en vouloir, ou croire qu'elle l'avait invité sans réellement y penser. Elle comprit qu'elle craignait qu'il puisse avoir une mauvaise opinion d'elle, et elle espérait par ses explications devancer tout reproche. Était-il venu ici dans l'espoir de la revoir, ou était-il simplement un habitué ? La seule idée qu'il ait pu attendre son retour l'emplit d'une douce chaleur qui ne s'estompait plus. Sans vouloir davantage creuser cette sensation, elle désirait en profiter, profiter de ce tête à tête le temps qu'il durerait. Elle ne pouvait s'empêcher de se retourner parfois, dans la crainte d'être rappelée à ses obligations professionnelles. Il s'agissait du deuxième moment qu'elle partageait avec Cole, et comme la première fois, elle avait l'impression que tous deux se trouvaient dans une bulle, et redoutait le moment où celle-ci éclaterait, l'obligeant à le quitter.
S'étendre longuement sur ses malheurs ne lui arrivait jamais. Elle détestait au contraire que l'on puisse s'apitoyer sur son sort. Et pourtant elle n'avait pas hésité avant d'exposer au jeune homme la crise cardiaque de son père, malgré les réactions qu'une telle nouvelle pouvait susciter chez quelqu'un. Il semblait comprendre, et elle en eut un sourire rassuré. Il ne lui en voulait pas, ou du moins, rien ne l'indiquait. Elle se sentait à l'aise avec lui, comme si quelques jours, voire quelques heures à peine avaient passé depuis leur dernière rencontre, ou comme s'ils étaient des amis de longue date. Et pourtant, elle avait encore tout à découvrir de lui. Elle avait tendance à oublier qu'elle ne le connaissait pratiquement pas. À quelqu'un d'autre, elle aurait été gênée de faire de telles confidences, mais pas à lui. C'était absolument incompréhensible, et elle sentait qu'il était inutile pour le moment d'y chercher une quelconque explication un tant soit peu rationnelle. Elle sentait qu'il l'observait tandis qu'elle fournissait ses explications, et ce regard, sans la mettre mal à l'aise pour autant, faisait naître en elle une grande agitation. Elle regarda cette pauvre serviette en papier qu'elle avait bien maltraitée avant d'oser de nouveau lever les yeux vers lui. La douceur qu'il pouvait dégager la rassurait. Elle se sentait en confiance, comprise. Cependant, lorsqu'elle eut fini, l'attente de ce qu'il allait dire devint presque insoutenable. Et s'il lui annonçait qu'il la blâmait ? Comment devrait-elle réagir. Heureusement, la douceur de ses paroles, de sa voix, lui redonnèrent du courage et de la contenance.

« Oui, je suis là, et je ne compte plus repartir nulle-part. »

C'était là la seule manière qu'elle trouvait de lui dire qu'elle ne voulait plus le quitter aussi longtemps, sans réellement avoir à être plus directe. Elle ignorait comment il aurait réagi si elle avait prononcé ces mots très exactement.
Il parla de Starsky, et le souvenir de ce chien provoqua chez elle un sourire amusé. Puis, il dit ensuite cette phrase, à laquelle elle ne s'était pas attendue. Elle resta immobile un instant, se demandant si elle avait bien compris. Puis, elle se laissa aller à sourire. Elle sentit bien ses joues la brûler et préféra ne pas imaginer le rouge qui devait à présent les recouvrir.

« Moi aussi. »

En la tutoyant, c'était comme s'il venait de créer une toute nouvelle intimité entre eux. Qu'ils devaient avoir l'air amusant, tous les deux, rougissants et aussi maladroits l'un que l'autre ! Mais en cet instant, elle se fichait de ce dont elle pouvait avoir l'air, sauf aux yeux du jeune homme. Il y avait quelque chose dans sa présence qui la rassurait, quant à son existence actuelle, quant à son état, elle qui avait toujours eu tendance à ne pas voir d'issue à sa situation, après des années d'égarement. Elle aurait aimé le lui dire, mais cela allait à l'encontre de tout bon sens. C'était bien trop hâtif, et elle ne voulait surtout pas qu'il la fuit. Elle espéra que personne ne viendrait les interrompre, et que le Morning Cup resterait pratiquement vide de clients ce matin là. Car si elle devait se lever, elle craignait de devoir le regarder partir, sans savoir si elle le reverrait ou non. Elle n'osait lancer une autre invitation. Heureusement, elle n'eut pas à se torturer plus longtemps, car il prit les devant. Savoir qu'il désirait la revoir eut pour effet d'illuminer tout son visage.

« Je ne suis pas montée à cheval depuis très longtemps... mais oui, c'est d'accord... j'en serais très heureuse... Tu connais un endroit où il est possible de monter ? »

Si elle avait su quelle était sa profession, elle ne lui aurait bien évidemment pas posé cette question. Mais elle n'avait pas encore eu le temps de le lui demander. Elle réalisa alors que pendant qu'ils discutaient, il devait très probablement avoir faim.

« Excuse-moi, tu dois probablement être affamé... tu veux que je te serve quelque chose ? »
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